PSA POISSY - Fédération CGT des métaux = bureaucrates !

Re: PSA POISSY - Fédération CGT des métaux = bureaucrates !

Message par Gayraud de Mazars » 20 Mai 2022, 14:56

Salut camarades,

Lu sur Révolution Permanente... du 19 mai 2022...

https://www.revolutionpermanente.fr/Put ... re-Mercier

BUREAUCRATIE SYNDICALE

Putsch à la CGT PSA Poissy : la direction de la CGT exclut le syndicat et Jean Pierre Mercier


Après sept mois de cabale, la direction de la CGT a exclu le syndicat de PSA Poissy et le délégué syndical central de PSA, Jean Pierre Mercier. Une chasse aux sorcières qui profite, inévitablement, à la direction de l’entreprise.

Depuis plusieurs années, la Fédération des Travailleurs de la Métallurgie (FTM-CGT), remet en cause le syndicat CGT de PSA Poissy, notamment autour de son orientation. Mais depuis l’automne, la Fédération, aidée de l’Union Départementale des Yvelines (UD 78), a décidé de mettre fin au syndicat historique de Peugeot Poissy, le syndicat PCA (Peugeot Citroën Automobile) Poissy, animé notamment par Jean Pierre Mercier. A l’aide de quelques syndiqués CGT opposés à la politique du syndicat, les dirigeants de Montreuil ont finalement réussi à « désaffilier » le syndicat historique, l’excluant de fait de la CGT. Dernière épisode d’une cabale faite contre le syndicat PCA Poissy, Jean-Pierre Mercier, délégué syndical central (DSC) depuis 2015, a été démandaté ce lundi 16 mai de ses fonctions par la fédération des métallos, le laissant à la merci de la direction du groupe.

Une cabale montée de toute pièces contre le syndicat PCA Poissy

Depuis plusieurs années, la Fédération des métallurgistes, soutenue de facto par Philippe Martinez, veut en finir avec Jean-Pierre Mercier, DSC du groupe PSA et un des porte-parole de Lutte Ouvrière. Et en même temps que Jean-Pierre Mercier, c’est tout le syndicat qui est visé par la fédération, qui a monté, mois après mois, un « dossier » à charge contre le syndicat.

Dans un document datant du 10 janvier dernier, la FTM et l’UD 78 reviennent dans une note sur tous les éléments qui montreraient la nécessité de mettre en place un nouveau syndicat CGT, qui, dans l’esprit de la fédération, obéirait aux dirigeants de Montreuil. Dans cette longue note, qui devait servir de document préparatoire à un Conseil Exécutif Fédéral des métallos, les raisons qui sont censées justifier la désaffiliation du syndicat histoire de Poissy sont mises sur le papier.

Sans rentrer dans tous les détails chronologiques avancés par la fédération, ce qui est reproché au syndicat PCA Poissy est avant tout le lien entre le syndicat et Lutte Ouvrière, dont fait partie Jean-Pierre Mercier (DSC PSA). Sans jamais citer Lutte Ouvrière, la note dénonce ainsi « la « prédominance d’un parti politique » et de l’absence de vie syndicale qui en découle ». S’en suit un enchaînement d’accusation sur le fonctionnement de PCA Poissy : manque de formation syndicale, « non-respect des structures », organisation d’un Congrès du syndicat contradictoire à celui voulu par la fédération, reproche fait à Jean Pierre Mercier d’intervenir trop dans les médias.

Dans l’ensemble, malgré de très nombreuses pièces jointes qui veulent donner une impression d’une situation gravissime, les trois quarts des accusations que la fédération fait au syndicat PCA Poissy consiste à reprocher des non présences en réunions et un « refus du dialogue ». Bref, dans ce procès de Moscou intenté par les bureaucrates de Montreuil, ce qui est avant tout reproché au syndicat PCA Poissy, c’est de ne pas obéir au doigt et à l’œil de la centrale.

De novembre à mai : sept mois pour détruire un syndicat

Évidemment, depuis le début de cette cabale, la fédération de la métallurgie s’est toujours défendue de « vouloir couper des têtes », prétendant vouloir agir dans le but de « l’unité syndicale ». Pourtant, dans la façon dont la fédération et la direction de l’UD 78 ont réussi à exclure le syndicat PCA Poissy de la CGT, difficile de ne pas voir des manœuvres d’appareils justement destinées à couper des têtes.

