Il y a 76 ans, Ta Thu Thâu (1906-1945)

Il y a 76 ans, Ta Thu Thâu (1906-1945)

Message par Gayraud de Mazars » 17 Déc 2021, 06:37

Salut camarades,

Il y a 76 ans, Ta Thu Thâu (1906-1945)
par Pierre Saccoman.
Date : 16 décembre 2021
Article édité sur le site d'aplutsoc

https://aplutsoc.org/2021/12/16/il-y-a- ... -saccoman/

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Comrade Ta Thu Thau
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Ta Thu Thâu, militant responsable de la section indochinoise de la IVème Internationale mourrait, assassiné par les agents staliniens d’Ho Chi Minh….

Georges Orwell écrivait : “Ceux qui sont maîtres du présent, pourquoi ne seraient-ils pas maîtres du passé”.

Qui parle aujourd’hui de Ta Thu Tâu ? De son action, de ses années de prison ?

Et pourtant il fut à la tête d’une des rares sections de la IVème Internationale à avoir eu une réelle implantation de masse (avec la section du Sri Lanka) …

Dans l’Indochine coloniale, composée de cinq entités (Cochinchine, au statut de colonie, Annam, Tonkin, Cambodge et Laos, au statut de protectorat), le capitalisme français faisait des bénéfices inouïs sur les mines de charbon, les plantations d’hévéas et l’exploitation des masses “indigènes”….

Dans les années 1920-30, 233 000 travailleurs de l’industrie et des plantations représentaient un prolétariat jeune, dynamique et revendicatif…

Les classes moyennes : commerçants, propriétaires terriens s’étaient dotés de deux partis : le parti constitutionnaliste et le parti progressiste qui ne cherchaient qu’à s’entendre avec la puissance coloniale contre des “miettes”. La jeunesse se tournait plus volontiers vers des organisations plus radicales (Jeune Annam, Parti de l’Indépendance annamite).

C’est en 1925 que Nguyen Ai Quoc, plus connu sous le nom de Ho Chi Minh, fondait à Canton, en Chine, le Parti Communiste Indochinois, très lié au Parti Communiste Chinois et inféodé à Moscou. Appliquant la politique aventuriste du Vème congrès de l’Internationale communiste, il se lança dans une série de grèves en 1930-31. Celles-ci furent durement réprimées : 4000 arrestations et 1700 tués.

A Paris, en 1927, un groupe d’étudiants annamites prends contact avec le PCF et son délégué aux questions coloniales, Jacques Doriot. Celui-ci développe la “ligne” : dans les pays colonisés, privilégier d’abord l’alliance avec la bourgeoisie nationale : il faut d’abord faire la révolution “bourgeoise” et ensuite seulement penser à la révolution prolétarienne. C’est l’application de la théorie stalinienne des “étapes” qui a mené la section chinoise de l’IC à la catastrophe de 1927 !

Ta Thu Thâu, le principal organisateur de ce groupe évolue vers le marxisme, rencontre Alfred Rosmer et l’opposition de gauche, écrit des articles dans “La Vérité” et s’initie à la théorie de la Révolution permanente de Léon Trotsky.

Le 24 mai 1931, il organise une manifestation devant l’Élysée pour protester contre les condamnations à mort des émeutiers de Yen Bay. Arrêté et emprisonné, il est expulsé de France et se retrouve à Saïgon. Il constitue immédiatement un groupe de jeunes qui organise les coolies et les ouvriers de Saïgon.

Arrêté, emprisonné, torturé, il devient très populaire dans le prolétariat de Cochinchine. Entre deux séjours en prison il continue son travail de regroupement. Le PCI est obligé de reconnaître la qualité du travail de Ta Thu Thâu, et pour lutter contre la répression de la police coloniale, PCI et Trotskystes en viennent à faire un “front commun” autour d’un journal et d’un groupe : “La Lutte“. L’hebdomadaire tire à 10 000 exemplaires, et va présenter des candidats aux élections municipales, dans le “collège indigène” : système colonial qui permet aux “blancs” de diriger la mairie. Un millier d’électeurs français a autant de voix que 300 000 indigènes, dont seulement 4300 peuvent voter. Malgré cet obstacle, la liste “La Lutte” obtient deux élus.

Lors de grèves de 1936-37, qui touchent l’Indochine après la France, Ta Thu Thâu et les trotskystes organisent 600 Comités d’Action et créent une fédération des syndicats de Cochinchine.

