
La vague de suppressions de postes continue:
(les échos a écrit :
Michelin supprime 1.093 postes, ferme le site de Noyelle-lès-Seclin
Le plan social annoncé ce matin par le groupe de Clermont-Ferrand joue avant tout sur les départs anticipés en retraite et la mobilité interne. Les salariés du site de Noyelle-lès-Seclin, dans le Nord ont cessé le travail en fin de matinée.
La nouvelle avait largement filtré hier. Ce matin, le pneumaticien de Clermont-Ferrand, Michelin a confirmé le lancement d'un nouveau plan social en France. Il prévoit la suppression de 1.093 emplois, mais "sans aucun licenciement", a assuré le groupe. Le plan joue avant tout sur les départs anticipés en retraite (pour 495 d'entre eux) et la mobilité interne (598 salariés concernés). Un plan de départs volontaires sur trois ans pour 1.800 employés en France est par ailleurs prévu. Il s'accompagne de la promesse d'embaucher quelque 500 personnes par an dans les trois années à venir "pour assurer le renouvellement naturel" des équipes.
Dans un contexte difficile et alors que la violente restructuration des "Conti" de Clairoix est encore dans tous les esprits, Michelin, qui emploie 25.000 personnes en France, soit le quart de ses effectifs dans le monde, cherche à éviter tous remous sociaux. D'autant que la firme a encore en mémoire l'énorme polémique de 1999, lorsqu'elle avait annoncé 7.500 suppressions de postes en même temps que des résultats financiers en hausse.
Dans le détail, la réduction d'effectif sera répartie sur trois sites : à Tours (Indre-et-Loire), Monceau-les Mines (Saone-et-Loire) et Noyelles-lès-Seclin, près de Lille. Ce dernier site sera fermé et ses 276 salariés seront en partie redéployés à Clermont-Ferrand.
Vaste réorganisation de l'outil industriel
Le plan prévoit également une réorganisation du dispositif industriel de Michelin. L'entreprise va ainsi investir plus de 100 millions d'euros dans son centre de recherche et développement de Clermont-Ferrand.
Quelque 50 millions d'euros seront par ailleurs destinés à l'usine de Montceau-les-Mines. Le but ? En faire un pôle spécialisé dans les pneus Génie civil et l'un des deux plus grands centres de mélanges de gomme d'Europe. Son activité actuelle de pneus tourisme sera regroupée avec celles d'autres usines du Groupe en Europe occidentale.
A Tours, Michelin investira 15 millions d'euros pour poursuivre la modernisation de l'équipement du site et en faire "une référence pour les pneus poids lourd technologiques en Europe". "Cette spécialisation entraînera la fermeture de l'atelier de mélanges de gommes et son transfert vers Montceau et l'usine de Cholet", précise Michelin.
La fabrication des pneus très haut de gamme, aujourd'hui à Seclin, sera transférée à Gravanches, près de Clermont-Ferrand. Enfin, Cholet deviendra le pôle de production de pneus camionnettes et de 4x4.
Débrayage sur le site de Seclin
L'annonce du plan a suscité de nombreuses réactions. Au gouvernement tout d'abord : "c'est évidemment une nouvelle qui nous préoccupe beaucoup", a indiqué le secrétaire d'Etat à l'Emploi à l'issue du Conseil des ministres, soulignant cependant que "Michelin met tout sur la table pour que ça se passe le mieux possible". "On va travailler tout de suite pour être sur le pont et éviter que qui que ce soit reste au bord de la route", a assuré Laurent Wauquiez.
Du côté des syndicats, la CFDT a qualifié la fermeture de l'usine Seclin de Lille de "grosse surprise". "Nous sommes très inquiets pour nos collègues de Lille", a déclaré Cyril Poughon, représentant CFDT au comité d'entreprise européen du groupe à la sortie d'une réunion avec la direction, ajoutant que l'usine était située dans "un bassin d'emploi délicat". "Notre principale crainte, c'est cette usine", a-t-il martelé, précisant que seulement 12 salariés sur 276 seraient concernés par des mesures d'âge, les autres étant reclassés.
"Nous allons analyser tout ça de près et voir quels sont nos moyens d'action. Le dialogue social s'est fortement terni depuis plusieurs mois" et "nous demandons à l'entreprise de le renouer", a souligné le responsable syndical. "Ce plan de restructuration ne se justifie pas aujourd'hui" car l'entreprise, selon le syndicaliste, "dégage des bénéfices et verse des dividendes à ses actionnaires" pendant que les salariés "subissent" les conséquences de la crise.
Les salariés de l'usine de Seclin avaient d'ailleurs cessé spontanément le travail mercredi en fin de matinée, évoquant "un coup de massue".