Diversité... des oiseaux

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Re: Diversité... des oiseaux

Message par Gehyra marginata » 24 Sep 2021, 13:49

Effectivement, le seul bec crochu du fil pour le moment semble être le Grand Éclectus (Eclectus roratus) cité pour son inhabituel dimorphisme sexuel, ayant déjoué longtemps les taxonomistes, présent en Papouasie et alentours (mais dont un couple a élu domicile dans la Dombes, contraint par l'homme il est vrai, au Parc des Oiseaux).
Bien content d'être stimulé à me mettre au courant de l'état de l'art sur la phylogénie des becs crochus, ma dernière lecture à ce sujet, un texte datant d'avant la démocratisation des analyses génétiques, faisant état d'une hypothèse apparentant ces derniers aux rapaces nocturnes :o
Pour en rester aux passereaux pour l'instant, je me scandalise de l'absence du camarade Travailleur à bec rouge (Quelea quelea) qui serait l'oiseau le plus nombreux au monde à l'état sauvage.
Gehyra marginata
 
Message(s) : 9
Inscription : 24 Sep 2021, 12:15

Re: Diversité... des oiseaux

Message par com_71 » 24 Sep 2021, 14:31

Salut, perdreau de la dernière fête. En lisant ton pseudo, j'ai pensé à gériatre marginal. L'ami Plestin vient de me rassurer.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
Avatar de l’utilisateur
com_71
 
Message(s) : 5984
Inscription : 12 Oct 2002, 00:14

Re: Diversité... des oiseaux

Message par Gehyra marginata » 24 Sep 2021, 15:28

Un gériatre marginal...

Ado, en même temps que le naturalisme amateur, je me suis intéressé à l'émancipation de l'Homo sapiens par l'organisation des producteurs unis contre les propriétaires, perspective marginale à certains moments mais que les périodes de révolte remettent dans de très nombreuses têtes et dans l'actualité.
Ayant maintenant le triple de cet âge, n'ayant renoncé ni au spectacle de la nature en mouvement ni à militer pour la facette communiste de cette histoire, en vertu de la jolie formule de Reclus "L'homme est la nature prenant conscience d'elle-même", je m'insurge contre la double erreur de considérer tant les dinosaures aviens que le mouvement ouvrier comme des sujets de gériatrie alors qu'ils sont radicalement notre présent :lol:
Gehyra marginata
 
Message(s) : 9
Inscription : 24 Sep 2021, 12:15

Re: Diversité... des oiseaux

Message par Plestin » 25 Sep 2021, 07:14

Gehyra marginata a écrit :Pour en rester aux passereaux pour l'instant, je me scandalise de l'absence du camarade Travailleur à bec rouge (Quelea quelea) qui serait l'oiseau le plus nombreux au monde à l'état sauvage.


Effectivement, les Plocéidés (tisserins...) n'ont pas encore été traités, mais ça viendra... Il existe d'ailleurs aussi un travailleur à tête rouge et un travailleur... cardinal !
Plestin
 
Message(s) : 2274
Inscription : 28 Sep 2015, 17:10

Re: Diversité... des oiseaux

Message par Gehyra marginata » 04 Oct 2021, 14:08

https://www.futura-sciences.com/sante/a ... gQSJQIKSgc Fort logiquement, c'est le cas de le dire, certains chercheurs ont des pistes d'investigation originales concernant les corvidés !
Gehyra marginata
 
Message(s) : 9
Inscription : 24 Sep 2021, 12:15

Re: Diversité... des oiseaux

Message par com_71 » 11 Nov 2021, 00:42

Le Monde, 09 novembre 2021 a écrit :Les chants des oiseaux en voie de disparaître de nos paysages sonores

Une équipe de recherche sur l’évolution des « paysages sonores » d’Europe et d’Amérique du Nord conclut à un appauvrissement des combinaisons de chants produits par les communautés d’espèces.

Quand, à l’orée du printemps, le citadin veut reprendre contact avec la nature, il flâne dans les parcs, la campagne et les forêts, le cœur bercé par les piaillements, roucoulements et autres gazouillis d’oiseaux. Mais cet élément audible du patrimoine naturel, nécessaire à notre bien-être, serait-il lui aussi menacé ?

C’est ce qu’a voulu savoir une équipe internationale en tentant d’établir comment les « paysages sonores » d’Europe et d’Amérique du Nord ont évolué au cours de ces vingt-cinq dernières années. Simon Butler, de l’université d’East Anglia (Royaume-Uni), et ses collègues expliquent, dans Nature Communications du 2 novembre, comment ils ont combiné des données de suivi de populations avec des enregistrements de chants afin de reconstituer l’activité biophonique des oiseaux sur un quart de siècle. Le tout à travers 200 000 sites des deux continents. La conclusion est hélas pénible à entendre : plus le temps passe et plus la symphonie printanière s’appauvrit.

Lancées voici un demi-siècle, les campagnes de suivi des communautés d’oiseaux mobilisent des volontaires qui, au printemps, procèdent à des comptages sur les zones de quatre kilomètres carrés qui leur sont assignées. En France, le programme Suivi temporel des oiseaux communs du Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) maintient depuis trente-deux ans une surveillance sur 2 900 sites.

« Ce travail de longue haleine a permis de mettre en évidence un fort déclin des populations, notamment dans les milieux agricoles où les espèces spécialisées, comme l’alouette des champs, sont peu à peu remplacées par des espèces généralistes telles que le pigeon ramier ou la mésange charbonnière », indique Benoît Fontaine, son coordinateur au MNHN.

L’« éco-acoustique », une jeune discipline

Comment ces changements affectent-ils le panorama sonore de nos villes et de nos campagnes ? La question n’est pas futile : les oiseaux étant plus souvent entendus qu’aperçus, leurs chants constituent l’une de nos rares connexions avec la vie sauvage.

Pour y répondre, Simon Butler et ses confrères ont commencé par attribuer à chaque oiseau recensé un enregistrement de chant de vingt-cinq secondes correspondant à son espèce. Puis, ils ont mélangé ces vocalises de façon à créer des paysages sonores artificiels de cinq minutes, aussi proches que possible de ceux perçus par les volontaires, sur chaque site et pour chaque époque, au moment des observations. Enfin, ils ont analysé ces fichiers audio à l’aide des outils de l’« éco-acoustique ».

Cette jeune discipline, créée en 2014 sous l’impulsion du MNHN et de l’université d’Urbino (Italie), étudie les paysages sonores naturels en vue de répondre à des questions d’ordre écologique, comme, par exemple, la façon dont la diversité des espèces évolue selon le type d’habitat. Elle a développé des techniques pour analyser automatiquement les milliers d’heures d’enregistrement qu’elle recueille sur ses lieux d’expérimentation. « L’un de ces procédés consiste à compresser les fichiers audio par paquets d’une minute de façon à en extraire jusqu’à une cinquantaine d’indicateurs caractéristiques de la richesse et de l’abondance des sons captés », explique Sylvain Haupert, ingénieur de recherche CNRS au MNHN.

C’est sur la base de ces indices que le groupe de Simon Butler a établi que les paysages sonores s’étaient dégradés en termes de complexité et de variété. « Cette étude est originale. Elle montre que le déclin des populations d’oiseaux se manifeste au niveau des combinaisons de chants produites par les communautés d’espèces, estime Sylvain Haupert. En revanche, elle ne dit rien de la perception de ce phénomène par les humains. »

Vahé Ter Minassian
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
Avatar de l’utilisateur
com_71
 
Message(s) : 5984
Inscription : 12 Oct 2002, 00:14

Re: Diversité... des oiseaux

Message par Plestin » 20 Déc 2021, 17:25

Nous pouvons faire un petit tour du côté d'une famille d'oiseaux dont le nom est familier à chacun mais dont beaucoup ne savent sans doute pas à quoi ils ressemblent : les alouettes.

Les alouettes font partie de la famille des Alaudidés qui est présente en Europe, Afrique, Asie et Océanie, et dont une seule espèce habite l'Amérique du Nord. Les Alaudidés comptent près d'une centaine d'espèces d'oiseaux appelées alouettes, cochevis, sirlis, ammomanes ou moinelettes. Sur un plan phylogénétique, elles sont relativement proches des mésanges (elles ont des ancêtres communs relativement proches) bien qu'elles ne leur ressemblent ni par le plumage ni par le comportement.

La plupart de ces oiseaux ont un plumage aux couleurs ternes ou neutres, dans les tons gris, brun, roux, beige et blanc, avec parfois du noir, se fondant souvent dans l'environnement, souvent strié ou écaillé dans les milieux herbeux et uni en zones désertiques. Point de plumages spectaculaires donc, bien que plusieurs espèces arborent une huppe ou des aigrettes (et plus rarement une touche de couleur un peu plus vive). Ce sont des oiseaux typiques des espaces découverts, depuis les prairies et champs des régions tempérées ou tropicales jusqu'aux steppes et aux déserts. Leurs mœurs sont plutôt terrestres : ils se déplacent au sol en marchant ou en courant plutôt qu'en sautillant, et leur course ressemble à une marche étrange très accélérée. Ils se nourrissent de graines et de petits invertébrés en fouillant le sol (les espèces plutôt granivores ont un bec fort et celles plutôt insectivores un bec fin) ; les graines ne sont pas décortiquées et sont volontiers avalées avec un peu de sable ou de petits graviers qui serviront à les abraser ! Ils nichent au sol. Leur chant est parfois très élaboré et les Alaudidés mâles ont la particularité de chanter y compris en vol, lors de la parade nuptiale.

