intervention de Roger Silverman, Labour Left Alliance...

Re: intervention de Roger Silverman, Labour Left Alliance...

Message par Plestin » 21 Août 2021, 13:12

Au-delà de Ken Loach, la question serait plutôt de savoir si quelque chose d'autre qu'une nouvelle illusion peut résulter de ces exclus du Parti travailliste. Il me semble que non, mais je ne suis pas dans le pays. A-t-on affaire à l'apparition d'une organisation "centriste" en voie d'évolution vers les idées révolutionnaires ? Cela m'étonnerait fort. Espérons qu'au moins quelques individus iront plus loin, mais s'il n'apparaît qu'une nouvelle organisation "à la gauche" du Parti travailliste pour continuer à répandre des illusions électorales façon Mélenchon ou PCF, alors ça fait juste un obstacle de plus à surmonter pour les travailleurs britanniques.
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Re: intervention de Roger Silverman, Labour Left Alliance...

Message par Gayraud de Mazars » 16 Oct 2021, 12:38

Salut camarades,

Après la conférence du Labour Party… Et maintenant ?

Que dire du cours très droitier et antidémocratique de la direction du Labour Party de Keir Starmer, pour ouvrir la perspective d’un nouveau parti de gauche de masse et révolutionnaire. Le bilan du virage à droite validé par la conférence du Parti travailliste qui a choisi une orientation pratiquement identique à celle des conservateurs a produit des effets destructeurs :

Le parti travailliste a perdu plus de 150 000 membres, avec plusieurs milliers de militants socialistes expulsés, harcelés, écœurés, des sections suspendues, il a perdu près de 15 millions de livres sterling de ressources, ce qui le met au bord de la faillite, il a perdu, lors de trois élections partielles successives, les deux tiers des suffrages qu'il avait remportés en 2017.

Un syndicat membre fondateur du parti travailliste s’est désaffilié et le risque se profile de nouvelles désaffiliations de syndicats.

Le Labour est-il fini ? La gauche peut-elle en reprendre la direction ? Quelles leçons peut-on tirer de l’expérience Corbyn ? Le Labour est -il au bord de la scission ? Comment aller vers un nouveau parti de gauche de masse ?

La démocratie est morte dans le parti travailliste de Keir Starmer
Par Ken Loach dans The Guardian du 28 septembre 2021

Ces dernières semaines, j’ai reçu une distinction honorifique. J'ai rejoint les rangs des expulsés ou suspendus du parti travailliste. Mon crime est d'avoir soutenu un groupe, récemment proscrit, qui s'oppose aux expulsions injustifiées du parti. C'est la réalité de la purge conduite par Keir Starmer.

Même avant ses actuels agissements pour affaiblir l'influence de la base du parti, Keir Starmer menait une campagne pour faire taire la dissidence et chasser des milliers de membres. L'un de ses partisans s’est ouvertement félicité qu’ « il (Starmer) ait bloqué l'extrême gauche »

Aiujourd’hui la démocratie dans le parti travailliste est morte. Avec la direction de Keir Starmer on a vu de nouvelles règles inventées et appliquées rétrospectivement et des sections de circonscription suspendues de facto, leurs élus démis et remplacés par des hommes de confiance de la droite. Les candidats aux élections sont imposés d’en haut, indépendamment des souhaits locaux. Les motions critiquant Keir Starmer ou soutenant son prédécesseur, Jeremy Corbyn, sont déclarées irrecevables et les présidents des sections de circonscription qui autorisent leur discussion sont suspendus. Vous ne pouvez pas critiquer la direction de Keir Starmer et vous ne pouvez pas critiquer le fait qu'une telle critique n'est pas autorisée.

Des militants dévoués, avec de nombreuses années de parti, ont été harcelés et chassés, en colère, épuisés et désespérés.

