
Hagondange le 30 mars 2009.
On vit quand même une époque formidable
Durant cette semaine de chômage partiel gracieusement offerte par notre « employeur » et les Assedic, nous avons pu profiter du temps radieux et surtout d’une télé réalité exceptionnelle. En effet, cette semaine, on a eu la totale…
L’annonce de 80 000 chômeurs de plus en février, après les 90 000 de janvier, plusieurs dizaines de plans sociaux dans des branches aussi diverses que la pharmacie, le ski, l’habillement qui sont comme chacun sait touchées par la « crise » automobile et bien entendu l’éventail complet des opportunités offertes aux grands patrons du Cac 40. Parachute doré chez Valéo qui est au bord du dépôt de bilan et sous perfusion étatique, Stocks options bradés pour l’incorrigible PDG de la société générale Mr Bouton qui finira par refiler de l’urticaire à tout l’hexagone, Bonus au Crédit Agricole et à Natixis, avec qui on décroche le Pompon… car la banque « d’affaires » de la Caisse d’épargne et des Banques Populaires a été de toutes les mauvaises affaires de la planète (y compris Madoff), son titre ne vaut plus rien, elle affiche -2.8 milliards d’euros de perte, supprime 1250 emplois et entend récompenser 3000 cadres dirigeants, traders etc…
Il a fallu que l’opinion publique, l’ensemble des médias et de la classe politique hurlent au scandale pour qu’un certain nombre de ces « responsables » refusent leurs millions d’euros, sinon, sans état d’âme ils les auraient encaissés tout en répétant à leurs salariés que les temps sont durs et qu’il faut faire des efforts…
On ne sait pas si ce genre d’attitude relève du crétinisme profond, de la provocation ou plus simplement d’une cupidité maladive, mais les faits sont là et ne vont pas s’arrêter car c’est en ce moment que se closent les comptes 2008 des entreprises et se tiennent les Assemblées Générales d’actionnaires. Même Mme Parisot a du intervenir en disant que c’était très vilain, qu’il ne fallait pas recommencer sinon elle se fâcherait tout rouge et taperait de ses petits poings sur la table. Ouf, le Medef est sauf !
Il se trouve quelques voix quand même pour expliquer qu’il est normal de récompenser des dirigeants « émérites »… On ne voit pas trop où ils sont, car de toute façon, ils sont tous formatés par les mêmes écoles où on leur apprend à dire « qu’il faut réduire les coûts pour augmenter les profits permettant ainsi d’investir et de préserver l’emploi » et à faire « il faut réduire les coûts pour augmenter les profits pour que Moi et les actionnaires on se gave un maximum ». En 1793, les « accapareurs » c'est-à-dire ceux qui spéculaient sur le blé pendant que le peuple avait faim, finissaient sur la guillotine mais aujourd’hui cela ferait mauvais genre à la Défense et de toute façon on a perdu les pièces (ou peut-être délocalisé ?)
Cette semaine se tiendra à Londres le G20 chargé entre autre de « moraliser le capitalisme », hé ben, y’a du boulot… Mais ne soyons pas naïfs, le capitalisme est immoral par nature puisqu’il repose sur l’exploitation du plus grand nombre par une minorité qui possède le Capital et qui en veut toujours plus. Le commun des mortels se demande ce qu’on peut bien faire avec 1, 10 ou 100 millions d’euros, eux ne se posent pas la question, ce qu’ils veulent c’est toujours plus, juste plus c’est de la névrose, et donc il n’y a pas de limites morales. Les seules limites du capitalisme sont celles imposées par les luttes sociales et les lois qui ont été élaborées (dans les pays développés) depuis 150 ans. Sinon, on vivrait encore au temps de Germinal (c’est la situation actuelle des travailleurs dans les pays du tiers monde)
Cette semaine, on a aussi eu droit à la prestation d’autosatisfaction de Nicolas 1er à Saint Quentin transformé en bunker et quadrillé par 1500 CRS. Il a affirmé devant un public trié sur le volet qu’il ne changerait rien malgré les 3 millions de manifestants du 19 mars, rien pour la relance de la consommation, le smic ou les salaires, rien non plus sur le bouclier fiscal. Circulez y’a rien à voir, comme disait Coluche.