Onze espèces peuvent se rencontrer en Europe pendant au moins une partie de l'année (dont sept en France) et quatre autres peuvent s'y observer accidentellement. La majorité des autres espèces vit en Afrique et dans le sud-ouest de l'Asie (du Proche-Orient à l'Inde et à l'Asie centrale). Les 7 espèces que l'on peut rencontrer en France sont l'alouette des champs, l'alouette lulu, l'alouette calandrelle, l'alouette calandre, l'alouette hausse-col (seulement l'hiver), le cochevis huppé et le cochevis de Thékla, leurs noms sont soulignés dans le texte pour faciliter leur repérage par le lecteur. D'autres espèces peuvent occasionnellement s'égarer en France.


L'alouette des champs (Alauda arvensis)

L'alouette des champs, appelée "alouette du ciel" (skylark) par les anglophones, est l'espèce la plus répandue en Europe de l'Ouest et en France. Elle occupe pratiquement toute l'Eurasie, sauf les régions situées au-delà du cercle polaire arctique et sauf l'Asie du Sud-Est. Elle vit également dans tout le nord de l'Afrique. L'espèce a aussi été introduite par l'homme en Amérique du Nord et en Australie. Les populations les plus nordiques sont migratrices, passant l'hiver en France, en Belgique ou dans le sud de l'Inde. En France il y a donc à la fois des populations sédentaires et, l'hiver, des populations migratrices venues du nord.

Cet oiseau mesure environ 19 cm de longueur, soit moins qu'un merle noir (23 cm) mais plus que la plupart de nos petits oiseaux. Familière aux travailleurs des champs, l'alouette est bien présente dans les comptines, chansons et expressions populaires. Vivant à l'origine dans les milieux de pelouse naturelle ou les landes, l'alouette des champs a su tirer parti depuis longtemps de l'avantage procuré par les vastes surfaces cultivées en herbes ou céréales (elle apprécie également les vastes terrains ouverts des aéroports !), mais comme elle niche au sol, l'intensification de l'agriculture l'a rendue vulnérable aux engins agricoles dans les champs cultivés. L'utilisation d'insecticides et d'herbicides limite aussi la variété de son alimentation. L'espèce subit enfin la prédation de nombreux petits carnivores et rapaces, surtout lors de la nichée. Sa population est en déclin partout mais elle n'est pas pour autant considérée comme menacée dans la majeure partie de son aire de répartition... sauf en France.

L'alouette des champs est principalement granivore et mange toutes sortes de graines, en particulier celles des graminées (sauvages ou cultivées) ; elle est capable de fouiller le sol, les débris végétaux ou même la neige pour les trouver. En hiver et au début du printemps, si les graines sont trop rares, elle peut compléter son régime avec des feuilles tendres, et en période de reproduction les jeunes sont nourris abondamment avec des insectes, larves et autres petits invertébrés, nourriture indispensable (comme chez beaucoup d'autres oiseaux) pour assurer une croissance rapide aux jeunes.

Les plumes de la tête sont érectiles : l'oiseau peut les dresser pour former une huppe, ou les replier, à volonté. Le plumage est dit cryptique : il se confond parfaitement avec le milieu, en l'occurrence la terre des champs labourés ou les herbes du sol. Il est quasiment identique chez les deux sexes. Les mâles ne se distinguent donc pas par leur plumage, mais ils ont un autre moyen pour se rendre visibles en période nuptiale : un vol très caractéristique accompagné d'un chant très complexe et ininterrompu. Le comportement du mâle alouette en vol est remarquable : l'oiseau chante puis s'élève brusquement presque à la verticale en continuant de chanter ; il effectue un vol papillonnant, parfois presque stationnaire, parfois décrivant des cercles, la queue largement étalée, puis commence à redescende avant de regagner d'un coup le sol en se laissant tomber comme une pierre et en freinant au dernier moment ; ce comportement typique permet de reconnaître à coup sûr une alouette dans un champ même de loin et lorsqu'on ne peut pas bien distinguer son plumage. C'est la seule période de l'année où l'alouette perd de sa sociabilité. Il n'est même pas rare que lorsque deux mâles se disputent, un troisième larron s'ajoute et vienne compliquer l'affaire !

Ici, une courte émission de radio sur la richesse du chant de l'alouette des champs :

https://www.youtube.com/watch?v=FR9Car0tJ2E

Et ici, une autre émission de la série "Apprendre les chants d'oiseaux" qui complète bien la précédente :

https://www.youtube.com/watch?v=dVjayQLpSAc

Ici, en Tchéquie, le vol très caractéristique de l'alouette des champs mâle pendant la parade nuptiale :

https://www.youtube.com/watch?v=xOFOC8dBTDE

Ici, une alouette perchée chantant un peu, mais le plus intéressant est la seconde moitié de la vidéo qui permet de voir dans quel milieu vit l'alouette et comment son nid au sol est parfaitement dissimulé parmi les herbes :

https://www.youtube.com/watch?v=0K2X3zzWA_c

Comme toutes les alouettes, l'alouette des champs a des mœurs majoritairement terrestres et elle chante aussi au sol, ici en Bretagne dans le Morbihan :

https://www.youtube.com/watch?v=_Gtv39rOwFk

Des comptines au classique en passant par la chanson populaire, le succès de l'alouette à travers la chanson ne se dément pas (celle en occitan de Bernart de Ventadourn "Can vei la lauzeta" = quand je vois l'alouette, date du 12ème siècle mais elle est misogyne...)

Chacun connaît la comptine "Alouette, gentille alouette"... Ici, une autre comptine célèbre mentionnant l'alouette, "Bonjour Guillaume" (il existe plusieurs versions pour les paroles) :

https://www.youtube.com/watch?v=OT8iDZ0lqGg

Ici en 1972, les Karrik interprètent "Au chant de l'alouette", une chanson traditionnelle d'Acadie, une région francophone du Canada ; il en existe aussi plusieurs versions. Il peut s'agir de l'alouette des champs (introduite par l'homme en Amérique du Nord) ou d'une autre espèce que nous verrons plus loin.

https://www.youtube.com/watch?v=GJ-wXt0MzWM

Ici, dans un tout autre registre, la "Chanson de l'alouette" d'Emmanuel Chabrier, chantée par Brigitte Balleys :

https://www.youtube.com/watch?v=0pDU-V8ODoE

(Quant à la chanson "Alouette, alouette" de Gilles Dreu en 1968, elle a été inspirée d'une chanson argentine, La Peregrinacion, sans rapport avec l'oiseau puisque l'Amérique du Sud est le seul continent où l'on ne trouve aucune espèce d'alouette !)

Le fameux "pâté d'alouette" est, selon le Wiktionnaire, un :

pâté fictif composé essentiellement d’une alouette et d’un cheval. Ce mets est souvent cité pour relever une disproportion ou un déséquilibre important.

Les propositions, quant à elles, tiennent du fameux pâté d’alouette. Un cheval de cadeaux supplémentaires aux entreprises et une alouette de promesses aux salariés. — (Bernard Thibault, « Bernard Thibault. Politique industrielle : le pâté d’alouette », L'Humanité, 28 janvier 2010)


Toutefois, le vrai pâté d'alouette ou "pâté de mauviettes" a bien existé ! C'était une spécialité culinaire (aujourd'hui disparue) de la ville de Pithiviers (Loiret), sous forme de tourte garnie d'une farce, préparée à l'automne avec la viande de l'oiseau au moment de la chasse aux alouettes.

En Italie et en France (en Aquitaine), l'alouette est encore chassée au filet, illégalement, pour la consommation, comme illustré dans cette petite vidéo de sensibilisation d'une association de protection des oiseaux ; en fin de vidéo, sur un oiseau mort, on distingue bien le doigt arrière long et puissant caractéristique de la plupart des alouettes :

https://www.youtube.com/watch?v=-vjdzheogWo

Parmi les autres espèces d'alouettes, certaines sont relativement proches de l'alouette des champs.

Ici, l'alouette gulgule (Alauda gulgula) ou alouette orientale, est une espèce très voisine de l'alouette des champs, au plumage un peu plus coloré ; elle se rencontre dans tout le sud de l'Asie (depuis le Proche-Orient jusqu'à Taïwan, aux Philippines et en Indochine) ; elle est filmée ici en Inde :

https://www.youtube.com/watch?v=jTAPvBT54ak

Ici, l'alouette leucoptère (Alauda leucoptera) = à ailes blanches, qui vit en Asie centrale, filmée ici au Kazakhstan :

https://www.youtube.com/watch?v=YQ2c-VUCRLo

Ici, l'alouette de Razo (Alauda razae), une petite espèce en danger critique d'extinction qui ne vivait que sur Raso, un îlot de l'archipel du Cap-Vert (au large du Sénégal et de la Mauritanie), est introduite par l'homme sur un îlot voisin un peu plus grand, Santa Luzia. Les oiseaux sont équipés de minuscules émetteurs radio pour leur suivi et pour identifier quelle partie de l'îlot ils préfèrent. L'opération s'est soldée par un succès :

https://www.youtube.com/watch?v=9BOyk-cBBLs


L'alouette lulu (Lullula arborea)

L'alouette lulu (appelée "alouette des bois", woodlark, par les anglophones) est une espèce de petite taille (15 cm) au corps ramassé, à la queue courte (foncée à pointe blanche) et aux dessins de la tête contrastés : larges raies noires sur la calotte, sourcil blanc et net jusqu'à la nuque, joue roussâtre marquée d'une tache blanchâtre. Sur le bord de l'aile on remarque une tache noire encadrée de blanc. La poitrine est striée et les pattes sont entièrement roses.

