Salut camarades,
Enseignement : Blanquer et la loi hiérarchique14 avril 2021, publié dans le journal Lutte Ouvrière n°2750
Par Aline Urbain
https://journal.lutte-ouvriere.org/2021 ... 57295.htmlLe ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, est omniprésent sur les plateaux de télévision pour se présenter comme le défenseur de la laïcité, d’après lui mise à mal dans les écoles.
Cette propagande mensongère est en fait un des éléments de la pression exercée sur le monde enseignant pour le mettre au pas.
À l’instar de la ministre de l’Enseignement supérieur qui avait affirmé que l’université était gangrenée par l’islamo-gauchisme, Blanquer s’en prend à « une partie de la gauche qui a dérivé, cette frange a la victimisation comme boussole, par peur, lâcheté et clientélisme. […] On doit être d’une extrême vigilance ». Le propos est suffisamment vague pour ne rien vouloir dire. Mais le ton est donné : ce sont bien des enseignants de gauche qui sont visés, tout comme l’UNEF, le syndicat étudiant accusé les semaines passées de dérive « fasciste » par le même Blanquer.
Imposer un discours unique derrière ce qu’il appelle les valeurs de la République est l’une de ses manières d’essayer de faire taire les enseignants et donc de limiter les moyens de contester sa politique.
Ainsi, au moment de l’attentat contre Samuel Paty, le ministre avait accepté la tenue de réunions. Mais la veille de la rentrée, craignant que les réunions de professeurs ne tournent en critique de sa politique sanitaire et éducative, il a opéré une volte-face et intimé l’ordre aux enseignants de prendre les élèves sans leur laisser le temps de discuter entre eux et de partager leur émotion.
Dans de nombreux établissements, les enseignants ont passé outre, se sont réunis et se sont heurtés à leur administration. C’est dans ce cadre que plusieurs enseignants, à Saint-Denis et à Choisy-le-Roi, ont été convoqués en mars au rectorat de Créteil en vue d’être sanctionnés.
Le cas du lycée Angela-Davis, à Saint-Denis, est significatif. Ce lycée, comme nombre de lycées de Seine-Saint-Denis, cumule les difficultés : des classes surchargées, des professeurs non remplacés. Mais c’est aussi un lycée combatif. En 2019, après une réaction collective, le rectorat a diligenté une inspection générale pour étudier les manquements à la laïcité dans le lycée ! De cette inspection, il n’est dans un premier temps rien sorti.
Malgré cela, suite à la mobilisation en novembre 2020 pour l’application d’un protocole sanitaire, le couperet est tombé. Quatre enseignants, dont trois militants syndicaux, ont alors été convoqués pour sanction. Les prétextes invoqués sont multiples : non-respect de la laïcité mais aussi manquements à la hiérarchie. Car c’est bien le fond du problème. Le ministère, par la voix des recteurs d’académie ou des chefs d’établissement, veut sévir contre les contestataires, apprendre aux enseignants à se taire même devant le meurtre d’un des leurs, et globalement à obéir au gouvernement. Il craint tout simplement la colère que sa politique finira forcément par faire exploser parmi les travailleurs de l’enseignement, comme parmi les autres.
Lycée Jacques-Brel – Choisy-le-Roi : mobilisés contre des menaces de sanctions14 avril 2021, publié dans le journal Lutte Ouvrière n° 2750
Par Correspondant LO
https://journal.lutte-ouvriere.org/2021 ... 57294.htmlJeudi 8 avril, devant le rectorat de Créteil, 130 personnes se sont rassemblées en soutien à Lahcène, un enseignant du lycée professionnel Jacques-Brel, à Choisy-le-Roi dans le Val-de-Marne.
Celui-ci était convoqué dans le cadre d’une procédure disciplinaire pour une seule raison : avoir tenu tête à sa proviseure.
Le 2 novembre 2020, premier jour de la rentrée après les vacances de la Toussaint, tous les établissements scolaires devaient organiser un hommage à Samuel Paty, professeur assassiné pour avoir fait un cours sur la liberté d’expression. Le ministère de l’Éducation avait prévu dans un premier temps la tenue de réunions pour permettre aux enseignants d’en discuter. Puis Blanquer avait annoncé la suppression de ces deux heures de concertation.
Au lycée Jacques-Brel, la proviseure a tenté à deux reprises d’empêcher la tenue d’une telle réunion. Il s’en est suivi un échange vif avec Lahcène et un autre enseignant, tous deux représentants syndicaux. Suite à un rapport de cette proviseure, les deux enseignants, ainsi qu’un troisième, absent lors des faits, mais qui a le tort d’être lui aussi représentant syndical, ont été convoqués au rectorat en décembre. Enfin, en mars, lors d’une deuxième convocation, l’un d’entre eux s’est vu clairement dire qu’il n’avait pas à juger son supérieur hiérarchique. En résumé, un fonctionnaire doit obéir sans discuter et Lahcène a appris qu’une procédure disciplinaire était ouverte à son encontre et qu’il était passible d’une sanction pouvant aller jusqu’à la révocation.
Plus de la moitié des enseignants du lycée et des agents étaient présents au rassemblement pour accompagner Lahcène au rectorat. Il y avait aussi des enseignants de plusieurs autres établissements et écoles, des agents territoriaux, des agents de la RATP eux-mêmes en butte à la répression dans leur entreprise, et des militants syndicaux d’autres entreprises. Prises de parole, slogans, chanson, l’ambiance était déterminée et joyeuse sous le soleil.
Tous voulaient affirmer à cette occasion leur refus de baisser la tête et de se laisser mettre au pas, surtout dans cette période de crise où les travailleurs et une grande partie de la population ont de nombreuses raisons d’exprimer leur mécontentement.
Fraternellement,
GdM
"Un seul véritable révolutionnaire dans une usine, une mine, un syndicat, un régiment, un bateau de guerre, vaut infiniment mieux que des centaines de petits-bourgeois pseudo-révolutionnaires cuisant dans leur propre jus."