En effet, alors que les accusations contre le syndicat PCA Poissy s’accumulaient, celui-ci a annoncé courant octobre dernier la tenue d’un congrès du syndicat pour le 14 novembre afin de donner la parole aux syndiqués. Malgré la présence de responsables de la fédération à cette réunion préparatoire, rapidement, toutes les structures de la CGT dénoncent l’organisation de ce Congrès, organisé par les syndiqués de PCA Poissy et non par la Fédération des métallos et de l’Union départementale.

Malgré les oppositions de la bureaucratie de la CGT, le congrès du syndicat finit par se tenir le dimanche 14 novembre. 193 sur 290 syndiqués y participent, ainsi que des représentants de 12 autres syndicats du groupe PSA-Stellantis, sur les 15 usines du groupe en France. Et alors que l’équipe dirigeante sortante du syndicat y est réélue, la FTM continue de vouloir mettre fin au syndicat.

C’est ainsi qu’a été organisé le 11 décembre un second Congrès, se tenant sans les responsables du syndicat existant, ni les représentants des autres syndicats du groupe. Piloté par la fédération et l’UD 78, ce Congrès met en place un nouveau syndicat, la CGT Stellantis Poissy.

Fort de l’existence de deux syndicats sur la même usine, dont un à ses ordres, la Fédération des métallurgistes a donc argué qu’il ne pouvait pas y avoir deux syndicats sur le même « périmètre ». Alors que le syndicat PCA Poissy existe depuis plus de cinquante ans, les deux syndicats sont mis sur un pied d’égalité, et lors d’un Conseil Exécutif Fédéral, le 13 janvier, l’ancien syndicat est « désaffilié » à 29 voix pour et 2 contre. Deux jours avant, c’était l’UD 78 qui statuait dans le même sens. Dans la foulée, le 7 février, le DRH du site est informé que Farid Borsali ne représente plus la CGT, le nouveau secrétaire général du syndicat CGT du site étant Jonathan Dos Santos.

Pour boucler la boucle, la fédération des métallos informe finalement la direction du groupe PSA le 16 mai que Jean Pierre Mercier n’est plus Délégué Syndical Central.

Un coup de force de la direction de la CGT contre la démocratie ouvrière

Tout au long de l’année, le syndicat PCA Poissy semble pourtant avoir tout fait pour montrer le soutien des salariés du site de Poissy, mais aussi des syndicats du groupe.

Il faut tout d’abord souligner le soutien des syndiqués du site Poissy à leur syndicat : sur 290 syndiqués, 193 ont participé à un Congrès et ce malgré la cabale orchestrée par la fédération. Mais le soutien au syndicat historique semble dépasser largement le syndicat : une pétition, signée par 1085 salariés du site (qui en compte 3500 avec les sous-traitants), a été relayée, demandant la reconnaissance du syndicat PCA Poissy. Avec cela, 222 élus CGT et mandatés dans le groupe PSA (soit 91% des élus de la CGT) ont affirmé vouloir garder Jean Pierre Mercier comme délégué syndical central.

Dans leurs courriers, les différents délégués syndicaux de l’énorme majorité des sites PSA (Valenciennes, Mulhouse, Sept-Fons, Douvrin, Hordain, Carrières, Metz, Sochaux, Charleville, Vélizy, Rennes, Vesoul, Caen et Poissy) ont ainsi montré leur soutien à quatre reprises, à travers des courriers adressés aux syndiqués de PSA et aux acteurs fédéraux et confédéraux.Le 23 décembre, ils dénonçaient ainsi la création d’un deuxième syndicat : « L’UD 78 et la Fédération de la Métallurgie, plutôt que d’accepter les décisions prises démocratiquement par les syndiqués au congrès du 14 novembre, ont choisi ces diviseurs [la dizaine de délégués opposés à la direction du syndicat] en soutenant la création d’un 2e syndicat CGT. Le fonctionnement de base de la démocratie syndicale CGT est totalement bafouée ». Le 25 avril dernier, alors que le syndicat PCA Poissy était officiellement exclu de la CGT, ces mêmes élus réitéraient leur soutien à Jean Pierre Mercier en tant que DSC du groupe PSA : « Nous vous demandons de respecter notre décision que Jean-Pierre Mercier soit notre DSC. A défaut, nous procéderons à l’organisation d’une élection au sein du groupe CGT PSA pour désigner le nom du DSC ».

