Salut camarades,
Comme chaque année
La Riposte était présente avec son stand à la Fête de l'Humanité de Normandie ! L'intervention des travailleurs de Compin ont défrisé certains élu(e)s, dont des députés à la tribune ! Et c'est tant mieux !
La Riposte - En solidarité avec les travailleurs de Compin !Intervention des travailleurs en lutte de Compin à la Fête de l’Humanité Normandie !

- Grève Compin
- Intervention travailleurs Compin.jpg (19.31 Kio) Consulté 4001 fois
"Compin, c’est une boîte de 113 salariés qui fabrique des sièges pour les transports publics. L’actionnaire majoritaire, c’est un fonds d’investissement, Equistone. Dans la boite, il y a aussi des investissements publics puisque, BPI France, à hauteur de 8 % du capital.
Eh bien fin août, la direction a annoncé qu’elle voulait licencier 55 camarades et transférer la production en Pologne. Le PDG a dit : « Faut couper les branches mortes ». Exploiter une main-d’œuvre moins chère, c’est le but. Peut-être des camarades venus d’Ukraine, puisqu’une partie des ouvriers en Pologne vient d’Ukraine. Mais bref, Ukrainiens, Polonais, ou Français, du moment qu’on est bons à suer un maximum de profit, la direction ne fait pas la différence. Les patrons mettent les ouvriers en concurrence à l’échelle du monde entier. Il ne faut pas s’illusionner : la seule réponse valable c’est l’union des travailleurs par-delà les frontières. « Travailleurs de tous les pays unissez-vous ! », ça doit être notre boussole à la CGT.
A Compin, il n’y a pas de tradition de lutte. Alors, il a fallu construire la résistance. D’abord, trois manifestations entre septembre et octobre. Une action dont les collègues ont été très fiers, c’est la haie du déshonneur : la direction a dû passer entre deux rangées de plusieurs dizaines de camarades. La direction pouvait mesurer la colère. Mais elle ne bougeait pas. Elle maintenait les licenciements, et annonçait qu’elle ne donnerait rien de plus aux licenciés que ce qui est dans la loi.
Face au mépris, la grève a fini par s’imposer. C’est en fait la seule arme que nous avons pour faire pression sur le patron. La production a été interrompue en deux fois : d’abord fin octobre pendant trois jours, puis du 9 au 16 novembre. La première grève a mis une cinquantaine de camarades dans la bagarre. Avec à chaque fois un piquet devant l’usine. Du 9 au 16 novembre, nous étions 20 en grève. La direction a fait une grosse pression contre les grévistes et la CGT auprès des camarades non-grévistes. Mais la grève a quand même imposé une concession à la direction : elle a monté le supralégal à 8000 euros. Ce n'est pas grand-chose. Pour la vingtaine de grévistes, c’est des miettes, mais pour les non-grévistes c’est apparu comme un aboutissement qui devait clore le plan social. Voilà où on en est maintenant.
Ce que je voudrais dire, c’est qu’à 50 d’abord, à 20 ensuite, nous avons utilisé la bonne arme pour se faire entendre, la grève, mais aussi nous avons essayé, je dis bien essayé car ce n’est pas simple, qu’elle soit le plus dirigée, contrôlée par les grévistes. En fait, au piquet de grève, les décisions se prenaient ensemble. Nous avons essayé de faire vivre une sorte de démocratie ouvrière ; je ne dis pas que nous y sommes arrivés. Mais, c’est ce qui explique que des camarades dont c’était la première grève se sont engagés à fond. La grève c’est l’arme des travailleurs, la démocratie dans la lutte c’est le moyen de la faire vivre et de la rendre forte.
Les camarades de l’usine peuvent être fiers du combat que nous menons. Et sans le secours des « pouvoirs publics » bien sûr. Oh, le gouvernement a dit que Compin n’était pas dans les clous. Mais au final, comme toujours, il ne fait rien contre le patron pour empêcher les licenciements. Les travailleurs ne peuvent compter que sur eux-mêmes. Pour empêcher 51, licenciements « il n’y aura pas de sauveur suprême », pour paraphraser le chant des travailleurs "L’Internationale".
La lutte que nous menons à Compin, elle est un tout petit poste avancé de l’offensive que les patrons mènent partout sur l’emploi et les salaires. Il ne faut pas se faire d’illusions : on entre dans une époque de crise du capitalisme, on entre dans une époque sinon de guerre, en tout cas de préparation à la guerre. En tant que militant de la CGT, je pense qu’il faut qu’on explique à nos camarades de travail que pour la paye, l’emploi, une vie digne, il faudra remettre en cause les pleins pouvoirs des patrons dans les usines, et ne jamais compter sur l’Etat français pour nous défendre.
Il faut préparer les travailleurs à une lutte générale.
Voilà, dans la période qui vient, la classe ouvrière aura besoin de bien comprendre quels sont les moyens à mettre en œuvre pour sauver sa peau, et de se préparer aux combats qui nous attendent. Evidemment à Compin, difficile de soulever des montagnes. Mais dans nos boites, moi je pense que l’on doit discuter avec les camarades du syndicat et les salariés de ce qui est vital pour nous en tant que travailleurs : sur les payes, il faudra imposer 200, 300, 400 euros d’augmentation et que plus un salaire ne soit en-dessous de 2 000 euros.
Et puisque les prix flambent, il faut les indexer sur les prix. Face au chômage, aux fermetures de boite, même à cause de la crise, il faut imposer la répartition du travail entre tous sans perte de salaire. Pour imposer cela, il faudra s’en prendre aux capitalistes, au secret des affaires, au secret commercial. Il faudra que les travailleurs en lutte mettent le nez dans les comptes des entreprises. Il faut expliquer autour de nous que les travailleurs devraient tout contrôler, depuis la production jusqu’aux rayons des supermarchés, pour vérifier l’évolution des prix justement. Il faut qu’on ait confiance dans les capacités des travailleurs à changer le rapport de force par leur lutte au point de contester aux capitalistes leur prétendue droit à s’enrichir sur notre dos.
A son origine, la CGT était révolutionnaire, pour « l’abolition du salariat » au sens de combattre l’exploitation capitaliste jusqu’à la révolution sociale."
"Un seul véritable révolutionnaire dans une usine, une mine, un syndicat, un régiment, un bateau de guerre, vaut infiniment mieux que des centaines de petits-bourgeois pseudo-révolutionnaires cuisant dans leur propre jus."