C'est la deuxième alouette la plus fréquente en Europe de l'Ouest. Elle est répandue dans presque toute l'Europe tempérée et méditerranéenne et monte au nord jusqu'en Angleterre et dans le sud de la Scandinavie. Elle atteint l'Oural à l'est. On la rencontre aussi en Afrique du Nord et au Proche- et Moyen-Orient, mais plutôt en altitude. En France elle est présente dans toutes les régions, sauf une partie de la Normandie, mais les oiseaux du nord, du nord-est et de l'est du pays (y compris jusqu'en Rhône-Alpes) sont absents en hiver tandis que les autres sont là toute l'année.

L'alouette lulu se rencontre dans les bois clairs (zones de coupe par exemple). Elle vit aussi dans les milieux ouverts, champs, prairies, collines, mais comportant des arbres épars, ainsi qu'à la lisière des forêts, dans les clairières, dans les friches, les landes. En milieu agricole, elle affectionne les zones de polyculture ou de bocage, les vignobles, les oliveraies... mais pas les grands champs de céréales. Sa population diminue avec la disparition des haies et des friches et l'usage massif des pesticides sur les vignes. Elle niche au sol, construisant son nid dans une petite zone dégagée au pied d'une touffe d'herbe, d'un gros caillou ou d'un arbuste. Il semble qu'une meilleure gestion des pare-feux (larges coupes dans la forêt pour limiter la propagation des feux) en évitant les travaux dans la période de mars à juillet dans ce type de milieu très apprécié de l'alouette lulu, permettrait de laisser l'oiseau amener à terme ses deux nichées successives.

Son régime alimentaire est mixte, granivore et insectivore, et ce toute l'année avec une prédominance des insectes et autres petits invertébrés pendant la période de reproduction et des graines à la saison froide. Les oiseaux tendant à migrer vers des régions au climat un peu plus clément continuent de trouver des invertébrés actifs en hiver.

L'alouette lulu chante soit en vol, soit depuis un perchoir (arbre, rocher, fil téléphonique...) Son chant est flûté et descendant, très différent du gazouillis continu de l'alouette des champs.

Ici, dans la série "apprendre les chants d'oiseaux", le chant de l'alouette lulu :

https://www.youtube.com/watch?v=dRgUzNf78K4

Ici, des alouettes lulu filmées dans la région de Murcie en Espagne :

https://www.youtube.com/watch?v=fM-Jency9Ok

Ici, une espèce apparentée vivant en Afrique du Sud, l'alouette de Botha (Spizocorys fringillaris), défendant son nid contre l'attaque d'une espèce de gros grillon capable de dévorer les oisillons :

https://www.youtube.com/watch?v=sIbzFUFMPso

Ici, une autre espèce rarement filmée, l'alouette à bec rose (Spizocorys conirostris) reconnaissable... à son bec rose et qui vit en Afrique australe, images capturées en Namibie (descendre à gauche jusqu'à "Meilleures vidéos" et sélectionner celle de gauche, de Peter Fraser en 2016) :

https://ebird.org/species/piblar1

Ici, l'alouette de sabota (Calendulauda sabota) ou alouette tachetée, une espèce répandue en Afrique australe, filmée en Afrique du Sud :

https://www.youtube.com/watch?v=WxbFP18A9nY

Les alouettes nichant au sol, leurs nids bien que dissimulés sont vulnérables et exposés à de nombreux prédateurs. Ici, en Afrique du Sud, un serpent, le boomslang (Dispholidus typus), détruisant un nid d'alouettes de sabota :

https://www.youtube.com/watch?v=6XQLIGtN58k

Les alouettes du genre Mirafra, répandues en Afrique, Asie et Océanie, présentent pour la plupart des marques rousses sur le plumage.

Ici, l'alouette de Java (Mirafra javanica), une espèce présente depuis le sud de la Chine jusqu'à l'Australie, filmée en Thaïlande, arbore une marque rousse sur l'aile bien visible en début de vidéo :

https://www.youtube.com/watch?v=_pUtAs4rANE

Ici, l'alouette à nuque rousse (Mirafra africana) répandue dans différentes régions d'Afrique sub-saharienne (surtout l'Afrique australe), entrecoupe son chant de petits sauts voletés :

https://www.youtube.com/watch?v=_NCBeSAQm0U


Le cochevis huppé (Galerida cristata)

Le cochevis huppé est une alouette de taille moyenne (17 cm) qui ressemble à l'alouette des champs mais est dotée d'une huppe permanente (elle reste bien visible même lorsqu'elle est rabattue), d'un dessus moins nettement moucheté que chez les autres alouettes, d'un bec assez long et recourbé et d'une silhouette plus trappue.

Il est répandu dans une grande partie de l'Europe (sauf les îles britanniques et la Scandinavie), en Afrique du Nord et dans toute la partie occidentale, centrale et méridionale de l'Asie (mais pas en Asie du Sud-Est). En Europe, les plus importantes populations vivent en Espagne, Italie, Roumanie et Bulgarie. En France, le cochevis huppé se rencontre dans une bonne partie du pays, depuis le Nord jusqu'à l'Aquitaine et à la région PACA. C'est sur le littoral méditerranéen qu'il est le plus présent et même commun localement, depuis l'ouest du Var, le Vaucluse et le sud de la Drôme jusqu'aux Pyrénées-Orientales. Par contre, il est absent de Corse et évite l'ensemble Massif central / Rhône-Alpes / Jura ainsi qu'une partie du nord-ouest (Basse-Normandie, Ille-et-Vilaine, Loire-Atlantique... ce qui ne l'empêche pas d'être présent dans l'ouest de la Bretagne).

Ici, un cochevis huppé chantant, filmé dans la région de Murcie en Espagne :

https://www.youtube.com/watch?v=BoVT6hQ7Uhg

Un autre cochevis chantant perché sur un tournesol, également en Espagne près de Figueras (Catalogne) :

https://www.youtube.com/watch?v=2D-6crR2ctM

Très semblable à l'espèce précédente, le cochevis de Thékla (Galerida theklae) s'en distingue par un plumage plus foncé, des stries plus marquées sur la poitrine, une huppe un peu plus courte et un bec plus fort et plus court. En France, il n'est présent qu'en Languedoc-Roussillon, uniquement dans l'Aude et les Pyrénées orientales, où nichent 400 couples environ. Ailleurs, on le rencontre en Espagne et au Portugal ainsi que dans tous les pays du nord de l'Afrique, du Maroc à l'Egypte.

Ici, en Espagne, un cochevis de Thékla s'abreuvant :

https://www.youtube.com/watch?v=29uEUck4jlk

Ici, un joli reportage en Inde sur la nidification d'une autre espèce locale habitant les prairies, le cochevis de Sykes (Galerida deva) :

https://www.youtube.com/watch?v=Wd_EjlC7C_g


L'alouette hausse-col (Eremophila alpestris)

Voici une alouette exceptionnelle à la fois par son aspect (la tête marquée de jaune et de noir avec une double petite huppe), la variété de son milieu (des prairies alpines aux littoraux et de la toundra aux déserts) et l'étendue de son aire de répartition (différentes régions en Europe, Asie, Afrique du Nord, Amérique du Nord) ; en France elle est uniquement présente à la fin de l'hiver, principalement sur le littoral des Hauts-de-France et de Normandie et il s'agit de populations migratrices venues de Norvège. Les populations du Maroc, des Balkans, de Turquie ou du Caucase sont sédentaires ; il s'agit de la seule espèce d'alouette présente à l'état naturel en Amérique (hors introduction de l'alouette des champs par l'homme) et, en Amérique du Nord, les populations sont sédentaires dans une grande partie des Etats-Unis mais celles qui nichent en Alaska ou au Canada depuis la côte Pacifique jusqu'à Terre-Neuve sont migratrices et passent l'hiver dans le sud des Etats-Unis et dans le golfe du Mexique. L'espèce a un régime alimentaire varié : insectes, araignées, escargots, baies, fruits, graines...

Ici, au Kosovo (mouvements ralentis) :

https://www.youtube.com/watch?v=C-HDjyLhK7E

Ici, près de Columbia, Missouri (Etats-Unis), un mâle chantant (le chant devient plus élaboré vers la fin de la vidéo) :

https://www.youtube.com/watch?v=Ld35eKlvxSc

L'Alouette bilophe (Eremophila bilopha) est une espèce voisine qui se rencontre sur le littoral atlantique et méditerranéen de l'Afrique et au Moyen-Orient, depuis le Sahara occidental jusqu'au nord de l'Arabie. Bilophe signifie "à deux huppes" ; la tête est noire et blanche et la double huppe est plus grande que chez l'alouette hausse-col.

