Salut camarades,
RENTRÉE SCOLAIRE : «Les camarades pensent à la grève» indique Violette Richard-Andrieu pour la CGT Éduc’actionSur le site de Info Dijon, par Jean-Christophe Tardivon
https://www.infos-dijon.com/news/vie-lo ... ction.htmlL'annonce d'une rentrée à partir du 11 mai suscite de nombreuses interrogations chez les enseignants. La CGT Éduc’action pose plusieurs conditions avant une reprise des cours. Enseignante au collège des Lentillères à Dijon, Violette Richard-Andrieu demande au ministre «pourquoi jouer avec le feu ?».
Le président de la République a pris à contre-pied les syndicats enseignants en annonçant le 13 avril dernier que la rentrée scolaire post-confinement aurait lieu à partir du 11 mai prochain. Le temps de formuler les positions respectives et l'on constate que, trois jours après, la plupart des syndicats sont vent debout contre cette date de rentrée.
La CGT Éduc’action évoque une «décision très hasardeuse» qui susciterait des «interrogations» et des «craintes» chez l'ensemble des concernés : personnels de l’Éducation nationale, élèves, parents, agents des collectivités territoriales et des administrations chargées de mettre en application cette décision.
Les annonces d'aménagements et d'organisations spatiales particulières laissent la CGT Éduc’action «dubitative» face aux capacités de l’État d'«assurer cette reprise dans des conditions sanitaires raisonnables». Reste à définir ce qui est raisonnable compte-tenu des nombreuses incertitudes autour du coronavirus SARS-CoV-2.
Les restaurants fermés, les établissements scolaires en service
La CGT Éduc’action fait le parallèle avec la situation dans les établissements de santé et médico-sociaux avant de faire le lien avec d'anciennes revendications du monde enseignants : «comment imaginer que l’Éducation nationale et les collectivités territoriales seront en capacité d’avoir d’ici un mois à disposition des stocks suffisants de matériel de protection et de tests pour équiper les établissements et garantir la santé de tous alors même que les besoins actuels ne sont ni garantis, ni couverts dans les centres hospitaliers, les EHPAD ou pour toute autre profession travaillant encore actuellement ? Comment imaginer que les équipes pédagogiques seront en capacité d’aménager des espaces d’étude alors même que les classes sont déjà trop petites ou surchargées ? Comment imaginer que des élèves après deux mois de confinement, seront en capacité de respecter de façon maximale les mesures de distanciation sociale ?».
Une contradiction est pointée : «comment, en effet, expliquer que les cafés ou les restaurants doivent demeurer clos et permettre en même temps aux élèves de se réunir massivement alors qu’ils sont décrits comme potentiellement vecteurs asymptomatiques du virus — ce qui avait amené à la fermeture des écoles ? Comment demander aux personnes à risque de rester confinées tout en envoyant leurs enfants à l’École ?».
La CGT Éduc’action demande des masques renouvelés toutes les quatre heures
Une explication est apportée par le syndicat lui-même : «le président de la République souhaite surtout et avant tout relancer l’économie en 'libérant' les parents de leurs enfants afin qu’ils retournent travailler comme le souhaite le patronat». De ce fait, «la CGT Éduc’action condamne cette vision de l’École comme simple lieu de garderie» et attend du ministre de l’Éducation nationale de préciser les modalité d'une rentrée «douce et progressive» comme annoncée par la rectrice de l'Académie de Dijon (lire notre article).
Avant d'envisager une «reprise dans des conditions de sécurité sanitaire satisfaisantes», le syndicat pose quelques conditions : les tests (du virus et de l’immunité) généralisés pour élèves et adultes, des effectifs permettant de maintenir partout plus d’un mètre de distance entre chacun (en classe, dans la cour, les transports...), des masques renouvelés toutes les quatre heures, du savon et du gel, des sanitaires propres, les objectifs pédagogiques de la reprise...
«L'échec de l'enseignement à distance»
Ce message du syndicat, Violette Richard-Andrieu l'a fait sien. Professeure d’histoire-géographie au collège des Lentillères à Dijon, elle est élue CGT Éduc’action à la Commission Administrative Paritaire Académique (CAPA).
Les annonces du ministère passent difficilement après un mois de continuité pédagogique sévèrement jugée. «La mise en route a été assez compliquée» se souvient Violette Richard-Andrieu alors qui ni les élèves, ni les parents n'étaient préparés à la soudaineté du dispositif. L'enseignante a constaté que les collégiens n'étaient «autonomes» et qu'il y avait chez les parents «beaucoup d'angoisse et beaucoup de stress».
La syndicaliste fait référence à la Belgique où l'homologue de Jean-Michel Blanquer a diffusé «une circulaire avec des consignes claires pour éviter de creuser les inégalités entre les élèves». Le collège des Lentillères a dû prêter une petite dizaine d'ordinateurs sans pour autant résoudre la situation des élèves n'ayant pas accès à une connexion Internet. Le problème a été contourné en transmettant les cours à l'administration afin de les imprimer pour que les parents puissent venir les chercher au collège.
Il y a eu «des élèves en difficulté que l'on a définitivement perdus» regrette Violette Richard-Andrieu. Dans sa classe, elle constate qu'une moitié des collégiens répondent aux QCM. La situation révèlent des fragilités pédagogiques : «il suffit que les parents ne soient pas derrière, que les parents ne parlent pas français, qu'il y ait plusieurs enfants dans la fratrie» pour amplifier le risque de décrochage scolaire.
Dans cette situation, la demande du ministre de faire appel aux professeurs volontaires pour dispenser des cours de soutien durant les vacances scolaires est jugée comme un «non-sens» car «on ne fait pas du soutien à distance pour pallier l'échec de l'enseignement à distance».
La crainte de «nouveaux clusters»
Violette Richard-Andrieu demande au ministère de «hiérarchiser et mettre en place des priorités» car elle ne craint rien moins que la création de «nouveaux clusters» et d'une «nouvelle vague» épidémique en supposant qu'avec un retour en classe, il se pourrait que «les élèves se contaminent entre eux» mettant ainsi à mal les deux mois de confinement. «Si nous sommes dans l'incertitude, pourquoi jouer avec le feu et pourquoi prendre des risques ?» lance l'enseignante.
L'hypothèse d'une rentrée par groupes de niveaux ne contribue à rassurer : «qu'est-ce que ça change une classe de trente ou des groupes de quinze ?» insiste Violette Richard-Andrieu en pensant aux personnels techniques pour ne serait-ce que gérer la restauration scolaire.
En conséquence, les enseignants partagent entre eux leurs interrogations car le confinement n'empêche pas la continuité syndicale. Même si les annonces sont encore fraîches et que la stratégie est en réflexion, Violette Richard-Andrieu constate que «des camarades CGT pensent à la grève». Au niveau national, la CGT Éduc’action a d'emblée signalé qu'elle considérait les personnels comme «fondés à appliquer leur droit de retrait» faute de mesures sanitaires satisfaisantes.
Fraternellement,
GdM
"Un seul véritable révolutionnaire dans une usine, une mine, un syndicat, un régiment, un bateau de guerre, vaut infiniment mieux que des centaines de petits-bourgeois pseudo-révolutionnaires cuisant dans leur propre jus."