Grève dans les universités

Message par Ottokar » 04 Fév 2009, 08:00

Cet article de la revue électronique Educpros (groupe qui publie l'Etudiant) : il résume la coordination de lundi 2 février. La grève est encore minoritaire et inégalement suivie selon les universités et à l'intérieur de celles-ci, les diverses composantes (Lettres, Sciences, Eco, Droit...). Certaines n'ont pas de cours, d'autres participent aux journées.

a écrit :Grève dans les universités : jusqu'où iront les enseignants-chercheurs ?

Plus de 300 représentants d’universités ont participé à l'assemblée générale organisée, le 2 février 2009, à La Sorbonne, par la coordination nationale de l’enseignement supérieur et de la recherche. Selon les organisateurs, toutes les universités étaient représentées. L’appel à la grève illimitée et générale, sous le mot d’ordre « l’Université et la recherche s’arrête », a été voté en ce premier jour censé marquer le début du blocage des universités. Le succès de cette grève repose encore sur une inconnue. La Coordination nationale devra montrer sa capacité à mobiliser au-delà des cercles syndicaux et des collectifs, auprès des enseignants-chercheurs, des étudiants et même des personnels administratifs.

Semaine d’examens pour certaines universités, début théorique du deuxième semestre pour d’autres… L’entrée dans la grève des enseignants-chercheurs avec le slogan « Le 2 février, l’université s’arrête » comme l’a intitulé la coordination nationale de l’enseignement supérieur et de la recherche - rejointe par les syndicats comme le Snesup et AutonomeSup - dépendra aussi du contexte local. A Paris 10 par exemple, le début de semestre commençant le 9 février, la question de débuter la grève une semaine plus tard se pose.

Rétention, motions...

Toujours est-il que depuis longtemps la communauté universitaire n’avait pas connu un tel mouvement, initié par une grève administrative (rétention de notes…) et une palanquée de motions. Selon le Snesup, 15 conseils d’administration d’universités ont voté des motions contre le décret modifié (Le Mans, Toulouse 3, Paris 3, Paris 4, Caen , Le Havre, Nantes, Angers..). Plus de 70 motions de conseils d’administration dénonceraient la réforme de la formation des enseignants. Devant cette opposition très marquée, quelle attitude adopteront les présidents d’université si la grève de leurs enseignants-chercheurs est massive ? La CPU a, elle, diffusé un nouveau texte de soutien à la réforme du décret. Mais certains présidents se montrent solidaires du mouvement.

L'AG de la coordination nationale focalise l'attention

L’assemblée générale de la coordination nationale de l’enseignement supérieur et de la recherche du 2 février à midi à La Sorbonne a donné le la. Le Snesup a convoqué un bureau national le 3 février 2009 pour savoir quelle suite donner au mouvement. Elargir les mots d’ordre ? « La mobilisation est très forte dans l’enseignement supérieur et la recherche. Il y a une très vive hostilité de la communauté universitaire vis-à-vis de Sarkozy. Et une très grande unité de revendications que ce soit sur les emplois, le statut et mastérisation », indique Jean Fabbri, secrétaire général du Snesup pour qui la lettre de la ministre est une provocation. "Sur le fond, le décret reste en l'état".

Les étudiants dans la danse ?

Plusieurs inconnues devraient être levées en début de semaine et donneront les clés pour savoir si le mouvement peut se poursuivre. Les juristes, en tête de la mobilisation, de façon tout à fait exceptionnelle, sauront-ils rallier sur leurs revendications toutes les disciplines de l’université ? « Les juristes ont pris le mord aux dents mais on est attentif pour qu’ils ne négocient pas dans leur coin après leur rendez-vous avec Valérie Pécresse. Nous, on ne veut pas de modulation de services comme eux », s’inquiète Michèle Cohen-Halimi, enseignante-chercheuse à Paris 10 et élue du Snesup au CA.

Autre interrogation récurrente dans les assemblées générales : les étudiants vont-ils être solidaires du mouvement des enseignants-chercheurs ? Malgré la rétention des notes pratiquée à grande échelle et alors que les enseignants-chercheurs n’avaient pas massivement soutenus leur mouvement contre le CPE ? « Nous allons proposer aux enseignants-chercheurs une date d’action générale, dans les semaines qui viennent », annonce Jean-Baptiste Prevost, président de l’Unef, qui souhaite amplifier la mobilisation.

