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Message Publié : 13 Déc 2008, 19:55
par com_71
(Lutte Ouvrière 21 nov. 2008 a écrit :Belgique - Grève contre les licenciements à UCB

Le groupe pharmaceutique belge Union chimique belge (UCB) a annoncé plus de 420 licenciements sur le site de Braine-l'Alleud au sud de Bruxelles : 80 ouvriers sur 240, 210 employés et techniciens et 130 cadres. Deux mille licenciements, sur 12 000 salariés, toucheraient par ailleurs les autres entreprises du groupe.

UCB est pourtant une entreprise pharmaceutique très profitable, les actionnaires ont encore touché 168 millions d'euros de dividendes en 2007.

Les négociations traînaient en longueur depuis fin août, avec des directions syndicales peu enclines à exercer une pression sur la direction qui ne proposait que des primes de licenciements variant de 8 000 à 20 000 euros brut en fonction de l'ancienneté. Après prélèvement des cotisations et impôts, à peu près la moitié seulement arrive sur le compte en banque des salariés.

Lassée de la longueur des palabres, une large majorité d'ouvriers se sont mis en grève le mercredi 5 novembre sans attendre de mot d'ordre syndical. Les syndicats ont quand même reconnu la grève, une condition nécessaire au versement des 25 euros d'indemnité quotidienne.

Les chefs d'UCB ont de leur côté organisé la pression : coups de téléphone, mails, courriers... Des cadres sont allés jusqu'à promettre à certains qu'ils n'étaient pas licenciés et qu'il n'y aurait pas de deuxième vague de licenciements mais ont refusé de le mettre par écrit !

Les premiers jours, des dizaines d'employés se sont joints aux grévistes. Mais les manœuvres de la direction, suivie par les permanents syndicaux, pour diviser les négociations entre ouvriers et employés a mis fin à ce début de mobilisation des employés.

La direction a partiellement cédé à deux reprises, et augmenté les primes de départ des ouvriers de 17 000 à 20 000 euros selon l'ancienneté. Cela reste largement en dessous des 100 000 euros net que beaucoup d'ouvriers - et d'employés - estiment nécessaire pour faire face aux difficultés à venir, surtout dans une période de crise. Et UCB a les moyens de payer des primes bien plus importantes.

Après huit jours de grève, jeudi 13, un vote à bulletins secrets a été organisé par les syndicats sur les propositions de la direction. Le non l'a emporté à plus de 67 % ! Sans aucune base conventionnelle ni légale, les syndicats et les directions fixent traditionnellement à 66 % le minimum de votes pour la continuation d'une grève... Pourtant bien des députés et des ministres sont élus avec moins de 30 % des voix !

La poursuite de la grève ne collait visiblement pas avec les plans des appareils syndicaux, ni bien sûr avec ceux de la direction, ce qui fait qu'ensemble ils ont contesté le résultat sous prétexte de quelques bulletins litigieux et un nouveau vote a été prévu pour mardi 18.

Nombre d'employés auraient souhaité se joindre au mouvement. Beaucoup s'arrêtent le temps de discuter lors des barrages filtrants ou de distribution de tracts. Mais les syndicats employés préfèrent négocier à part des ouvriers. Pourtant, la plupart des employés comme des ouvriers sont conscients que s'ils se rejoignaient dans leur lutte, ils auraient plus de moyens d'obtenir ce qu'ils veulent.

Claude THIERAM


(Lutte Ouvrière 28 nov. 2008 a écrit :UCB - Belgique : la grève des ouvriers continue

La direction de l'Union Chimique Belge (UCB) continue à faire traîner en longueur les négociations avec les syndicats des employés et techniciens, alors qu'une grande partie des ouvriers continuent la grève commencée le 5 novembre. Et pour le moment la direction a refusé de reprendre les négociations avec les syndicats ouvriers.

Celles-ci portent surtout sur les départs en préretraite et le niveau des indemnités pour les 420 licenciements programmés sur le site de Braine-l'Alleud (sud de Bruxelles) : 80 sur 320 ouvriers et 340 sur 1 600 employés, techniciens et cadres.