Pendant ce temps le Parti Communiste d’Indochine soutient le Front Populaire de Blum et des radicaux et met en veilleuse le mot d’ordre d’indépendance. Le PCI quitte “la Lutte” qui reste aux mains des trotskystes.

Au même moment, le gouvernement de Front Populaire demande à l’Indochine de lever un impôt de 30 millions de Piastres et de mobiliser 20 000 tirailleurs indigènes pour se préparer à un conflit avec le Japon. Les militants communistes acceptent ce projet pendant que les trotskystes mobilisent des milliers d’annamites contre. Ho Chi Minh déclare que “les trotskystes sont des suppôts du fascisme japonais et doivent être exterminés.”

Or, aux élections municipales de 1939, la liste “La Lutte” rafle 80% des voix devançant largement les staliniens et les partis nationalistes…

Le régime colonial frappe : élections invalidées, les élus, dont Ta Thu Thâu, sont arrêtés et envoyés au bagne de Poulo Condor pour cinq ans.

En 1940, l’armée japonaise occupe l’Indochine avec la complicité du régime de Vichy. En 1944, les prisonniers sont libérés. Ta Thu Thâu, pourtant très éprouvé par le bagne (il est à moitié paralysé), se remet tout de suite à la tâche de reconstruire la section trotskyste : il fonde la Ligue Communiste Internationaliste.

La situation en Indochine est assez confuse : l’armée japonaise décide de diriger directement l’Indochine, destitue la direction vichyste et proclame l’indépendance du pays sous la direction de l’empereur Bo Daï. Le parti Communiste se dissout dans un « front patriotique », le Viet Minh. L’armée japonaise quitte le pays et Ho Chi Minh nomme un gouvernement : il négocie l’entrée des troupes britanniques au sud et des troupes chinoises de Tchang Kaï-chek au Nord. Mais en même temps il récupère une grande partie de l’armement japonais.

Les militants trotskystes se battent, en particulier à Saïgon, contre le retour des français. Des émeutes éclatent à Saïgon : des quartiers entiers sont en rébellion. On assiste à des défilés monstres sous le drapeau de la IVème internationale chantant l’Internationale. Ho Chi Minh négocie l’arrivée d’un corps expéditionnaire de 15 000 soldats français. Le Viet Minh est prêt à négocier une indépendance partielle sous quelques conditions avec la France. Mais l’amiral d’Argenlieu refuse le compromis et attaque les troupes du Viet Minh (bombardement d’ Haïphong) : un gouvernement français avec des ministres communistes engage une guerre contre un peuple dirigé par des communistes !!!

Les trotskystes demandent l’armement des milices du peuple, le partage des terres, le contrôle ouvrier sur les usines ; ils sont violemment dénoncés par les staliniens comme des diviseurs qui rompent le lien entre les alliés (Angleterre, Amérique, Union Soviétique).

Ta Thu Thâu est arrêté alors qu’il faisait la navette entre les groupes trotskystes de Hanoï et de Saïgon : trois tribunaux « populaires » refusent de le condamner à cause de son prestige et de son passé. Mais les tueurs staliniens le fusillent à Quang Ngaï sans doute en octobre 1945.

Des centaines d’autres trotskystes sont passés par les armes.

Quelques-uns parviennent à fuir en France où le bureau de la IVème Internationale dirigé par Pablo leur reproche de ne pas comprendre « qu’Ho Chi Minh est un trotskyste naturel » !!!!

En 1954, les accords de Genève, qui mettent fin à la « guerre d‘Indochine », voient les représentants de l’Union Soviétique et de la Chine communiste faire pression sur le Viet Minh pour qu’il accepte des conditions beaucoup moins avantageuses que leur victoire de Dien Bien Phu pouvait laisser espérer. La scission du Viet Nam en deux et l’instauration d’un régime militaire au sud allait entraîner la deuxième guerre dite du Viet Nam qui allait coûter la vie à 2 ou 3 millions de vietnamiens.

Pour la petite histoire, je me rappelle du congrès de mon syndicat, le SNTRS CGT à Seynod où un représentant du Vietcong devait intervenir. Avec d’autres délégués trotskistes, nous sommes restés assis pendant l’ovation en nous disant « assassin de Ta Thu Thâu… ».