Une telle brutalité calculée est sans précédent dans le parti. Pourtant, les médias, habituellement obsédés par les scissions des travaillistes, restent silencieux. Les chroniqueurs parlent de Keir Starmer comme « mettant de l'ordre dans la maison travailliste ». De l’ordre ! Les estimations du nombre de personnes qui ont quitté le parti depuis qu'il est devenu leader se situent entre cent mille et cent cinquante mille, beaucoup ont été virés, la majorité est partie dégoûtée.‎

Keir Starmer a promis l'unité, sachant depuis le début qu'il déclarerait la guerre à la gauche. Certains ont été dupés par ses dix promesses promettant de poursuivre le « travail radical » du parti travailliste et de respecter les engagements du parti travailliste envers la nationalisation. Comme l'ont révélé ses propos sur la nationalisation des six grandes entreprises énergétiques, il a déjà renié ces promesses. Il a embrassé Jeremy Corbyn lors des élections de 2019 avant de lui mettre un couteau dans le dos à la première occasion.

À partir du moment où Jeremy Corbyn est devenu leader, l'aile droite était déterminée à le faire partir. Elle était scandalisée de le voir au sommet du parti et cela s'est aggravé lorsque Jeremy Corbyn, John Mac Donnell et ses proches alliés ont développé un programme qui aurait commencé la transformation de la société dans l'intérêt de la classe ouvrière.

L'ensemble de l'establishment était horrifié. Son anxiété a augmenté lorsque les travaillistes ont failli remporter les élections de 2017 sur un programme radical. Il fallait faire quelque chose, la fête devait finir. L'arme utilisée fût l'allégation empoisonnée selon laquelle Jeremy Corbyn avait rendu l'antisémitisme endémique au sein du parti. Les assassins, ses collègues députés travaillistes, étaient assis à ses côtés.

C'est sous le couvert de prétendre débarrasser le parti de l'antisémitisme que Keir Starmer et ses conseillers du New Labour ont abusé du règlement du parti pour menacer et expulser autant de personnes. Jewish Voice for Labour relate une purge des membres juifs de gauche et affirme qu'ils sont quatre fois plus susceptibles de faire face à des plaintes que les membres non juifs. Leurs propres plaintes contre de mauvais traitements au sein du parti sont restées sans réponse. Quelle ironie.

Maintenant, toute trace du récent radicalisme travailliste doit être effacé. Jeremy Corbyn est rarement entendu, tandis que les assistants et rédacteurs de discours de Tony Blair sont présentés comme des sages politiques, malgré leur rôle de propagandistes des privatisations et d'une guerre illégale.

Pour la droite travailliste, le succès des élections demande d’ assurer à la classe dirigeante que sa richesse et son pouvoir sont en sécurité entre les mains des travaillistes. La gauche doit être réduite à son rôle coutumier de marches, de manifestations et de spectacle politique. Rupert Murdoch mettra son bras autour de Keir Starmer ou de son successeur, comme il l'a fait avec Tony Blair.

La gauche peut-elle réagir ? Comment pouvons-nous réaliser le changement structurel dont nous avons si désespérément besoin ? Tous ceux qui ont été inspirés par Jeremy Corbyn sont toujours là, à la fois à l'intérieur et à l'extérieur du parti. Il y a une présence de gauche renaissante dans les syndicats. Il y a de nombreuses campagnes, contre le racisme et l'austérité, pour protéger le National Health Service (Service national de santé, NHS) et l'environnement, une longue liste qui montre à quel point nous sommes mécontents de la société actuelle.

Tant de gens aspirent à un monde où le bien commun transcende la cupidité privée et où tous puissent espérer une vie de sécurité et de dignité. C'est un moment qui présente des possibilités, mais si il passe et que nous ne gardons pas tous ces éléments ensemble, la gauche se fragmentera à nouveau et sombrera dans le sectarisme. Des centaines de milliers de personnes resteront politiquement sans organisation.

Un nouveau parti serait confronté aux mêmes difficultés que par le passé. Mais nous avons besoin d'une nouvelle initiative, un mouvement large, inclusif et indépendant qui unit à la fois ceux restés au sein du Labour et ceux qui se trouvent en dehors. Il devrait être dirigé par des personnes reconnues, porteuses de principes et dignes de confiance, et le soutien des syndicats de gauche serait essentiel.

Nous avons une mine de talents, de jeunes militants, des politiciens émergents, des universitaires, des médecins et des économistes, ainsi que de grands leaders dans les communautés et les organisations de base. Ils ne comprennent que trop bien ce qui se passe et ils parlent avec clarté et passion.

