Plus sérieusement, je me retrouve largement dans ce que dit Barnabé, même si on pourrait toujours rediscuter de telle ou telle formulation (Daisy me paraît un peu schématique).
Mais quitte à êrtre taxé de monomanie, je voudrais dire deux mots sur la défense de Gould par Canardos, parce que cette défense est symptômatique de notre dialogue de sourds. Canardos insiste beaucoup sur l'apport de Gould à la théorie évolutionniste : les équilibres ponctués contre le gradualisme. C'est tout à fait possible, je n'ai pas les connaissances pour en juger.
Mais cela n'a que très peu à voir avec les critiques que j'adressais à la thèse de Gould selon laquelle le hasard gouverne l'évolution. Equilibre ponctués ou gradualisme, c'est un débat qui concerne les rythmes de l'évolution. Pas du tout la place respective du hasard et de la nécessité dans les résultats généraux de cette évolution. On peut très bien reconnaître à Gould ses mérites sur le premier aspect, tout en combattant ses vues sur le second. Et en tant que marxiste, je reste convaincu que c'est ce qu'on devrait faire.
Pour le reste, je voudrais juste répondre en deux mots à la (pas si) petite question de Rojo :
a écrit :si le hasard n'est pas le moteur de l'évolution, quelles sont donc les forces qui la dirigent ?
"moteur" et "diriger", ce ne sont que des images, qui demanderaient à être traduites dans le langage précis de la biologie. Mais même pour en rester à la métaphore, sur un véhicule, le moteur et la direction sont deux choses tout à fait différentes. Ainsi, le hasard peut très bien être le "moteur" de l'évolution (ce qui l'entraîne), et d'autres mécanismes peuvent représenter l'orientation donnée à ce hasard (la "direction").
Toute la question dans ce débat sur les conceptions de Gould ne porte pas sur le mode de propulsion mais sur la manière dont est déterminée la trajectoire du véhicule...