Malgré toutes ces oppositions, la direction fédérale de la Métallurgie a continué d’imposer bureaucratiquement ses élus et notamment le nouveau délégué syndical central, Michael Imhoff, élu dans l’usine de Trémery (Moselle), la seule à s’opposer à Jean Pierre Mercier. Face à cette politique bureaucratique, les délégués CGT du groupe ont donc organisé, vendredi dernier, une Assemblée Générale. Fait rare, celle-ci s’est déroulée dans le patio du siège de la CGT, à Montreuil, sous les yeux de tous les responsables de la Confédération. Et alors que tous les syndicats CGT avaient organisé un vote sur le Délégué Syndical Central, le résultat était sans appel : 223 voix pour Jean Pierre Mercier, et 31 voix pour Michaef Imhoff. Immédiatement, Abdelaziz Bouabdellah, membre du Secrétariat fédéral des métallurgistes, prend la parole déclarant le vote « caduc » sous les huées des délégués venus scandant « Aziz démission ».

La direction de PSA se frotte les mains

Évidemment, la politique de la fédération des métallurgistes a fait des heureux dans la direction du groupe PSA. L’occasion peut-être pour elle d’en finir avec Jean-Pierre Mercier, figure de la grève lors de la fermeture du site d’Aulnay sous-bois en 2013, ainsi que Farid Borsali, qui avait déjà été pris pour cible par la direction, accusé de prétendues violences contre un manager durant une grève en 2016. C’est ce qu’ont dénoncé, le 2 mars, les autres secrétaires généraux des syndicats PSA : « la Fédération et l’UD 78, par leurs actions, donnent des armes à PSA pour réaliser ce qu’il n’a jamais réussi à faire depuis 60 ans : faire disparaître un syndicat qui se bat et résiste à tous les coups portés (sanctions, demandes de licenciements, criminalisation de l’action syndicale, attaques devant les tribunaux) ». Le 25 avril, ces mêmes élus avertissaient à nouveau la fédération : « Jean-Pierre Mercier […] n’a pas d’autres mandats que celui de DSC. Lui retirer, c’est offrir sa tête sur un plateau à la direction de PSA. C’est inacceptable ».

Et les syndicalistes ne se trompent pas : pour PSA, la CGT dans son ensemble a été, régulièrement, une épine dans le pied pour mener à bien ses vagues de licenciements. Dans ce contexte, désaffilier le syndicat PCA Poissy, c’est-à-dire l’exclure de la CGT, revient à supprimer un syndicat entier dans une des plus grosses usines de la région parisienne. Stellantis (ex groupe PSA) annonçait ainsi en février prévoir 2600 suppressions de postes en deux ans. Une opération qui sera évidemment plus facile à Poissy, avec un nouveau syndicat d’une quinzaine de membre et sûrement moins combatif, et qui ne s’opposera pas la politique patronale.

C’est un syndicat de deux cents personnes, avec une forte tradition de lutte, que la Fédération de la Métallurgie a voulu détruire. Cette attaque sera un précédent pour la bureaucratie syndicale pour s’attaquer à toutes les équipes syndicales qui refuseront la politique du dialogue social prônée par Montreuil. A l’heure où Macron a nommé Elisabeth Borne première ministre pour un quinquennat de guerre contre le mouvement ouvrier, il est plus que jamais nécessaire de se solidariser de la CGT PCA Poissy et de dénoncer cette offensive contre le syndicalisme lutte de classe.


Fraternellement,
GdM
"Un seul véritable révolutionnaire dans une usine, une mine, un syndicat, un régiment, un bateau de guerre, vaut infiniment mieux que des centaines de petits-bourgeois pseudo-révolutionnaires cuisant dans leur propre jus."
Avatar de l’utilisateur
Gayraud de Mazars
 
Message(s) : 2481
Inscription : 23 Avr 2014, 12:18

Re: PSA POISSY - Fédération CGT des métaux = bureaucrates !

Message par com_71 » 20 Mai 2022, 17:53

Au congrès de FTM CGT du 31/01 au 4/02/2022
https://serveur2.archive-host.com/membr ... ercier.mp4
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
Avatar de l’utilisateur
com_71
 
Message(s) : 5984
Inscription : 12 Oct 2002, 00:14

Re: PSA POISSY - Fédération CGT des métaux = bureaucrates !