Un tel mouvement doit s'appuyer sur des principes puisés à la racine de nos problèmes. J'ai rejoint le parti travailliste en 1964 et les mots qui figuraient sur ma carte d’origine du parti sont toujours un bon début, « Pour assurer aux travailleurs manuels et intellectuels, la totalité des fruits de leur activité sur la base de la propriété collective des moyens de production de distribution et d’échange ». Qu’attendons-nous ?

Ken Loach, Réalisateur


Fraternellement,
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Re: intervention de Roger Silverman, Labour Left Alliance...

Message par Ottokar » 16 Oct 2021, 14:44

Que dire de ceux qui espèrent encore
de la direction du Labour Party de Keir Starmer,
que celui-ci
ouvre la perspective d’un nouveau parti de gauche de masse et révolutionnaire
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Re: intervention de Roger Silverman, Labour Left Alliance...

Message par Zorglub » 16 Oct 2021, 16:46

J'enlèverai même :
la direction du

Et :
de Keir Starmer
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Re: intervention de Roger Silverman, Labour Left Alliance...

Message par Gayraud de Mazars » 05 Sep 2022, 10:45

Salut camarades,

Grande Bretagne – Travailleurs levez-vous ! La riposte a commencé
par Roger Silverman du WIN
Article traduit et publié par l'Aplutsoc

https://aplutsoc.org/2022/09/05/gb-trav ... silverman/

Image

Ce lundi 5 septembre les Britanniques connaîtront le nom du futur Premier ministre que le Parti conservateur fera succéder à Boris Johnson, ou plutôt, de la future cheffe du gouvernement britannique, selon les sondages favorables à Liz Truss. D’entrée, elle confrontera son programme anti-social à une situation particulièrement tendue. Une inflation à deux chiffres risque d’exploser vers les 22 % en 2023, selon des prévisions de la banque Goldman Sachs. La vie chère, l’impossibilité de payer les factures d’énergie provoquent, malgré les lois anti-grève de Thatcher, un nombre de grèves qui se sont étendues en août par leur durée et le nombre des secteurs concernés. Notre camarade du WIN [Workers International Network], Roger Silverman, analyse dans un article publié le 11 août dernier dans On The Brink la manière dont les travailleurs de Grande Bretagne abordent cette nouvelle situation.

(…)

En Grande-Bretagne on assiste à un soulèvement massif des cheminots, des postiers et des salariés des télécoms, des dockers, des aéroportuaires, des chauffeurs de bus… Il faudrait remonter d’un demi-siècle, aux années 1970, pour assister à une situation comparable. Ensuite, Mme Thatcher s'était raconté qu'en fermant les centres de production industrielle de la Grande-Bretagne, en détruisant les mineurs, les ouvriers des constructions navales et les ouvriers de l’automobile – elle pourrait soumettre les travailleurs. Désormais, ses successeurs sont confrontés à des grèves de médecins hospitaliers, d'enseignants, de professeurs d'université, d'avocats et de médecins généralistes d'un côté et de chauffeurs-livreurs Amazon, de femmes de ménage et de chauffeurs Uber de l'autre. Nous sommes à la veille d'une révolte massive de millions de travailleurs résistant à la pauvreté. Les appels à la grève générale semblent soudain une banalité, presque devenus des lieux communs .

Pourtant, la classe ouvrière se retrouve politiquement privée de ses droits. Où est l'opposition politique ? Créé à l'origine par les syndicats pour défendre les intérêts de la classe ouvrière, le Parti travailliste est dominé par une clique crypto-conservatrice. Keir Starmer est déterminé à apaiser la classe dirigeante et à la rassurer sur le fait que le Parti travailliste est redevenu « un lieu sûr » en chassant les centaines de milliers de militants qui, sous la direction de gauche de Jeremy Corbyn, avaient fait irruption dans ses rangs pour en faire le plus grand parti de masse en Europe. Lors des élections de 2017, le manifeste radical du Labour a suscité trois millions et demi de voix supplémentaires par rapport aux élections précédentes, deux ans plus tôt. Même lors des élections de 2019 – un sérieux revers – les travaillistes ont quand même remporté plus de voix qu'en 2015, ou 2010… ou même qu’en 2005 lorsque les travaillistes ont gagné.