Des revendications plus larges pourraient donner des arguments supplémentaires aux organisations pour convaincre les étudiants de rentrer dans le mouvement. « Les étudiants ont largement de quoi se mobiliser sur la mastérisation, l’allocation des moyens , la professionnalisation… Il ne faut pas se priver de leur soutien», estimait une militante du syndicat lors de l’AG de l’UFR LLphi à Nanterre le 30 janvier 2009. Le Snesup déclare ne pas appeler explicitement les étudiants à soutenir le mouvement. A suivre.


Fabienne Guimont

02.02.09
Ottokar
 
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Message par Ottokar » 04 Fév 2009, 08:56

Si l'on veut comprendre, au-delà d'histoire de "statut", il y a eu un bon article dans LO cette semaine. L'article de LO (je suppose qu'il y en aura un autre demain) :
a écrit :Décret Pécresse - La grogne monte parmi les universitaires
Le gouvernement de Sarkozy est sans doute en train de réaliser une performance rare : provoquer un mouvement des universitaires. Dans ce milieu pourtant peu prompt à la contestation, une succession de mesures est en effet en train de provoquer une mobilisation sans précédent.

En effet, dans la foulée de la loi dite « d'autonomie des universités » adoptée en catimini en juillet 2007, et qui confère notamment à leurs présidents des pouvoirs accrus en matière financière, Valérie Pécresse a récemment rendu public un décret qui remet en cause le statut des enseignants du supérieur. Jusque-là, ceux-ci étaient tous astreints à une même obligation d'enseigner, environ 200 heures par an, devant les étudiants. Le reste de leur temps était consacré à leurs activités d'encadrement, d'administration, et surtout de recherche. Le projet de décret prévoit que désormais ce service d'enseignement serait modulable, au bon vouloir du seul président de l'université.

Ainsi, un enseignant dont on voudrait favoriser les recherches pourrait être dispensé d'une partie, voire de la totalité de ses heures de cours. Inversement, un chercheur pourrait se voir obligé de dispenser davantage d'heures de cours, jusqu'au double du service actuel, ce qui, de fait, réduirait à zéro le temps disponible pour ses recherches.

Au-delà de la démagogie gouvernementale sur la nécessité de contrôler l'utilisation de l'argent public, et donc la qualité des recherches menées par ces fonctionnaires, ce décret cousu de fil blanc ouvre avant tout la porte à une réduction massive des postes d'enseignants du supérieur. Pas besoin en effet d'avoir un doctorat pour comprendre que les présidents d'université distribueront davantage de surcharges d'enseignement que de décharges, économisant ainsi les postes de titulaires. Et au cas où un président s'aviserait de l'avoir mal compris, le décret prend d'ailleurs bien soin de préciser que dans chaque université le bilan global doit impérativement se solder par une économie d'heures.

Cette charge frontale s'ajoute à quelques autres mesures menées à la hussarde, comme celle de la « masterisation » des concours d'enseignement, et elles convainquent beaucoup d'enseignants du supérieur que le gouvernement se moque d'eux-mêmes, de la qualité de la recherche et des étudiants.

Dans plusieurs dizaines d'universités, les enseignants se sont réunis, souvent en compagnie de personnels administratifs et d'étudiants. De nombreuses motions ont été votées, qui exigent le retrait des décrets. Des mesures de rétention de notes, de grèves de jury, voire des cours, ont été adoptées, et un durcissement du mouvement est prévu à partir du lundi 2 février.

Apparemment, parmi toutes les facultés que Sarkozy et Pécresse ont sous-estimées, il y avait la faculté... de réagir à leurs attaques.

Jean RAYNARD
Ottokar
 
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Message par Gaby » 05 Fév 2009, 20:38

Mon dieu, la manif' aujourd'hui c'était quelque chose à Paris. Après avoir fait sauter deux fois les barrages de la police et avoir traversé le boulevard Saint Germain en plein trafic sous les encouragements de beaucoup de conducteurs, on s'est fait disperser bien comme il fallait à l'approche du Louvre par les CRS. Personne de découragé cependant.
Gaby
 
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