Ici, une alouette bilophe fouillant le sable à la recherche de nourriture, en Israël ; cette vidéo montre parfaitement le mode de déplacement très caractéristique des alouettes au sol :

https://www.youtube.com/watch?v=RK-JcKzljhs


L'alouette calandrelle (Calandrella brachydactyla)

L'alouette calandrelle est l'une des plus petites alouettes d'Europe (15 cm) et fait partie d'un groupe d'alouettes aux doigts courts (y compris celui tourné vers l'arrière). Son plumage plus pâle que celui de l'alouette des champs est strié sur le dessus et entièrement clair sur le dessous, avec parfois de petites stries brunes ou une tache noirâtre sur les côtés de la poitrine. La tête est marquée d'un dessin de lunettes blanchâtres prolongé par le sourcil. Elle n'a pas de huppe mais peut tout de même hérisser les plumes de sa tête qui forment comme une calotte (plus ou moins roussâtre selon les régions). Elle ressemble un peu à la femelle du moineau domestique.

Elle est présente dans le sud de l'Europe, en Afrique du Nord, au Proche- et Moyen-Orient, en Asie centrale et atteint le nord-ouest de l'Inde et le nord de la Chine (Mongolie intérieure). En France, on ne la rencontre qu'en période de reproduction, principalement dans les plaines du Languedoc et de la Crau (Bouches-du-Rhône) ; il existe aussi de petites populations dans les plaines littorales atlantiques de Charente-Maritime, Vendée, Morbihan... ainsi que dans les jachères de la Vienne et de la Beauce (Eure-et-Loir, Loiret). L'hiver, les oiseaux migrent en Afrique du Nord. La France n'accueille qu'entre 1.000 et 5.000 couples, contre 3 millions de couples pour l'ensemble de l'Europe hors Russie.

Ici, une vidéo tournée dans le nord-ouest de l'Inde :

https://www.youtube.com/watch?v=swiaDgIFbPQ


L'alouette calandre (Melanocorypha calandra)

L'alouette calandre est une grande alouette de 20 cm de longueur et près de 40 cm d'envergure, au bec puissant, reconnaissable à sa gorge blanc pur encadrée par deux taches noires (qui, parfois, peuvent se rejoindre en demi-collier). Elle vit depuis l'Afrique du Nord et la péninsule ibérique jusqu'en Asie centrale. Elle est migratrice dans certaines régions mais sédentaire au Portugal, en Espagne, dans le sud de la France et en Italie. Elle affectionne les grands espaces ouverts et relativement secs, voire arides mais apprécie aussi les terres cultivées, notamment les champs de céréales. Elle se nourrit de graines et d'herbes toute l'année mais capture de nombreux insectes, araignées, vers de terre ou escargots au printemps.

Ici, l'alouette calandre chantant ; son chant est varié et presque aussi riche que celui de l'alouette des champs :

https://www.youtube.com/watch?v=uAmAnOzZl4k

Ici, l'alouette nègre (Melanocorypha yeltoniensis), une espèce proche de l'alouette calandre mais au plumage foncé très caractéristique ; elle vit dans les steppes du Kazakhstan et du sud de la Russie ; au printemps et en été, le plumage dit "usé" est presque entièrement noir hormis quelques traces blanches ; en automne-hiver, le "plumage frais" est marqué par des lisérés et festons blancs davantage visibles :

https://www.youtube.com/watch?v=TD9bkdcXS8s

Ici, voisine de la calandre et de la calandrelle, l'alouette pispolette (Alaudala rufescens) reconnaissable à sa petite taille (14 cm), son allure ramassée avec un bec très court et sa poitrine entièrement striée, filmée aux Canaries ; elle se rencontre en Espagne, dans le nord de l'Afrique, au Moyen-Orient et en Asie centrale et fréquente les steppes, les collines semi-arides ou les marais salants :

https://www.youtube.com/watch?v=ZGflvtj1LAE

Ici, l'alouette de Dupont (Chersophilus duponti) anciennement appelée sirli de Dupont, une espèce des steppes et semi-déserts sableux comportant des touffes d'herbes, vivant en Espagne et en Afrique du Nord, assez discrète. Elle est caractérisée par son bec long et fin, sa poitrine densément striée et ses pattes roses. Les populations espagnoles sont en net déclin depuis les années 1990 bien qu'en 2016 on ait revu l'espèce nicher en Catalogne dont elle avait disparu. A été exceptionnellement observée en France. Ici un individu cherchant sa nourriture au sol, filmé en Espagne dans la province d'Aragon :

https://www.youtube.com/watch?v=QlVsTxZ_pC0

Et ici, dans la même région, une vue de son milieu, avec son chant en fond sonore :

https://www.youtube.com/watch?v=sZZWc83ygEw


Le sirli du désert (Alaemon alaudipes)

Voici un oiseau d'apparence un peu différente, le sirli du désert, caractérisé par une taille assez grande (23 cm), un long bec légèrement recourbé et de longues pattes. Mais pas de doute, depuis le comportement de chant et vol (première vidéo) jusqu'au mode de déplacement au sol (seconde vidéo), c'est bien une alouette ! Le sirli se rencontre dans une bonne partie du Sahara (notamment de la Mauritanie et du Maroc à l'Egypte, mais il y a aussi des populations plus isolées au Cap-Vert, au Tchad, au Soudan, en Ethiopie, en Somalie), dans toute la péninsule arabique et le Proche-Orient jusqu'à la frontière turco-syrienne, et à l'est jusqu'au Pakistan. Il est majoritairement insectivore.

https://www.youtube.com/watch?v=7egsxooStxE

https://www.youtube.com/watch?v=GUL6jMUAFz8

Ici, une espèce apparentée, l'alouette éperonnée (Chersomanes albofasciata) d'Afrique australe (du Congo RDC à l'Afrique du Sud), au joli plumage décoré de gouttelettes blanches et aux pattes armées d'un long éperon prolongeant le doigt postérieur :

https://www.youtube.com/watch?v=4xQrw2479GA

C'est une espèce qui se nourrit majoritairement d'insectes, araignées et petits scorpions en plus de graines ; le mâle a un bec un peu plus long que celui de la femelle ce qui le conduit à chasser des proies un peu différentes en taille et forme (ex. : les mâles consomment davantage de scarabées) ; ici, une alouette éperonnée adulte cherchant sa nourriture au sol, bientôt rejointe par un individu juvénile :

https://www.youtube.com/watch?v=vbOl-rtFNqk

Ici, l'ammomane de Gray (Ammomanopsis grayi), une petite espèce (14 cm) couleur sable vivant en Namibie et en Angola, filmée cherchant sa nourriture dans le désert du Namib (en fin de vidéo, on peut profiter d'une vue d'ensemble du paysage dans lequel l'oiseau évolue) :

https://www.youtube.com/watch?v=ODr18NaoBak

Les 6 espèces du genre Certhilauda sont appelées alouettes à long bec en anglais (long-billed larks) ; ici, un mâle d'alouette du Transvaal (Certhilauda semitorquata) poussant son chant perché sur une termitière, puis effectuant sa parade aérienne, filmé en Afrique du Sud :

https://www.youtube.com/watch?v=xD2rx7noERk

L'Afrique australe abrite de nombreuses espèces d'alouettes ; ici, l'alouette brune (Pinarocorys nigricans), au plumage foncé marqué de blanc, filmée dans le parc national Kruger en Afrique du Sud :

https://www.youtube.com/watch?v=WAW93OpjURk

Ici, l'alouette de Clot-Bey (Ramphocoris clotbey), une espèce des déserts pierreux d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, très facile à identifier du fait de sa silhouette trapue, sa grosse tête et son gros bec ; celui-ci n'est pas pour autant pourvu de muscles puissants et ne permet pas de casser les graines les plus dures (qui sont avalées telles quelles) mais il suffit largement pour couper les jeunes pousses des plantes dont l'alouette se nourrit également, en plus de quelques insectes ; vidéo tournée au Maroc :

https://www.youtube.com/watch?v=l6_cMNOkEwA

Ici, l'ammomane isabelline (Ammomanes deserti) est une alouette aux couleurs claires et uniformes se confondant bien avec son environnement désertique ; l'espèce est répandue depuis l'Afrique du Nord et le Sahara jusqu'en Arabie et en Asie centrale ; filmée dans le désert du Wadi Rum en Jordanie, tentant de casser une graine avant de l'avaler :

https://www.youtube.com/watch?v=2qzAaGYwSG0

Sa proche parente l'ammomane élégante (Ammomanes cinctura) vit depuis les îles du Cap-Vert et l'Afrique du Nord jusqu'au Pakistan et se rencontre assez rarement en Europe (Espagne, Portugal, Italie) ; la petite vidéo ci-après peut paraître banale mais elle est exceptionnelle car elle correspond à la toute première observation de l'espèce en France, en 2016, à Gruissan dans l'Aude :

https://www.youtube.com/watch?v=gjroarqVZqU


Les espèces du genre Eremopterix sont appelées moinelettes du fait de leur relative ressemblance avec le moineau ; elles vivent en Afrique, au Moyen-Orient et en Inde et, contrairement à la plupart des autres alouettes, chez plusieurs espèces on constate un dimorphisme sexuel prononcé (une différence d'apparence marquée entre le mâle et la femelle).