Sous la direction actuelle de gens étrangers à la classe ouvrière, des milliers de personnes ont vu leur adhésion sommairement « résiliée » sans audience ni droit d'appel, et un grand nombre d'entre elles ont abandonné par dégoût. Les adhésions ont chuté d'au moins 250 000 ; les finance du parti sont passées d'un excédent record de 13 millions de livres sterling à la faillite et les chiffres des votes lors des élections partielles successives ont chuté de deux tiers de manière catastrophique depuis l'ère Corbyn.

D'une manière ou d'une autre, la classe ouvrière trouvera son expression et une voie vers la création d'un parti socialiste de masse. En attendant, s'il y aura certainement des candidats indépendants de gauche dans de nombreuses circonscriptions aux prochaines élections (dont la mienne [celle de Roger Silverman] à Newham), aucun individu, aussi charismatique soit-il, ne peut lancer un tel parti par la seule force de sa personnalité. La tâche immédiate est de mobiliser les centaines de milliers de personnes qui s'étaient auparavant ralliées à la bannière de Corbyn, et surtout d'établir une base solide dans les syndicats.

Des millions de personnes cherchent une expression politique pour affronter ce gouvernement de spéculateurs, de requins des fonds spéculatifs et de blanchisseurs d'argent sale et pour parler au nom des travailleurs aux salaires de misère, des familles vivant des banques alimentaires, des ménages sans chauffage, des jeunes sans avenir. (Selon des sondages d'opinion respectables, 70 % des moins de 25 ans en Grande-Bretagne sont en faveur du « socialisme ».)

Une tâche immédiate est de construire un front uni contre le cauchemar des hausses de prix paralysantes. « Je ne peux pas payer, je ne paierai pas » n'est pas qu'un slogan accrocheur, c'est une affirmation claire de la dure réalité. Le non-paiement n'est pas une question de choix mais un fait prosaïque de l’existence : des millions de personnes ne peuvent tout simplement pas payer. Nous devrions tous nous unir autour d'une campagne massive d'action directe : marches et manifestations, piquets devant les compagnies de l’énergie ; occupations de supermarchés et de grands groupes alimentaires ; soutien aux grèves pour des salaires plus élevés ; blocages et piquets. Nous devrions appeler à un gel du gouvernement sur les hausses de prix ; une augmentation immédiate de 15 % des salaires et des aides sociales ; un gel des prix de l'énergie, des limitations légales de prix pour les maintenir à des niveaux accessibles ; des augmentations automatiques des salaires et des aides sociales pour suivre le rythme de l'inflation.

R. Silverman, On the Brink 11/08/2022


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Re: intervention de Roger Silverman, Labour Left Alliance...

Message par Zorglub » 05 Sep 2022, 12:50

Alors que le plus important est l'élargissement et l'approfondissement (organisation) des grèves, pas un mot sur la politique dilatoire des syndicats, il faut penser à l'avenir...
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Re: intervention de Roger Silverman, Labour Left Alliance...

Message par Ottokar » 05 Sep 2022, 15:18

Oui, j'ai eu l'occasion de lire des journaux d'extrême gauche anglais, on ne sent pas une politique orientée directement vers la classe ouvrière, l'appelant à prendre son sort en mains et à s'organiser même par-dessus la tête des syndicats qui émiettent la lutte. Ils répercutent les appels syndicaux mais on ne les sent pas "de l'intérieur" des entreprises, essayant de tracer un chemin.
Cet article ne donne pas cette perspective non plus. Non seulement il parle de candidatures "socialistes indépendants" aux prochaines élections (qui se soucie d'élections en ce moment ?) mais même sur ce plan, il est toujours orienté vers le Labour, recherchant un rassemblement derrière un Corbyn, qui préparerait de nouvelles trahisons.
Nos amis britanniques n'ont malheureusement aucun poids sur les évènements actuels mais au moins leur dernier édito dit nettement les choses : Yes to a generalised strike movement, but under strikers’ control! (Oui à un mouvement de grève générale mais sous le contrôle des grévistes) https://www.communist-union.org/en/2022-08/yes-to-a-generalised-strike-movement-but-under-strikers-control-6740
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