Par Anne-Françoise BAILLY - 19 sept. 2022
Chaque midi, la file qui se forme devant le restaurant universitaire Montmuzard s’étend sur plusieurs dizaines de mètres à l’extérieur de l’établissement. En raison du temps d’attente, certains étudiants renoncent à s’y rendre… Et voici leurs commentaires.
La file d’attente (jeudi aux environs de midi et demi), devant le restaurant universitaire Montmuzard, sur le campus de Dijon.
Chaque midi, ça recommence. Une longue file d’attente se forme devant le restaurant Montmuzard, en plein cœur du campus de l’université de Bourgogne. « À l’ouverture (11 h 20), c’est fluide ! Sinon, après midi, la file peut aller jusqu’à la fin du parking ! » lance Samia, en première année de droit et cette situation la contrarie : « Je suis boursière et j’ai le repas à 1 €. Alors quand je finis les cours à midi trente et que j’ai cours l’après-midi, je n’ai pas trop le temps d’attendre… Du coup soit j’apporte quelque chose dans mon sac ou je ne mange pas ».
« On n’y va pas, c’est blindé »
« Quand on finit à midi et demi, on n’y va pas, parce que c’est blindé ! », lance Matéo, 18 ans, étudiant en Staps (sciences et techniques des activités physiques et sportives). « On va manger dans un fast-food à côté et ça nous coûte plus cher, on ne peut pas le faire tous les jours. » Et d’expliquer qu’il faut déjà se rendre au restaurant (à un arrêt de tram de leurs locaux) ou marcher une dizaine de minutes à pied, avant d’arriver sur place. « Si on finit à midi trente et qu’on reprend à 13 h 30, ce n’est pas jouable… Les écoles d’ingénieurs, les Staps, médecine, l’IAE, les facs de droit, lettres… il y a trop d’étudiants ! Parfois, on est obligés de partir avant la fin de cours magistraux pour pouvoir manger. »
Des retards qui ont des conséquences
Et gare aux étudiants qui s’aventurent dans cette longue file, pouvant s’étendre sur plusieurs dizaines de mètres, sans évaluer le temps qu’ils vont y passer. « En Staps, si on a deux retards, c’est considéré comme une absence injustifiée ; et au bout de deux absences injustifiées, on ne peut pas passer notre semestre », témoigne un élève. « Certains professeurs n’acceptent pas les retards », poursuit un autre étudiant. « Quand j’ai cours à 13 h 30, il y en a toujours un ou deux qui arrivent en retard à cause du temps passé au restaurant. Un professeur d’algèbre en a exclus plusieurs à cause des retards. Il ne demande pas pourquoi on est en retard. Et même si on lui expliquait, il prendrait l’exemple de tous ceux qui ne le sont pas. »
Ça coince aussi à l’intérieur
Autre problème évoqué : le manque de places à l’intérieur. « Il faut aussi attendre pour ses couverts, pour sa place, car il nous arrive de tourner avec les plateaux sans en trouver. Il faut alors qu’elles se libèrent pour pouvoir s’asseoir », témoigne Thomas, 19 ans, en 2e année de sciences de l’informatique. La veille, après avoir attendu sous la pluie dans la file qui n’est pas abritée des intempéries, il s’est rabattu sur l’option « à emporter ». « Pour manger, on va dans des bâtiments scolaires, mais on ne peut pas aller partout. Au final, il n’y a pas tant d’endroits où s’installer », remarque Lana, 19 ans, en 2e année à l’Esirem. Pour cet autre étudiant de la même école : « Il faudrait forcer à partir ceux qui ont fini de manger et qu’ils ne discutent pas à l’intérieur ».
Dans la file, certains râlent aussi à cause du manque d’organisation : « L’attente est mal faite. Certains font la queue, mais d’autres, qui resquillent, pénalisent ceux qui attendent : ils font mine de prendre la file à emporter et s’enfilent en fait dans le restaurant ! ».
Une alerte sur l’emploi et les moyens
Concernant le nombre de personnels, Éric Briez indique que l’intersyndicale a voté contre le dernier dispositif des emplois : « Au-delà de notre confort de travail, on se bat pour les étudiants. Nous sommes fiers de servir nos étudiants et ce n’est plus le cas actuellement. Alors qu’il manque énormément de personnels, la direction a diminué de 10 à 15 % le temps de travail des CDD qu’on emploie depuis la rentrée… » Éric Briez souligne par ailleurs la difficulté financière que représente le repas à 1 € pour le Crous, au regard de l’augmentation du prix des denrées et de l’énergie à venir. Comme solutions, il préconise « d’instaurer un dialogue social apaisé avec la direction, de recruter, débloquer le nombre d’emplois nécessaire avec le Ministère de tutelle… » Il ajoute également qu’il faudrait « une structure en plus sur le campus, pour pouvoir faire 500 à 600 personnes sur le même lieu minimum ; mais pour cela, il faut du personnel et de l’argent ! ».