Ici, un groupe de moinelettes à front blanc (Eremopterix nigriceps) s'abreuvant, vidéo tournée en Mauritanie et permettant de bien voir la différence de plumage entre les mâles (marqués de noir et blanc) et les femelles (à dominante fauve) :

https://www.youtube.com/watch?v=J6ktu2TE6L4

Ici, un mâle de moinelette à oreillons blancs (Eremopterix leucotis), une autre espèce africaine, rejoignant la femelle couvant ses oisillons au nid :

https://www.youtube.com/watch?v=E3eJRj3pYKI

Ici, la même espèce dévorant l'un de ses oisillons mort ; une façon de maintenir la propreté du nid et de bénéficier d'un complément nutritif, sans compter quelques fourmis déjà présentes sur le cadavre et qui s'ajouteront au menu ; la femelle mange pour son propre compte, le mâle qui arrive ensuite en profite pour nourrir l'oisillon vivant qui reste :

https://www.youtube.com/watch?v=q6cLGDbKqYo
Plestin
 
Message(s) : 2274
Inscription : 28 Sep 2015, 17:10

Re: Diversité... des oiseaux

Message par Plestin » 21 Mai 2022, 18:02

Nous avons vu dans des posts antérieurs trois très grosses familles de passereaux, les Muscicapidés (gobemouches...), les Turdidés (merles, grives...) et, dans les plus anciens posts, les Sturnidés (étourneaux), qui méritaient chacune qu'on y consacre un post entier. Il se trouve que ces trois familles sont regroupées dans la super-famille des Muscicapoïdes (nom francisé des "Muscicapoideae") en compagnie d'autres familles beaucoup plus petites, mais qu'il serait dommage de rater car elles comptent certaines espèces tout à fait remarquables par leur comportement, leur anatomie ou parfois leur aspect. Ce sont donc ces dernières que nous allons voir maintenant.

Comme bien souvent, tous les spécialistes ne sont pas complètement d'accord sur le fait que ces oiseaux soient dans le même ensemble, certains en distinguent deux, les Muscicapoïdes proprement dits (avec les moqueurs , les cincles , les rhabdornis et les piqueboeufs en plus des gobemouches, étourneaux et merles) et les Bombycilloïdes (avec les jaseurs, les ptilogons, les hypocolius, les esclaves, les mohos et les siffleurs). Peu importe en fait, partons à la découverte de ces oiseaux originaux qui forment une dizaine de familles comptant chacune peu d'espèces.


Bombycillidés

La famille des Bombycillidés regroupe 3 espèces d'oiseaux affectionnant les régions froides de l'hémisphère nord (Europe, Asie, Amérique), que l'on appelle jaseurs en français et "waxwings" (aile-de-cire) en anglais. Le nom anglais est évocateur d'une particularité anatomique tout à fait extraordinaire, la présence d'une substance cireuse colorée en rouge vif formant quelques gouttes sur certaines plumes de leurs ailes. On ne comprend pas complètement la fonction de ces gouttes de cire que l'on rencontre dans les deux sexes, mais les femelles ont une préférence pour les mâles les plus âgés, qui arborent des parures de cire plus développées. La cire peut être absente chez les sujets plus jeunes.

Ces oiseaux sociables vivent en groupes abondants durant la mauvaise saison (ils peuvent former des nuées comparables à celles des étourneaux) et ne sont pas attachés à un territoire, se déplaçant et migrant plus ou moins loin en fonction de l'abondance des chutes de neige et de la disponibilité en ressources alimentaires. Ils n'ont pas le comportement typique des oiseaux territoriaux (agressivité mutuelle entre mâles voire entre femelles, défense d'un territoire contre les prédateurs, les rivaux ou les importuns) et se mélangent volontiers entre espèces dans les régions d'Asie ou d'Amérique où deux espèces de jaseurs se côtoient. Même pendant la nidification, l'agressivité reste limitée à un peu d'intimidation et pour peu que le secteur s'y prête plusieurs couples peuvent nicher à relative proximité les uns des autres. Au printemps et en été, durant la période de reproduction, ces oiseaux sont majoritairement insectivores, faisant une grosse consommation de moucherons capturés en vol, tandis que pendant l'automne et l'hiver, ils se nourrissent principalement de baies et de fruits. Les jaseurs sont peu farouches et s'approchent volontiers de l'homme, surtout lorsque celui-ci met de la nourriture à disposition.

Le plus largement répandu et seul représentant européen de cette famille est le jaseur boréal (Bombycilla garrulus), autrefois appelé "jaseur des neiges" ou "jaseur de Bohème" (appellation encore utilisée chez certains) et que l'on rencontre dans le centre et le nord de l'Europe, mais aussi de l'Asie et dans le nord-ouest de l'Amérique du Nord (Alaska, ouest du Canada, nord-ouest des Etats-Unis). En Europe, il niche en Scandinavie et descend l'hiver jusqu'en Pologne et en Europe centrale, mais certaines années, lorsque la neige est trop abondante et gêne la recherche de nourriture, il peut migrer beaucoup plus loin, jusqu'en Belgique, en France (Lorraine, Ardennes, Bourgogne, Jura...) et en Suisse. Il apparaît alors brutalement, en bandes nombreuses, ce qui a été à l'origine de superstitions par le passé (jusque pendant la Seconde Guerre mondiale) : sa présence était réputée annonciatrice de fléaux (coïncidence avec des guerres...), d'où des traditions de massacres d'oiseaux qui n'étaient pas bien difficiles à réaliser étant donné leur faible méfiance.

Les deux autres espèces sont le jaseur des cèdres (Bombycilla cedrorum) ou jaseur d'Amérique, qui occupe une bonne partie du Canada et le nord des États-Unis et migre jusqu'au Mexique et en Amérique centrale ; et le jaseur du Japon (Bombycilla japonica) qu'on rencontre en Sibérie orientale et qui migre en Corée et au Japon. Le jaseur des cèdres est un peu moins coloré que le jaseur boréal, il n'a pas de taches jaunes et blanches sur l'aile ; le jaseur du Japon se caractérise par des zones rougeâtre à rouge vif relativement étendues dans le plumage (en plus des gouttes de cire), notamment sur la queue, les ailes et la tête.

- Ici, dans les îles Shetland au nord de l'Ecosse, de magnifiques jaseurs boréaux, sauvages mais peu farouches, viennent se régaler d'une pomme dans la main de l'homme ; remarquez bien les "gouttes" de cire rouge sur leurs ailes :

https://www.youtube.com/watch?v=0mS4HS1v1wM

- Ici, lors d'une "invasion" épisodique, à Nancy en 2013, un groupe de jaseurs boréaux dans différentes situations, buvant de l'eau à la lisière d'une mare gelée, mangeant des baies de gui, buvant la sève d'un arbre :

https://www.youtube.com/watch?v=BXjyK9JpfiU

- Ici, le jaseur des cèdres, tout aussi peu farouche que son cousin boréal, accepte de nourrir ses oisillons tombés du nid recueillis par une femme :

https://www.youtube.com/watch?v=3id7dn5YF2o

- Ici (après une vue générale sur l'environnement de l'oiseau et quelques autres habitants du lieu, tortues et canard souchet), un magnifique jaseur du Japon capturant un insecte en plein vol :

https://www.youtube.com/watch?v=tHlEYbN2cKk

- Ici dans la région de Boston, dans un contexte de séduction mutuelle, un couple de jaseurs des cèdres s'échange une minuscule offrande (sans doute une baie) avant de picorer quelques fleurs :

https://www.youtube.com/watch?v=aTyOCZ1Dzm0

Les jaseurs peuvent faire une grosse consommation de baies, parfois à leurs risques et périls : les baies fermentées peuvent les rendre ivres et les désorienter (au Canada, certaines associations ou le gouvernement de la province du Yukon se mobilisent pour leur venir en aide et leur permettre de "cuver" dans de petites cages en toute sérénité !) et les mêmes baies, ou d'autres plus toxiques, peuvent aussi les rendre malades ou même les tuer s'ils sont trop gourmands.