Plusieurs pistes de réflexion : d’abord, le trotskysme n’était pas condamné à être marginal, ensuite, le fait que le bureau international de la Quatrième n’a jamais cherché à contacter la section indochinoise, qui a été laissé isolée au point de vue international. Coincée entre la répression coloniale et la répression stalinienne, elle avait vraiment besoin d’aide. A ce sujet, il a manqué aux trotskystes une organisation militaire pour passer « de l’arme de la critique à la critique des armes » pour paraphraser Marx. Or, il est évident que la section indochinoise n’a même pas entendu parler de la « politique militaire prolétarienne » que prônait Léon Trotsky en 1940, peu de temps avant son assassinat et que le bureau international allait « enterrer » (mis à part les textes de van Heijenoort).

D’ailleurs, la suite allait être édifiante : la direction pabliste allait se mettre entièrement aux basques du Viet Minh, puis du Vietcong lors de la guerre contre l’intervention américaine. A noter le travail qu’a accompli Raoul auprès des travailleurs vietnamiens en France…

PS :

A lire absolument :

les Cahiers Léon Trotsky n° 40 et n°46 sur les révolutionnaires d’Indochine,
le n° 56 des CLT sur Raoul, page 34 : Raoul et « ses » Viets….
Nous renvoyons aux reproductions en PDF disponibles sur le site Marxists.org au chapitre Cahiers Léon Trotsky


Fraternellement,
GdM
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Re: Il y a 76 ans, Ta Thu Thâu (1906-1945)

Message par Gayraud de Mazars » 17 Déc 2021, 06:44

Salut camarades,

Pour répondre à l’article de Pierre Saccoman sur l’élimination des trotskistes vietnamiens
Par OD
Date: 16 décembre 2021
Edité sur le site d'aplutsoc

https://aplutsoc.org/2021/12/16/pour-re ... etnamiens/

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Pour le 3e camp - Socialisme International
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Cette perspective ne se réalisa pas entre 1939 et 1945. Elle reste à réaliser ...

Une confusion à écarter, des précisions à apporter.

Dans la tradition révolutionnaire en matière de lutte pour l’indépendance des colonies, accumulée par l’Internationale Communiste, au temps où celle-ci était un organisme révolutionnaire et n’avait pas encore été rabaissée au rang de garde-frontière de l’URSS, la question de la lutte armée pour arracher l’indépendance nationale n’a jamais été un tabou.

Cette tradition a été reprise et poursuivie ensuite par le mouvement trotskiste, contre la trahison stalinienne qui indexait la lutte des peuples coloniaux aux besoins de la diplomatie de l’Union soviétique : ainsi à partir du tournant vers les Fronts Populaires en 1935, l’indépendance de l’Algérie et de l’Indochine passait au second plan derrière les besoins de l’unité avec le Parti Radical (que Trotsky qualifiait de « parti démocratique de l’impérialisme français ») sous prétexte « d’anti-fascisme », en réalité, il s’agissait de bloquer les montées révolutionnaires en Espagne, en France, ou partout ailleurs dans le monde colonial.

A ce titre, Jean-Pierre Saccoman confond cette lutte armée dans un contexte de combat anti-colonial, avec la question de la lutte armée en Europe dans le contexte de l’occupation nazie.

Dans les derniers mois de sa vie, Léon Trotsky a tenté de convaincre ses partisans du besoin d’une adaptation à la « militarisation du monde » avec la course à la guerre mondiale que Trotsky prévoyait et dénonçait depuis 1934 (Cf La Guerre et la 4ème Internationale) en offrant une perspective révolutionnaire permettant au prolétariat mondial de s’y opposait avec des méthodes révolutionnaires qui impliquaient au besoin le recours à la violence contre les exploiteurs et fauteurs de guerre.

En d’autres mots, on ne s’opposerait pas à la guerre dans les mêmes termes qu’en 1914, et les nouveaux développements rendraient nécessaire le recours à de nouvelles formes d’action.

Cette perspective de « politique militaire prolétarienne » (PMP) rejetait à juste titre le pacifisme et enjoignait les travailleurs d’apprendre à se servir d’un fusil et à maîtriser les facettes de l’art militaire, non pas pour être la chair à canon des patrons et des impérialistes, mais pour sauver sa peau en préparant et en faisant la révolution.

Cette perspective rejetait aussi toutes les formes de militarisation stalinienne par lesquelles les masses comme les militants deviennent des petits soldats obéissants devant la direction bureaucratique omnisciente, et n’ont qu’un seul droit : celui de fermer sa gueule et de se mettre au garde à vous.