Message par artza » 28 Mai 2022, 06:53

Putsch à la CGT PSA Poissy, la direction de la CGT exclut le syndicat et Jean-Pierre Mercier
.

Un bien mauvais titre.
On pourrait penser que c'est plié.
Pas du tout la bataille est loin d'être terminée.

Résultat ce titre qui fait dans le sensationalisme journalistique n'aide pas les militants, les syndiqués de Poissy en pleine bataille contre cette exclusion.

La classe ouvrière a besoin d'une presse militante qui informe sérieusement et instruit les lecteurs pas d'une presse sur le modèle bourgeois qui cherche le buzz!
artza
 
Message(s) : 2399
Inscription : 22 Sep 2003, 08:22

Re: PSA POISSY - Fédération CGT des métaux = bureaucrates !

Message par com_71 » 29 Mai 2022, 23:27

Le 30 mai, même article mais nouveau titre :
l'ancien
Putsch à la CGT PSA Poissy : la direction de la CGT exclut le syndicat et Jean Pierre Mercier

le nouveau
La direction de la CGT cherche à exclure le syndicat de PSA Poissy et Jean-Pierre Mercier
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
Avatar de l’utilisateur
com_71
 
Message(s) : 5984
Inscription : 12 Oct 2002, 00:14

Re: PSA POISSY - Fédération CGT des métaux = bureaucrates !

Message par Gayraud de Mazars » 01 Sep 2022, 09:33

Salut camarades,

En solidarité avec le syndicat historique de la CGT PSA de Poissy contre Les bureaucrates de la fédération CGT des métaux qui multiplient les coups bas.

CGT PSA Poissy.jpg
CGT PSA Poissy vs Fédération CGT des métaux !
CGT PSA Poissy.jpg (186.38 Kio) Consulté 3595 fois


Fraternellement,
GdM
"Un seul véritable révolutionnaire dans une usine, une mine, un syndicat, un régiment, un bateau de guerre, vaut infiniment mieux que des centaines de petits-bourgeois pseudo-révolutionnaires cuisant dans leur propre jus."
Avatar de l’utilisateur
Gayraud de Mazars
 
Message(s) : 2481
Inscription : 23 Avr 2014, 12:18

Re: PSA POISSY - Fédération CGT des métaux = bureaucrates !

Message par Gayraud de Mazars » 01 Sep 2022, 18:10

Salut camarades,

Message important du camarade Mercier sur les réseaux sociaux !

La FD CGT Métallurgie assigne la CGT PSA Poissy au tribunal de Bobigny le 20 octobre pour obtenir d'un juge son exclusion de la CGT ! Pour la démocratie syndicale signez la pétition et RDV LE 20 OCTOBRE A BOBIGNY !


https://www.change.org/contre_exclusion_CGT_PSA_Poissy

Fraternellement,
GdM
"Un seul véritable révolutionnaire dans une usine, une mine, un syndicat, un régiment, un bateau de guerre, vaut infiniment mieux que des centaines de petits-bourgeois pseudo-révolutionnaires cuisant dans leur propre jus."
Avatar de l’utilisateur
Gayraud de Mazars
 
Message(s) : 2481
Inscription : 23 Avr 2014, 12:18

Re: PSA POISSY - Fédération CGT des métaux = bureaucrates !

Message par com_71 » 02 Sep 2022, 15:52

Un 4 pages de la CGT PSA Poissy, expliquant tout de manière détaillée
https://transfert.free.fr/botyCP
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
Avatar de l’utilisateur
com_71
 
Message(s) : 5984
Inscription : 12 Oct 2002, 00:14

Re: PSA POISSY - Fédération CGT des métaux = bureaucrates !

Message par Gayraud de Mazars » 03 Sep 2022, 16:37

Salut camarades,

Un tweet bien senti du 3 septembre 2022, de la camarade Nathalie Arthaud...

Nathalie Arthaud
@n_arthaud

Soutien aux militants ouvriers de la #CGT PSA Poissy. En + de se battre contre un patron de combat, ils se battent pour faire respecter un principe simple : Aux syndiqués de choisir leurs représentants et de décider dans leur syndicat. Pas aux bureaucrates fédéraux de Montreuil !