- Ici, le jaseur du Japon se nourrissant de baies (de sorbier ?) tombées au sol :

https://www.youtube.com/watch?v=yiYoUZcUydI

- Ici, une bande de jaseurs des cèdres au vol mal assuré, rendus ivres par la consommation excessive de baies fermentées :

https://www.youtube.com/watch?v=pZKL3V7DZHA

- Ici, un jaseur des cèdres cuvant :

https://www.youtube.com/watch?v=KIkmR_40vhw

- Ici, des jaseurs des cèdres se nourrissant de baies de Nandina contenant une substance toxique : ils n'en souffriront (parfois mortellement) que s'ils l'ingèrent en trop grande quantité... Un festin à risque, donc, mais qui participe à la dissémination des graines de la plante via les déjections des oiseaux si ceux-ci restent raisonnables : une sorte d'équilibre à trouver pour que le bienfait mutuel puisse s'exercer. Cette plante d'Asie de l'Est (surnommée "bambou sacré" sans être un bambou) est cultivée dans le monde entier pour son aspect ornemental et c'est pourquoi des jaseurs américains la rencontrent ici :

https://www.youtube.com/watch?v=JFNRX0bezxE

- Ici, une vidéo de 8 minutes (en anglais) qui récapitule une bonne partie de ce que nous avons vu à propos des jaseurs et présente les deux espèces pouvant se rencontrer en Amérique du Nord, le jaseur des cèdres et le jaseur boréal (avec leur aire de répartition géographique) ; il est aussi mentionné à 3:05 l'existence de jaseurs des cèdres au plumage davantage orangé que d'ordinaire, suite à la consommation d'une baie colorante bien particulière :

https://www.youtube.com/watch?v=Uug6Tuc24FE

- Ici, un ornithologue amateur qui imite parfaitement le cri de l'oiseau et explique certaines caractéristiques du jaseur des cèdres ; vidéo en anglais sous-titrée en français mal traduit, mais on comprend quand même :? et on peut aussi entendre le vrai cri de l'oiseau derrière ;)

https://www.youtube.com/watch?v=G5vUHI8Bsbs


Ptiliogonatidés

La famille des Ptiliogonatidés regroupe 4 espèces d'oiseaux dont vous n'avez probablement jamais entendu parler, appelés ptilogons , phénoptiles et phénopèples. Deux espèces ne se rencontrent que dans la Cordillère de Talamanca, au Costa Rica. Les deux autres ont une aire de répartition un peu plus étendue en Amérique centrale et jusqu'au sud des Etats-Unis.

Le mieux connu est le phénopèple luisant (Phainopepla nitens) qui se rencontre au Mexique et dans le sud-ouest des Etats-Unis, depuis les régions désertiques jusqu'aux forêts de chênes ou de platanes du sud de la Californie. Le mâle est d'un noir luisant, avec une tache blanche sur chaque aile qui n'est visible qu'en vol ; la femelle est grise avec une tache pâle visible sur l'aile. Comme les jaseurs, le phénopèple luisant est un gros consommateur de baies mais il affectionne particulièrement les baies de deux espèces de gui (toxiques pour l'homme et la plupart des animaux). Laissons parler Wikipédia pour présenter l'étonnante particularité anatomique de cette espèce :

Son gésier présente un mécanisme particulier qui lui permet de séparer la chair des baies de la peau, qui est traitée séparément dans les intestins. Ce mécanisme, dont il est le seul oiseau spécialisé dans la consommation de gui à bénéficier, lui permet une meilleure digestion des baies.

Comme les baies de gui sont peu nutritives, l'oiseau doit en manger une énorme quantité (jusqu'à 1.100 baies par jour) et chaque baie doit traverser les intestins en accéléré, en 12 minutes seulement, ce que cet étonnant mécanisme digestif permet. En matière de productivité, l'industrie pourrait en prendre... de la graine ! :lol: Ces baies fournissent à l'oiseau quasiment toute l'eau dont il a besoin, ce qui fait que le phénopèple luisant ne boit presque jamais. Dans le sud-ouest des Etats-Unis où les baies ne sont présentes que pendant une partie de l'année, le phénopèple luisant consomme aussi énormément d'insectes qu'il capture en plein vol.

Le phénopèple luisant a un comportement nettement territorial dans les zones désertiques, repoussant tous les rivaux et intrus, alors qu'il tolère bien davantage la présence de congénères nidifiant à proximité dans les régions forestières (il peut y avoir jusqu'à 4 nids dans le même arbre).

Il existe une relation complexe entre trois espèces, l'arbuste épineux dénommé "mesquite" (Prosopis glandulosa), son parasite le gui du mesquite (Phoradendron californicum) et l'oiseau phénopèple luisant qui en est le principal agent de dissémination.

- Ici, une série de photos sur le phénopèple luisant, le milieu dans lequel il vit, le mesquite et le gui du mesquite :

https://www.birdandhike.com/Wildlife/Bi ... /_Phai.htm

- Ici, en Californie, un phénopèple luisant mâle chantant. En toute fin de vidéo, on aperçoit bien les taches blanches de l'aile visibles uniquement lorsque l'oiseau prend son envol :

https://www.youtube.com/watch?v=cqbXmpHS6C0

- Ici, également en Californie, une femelle cherchant des baies dans un arbre :

https://www.youtube.com/watch?v=1ToDpsk3Drc

Les trois autres espèces de la famille sont moins bien connues mais contribuent elles aussi à la dispersion des graines de différentes baies.

- Ici, le phénoptile noir et jaune (Phainoptila melanoxantha) qui ne vit que dans la Cordillère de Talamanca (Costa Rica) :

https://www.youtube.com/watch?v=j6tp_JDCDeo

- Ici, le ptilogon à longue queue (Ptiliogonys caudatus) filmé lui aussi au Costa Rica :

https://www.youtube.com/watch?v=Q2YjKA1pT4U

- Enfin, le ptilogon cendré (Ptiliogonys cinereus) filmé dans l'Etat d'Oaxaca au Mexique :

https://www.youtube.com/watch?v=55JAVCTTs-w


Hypocoliidés

Cette famille ne compte qu'une seule espèce, l'hypocolius gris (Hypocolius ampelinus) sur laquelle on sait assez peu de choses et dont la position dans la classification fait encore l'objet de controverses. Cet oiseau vit dans deux régions du Moyen-Orient (Irak, Afghanistan) et d'Asie centrale (Turkménistan) et migre en hiver vers la Péninsule arabique et les régions côtières de l'Iran et du Pakistan, atteignant parfois le nord-ouest de l'Inde (depuis le Gujarat jusqu'à Mumbai / Bombay et, pour la première fois observé en mars 2020, au Rajasthan). Il mange très majoritairement des fruits et baies, principalement des baies de l'arbuste meswak (Salvadora persica) - dont la racine, dénommée siwak ou bâton d'Araq, est utilisée par l'Homme pour le brossage des dents - ainsi que des dattes, des mûres, des jujubes... Il consomme aussi quelques insectes, surtout des coléoptères attrapés au vol ou à terre.

- Ici, en Arabie saoudite, une femelle, puis un mâle (masqué), dans un palmier dattier :

https://www.youtube.com/watch?v=KgTYYse5xkU


Dulidés

La famille des Dulidés ne compte qu'une seule espèce appelée esclave palmiste (Dulus dominicus) ou oiseau palmiste, de l'île d'Hispaniola (regroupant Haïti et la République Dominicaine) et de quelques petites îles proches. Elle est l'emblème de la République Dominicaine. Il s'agit d'un oiseau parfois très bruyant, vivant en bandes, qui peut émettre des sons, cris et sifflements variés mais ne semble pas avoir de chant proprement dit ! Il affectionne les zones boisées clairsemées et les savanes, surtout celles où pousse le palmier royal (Roystonea hispaniolana) qui est son arbre favori, mais bien d'autres espèces de palmiers conviennent et on peut le rencontrer jusque dans les parcs et jardins. L'esclave palmiste occupe surtout le sommet des arbres et se nourrit de fruits, fleurs, nectar, feuilles, mais aussi d'arthropodes (insectes, araignées...) capturés principalement sur les branches. Certains insectes sont parfois attrapés en vol.

Les esclaves palmistes nichent dans de vastes nids collectifs abritant de 3 à 10 couples, voire davantage (jusqu'à 50 couples). Leur nom français "d'esclave" provient probablement de leur capacité, ensemble, à construire ces vastes nids avec de grosses brindilles voire de petites branches de 25 à 45 cm de longueur, d'une taille assez imposante par rapport à l'oiseau (qui fait 20 cm de longueur). La plupart des nids font 1 à 2 mètres de diamètre. Ils comportent des chambres de nidification pour chaque couple, accessibles chacune par un tunnel. En l'absence d'arbre, un poteau téléphonique peut faire l'affaire.

- Ici, un esclave palmiste se nourrissant de nectar :

https://www.youtube.com/watch?v=sAqgJSUbfDo

- Ici, un petit reportage (en espagnol) reprenant les principaux faits sur l'esclave palmiste et montrant y compris des images de son nid :

https://www.youtube.com/watch?v=0NHPCFfXkfc


Mohoidés

Voici une famille dont, hélas, tous les membres se sont éteints au cours des 19ème et 20ème siècles, le dernier n'ayant pas été vu depuis 1987. Elle regroupe des oiseaux endémiques des îles Hawaï (au cœur de l'océan Pacifique), appelés mohos ou, en hawaïen, ʻōʻō, dont la plupart des espèces ont un plumage noir marqué de touffes ou de zones jaunes et qui se nourrissaient principalement de nectar grâce à un bec long et recourbé.

De par leur morphologie et leur comportement, on a longtemps cru que les mohos étaient apparentés aux méliphages (une très grande famille d'oiseaux généralement mangeurs de nectar, au bec souvent fin et recourbé, répandus dans toute l'Océanie et une partie de l'Asie du Sud-Est), mais des études génétiques en 2008 ont suggéré qu'ils représentaient en fait une famille de Muscicapoïdes aberrants, proches des Ptiliogonatidés (cf. plus haut) ; d'autres études en 2019 ont fait encore plus précis et ont montré qu'ils s'étaient séparés des autres familles dès le Miocène précoce (il y a environ 20 millions d'années) en ayant évolué vers plusieurs formes bien distinctes, et que leurs parents les plus proches étaient en fait l'hypocolius gris qui vit au Moyen-Orient et le siffleur à flancs jaunes qu'on ne trouve qu'en Indonésie !