Donc, la discussion de bilan sur les malheurs des trotskistes vietnamiens en 1945 ne doit pas porter sur un supposé pacifisme mais sur une sous-estimation de la menace physique du stalinisme.

Durant les années 30, comme en 1945, les trotskistes vietnamiens avaient été portés en avant parce qu’ils exprimaient les aspirations des masses à la fin de l’oppression coloniale et leur soif d’émancipation. Malheureusement, un défaut de leur vision du monde, partagée par une grande majorité du mouvement trotskiste, les rendait vulnérables.

Les staliniens étaient prêts à aller au-delà de la violence verbale, des calomnies et des insultes, ils étaient prêts à recourir à l’élimination physique de leurs rivaux. L’extermination des opposants n’étaient pas une spécificité propre aux territoires d’URSS, elle eut cours aussi en Grèce, en Yougoslavie, en Albanie, en Chine, en Europe de l’Est. Dans les pays où elle fut faible, c’est parce qu’avant la potentielle apparition d’organisations trotskistes, les purges sanglantes avaient réglé leur compte à des générations de militants communistes polonais, tchèques, yougoslaves, allemands…

Si elle fit peu (*) de victimes en France, par exemple, c’est que les trotskistes restaient une quantité suffisamment négligeable pour les refouler et les neutraliser sans avoir besoin de déployer des moyens définitifs (censure pour bloquer la parution légale de La Vérité à partir de septembre 1944, cassages de gueule des diffuseurs de tracts à la sortie des usines, ostracisation des militants dans leurs usines ou syndicats…)

Cette vulnérabilité provenait des analyses de 1939-40 qui voyaient alors dans la « soviétisation » de la Pologne orientale et des pays baltes occupés par l’Armée « rouge » une sorte de révolution déformée, alors qu’il s’agissait bel et bien d’une contre-révolution au service de l’impérialisme stalinien, en concordance avec les plans impérialistes propres à Hitler.

Cette même vulnérabilité était renforcée par la croyance que le régime de Staline n’en avait plus que pour quelques mois, au pire quelques années, avant qu’il ne soit emporté ou par les masses ou par les coups militaires des impérialistes (ce qui commença à se réaliser à partir du 22 juin 1941 lorsque dans les premières semaines du conflit, les troupes soviétiques subirent des revers impressionnants, des couches de l’appareil personnifiées par un Vlassov passèrent à l’ennemi nazi, et Staline donna des signes de vacillation). Une fois les défaites initiales surmontées, le régime stalinien se renforça au fur et à mesure de l’avance de son armée jusqu’en Europe orientale pour finalement émerger du conflit avec rang de deuxième puissance mondiale.

Appuyés sur ce grand arrière, les Mao, les Tito et Oncle Ho pouvaient finir d’éliminer les survivances du mouvement qui prétendait porter et faire vivre l’héritage de l’Internationale Communiste de 1919-23, celle de Lénine et de Trotsky.

Pour terminer, il faut au passage rendre justice à Pablo.

Dans un récit légendaire se voulant orthodoxe, Pablo est chargé de tous les péchés de la capitulation devant le stalinisme, face à laquelle heureusement en 1953 de clairvoyants militants auraient réagi.

La jeune génération des Michel Pablo et Ernest Mandel, mais qui comprenait aussi les Widelin et Abraham Léon et tant d’autres broyés par la guerre, se révéla avec courage et détermination durant les années sombres de l’Occupation. En 1945, après avoir remis sur pied un secrétariat européen de la 4ème Internationale dès 1943, cette jeune génération se vit offrir les clés de la direction internationale par d’autres, plus âgés, plus expérimentés qu’eux, à savoir la direction du SWP américain.

Ainsi, de 1945 à 1953, tous, de Pablo à Cannon, de Mandel à Lambert, de Healy à Bleitbreu, communièrent d’une façon ou d’une autre dans le culte de la « révolution en marche » là où la stalinisation des pays passés sous le contrôle de Moscou ou de ses succursales signifiait l’enterrement de la révolution et le début d’un nouveau stade de développement du monde capitaliste. Après avoir été secoué par les spasmes de sa crise, exprimée par la « guerre civile européenne de 30 ans » (1914-1945), le capitalisme avait finalement solutionné pour un moment ses contradictions, redémarrait un cycle « long » de développement (les 30 Glorieuses), avec l’aide du nouveau partenaire simultanément complice et rival, le système stalinien.