Mécontente du résultat du vote à bulletins secrets organisé par les syndicats, où le non l'avait emporté à plus de 67 %, la direction avait contesté le résultat, appuyée par des dirigeants syndicaux régionaux, sous prétexte de quelques bulletins pliés ensemble dans l'urne. Une preuve supplémentaire en fait qu'un vote à main levée aurait été plus clair

Mais la direction en a été pour ses frais ! Au second vote, quatre jours après dont un week-end, et sous contrôle d'officiels en plus, le non l'a de nouveau emporté, à 73 % cette fois ! La direction était désavouée, ainsi que par la même occasion les dirigeants syndicaux peu enclins à la poursuite de la grève. Beaucoup d'ouvriers estiment que, même augmentée de 20 000 euros - soit un total de 30 000 à 76 000 brut selon l'ancienneté et le salaire, la moitié en net - leur prime est toujours insuffisante, surtout face au chômage qui s'amplifie.

Après le vote, il y avait plus de monde au piquet de grève et les employés qui s'arrêtaient à la distribution de tracts prenaient le temps de discuter malgré la présence de l'huissier. C'était l'occasion pour les grévistes d'expliquer qu'ils étaient partis en grève sans attendre les syndicats et que ceux-ci avaient été contraints de reconnaître le mouvement après coup. Une collecte a aussi été organisée.

Ouvriers comme employés attendent une augmentation substantielle de leur prime de départ, malgré la tactique de pourrissement de la direction et l'inaction complice des syndicats.

Claude THIERAM


(Lutte Ouvrière 5 déc. 2008 a écrit :Belgique : la grève a payé à l'UCB

Une bonne partie des 320 ouvriers de l'Union Chimique Belge (recherche et production de médicaments) ont fait grève trois semaines à partir du 5 novembre pour des indemnités de licenciement qui ne soient pas dérisoires. La production était quasiment bloquée. Après trois reculs de la direction, les indemnités ont atteint de 33 000 à 90 000 euros brut, selon l'ancienneté, soit plus de vingt mois de salaire pour les plus anciens, quatre fois plus que le minimum légal.

Beaucoup d'ouvriers estimaient à 200 000 euros brut (100 000 euros net) ce qui serait nécessaire pour faire face à une situation où beaucoup d'entreprises vont licencier. D'autant plus que l'entreprise avait largement les moyens de payer.

Mercredi 26 novembre, contrairement aux fois précédentes, les syndicats ont refusé de passer le micro à quiconque à l'assemblée générale des ouvriers précédant le vote sur le projet d'accord. Les syndicats poussaient à l'approuver, disant qu'on ne pouvait obtenir plus, et finalement 76 % des bulletins ont été pour la reprise.

Du côté des employés, beaucoup ont été choqués par l'empressement des syndicats à plier devant la direction dès ses premiers chantages. Cela faisait plusieurs semaines que les délégués employés répétaient qu'ils organiseraient des actions quand cela serait nécessaire... sans jamais rien faire. Une minorité d'employés sentaient que ce qu'ils avaient obtenu était en partie dû à la pression de la grève des ouvriers et que s'ils l'avaient rejointe, la direction aurait fait plus de concessions. Mais ils n'étaient pas prêts à démarrer une grève sans l'aval syndical, comme les ouvriers eux-mêmes avaient dû le faire.

Le 26 novembre, au lieu d'organiser une seule assemblée générale des employés, comme cela avait déjà été fait, les syndicats en ont programmé trois à des heures bien différentes. Ils se sont évertués à défendre le plan que proposait la direction : entre 8 mois et 55 mois de salaire selon l'ancienneté. Certains délégués sont allés jusqu'à menacer, disant que les travailleurs risquaient de tout perdre s'ils n'acceptaient pas ! Quelques interventions d'employés ont dénoncé l'insuffisance des indemnités, mais le vote à bulletins secrets a donné 68 % des voix pour accepter le plan.

Le travail a repris et les chefs convoquent maintenant les ouvriers et les employés un par un pour leur annoncer s'ils sont licenciés ou pas. Malgré l'ambiance pesante que cela crée, beaucoup d'ouvriers sont fiers de leur lutte et de son résultat.

Claude THIÉRAM