La disparition des mohos est due à plusieurs facteurs, tous humains. A la base, ces espèces ont été chassées pour leurs plumes décoratives utilisées pour des ornements hawaïens traditionnels. Puis, la destruction d'une grande partie de leur habitat par l'homme (ou la prédation par les animaux introduits par l'homme : chat, chien, cochon, rat) a considérablement réduit leur population. Enfin, l'arrivée du paludisme aviaire dans ces îles a contribué à achever ces espèces. Le paludisme aviaire a d'ailleurs décimé d'autres oiseaux hawaïens (appartenant à d'autres familles), qui sont devenus très rares ou ont disparu eux aussi jusqu'à une date très récente (2003) ; c'est une maladie omniprésente dans les régions tropicales et tempérées du globe, à laquelle beaucoup d'espèces d'oiseaux résistent car elles ont co-évolué avec le parasite responsable, mais qui est très meurtrière envers les espèces qui sont en contact avec lui pour la première fois (beaucoup de manchots de l'Antarctique vivant dans les zoos à travers le monde en ont également fait les frais). A Hawaï, les oiseaux domestiques (canaris...) porteurs du parasite et les moustiques qui en sont le vecteur ont été introduits simultanément et ont conduit à une hécatombe.

Voici la chronologie de la disparition des 5 espèces connues de la famille des Mohoidés :

- Moho d'Oahu (Moho apicalis) : éteint depuis 1837.
- Kioewa d'Hawaï (Chaetoptila angustipluma) : 4 spécimens connus, le dernier datant de 1859.
- Moho de Bishop (Moho bishopi) : dernière observation certaine en 1904, possible observation d'un individu qui n'a pu être confirmée/validée en 1981.
- Moho d'Hawaï (Moho nobilis) : éteint depuis 1934.
- Moho de Kauai (Moho braccatus) : supposé éteint, dernier spécimen aperçu en 1987.

- Ici, dans cette émouvante et triste petite vidéo, les scientifiques gardent la seule trace auditive d'un dernier mâle de moho de Kauai appelant une femelle qui ne viendra jamais... Un chant qui prend aux tripes. En toile de fond, quelques-unes des rares images filmées de cet oiseau (l'image ne correspond pas à l'enregistrement audio) :

https://www.youtube.com/watch?v=5THqAY3u5oY

- Ici, une lithographie de John Gerrard Keulemans représentant le moho d'Hawaï (qui vivait sur l'île principale d'Hawaï) et avait probablement les plus belles plumes jaunes ornementales :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Moho_d%27 ... lemans.jpg

- Ici, une autre lithographie de Keulemans représentant le moho d'Oahu (qui vivait sur l'île d'Oahu, celle abritant la capitale Honolulu) :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Moho_d%27 ... lemans.jpg

- Ici, dans la fiche Wikipédia du moho de Bishop, qui vivait sur les îles de Molokai, Maui et Lanai (au centre de l'archipel des Hawaï), cliquer sur la photo du spécimen naturalisé puis sur la lithographie de Keulemans :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Moho_de_Bishop

- Et ici, le moho de Kauai que nous avons pu entendre et entr'apercevoir plus haut :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Moho_de_K ... ccatus.jpg

- Ici, le kioea d'Hawaï (un oiseau assez grand, de 33 cm de longueur, d'aspect un peu différent des mohos, qui vivait sur l'île principale d'Hawaï et dont des traces fossiles ont été retrouvées dans d'autres îles) :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Kio%C3%A9 ... ipluma.jpg

- Ici, les îles Hawaï sur Google Maps pour mieux se repérer (il est possible de zoomer / dézoomer et de passer en mode image satellite) :

https://www.google.com/maps/place/Hawa% ... 55.5827818


Hylocitréidés

Encore une famille à espèce unique, génétiquement apparentée à l'hypocolius gris et aux mohos mais vivant dans une toute autre région du monde, les îles Célèbes (Sulawesi) en Indonésie. Il s'agit du siffleur à flancs jaunes (Hylocitrea bonensis), également appelé hylocitrin à flancs jaunes, un petit oiseau qui ne paye pas de mine et sur lequel on ne sait pas grand-chose...

- Ici, quelques secondes d'une des très rares vidéos de siffleur à flancs jaunes :

https://www.youtube.com/watch?v=OK3qENQCpZw

- Ici, une photo où l'on voit mieux l'oiseau et, plus bas, une carte avec son aire de répartition :

https://ebird.org/species/olfwhi1?siteLanguage=fr

Y a-t-il des volontaires pour aller étudier le siffleur à flancs jaunes dans les forêts de montagne de l'île de Sulawesi ? :D


Mimidés

Avec la famille des Mimidés, nous sortons des "Bombycilloïdes" pour aborder les "Muscicapoïdes" proprement dits, mais c'est un détail.

Les Mimidés sont une famille d'oiseaux américains appelés moqueurs en français (mockingbirds, soit oiseaux moqueurs, en anglais) ou, pour certaines espèces, trembleurs, et qui comptent parmi elles quelques espèces d'oiseaux assez répandues, voire très répandues et parfois populaires, dans leurs régions d'origine dont les Etats-Unis. Ce sont des oiseaux de taille moyenne (entre 20 et 30 cm de longueur), pourvus d'une longue queue et, souvent, d'un bec assez long et recourbé. Ils vivent en grande partie au sol ou dans les buissons et arbustes assez près du sol, où ils trouvent leur nourriture (un peu comme les merles et grives) et possèdent un chant varié, composé de sons propres et empruntés à leur environnement (autres espèces d'oiseaux voire sources de bruit diverses). Ils sont aussi réputés pour leur propension à embêter les chiens et les chats...


Le moqueur polyglotte (Mimus polyglottos) est l'une des deux espèces très populaires aux Etats-Unis (il a même servi d'emblème à 5 Etats du sud du pays, Arkansas, Floride, Mississippi, Tennessee et Texas). Il se rencontre dans toutes les régions depuis le centre des Etats-Unis jusqu'au Mexique pourvues d'une végétation assez dense, qu'il s'agisse de forêts, bois, parcs, jardins ou plantations. Comme la plupart des autres moqueurs c'est un oiseau vif, sans cesse en mouvement, au comportement territorial et qui ne craint pas la proximité des hommes. Son chant est mélodieux et complexe et sa capacité d'imitation est très élevée. Comme l'expliquait un de mes plus vieux bouquins de 1968-70 avec des détails de l'époque aujourd'hui introuvables :

"Son répertoire va de la note pure et plaintive de la Grive des bois jusqu'à l'âpre sifflement du Vautour, et il l'enrichit continuellement. Lorsque des Rossignols en cage furent importés d'Europe en Floride, les Moqueurs locaux ne furent pas longs à les imiter et à répéter à l'envi les notes liquides qui n'avaient encore jamais retenti dans ces parages. L'analyse des deux chants à l'oscillographe permit même de constater que les Moqueurs poussaient la perfection jusqu'à imiter des vibrations absolument imperceptibles pour l'oreille humaine. (...) Les chansons du Moqueur varient suivant les endroits, car si, dans les bois, il imite les autres Oiseaux qui s'y trouvent, dès qu'il s'établit à proximité des demeures humaines, il intercale dans son chant tous les sons qu'il entend, les gloussements des Poules, les cris des Oies ou des Canards, et jusqu'au grincement des girouettes, aux craquements des portes, au bruit d'une scie, d'un moulin, d'une carriole aux essieux mal graissés et de quantité d'autres choses."

Aujourd'hui un bon demi-siècle plus tard les "carrioles aux essieux mal graissés" sont devenues plus rares mais le moqueur polyglotte a parfaitement su intégrer des sons plus modernes, alarmes de voitures ou autres.

- Ici, un petit aperçu de la diversité du chant du moqueur polyglotte :

https://www.youtube.com/watch?v=9L-VQYa3Ni8

- Ici, filmés à travers une vitre, la parade nuptiale et l'accouplement du moqueur polyglotte :

https://www.youtube.com/watch?v=yICbg_cqa5c

- Ici, un moqueur bien décidé à embêter un chat :

https://www.youtube.com/watch?v=81kmmQbGK3c

A la belle saison, le moqueur polyglotte se nourrit de quantité d'insectes qu'il débusque au sol, sur les branches et feuilles ou qu'il attrape au vol. Sa technique de chasse est assez curieuse, il avance en déployant brusquement ses ailes et les scientifiques font l'hypothèse qu'il s'agit d'un moyen d'effrayer ses proies en les poussant à bouger et ainsi à se faire repérer... et gober. Mais cette espèce de moqueur ainsi que d'autres peuvent avoir le même comportement dans des contextes hors chasse, ce qui n'a pas vraiment d'explication. A l'automne l'oiseau se rabat sur les fruits et en hiver sur les baies.

