A Ilaima,
Quand je parle de ta "candeur", ce n'est pas condescendant de ma part. Mais il y a en ce moment un nombre pas négligeable de profs qui sont très vite démoralisés par la situation actuelle. Il y a ceux qu'on casse, mais il y a aussi ceux qui se faisaient des illusions. Et comme tu es d'extrême gauche, je me sens un intérêt au fait que toi, tu ne te décourages pas.
Et ce qui me fait peur, c'est quand tu t'interdis d'utiliser tel ou tel moyen de te faire respecter.
Ton autorité, à toi, est nécessaire et légitime. Elle sert à faire passer un savoir. Rien à voir avec celle d'un flic. Et tu n'as pas à supporter cette comparaison, ou à te demander si l'usage de ton autorité est nécessaire.
Quels moyens? Tu verras. Mais tu auras à en tenter beaucoup, et tu choisiras à l'usage, en fonction de ce qui marche, en essayant d'instaurer une progressivité. Mais si pour une quelconque raison (bonne ou mauvaise), tu refuses d'utiliser une sanction de ton "arsenal", tu auras déjà perdu, car ce sera, à tort, considéré comme une preuve de faiblesse.
Ce n'est pas si simple de mettre une sanction. Tu dois affronter la lourdeur bureaucratique de ceux à qui tu rajoutes du travail, le mécontentement de ceux qui ont les yeux rivés sur les statistiques, et enfin le regard de ceux qui prétendent que "tout se passe bien dans leur classe" (ce qui est faux).
Aujourd'hui, ce qui est bien vu, c'est de "tenir sa classe". Il ne faut pas d'exclusions de cours, et pas de sanctions. Tout le reste est mal vu. C'est donc à côté de la plaque de dire qu'il y a un retour à l'ordre. Le seul moyen de faire croire qu'on "tient sa classe", c'est que rien ne sorte, ni élève ni sanction. Dans ce contexte, qui a encore l'autorité dans la classe ? Qui a l'impunité garantie par la société ?
Bon, je parle trop. Courage pour ton concours, bonne chance, et hauts les cœurs !