Et il parait que c’est lui avec Merkel, Brown, Baroso et autres Berlusconi qui vont « refonder le capitalisme » alors là, on est sûr que la révolution est en route, demain verra un monde meilleur…
Ces gens là, ont bâti toute leur carrière politique sur la défense du libéralisme, la « liberté du marché », la dérégulation, la diminution du rôle économique des Etats. C’est dans leurs gênes autant que dans leurs portefeuilles. Qui peut croire qu’ils vont réellement changer les choses et mettre fin à la bête qui les nourrit grassement. Le G20 accouchera de mini mesures enrobées de beaucoup de propagande.
Car le seul vrai talent de Nicolas Sarkozy c’est la communication, c'est-à-dire l’art de faire croire aux électeurs une chose et de faire l’inverse. Souvenez-vous : la campagne électorale 2007, c’était le temps du « travailler plus pour gagner plus », de valoriser « ceux qui se lèvent tôt ». Au bout du compte, en 2009, les seuls qui vont gagner plus sont les 800 contribuables concernés par le bouclier fiscal (l’Etat va leur rembourser 450 Millions d’euros de trop perçus d’impôts soit en moyenne 200 000 euros par foyer fiscal…). Pour les autres, c’est le chômage partiel pour des millions de salariés, le chômage tout court pour d’autres, l’austérité salariale pour tout le monde.
ALORS QUE FAIRE ? RETROUVER UNE DEMARCHE CITOYENNE !
Le 29 janvier et le 19 mars, des millions de Français se sont retrouvés dans la rue TOUS ENSEMBLE pour exiger une autre politique économique et sociale. Ce mouvement s’étend à toute l’Europe. Ils étaient plusieurs centaines de milliers à Dublin la semaine dernière, le 28 mars des manifestation importantes ont eu lieu à Londres, Berlin et Lisbonne. Le 4 avril les syndicats italiens espèrent rassembler 2 millions de personnes à Rome. La CES (confédération européenne des syndicats) projettent d’organiser des manifestations européennes le même jour dans toutes les capitales européennes.
Il faut que les citoyens s’engagent davantage, 3 millions c’est bien, 75% des français favorables à ces manifestations c’est très bien mais il faudrait mettre 10 millions de français dans la rue et 100 millions d’européens pour que nos guignols prennent vraiment peur et modifient vraiment les lois en profondeur.
De nombreux salariés (et militants) pensent qu’on ne va pas assez loin, pas assez fort, pas assez vite, on les comprend. La situation actuelle mériterait une « révolution » mais celle-ci ne se décrète pas aussi facilement. La CGT qui apporte le gros des troupes dans les manifs veut avant tout préserver l’unité syndicale qui est un gage de mobilisation supplémentaire, il nous faut donc trouver des solutions communes et à 8, ce n’est pas évident. Mais nous avons le temps, la crise va durer, l’exaspération des peuples va enfler, il faut profiter de ce temps pour gagner les consciences, faire que chaque salarié, chômeur, retraité se sente concerné et se dise « cette fois j’y vais ! » Et ce travail, chacun de vous peut et doit le faire.
D’autres dates de mobilisation seront programmées, (une réunion des 8 a lieu aujourd’hui à Paris) il faut qu’à chaque fois nous soyons plus nombreux, c’est par cette solution démocratique que nous pourrons faire bouger les choses.
Autre rendez-vous important : les élections européennes de juin prochain, ce sera aussi l’occasion de choisir quelle Europe on veut : Une Europe Sociale ou une Europe Libérale, une Europe des travailleurs ou une Europe des Affaires, une Europe qui protège les citoyens ou qui dérégule les lois sociales. Est-ce qu’on va redonner le pouvoir à la droite et aux conservateurs des différents pays ?
Un bulletin de vote (ou une abstention) n’est pas un acte neutre. Sarkozy, Merkel, Berlusconi ont tous été élus démocratiquement par une majorité de citoyens (et donc de salariés y compris ouvriers), ils peuvent légitimement dire que leur politique a été approuvée par le peuple, et ils ne s’en privent pas.
Le vote est une démarche citoyenne, c’est un droit fondamental acquis dans la douleur par nos anciens et qui mérite qu’on s’intéresse aux enjeux de l’Europe encore davantage cette année.
Ne laissons pas le monde des affaires diriger les affaires du monde et les hommes politiques, seuls, les décisions économiques. Les citoyens du monde doivent prendre en charge leur destin et c’est en train d’arriver dans tous les pays. N’est-ce pas formidable ?