Fraternellement,
GdM
"Un seul véritable révolutionnaire dans une usine, une mine, un syndicat, un régiment, un bateau de guerre, vaut infiniment mieux que des centaines de petits-bourgeois pseudo-révolutionnaires cuisant dans leur propre jus."
Avatar de l’utilisateur
Gayraud de Mazars
 
Message(s) : 2481
Inscription : 23 Avr 2014, 12:18

Re: PSA POISSY - Fédération CGT des métaux = bureaucrates !

Message par com_71 » 04 Sep 2022, 13:32

Mediapart, Dan Israël, 2 septembre 2022 a écrit :Chez Stellantis, la CGT en pleine guerre fratricide

En janvier, la fédération CGT de la métallurgie a adoubé de nouveaux représentants dans l’usine Peugeot-Citroën de Poissy. Excluant de fait des militants historiques, dont Jean-Pierre Mercier, figure des syndicalistes de l’automobile, par ailleurs numéro 2 de LO. La bataille est désormais judiciaire.

Ils sont nombreux, les motifs actuels de lutte pour les syndicats de Stellantis, le géant de l’automobile qui englobe depuis janvier 2021 les marques de Peugeot-Citroën (groupe PSA) et de Fiat-Chrysler. En février, la direction a annoncé son intention de supprimer 2 600 emplois en France sur deux ans, après des milliers d’autres licenciements en quinze ans. Un plan qui n’a été en rien ralenti par l’annonce des bénéfices records au premier semestre de cette année. Et en avril, la rémunération stratosphérique du directeur général Carlos Tavarez a été dévoilée : pas moins de 66 millions d’euros pour l’année 2021, une somme jamais atteinte pour un patron européen.
Pourtant, si les principaux responsables CGT de l’entreprise et de la fédération de la métallurgie, qui chapeaute le secteur automobile, avaient les yeux tournés vers le tribunal judiciaire de Bobigny le 1er septembre, ce n’était pas en raison d’une bataille juridique avec la direction de Stellantis.
Ce jeudi, l’audience opposait 16 membres historiques de la section CGT de l’usine PSA de Poissy (Yvelines) aux représentants du tout nouveau syndicat, lui aussi CGT, de l’entreprise, créé en décembre et dénommé CGT- Stellantis.
Les deux parties se sont accordées pour reporter l’audience au 20 octobre, mais leur inimitié n’en est en rien diminuée. Le nouveau syndicat, appuyé par la fédération de la métallurgie et l’union départementale des Yvelines, réclame en justice que les membres de l’ancienne organisation cessent de se revendiquer de la CGT, de parler en son nom et d’utiliser son logo - et qu’ils soient condamnés à payer 1 000 euros d’amende chaque fois qu’ils le feront.
Celui qui est principalement visé est une figure des luttes syndicales : Jean-Pierre Mercier, jusqu’à peu patron de la CGT pour les 15 sites de PSA en France, et habitué des prises de parole médiatiques. Il a été l’animateur de la grève féroce qui a eu lieu en 2013 dans l’usine d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), fermée en 2014 alors que 3 000 personnes y travaillaient encore deux ans plus tôt - l’épisode est retracé dans un livre et dans le film Comme des lions.
C’est à la suite de la fermeture de l’usine d’Aulnay-sous Bois que Jean-Pierre Mercier a été transféré à Poissy, et a adhéré à la CGT-PCA (pour Peugeot-Citroën automobiles, ancienne dénomination de PSA). Et depuis 2015, il est le délégué syndical central de toute la CGT de PSA. Ce n’est pas son seul poste officiel : Jean-Pierre Mercier est le deuxième porte-parole national de Lutte ouvrière (LO), aux côtés de Nathalie Arthaud, la candidate du parti à la présidentielle depuis 2012. À ce titre, il était numéro 2 de la liste LO aux élections européennes de 2019.
L’audience de Bobigny constitue la nouvelle étape d’un affrontement sans merci qui dure depuis plus de 18 mois, et qui s’est déplacé sur le terrain judiciaire. En janvier 2022, le syndicat PCA-Poissy a été désaffilié de la CGT, à l’initiative de la fédération et de l’union départementale des Yvelines, pour laisser la place au nouveau syndicat CGT-Stellantis.
Jean-Pierre Mercier a perdu officiellement son mandat de délégué syndical central en mai et a été remplacé par Michael Imhoff, un élu de l’usine de Trémery (Moselle). Ces deux décisions ont été validées par le tribunal judiciaire de Versailles, le 28 avril et le 29 août.
« Jean-Pierre Mercier se présente encore dans les médias comme faisant partie de la CGT, parfois même comme “porte-parole de la CGT de Stellantis”. Mais, à ce jour, il n’est plus adhérent à la CGT et le syndicat PCA-Poissy a été désaffilié de la CGT. Ses dirigeants ne peuvent donc pas prétendre parler au nom de la CGT », déclare Aziz Bouabdellah, secrétaire fédéral chargé du dossier à la fédération de la métallurgie.