Durant ces quelques huit années, les féroces polémiques internes au mouvement ne cessèrent de porter sur la façon de faire cadrer la théorie des États Ouvriers dégénérés et la conception du stalinisme qui l’accompagnait, avec la réalité des développements et bouleversements que le monde connaissait alors. Malheureusement, cette stagnation théorique ne fut jamais surmontée malgré les coups de boutoir de la vraie vie, lors du soulèvement de Berlin Est de juin 1953, de l’Octobre polonais de 1956, de la révolution hongroise du même mois d’octobre 1956, du Printemps de Prague de 1967-68, des grèves des ouvriers polonais de 1976 à 1980 et au-delà …

Les militants vietnamiens, rescapés des massacres de 1945, réfugiés pour la plupart en France, se trouvèrent enfermés dans une trappe bornée d’un coté, par la dénonciation, justifiée, de la répression stalinienne et le monopole du pouvoir qu’elle garantissait à la nouvelle bureaucratie, et d’un autre coté, la tentative illusoire et mortifère de devenir les meilleurs soldats de la « guerre-révolution » de 1959-1975 aux côtés des « camarades » du PTV.

* : le « peu » comprenait Mathieu Bucholzt, militant du groupe ancêtre de LO, assassiné en septembre 1944, et surtout la brochette des prisonniers trotskistes liquidés en 1943 en Haute Loire après l’attaque de leur prison par un maquis contrôlé par les staliniens. Sur cet épisode, voir Pierre Broué, Raymond Vacheron, Meurtres au maquis, Grasset 1997.


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Re: Il y a 76 ans, Ta Thu Thâu (1906-1945)

Message par Ottokar » 17 Déc 2021, 08:08

Ces deux articles proviennent de la revue "Aplutsoc" où on retrouve les signatures de Zarka, ex-dirigeant stalinien des Jeunesses du PC, et qui semble à tonalité PCI-lambertiste (les restes du groupe de Pierre Broué ?). J'avoue être un peu perdu là-dedans. La revue prône un appel au "boycott constituant" de la présidentielle. Traduction, ils n'ont pas les forces de se présenter et cachent cela par une abstention camouflée sous des phrases pompeuses et républicaines de rejet des institutions de la 5e république (comme si les précédentes étaient mieux : la 4e ? la 3e ?).
Plutôt que de poster des choses sans commentaires, ce serait mieux de dire d'un mot qui écrit, aussi bien le premier hommage à Ta-Thu-Tâu puis la critique du second, contre le secrétariat de la IV après guerre et l'affreux, l'horrible, le diable Pablo (le simple fait de l'accuser signale les tendances lambertistes de l'auteur).
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Re: Il y a 76 ans, Ta Thu Thâu (1906-1945)

Message par Gayraud de Mazars » 17 Déc 2021, 09:43

Salut Ottokar,

Les deux articles en question sur Ta Thu Thau, sont signés par Pierre Saccoman et OD donc il ne reflète pas forcément la rédaction d'Aplutsoc, qui ne les a pas signée tels quels. De se que je peux en savoir, on ne peux pas dire que la rédaction d'Aplutsoc, soit lambertiste, pas du tout, ou venant du groupe de Broué, que certains en soient issus de cette tradition lambertiste c'est certain, mais d'autres viennent plutôt de la Ligue de tradition mandeliste, ou d'autres courants, comme quoi c'est plus compliqué que prévu.

Après le fait que Zarka, soit publié une fois sur Aplutsoc, c'est lié au fait qu'il appelle aussi au "boycott" de l'élection présidentielle, comme la rédaction d'Aplutsoc, il n'y a pas de lien organique avec les communistes unitaires...

Fraternellement,
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Re: Il y a 76 ans, Ta Thu Thâu (1906-1945)

Message par com_71 » 17 Déc 2021, 10:35

Peuple trop oublieux Nom de Dieu
Si jamais tu te lèves... (La chanson du Père Duchesne)


Pour ne pas l'être (oublieux) relevons l'accueil par Aplutsoc (plus blog que revue, soit dit en passant) de G. Mordillat, "boycotteur" de la présidentielle 2022, qui ne l'était pas - "boycotteur" - en 2002, quand il s'agissait de faire voter Chirac, en confondant Arlette Laguiller et Le Pen sous les termes charmants de "couple modèle".
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: Il y a 76 ans, Ta Thu Thâu (1906-1945)

