(Lo Réunion Tract du 15 février 2009 a écrit : - VIVE LA GRÈVE DES TRAVAILLEURS ANTILLAIS
Non seulement la grève pour les 200 € continue en Guadeloupe mais elle s'est propagée à la Martinique depuis le 5 février. Ici, à la Réunion, à l'initiative d'un collectif d'organisations syndicales et de partis de gauche et d'extrême gauche, un appel à la grève générale a été lancé pour le 5 mars. C'est bien le moins qui pouvait être fait. La situation des travailleurs de l'île est des plus difficiles : chômage massif, salaires trop bas. Et même les travailleurs qui gardent encore un emploi sont sous la menace de licenciement et subissent de plein fouet l'aggravation des conditions de travail comme de vie. Manifestement, la classe capitaliste est en train de prélever sur les salariés de quoi faire face à la crise qu'elle a elle-même provoquée.
C'est enfoncer des portes ouvertes de dire que Sarkozy gouverne entièrement dans l'intérêt du grand patronat et des banquiers qu'il entend secourir face à la crise, quitte à démolir encore plus les conditions d'existence des classes populaires. Car ce que l'Etat donne aux banquiers et au grand patronat, il ne le donnera pas aux écoles, au système hospitalier, aux services publics, c'est-à-dire à tout ce qui est utile à la population et vital pour les plus pauvres.
Dans ces conditions il est normal que des travailleurs n'acceptent pas. Ceux des Antilles sont en lutte pour obtenir des augmentations de salaires et la baisse des prix des produits de première nécessité. Leur détermination, la profondeur de leur mouvement, la participation massive de la population force l'admiration, laissant espérer un printemps des luttes, une extension de la grève générale qui puisse faire reculer le patronat et le gouvernement.
C'est le moment qu'ont choisi les dirigeants du Parti socialiste pour intervenir. Martine Aubry, sa dirigeante nationale, a déclaré qu'elle craignait une propagation du conflit à la Métropole, reprenant ainsi les déclarations faites quelques jours plus tôt par Ségolène Royal. Et puis le PS a envoyé des délégations dans chaque DOM, tandis que le président socialiste du Conseil général de Guadeloupe invitait les grévistes à assouplir leur grève et à se contenter d'une prime de 100 € (limitée dans le temps qui plus est) contre les 200 € revendiqués. Cela est évidemment significatif de ce que sont tous ces politiciens. Mais leurs déclarations sont-elles vraiment surprenantes ?
Il reste cependant une chose : tous les politiciens aux ordres de la bourgeoisie, qu'ils soient de droite ou de gauche, craignent la propagation de la grève des Antilles. Et s'ils la craignent, c'est parce qu'ils savent que les problèmes des travailleurs sont les mêmes, quelles que soient les latitudes où ils vivent et où ils travaillent. Et cela, ils le savent d'autant mieux qu'ils sont proches des exploiteurs (puisqu'ils les servent), qui mettent le monde entier en coupe réglée que ce soient aux Antilles, à la Réunion, en Métropole ou ailleurs. Alors, quand on a des exploiteurs communs, on a obligatoirement des intérêts communs à défendre contre eux. L'oublier c'est diviser les forces du monde du travail, c'est affaiblir le camp des exploités, celui qu'on dit vouloir défendre.
C'est pourquoi il faut se méfier de tous les discours sur la spécificité réunionnaise qui voudraient mettre en avant les différences plutôt que les ressemblances. Quand on se défend, il faut le faire avec un maximum d'atouts. Et c'est ce que les salariés ont en commun qui les soude et les renforce. Ceux qui ignorent cette vérité veulent-ils vraiment la victoire du camp des travailleurs ?
Si la grève est circonscrite aux Antilles, les travailleurs de là-bas arriveront peut-être à obtenir satisfaction. Mais si elle s'étend à l'ensemble des territoires DOM, TOM et Métropole, les rapports de forces s'en trouveront modifiés et les chances de tous de faire céder l'adversaire seront plus grandes encore.
GRÈVE LE 5 MARS
Le collectif appelle à la grève le 5 mars. La date est lointaine et de ce fait elle ne peut pas donner aux travailleurs antillais l'espoir d'une extension rapide de leur grève, alors que beaucoup l'attendent. Mais même lointaine, nous devons ici tout faire pour que cette journée soit une réussite et le début d'un mouvement ample et profond.
Les motifs ne manquent pas : la précarité, les bas salaires, les faibles revenus… et des prix exorbitants. Les revendications ne manquent pas non plus : 200 € d'augmentation pour tous, transformation des CDD en CDI, transformation des temps partiels non choisis en temps complets, embauche dans les services publics et dans les entreprises privées, en particulier celles qui pratiquent les heures supplémentaires, baisse des prix des produits de première nécessité ; sans oublier la nécessaire construction de 30 000 logements, et une réelle amélioration des conditions d'enseignement dans l'éducation nationale.
Mais l'important d'ici le 5 mars, c'est que partout les travailleurs soient consultés, réunis, puissent ensemble discuter de leur future grève et la préparer de la façon la plus efficace. C'est-à-dire avec la plus grande participation possible et en toute démocratie.
Les travailleurs de Guadeloupe et de Martinique se sont engagés sur la seule voie qui peut leur permettre d'imposer la satisfaction de leurs revendications et le droit à un salaire qui leur permette de vivre. Ils nous montrent l'exemple.