Deux lignes politiques opposées
Dans cette querelle fratricide, les reproches fusent de chaque côté en direction de l’adversaire. Chacun accuse l’autre de ne pas respecter les statuts de la CGT et se targue d’être celui qui respecte le mieux la « démocratie syndicale » et les choix de « la base ». Les opposants au syndicat historique expliquent principalement que ses dirigeants, autour de Jean-Pierre Mercier et du secrétaire général Farid Borsali, menaient la vie syndicale de façon brutale, sans écouter les critiques, et en prenant trop leurs distances avec les directives la fédération.
« Il s’agit d’un problème interne dans l’ancien syndicat, d’un conflit entre la direction et ses membres : les syndiqués n’avaient aucune place et ne prenaient aucune part dans l’organisation du syndicat dans l’entreprise », affirme ainsi Aziz Bouabdellah, secrétaire fédéral à la fédération de la métallurgie. « Un grand nombre de syndiqués sont venus se plaindre à la fédération du fait qu’ils n’étaient pas écoutés par leurs dirigeants », indique-t-il pour expliquer la création du nouveau syndicat et son adoubement par les instances.

Jean-Pierre Mercier, ex-délégué syndical central CGT à PSA a écrit :« La fédération veut reprendre la main sur un certain nombre de sites, et sur la CGT du groupe PSA. »


« Déjà en 2017, il y avait eu des dysfonctionnements, et une première vague de départs. Nous avions notamment l’interdiction d’aller suivre les formations syndicales organisées par l’union locale ou l’union départementale, assure aussi Jonathan Dos Santos, qui a quitté le syndicat historique pour devenir secrétaire général de la nouvelle CGT-Stellantis-Poissy. Le motif était qu’il fallait privilégier l’atelier, plutôt que d’aller voir les “bureaucrates de la fédé”. Par la suite, les problèmes ont continué. »

Autant de reproches balayés par Jean-Pierre Mercier.
« La raison fondamentale, à mes yeux, est que la fédération veut reprendre la main sur un certain nombre de sites, et sur la CGT du groupe PSA, assène-t-il. Les syndiqués de l’entreprise n’étaient pas jugés assez obéissants. On m’a même dit que nous écoutions trop les syndiqués ! »
Ni Jean-Pierre Mercier ni ses adversaires n’estiment que sa place à LO joue un grand rôle dans leur affrontement. Néanmoins, le conflit de ligne politique est un secret de polichinelle. La fédération de la métallurgie, la troisième plus grosse de la CGT (après les services publics et la santé), forte de plusieurs dizaines de milliers d’adhérents et d’adhérentes, n’est pas la plus radicale des organisations de la CGT, et est régulièrement encline à trouver des accords avec le patronat.
Pas vraiment les positions de Jean-Pierre Mercier et de ses camarades. « Notre syndicat est un syndicat de combat, résolument du côté des travailleurs, contre la direction de PSA », résume un de leurs récents tracts. La convocation au tribunal des 16 membres du syndicat historique a été transmise par voie d’huissier, à leur domicile. « Ces méthodes sont celles de nos patrons, révélatrices d’un comportement anti-démocratique et d’un mépris pour les salariés », dénonce le texte.