- Ici, la technique de chasse des insectes au sol du moqueur polyglotte :

https://www.youtube.com/watch?v=bMsa0T8fZpY

- Ici, la chasse aux criquets et sauterelles :

https://www.youtube.com/watch?v=68SaBzHtOvo

- Et ici, la technique de chasse aux petits papillons réfugiés sur les murs et sous le toit d'une habitation :

https://www.youtube.com/watch?v=ZToYNoMZWDc

- Ici, le moqueur polyglotte alimente ses poussins au nid :

https://www.youtube.com/watch?v=rYHTNbeaQ3k

- Ici, dans une forêt tropicale du Mexique, un moqueur victime de l'un de ses plus redoutables prédateurs, le serpent liane (Oxybelis fulgidus) qui sait se dissimuler à la perfection dans son environnement :

https://www.youtube.com/watch?v=d7JuHP1o80s

- Ici, le chant d'une espèce très voisine vivant plus au sud, le moqueur des savanes (Mimus gilvus), filmée au Venezuela :

https://www.youtube.com/watch?v=cAQBr4S5H_o

Les îles Galapagos abritent quatre espèces de moqueurs assez proches du moqueur polyglotte, dont le moqueur des Galapagos (Mimus parvulus), le moqueur de San Cristobal (Mimus melanotis) et le moqueur de Floreana (Mimus trifasciatus) qui est en grand danger de disparition (il a déjà disparu de l'île de Floreana où Darwin l'avait découvert en 1835 et ne subsiste que dans deux îlots voisins dont l'accès est désormais interdit). Cette dernière espèce qui n'imite pas les autres oiseaux a un régime alimentaire élargi : fruits, arthropodes (insectes, araignées etc.) y compris les tiques infestant le dos des iguanes marins, déchets laissés par les oiseaux de mer, charognes (d'oiseaux, de lézards, de tortues), oeufs, voire oisillons et lézards. C'est l'une des adaptations possibles à un environnement très particulier, sans eau douce et avec des possibilités alimentaires "classiques" limitées. Mais ce n'est pas la seule.

Le moqueur d'Española (Mimus macdonaldi) qui est la seule espèce de moqueur des îles Galapagos que Darwin ait loupée, ne vit que sur l'île d'Española. C'est un oiseau très peu farouche (il s'approche facilement de l'homme) et son régime alimentaire englobe non seulement des arthropodes et des oeufs d'autres oiseaux, mais y compris... du sang prélevé sur des oiseaux vivants, sang qui lui fournit l'eau qui manque cruellement sur son île !

- Ici, un petit reportage sur l'étrange alimentation du moqueur d'Española, oiseau vampire :

https://www.youtube.com/watch?v=_U41VzippBE

(A noter que l'une des espèces appelées autrefois "pinsons des Galapagos", les géospizes, a évolué exactement de la même manière en se nourrissant du sang des oiseaux de mer)


Le moqueur-chat (Dumetella carolinensis) ou moqueur de la Caroline est la seconde espèce très populaire aux Etats-Unis (où il est répandu dans quasiment tout le pays à l'est des montagnes Rocheuses). Cet oiseau gris avec une calotte noire doit son nom à son cri caractéristique ressemblant à un miaulement. Mais c'est lui aussi un très bon chanteur et imitateur du chant d'autres espèces.

- Ici, le cri qui a donné son nom au moqueur-chat :

https://www.youtube.com/watch?v=hp8QLchWkMM

- Et ici, le véritable chant du moqueur-chat :

https://www.youtube.com/watch?v=ZEVSMgiZeK8

- Ici (après le bref passage d'une mésange), un moqueur-chat - qui ne sait pas partager - donne du fil à retordre à un geai bleu pour l'accès à une mangeoire :

https://www.youtube.com/watch?v=vptbsv53XgQ


Les moqueurs du genre Toxostoma parfois appelés toxostomes (mais l'on évite ce terme car il désigne également une espèce de poisson), rappellent souvent les grives par leur plumage foncé sur le dessus, clair sur le dessous et parfois tacheté sur la poitrine, mais leur queue est plus longue et leur bec est long et recourbé. Parmi eux, le moqueur roux (Toxostoma rufum) est assez répandu dans le centre et l'est des Etats-Unis et du Canada et il est facilement reconnaissable à la couleur de son plumage.

- Ici, une vidéo entrecoupée de commentaires sur le moqueur roux (Toxostoma rufum), tournée au Canada :

https://www.youtube.com/watch?v=Zx_qrC3cniE

Appartenant au même genre, le moqueur de Californie (Toxostoma redivivum) se distingue des autres espèces par sa grande taille (avec 30 cm de longueur, c'est le plus grand de tous les moqueurs), sa couleur foncée et son oeil sombre. L'oiseau n'est pas rare mais il est moins visible que d'autres moqueurs, se déplaçant souvent au sol, dissimulé par les broussailles du maquis appelé chaparral. Il vit en Californie états-unienne et mexicaine.

- Ici, des moqueurs de Californie à l'abreuvoir :

https://www.youtube.com/watch?v=nfmuTyzdj-w

Autre "toxostome", le moqueur à bec courbe (Toxostoma curvirostre) qui vit dans les régions désertiques du Mexique, de l'Arizona et du Texas, riches en cactus, est visible dans une vidéo déjà présentée dans l'épisode sur les troglodytes (où trois espèces d'oiseaux du désert dont le troglodyte des cactus, le moqueur à bec courbe et une espèce de pic font un véritable festin d'abeilles). Cet oiseau consomme surtout des coléoptères, des limaces et escargots, des cloportes etc. mais aussi, surtout en période de reproduction, des fruits, des baies et du nectar.

- Ici, quelques secondes du chant du moqueur à bec courbe et une jolie vue sur son milieu naturel :

https://www.youtube.com/watch?v=irLdt9d8iMA

- Ici, un moqueur à bec courbe se nourrissant de nectar dans une fleur de cactus saguaro :

https://www.youtube.com/watch?v=B22ddxV-d6Q

- Ici, une courte vidéo, certes de mauvaise qualité mais intéressante, où l'on voit le moqueur à bec courbe protégeant son nid, difficile d'accès au milieu de cactus cholla, contre un serpent-roi de Californie (Lampropeltis californiae) qui ne s'en tirera pas sans dommages :

https://www.youtube.com/watch?v=8L_DdN3jAU8

Parmi la dizaine d'espèces du même genre, il y en a une dont on ne sait pas dire si elle existe encore ou si elle a disparu ! Il s'agit du moqueur de Cozumel (Toxostoma guttatum) qui ne vit que dans l'île mexicaine du même nom (mer des Caraïbes, au large de la péninsule du Yucatan). Comme l'explique Wikipédia :

L'espèce était encore abondante dans les années 1980, avec une population estimée à 10 000 individus, cependant chaque passage de cyclone ainsi que la présence de prédateurs importés comme le Boa constricteur menace la survie de l'espèce un peu plus chaque année. Ainsi, on a pensé qu'il pouvait avoir disparu en 1988 après le passage de l'ouragan Gilbert, mais un spécimen a été de nouveau aperçu en 1995, juste avant l'ouragan Roxanne, puis de même en 2004.

- Ici, la fiche Wikipédia avec la photo d'un spécimen naturalisé de moqueur de Cozumel (cliquer dans la photo pour l'agrandir) :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Moqueur_de_Cozumel


Le moqueur des armoises (Oreoscoptes montanus) est un excellent chanteur présent depuis le sud du Canada jusqu'à l'Arizona et au Nouveau-Mexique mais moins commun que le moqueur polyglotte, le moqueur-chat ou le moqueur roux. Cette espèce qui vit dans des régions broussailleuses parfois assez arides a su tirer parti des grandes cultures de luzerne créées pour le fourrage destiné au bétail : lorsqu'ils sont présents, les champs de luzerne sont devenus l'un de ses terrains favoris pour la chasse aux insectes. Il se nourrit également de fruits, baies, graines...

- Ici, le très beau chant du moqueur des armoises, sur un magnifique fond de ciel sombre :

https://www.youtube.com/watch?v=tVWUohhvYiA

- Ici, un moqueur des armoises se nourrissant de baies, observé en 2011 dans la région de Chicago, bien plus à l'est que son domaine habituel (on en rencontre même parfois dans le nord-est des Etats-Unis) :

https://www.youtube.com/watch?v=X2DqUB64Ilw


Le moqueur corossol (Margarops fuscatus) vit aux Bahamas et aux Antilles depuis l'est de la République Dominicaine et Porto Rico jusqu'aux Petites Antilles. C'est un oiseau agressif qui est en compétition fréquente avec une espèce de perroquet, l'amazone de Porto Rico (Amazona vittata), pour l'accès aux meilleures cavités d'arbres pour nicher, alors que, contrairement au moqueur (en expansion), l'amazone est en danger critique d'extinction !

- Ici, quelques secondes de moqueur corossol s'alimentant et poussant son cri :

https://www.youtube.com/watch?v=CM1wrx9chag


Le trembleur brun (Cinclocerthia ruficauda) est un oiseau présent uniquement dans quelques îles des Petites Antilles. Il y a 50 ans, alors que l'oiseau était encore appelé grive trembleuse, mon vieux bouquin écrivait :

La Grive trembleuse (Cinclocerthia ruficauda) est caractérisée par des tremblements violents dont on n'a jamais pu donner une explication satisfaisante. La chasse, la destruction des forêts et l'introduction de prédateurs comme les Rats ont tellement réduit sa population qu'il se pourrait qu'elle ait actuellement disparu.

Eh bien non, 50 ans après, l'espèce n'a pas disparu et sa population est même suffisamment abondante dans certaines îles (Saba, