a écrit : La gauche dispersée amorce une riposte
PS et PCF proposent un «comité de liaison» entre l'ex-majorité plurielle, pour contrer la droite.
Par Paul QUINIO et Pascal VIROT
vendredi 23 janvier 2004
«L'alternative n'est pas prête aujourd'hui.» Marie-George Buffet (PCF)
La rencontre n'a pas été qualifiée d'historique. Mais elle a manifestement permis un dégel des relations entre socialistes et communistes. Et, plus globalement, entre l'ensemble des formations de gauche. Après avoir rencontré les Verts le 5 janvier, François Hollande, premier secrétaire du PS, s'est rendu hier place du Colonel-Fabien, au siège du PCF, pour s'entretenir avec Marie-George Buffet. Ils sont tombés d'accord pour proposer aux trois autres partis de l'ex-gauche plurielle (Verts, PRG et chevènementistes du MRC) de créer «un comité de liaison pour être dans la riposte à la droite». Et «organiser la résistance», comme l'a expliqué la secrétaire nationale du PCF. Du côté du PS, on parle «d'une structure souple» qui ne fonctionnera que si elle est ouverte à tous.
LCR exclue.Aux temps de la majorité plurielle, Dominique Voynet, ex-secrétaire nationale des Verts, a longtemps réclamé à Lionel Jospin la création d'un tel comité de liaison. Hier, la direction des Verts a fait savoir qu'elle aborderait la question lors de son comité exécutif de lundi. «Nous voulons en savoir plus, notamment sur les objectifs de ce comité de liaison», confiait son porte-parole, Yves Contassot.
François Hollande et Marie-George Buffet ont, en revanche, expliqué que la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) ne pouvait pas faire partie de ce comité en raison de sa décision de ne pas appeler à voter à gauche au second tour des régionales : «Nous dirons à nos amis de la LCR que nous sommes en totale opposition par rapport à leur attitude qui permettrait à la droite (...) de sortir renforcée» de ce scrutin, a fulminé Marie-George Buffet, parlant de «décision très grave». Quant au premier secrétaire du PS, il a indiqué que le comité s'adressait à «la gauche qui vote à gauche» et pas à celle qui «ne différencie pas la gauche de la droite».
Urgence.
Si la période préélectorale ne se prête guère à des actions communes en raison de la désunion électorale qui subsiste à gauche, l'urgence commande. Ainsi, les cinq partis d'opposition devraient publier, mardi, un communiqué commun condamnant la politique du gouvernement en matière d'emploi. «Il faut être le plus réactif possible», a souligné, hier, le premier secrétaire du PS. Intitulée Halte au démantèlement du droit du travail, cette déclaration fustige les conclusions de la commission Virville qui propose la mise en place de CDD de llongue durée (Libé du 15 janvier). Déjà amendé par les communistes, il devait l'être hier par les Verts. Là encore, la LCR n'a pas été associée. Si elle veut s'y joindre, le PS n'y voit pas d'inconvénient... mais seulement une fois le texte signé et officiellement présenté comme une initiative des formations de la gauche de gouvernement.
Les délégations socialiste et communiste ont également décidé, hier, d'amorcer un débat bilatéral sur leurs (nombreuses) divergences et (rares) convergences. Une confrontation «idéologique» que les deux partis de gauche n'ont pas eue depuis les années 70. Il faut «engager un travail de fond, public (...), sans cacher nos divergences» sur des dossiers tels que l'Europe, la modialisation, l'analyse de la société française, le capitalisme, comme l'a précisé Buffet. Une volonté également affichée par le patron du PS, qui a néanmoins plus insisté que son homologue communiste sur les convergences entre les deux formations.
Pas d'alternative. Mais là où les deux leaders divergent, c'est sur la finalité de ces rencontres. Mettant cartes sur table, Hollande a souligné que ce travail «indispensable» devrait déboucher sur «la recherche d'une alternative, le moment venu, au niveau national». Sans «préjugé du résultat», le premier secrétaire a insisté sur «la phase de préparation des élections (présidentielle et législatives) de 2007», échéances pour lesquelles «les socialistes veulent être en situation de présenter une alternative». Il a, en clair, continué de décliner son concept de «nouvelle alliance». Pour Buffet, c'est aller vite en besogne. Evoquant les «erreurs» et «les vieilles formules artificielles» (allusion aux accords «au sommet», style programme commun des années 70 ou, plus récemment, attelage «gauche plurielle»), elle a souligné que «l'alternative n'est pas prête aujourd'hui». Et donc qu'il y a peu de chances qu'elle le soit dans trois ans...