Démonstration de force
Les « historiques », qui ont lancé une pétition de soutien signée par près de 1 500 personnes en une journée, ne nient pas des divergences avec certains de leurs anciens camarades. Ils jugent même ces désaccords « naturels ». Mais ils appellent à les « régler à travers la discussion fraternelle et non à coups d’exclusion ». Cette demande de discussion provient de militant-es qui savent que nombre de syndicalistes CGT les soutiennent, comme cela a été démontré à plusieurs reprises.
Le 14 novembre 2021, 193 syndiqué-es avaient ainsi participé au congrès de la CGT-PCA-Poissy, aux côtés de représentants de 12 autres usines du groupe (sur 15), et avaient très largement réélu leurs dirigeants. Fin décembre, après la création du nouveau syndicat, 222 élus CGT du groupe, soit 90 % des représentants du groupe à l’époque, ont aussi signé un texte affirmant vouloir garder Jean-Pierre Mercier comme délégué central. Une première pétition signée par un millier de personnes a également soutenu le militant.
La démonstration de force la plus massive a sans doute eu lieu le 13 mai, au siège de la confédération CGT, à Montreuil (Seine-Saint-Denis). Des représentants de la CGT de toutes les usines françaises du groupe y étaient conviés en assemblée générale pour donner leur préférence sur l’occupant du poste de délégué syndical central. 223 militant-es ont choisi Jean-Pierre Mercier, contre seulement 31 voix pour Michael Imhoff.
« Moi, ma ligne, c’est la démocratie syndicale, c’est la base qui doit décider », commente aujourd’hui Jean- Pierre Mercier. Mais, comme l’avait immédiatement fait valoir Aziz Bouabdellah, sous les huées et les quolibets de la salle, ce vote « est plus que caduc », puisque la CGT-PCA ne faisait déjà officiellement plus partie de la CGT.
La vidéo de la scène est disponible en ligne. [Cf. Assemblée générale des syndicats CGT PSA : un exemple de démocratie syndicale, sur le site CGT PSA, Valenciennes. edit/ https://www.youtube.com/watch?v=S7dFJzTzCe0&t=579s]

Formellement, le représentant de la fédération des « métallos » a raison. Les instances officielles de la CGT ont bien exclu Jean-Pierre Mercier et ses troupes dès janvier. Mais ces derniers estiment qu’en agissant ainsi, la fédération a violé les statuts confédéraux de la CGT, selon lesquels la création d’une nouvelle implantation syndicale ne doit pas concurrencer une implantation déjà existante sur le même périmètre. Par ailleurs, ils estiment que s’ils doivent être exclus de la CGT, ils doivent l’être à l’issue d’une procédure menée par la confédération, prévue dans les statuts.
Prudente, la confédération n’a pas souhaité réagir auprès de Mediapart, au motif qu’elle « ne s’exprime pas sur des litiges concernant ses organisations ». Mais en privé, le camp des « historiques » estime avoir reçu plusieurs discrètes marques de soutien de Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT..., qui a lui-même dirigé la fédération de la métallurgie jusqu’à son arrivée à la tête de la confédération en 2015.
Quoi qu’il en soit, en première instance, la justice a bien donné tort à Jean-Pierre Mercier et à ses proches sur tous les points qu’ils ont soulevés, dans les deux décisions, du 28 avril et du 29 août.
Aujourd’hui, les membres du nouveau syndicat disent vouloir tourner la page. « La plupart des syndiqués ont rejoint nos rangs : aujourd’hui, notre syndicat compte 26 délégués dans l’usine de Poissy, un peu partout en France, dont 17 sont des anciens du syndicat historique », souligne Jonathan Dos Santos. Mais il est certain que ce dossier n’a pas encore fini d’empoisonner la CGT.

Dan Israël
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
Avatar de l’utilisateur
com_71
 
Message(s) : 5984
Inscription : 12 Oct 2002, 00:14

Re: PSA POISSY - Fédération CGT des métaux = bureaucrates !

Message par Gayraud de Mazars » 05 Sep 2022, 08:37

Salut camarades,

Nous ferons signer la pétition sur notre stand - La Riposte...

https://www.lariposte.org/2022/09/solid ... -petition/

Fraternellement,
GdM
"Un seul véritable révolutionnaire dans une usine, une mine, un syndicat, un régiment, un bateau de guerre, vaut infiniment mieux que des centaines de petits-bourgeois pseudo-révolutionnaires cuisant dans leur propre jus."
Avatar de l’utilisateur
Gayraud de Mazars
 
Message(s) : 2481
Inscription : 23 Avr 2014, 12:18

PrécédentSuivant

Retour vers Dans le monde du travail

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : conformistepote et 10 invité(s)