Licenciements annoncés ? Renault...

Licenciements annoncés ? Renault...

Message par com_71 » 28 Mai 2020, 12:05

« Plus on aura peur, plus on sera docile. Or, quand vous n’êtes que 300 salariés, le premier qui brûle un pneu, il est grillé ! »

Et si, pour chaque 300 menacés, 50.000 veulent imposer le partage du travail entre tous ?
Le Monde 28 05 a écrit :« C’est dur, je viens d’être embauché » : à l’usine Renault de Choisy-le-Roi, l’impression d’« un énorme gâchis »

Les salariés du fabricant automobile et les élus de tout bord ne comprennent pas que ce site spécialisé dans la rénovation et le reconditionnement de pièces mécaniques soit menacé de fermeture.

Par Aline Leclerc

Il y a ceux qui ne veulent pas y penser − « pour l’instant je reste la tête dans mon boulot » −, ceux qui accusent déjà le coup − « c’est dur, je viens d’être embauché » −, les résignés − « la vie n’est pas un long fleuve tranquille » −, et ceux qui bouillonnent : « Comment l’Etat peut mettre 5 milliards pour fermer des usines ? »

Voilà une semaine que les 263 salariés de Renault à Choisy-le-Roi (Val-de-Marne) ont lu dans la presse que le constructeur automobile pourrait annoncer la fermeture de trois sites, dont le leur. Si leurs réactions divergeaient dans l’attente des annonces officielles du groupe, prévues vendredi 29 mai, tous partageaient la même incompréhension : pourquoi eux ? « On dirait qu’ils ont choisi des petits sites au hasard, sans penser à la stratégie globale. Choisy-le-Roi n’a peut-être l’air de rien dans le maillage de Renault, mais son activité particulière en fait l’une des vitrines de l’engagement environnemental du groupe », souligne Brahim Hachouche, délégué central adjoint FO chez Renault et salarié à Choisy.

Ce site est en effet spécialisé dans la rénovation et le reconditionnement de pièces mécaniques : moteurs et boîtes de vitesses usagés y connaissent une seconde vie. Ils sont démontés, nettoyés, des pièces sont remplacées puis ils sont remontés et repartent pour le service après-vente, ce qui permet de proposer à l’automobiliste un « échange standard » à moindre coût, pour lui comme pour l’environnement.

Une activité unique

Dans ses « documents de référence » de 2018 et 2019, Renault soulignait l’activité unique de « remanufacturing » du site de Choisy-le-Roi au chapitre « Une entreprise responsable ». Et précisait : « Chaque organe remplacé en échange standard représente une réduction significative des impacts environnementaux comparé à la fabrication d’un organe neuf (jusqu’à − 80 % d’énergie, − 88 % d’eau, − 92 % de produits chimiques et − 70 % de déchets). » En 2014, le site a reçu le Trophée de l’économie circulaire. Le directeur de l’usine s’était alors félicité d’être « le porte-drapeau de l’engagement du groupe » dans ce domaine.

Au moment où le président de la République plaide pour que la transition écologique soit au cœur de la relance de la filière automobile, l’hypothèse de la fermeture de Choisy apparaît, pour beaucoup, comme un « non-sens », selon les mots du maire communiste (PCF) de la ville, Didier Guillaume : « Que ce soit par rapport à la démarche de développement durable de Renault ou sur le plan financier, car ce site rapporte de l’argent, on ne comprend pas. »

Il est venu manifester son soutien aux salariés cette semaine avec le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, et le président du conseil départemental, Christian Favier. Le député La République en marche (LRM) de la circonscription, Jean-François Mbaye, a fait de même. « C’est une usine qui innove en permanence, en bonne situation financière, où le dialogue social est bon, cette fermeture serait un énorme gâchis », souligne ce dernier qui indique avoir interpellé le ministre de l’économie sur le sujet, avec quatre autres députés. « Il faut qu’il y ait des conditions au prêt garanti par l’Etat de 5 milliards que le ministre va signer pour Renault, estime-t-il. Et regarder à la loupe cette usine-là dont la fermeture est incohérente. »

Compliqué de déplacer les compétences

L’hypothèse d’un déménagement de l’activité du site à l’usine de Flins (Yvelines) ne semble ni pour les salariés ni pour ces élus plus cohérente. « On peut accueillir ici un accroissement d’activité. Démonter et remonter tout le processus là-bas serait très compliqué et coûterait cher, explique Samir Slim, délégué FO à Choisy (majoritaire). Nos dirigeants ne le savent peut-être pas, mais nous oui, on connaît nos vieilles machines. » Compliqué aussi de déplacer l’évapoconcentrateur à 300 000 euros installé il y a un an seulement afin de ne rejeter aucun polluant dans la Seine, qui borde l’usine.

« Fermer le site c’est casser tout ce maillage tissé au fil des années » Jean-François Mbaye, député LRM


Compliqué encore, de déplacer les compétences. « Cela demande un long apprentissage », insiste le délégué syndical. Un partenariat avec Pôle emploi et le Greta (formation pour adultes) a permis dix-sept embauches l’an passé. « Fermer le site c’est casser tout ce maillage tissé au fil des années », déplore M. Mbaye.

Tony, 33 ans, fait partie des nouveaux CDI. « J’ai fait dix-huit mois de formation, puis j’ai passé des tests que j’ai réussis. J’ai fourni tant d’efforts, et maintenant on me dit “on ferme”… », témoigne-t-il, dépité. Comme lui, qui vit dans l’Essonne, beaucoup de salariés habitent le sud de l’Ile-de-France. Si cela leur était proposé, partir travailler à Flins, à une soixantaine de kilomètres de Choisy, ne serait pas indolore. « Quand tu commences à 5 h 25, ce temps de trajet en plus, tu le sens passer », explique Mohamed qui travaillait jadis sur le site des Yvelines. « Et qui prendra le risque d’aller s’installer près de Flins alors que ce site est lui-même menacé ? », interroge Samir Slim.

Peut-être ce salarié qui quitte l’usine dans une voiture fatiguée. Lors d’une autre crise, celle de 2009, son poste faisait partie des 1 000 supprimés à l’usine Renault de Sandouville (Seine-Maritime). Il a été reclassé à Guyancourt puis à Choisy-le-Roi. Alors pourquoi pas Flins ? « S’il faut, j’irai. A 46 ans, trouver du boulot c’est pas évident… » L’homme ne croit pas à un blocage de l’usine, comme celui entrepris cette semaine par des salariés du site de Caudan (Morbihan), également menacé. Evoquant toutes les « rumeurs » de suppressions de postes distillées dans la presse ces derniers jours, il maugrée : « Plus on aura peur, plus on sera docile. Or, quand vous n’êtes que 300 salariés, le premier qui brûle un pneu, il est grillé ! »

Aline Leclerc

https://www.lemonde.fr/economie/article ... _3234.html
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
Avatar de l’utilisateur
com_71
 
Message(s) : 5984
Inscription : 12 Oct 2002, 00:14

Retour vers Dans le monde du travail

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 9 invité(s)