Message par com_71 » 18 Déc 2021, 02:25

Tout ça date de 20 ans, alors un petit rappel de l'appel de LO pour le 2ème tour des présidentielles de 2002, le 1er tour ayant vu l'élimination de Jospin (1er ministre PS) et la qualification de Chirac (président sortant, RPR) et Le Pen (Front National)

éditorial LO du 29 avril 2002 a écrit :CONTRE LE PEN MAIS PAS POUR CHIRAC : UNE ENVELOPPE VIDE DANS L'URNE

Tous les partis de la gauche plurielle, cette gauche qui dirige encore le gouvernement, se sont enchaînés eux-mêmes derrière le char de Chirac pour lui faire un triomphe.
François Hollande, le premier secrétaire du PS, vient de dire que le 5 mai doit être "un référendum contre l'extrême droite" et que Chirac ne sera pas élu sur son programme, mais "sur un mandat simple qui sera d'écarter toute dérive d'extrême droite". Pourtant, au premier tour, il y a déjà eu un référendum contre Le Pen puisque 80 % des votants n'ont pas voté pour lui.
Pour Hollande, à partir du 6 mai "le choix entre la gauche et la droite reprendra toute sa valeur". On ne peut mieux se moquer des idées qu'on peut mettre au vestiaire un jour et reprendre le lendemain.
Chirac pourrait être largement élu avec les voix de la droite, sans celles de la gauche. Mais en faisant cette campagne, le PS, le PC et les Verts évitent d'avoir à discuter leur politique passée.
Si Chirac gagne avec un pourcentage écrasant, la différence politique entre la droite et la gauche socialiste sera bien faible. De fait, c'est la gauche elle-même qui l'affirme.
C'est pour cinq ans que Chirac sera élu. Et son programme, il y tient et le répète dans chaque meeting, est loin d'être favorable aux travailleurs. S'il est élu avec leurs voix, il pourra dire "vous avez à 80 % voté pour moi et pour mon programme".
Si, dans cinq semaines, au soir des Législatives, une majorité de gauche est envoyée au Parlement, ce sera une nouvelle cohabitation, mais peut-être pas pour longtemps car Chirac, qui a la dissolution facile, pourrait très bien renvoyer les députés de gauche devant les électeurs.
Et pourquoi ne sortirait-il pas des Législatives une majorité de droite, puisqu'il y aura des candidats de Le Pen partout et que le même raisonnement pourrait faire dire qu'il faut faire front contre Le Pen en se rassemblant derrière les candidats du Président.
Si les voix de Le Pen ont augmenté, c'est bien parce que le gouvernement de la gauche plurielle n'a pas su répondre aux aspirations du monde du travail.
Le chômage ne fait pas monter que la délinquance, il fait aussi monter la peste brune. Chirac et Jospin ont fait une grande partie de leur campagne sur l'insécurité, ils ont repris les thèmes chers à le Pen et une partie des électeurs a préféré l'original aux copies.
Alors dimanche, Le Pen ne doit absolument pas avoir de voix des travailleurs. Il faut que tous ceux qui ont voté pour lui au premier tour comprennent que ce serait dramatique que l'extrême droite devienne une force importante.
Le Pen fait sa campagne contre les immigrés, contre les étrangers mais en fait, parsemée de quelques propos démagogiques pour les ouvriers, il est fondamentalement contre tous les travailleurs.
Il faut se souvenir qu'aussi bien les fascistes italiens que les nazis allemands tenaient, parmi tous leurs slogans réactionnaires et racistes, des propos tirés du programme des socialistes.
Alors il ne faut pas penser qu'à dimanche, il faut penser à ne pas compromettre l'avenir. Que Chirac soit élu avec les voix des travailleurs, les voix de toute la gauche, ou qu'il soit élu seulement avec les voix de la droite, cela peut changer l'avenir.
C'est pourquoi nous disons qu'il faut aller voter dimanche. En se gardant de le faire pour Le Pen, mais sans contribuer à plébisciter Chirac car, après, il se servirait de nos voix pour justifier une politique anti-ouvrière et pro-patronale.
Le Parti Socialiste n'est pas trop gêné de cela car ce qu'il regrette c'est ses places. Mais le sort des travailleurs il s'en moque. Il l'a montré pendant cinq ans au gouvernement et il le montrera à nouveau, s'il sort une majorité de gauche des élections législatives de mai.
Pas une voix pour Le Pen !
Mais une enveloppe vide en guise de vote pour Chirac.

Arlette Laguiller
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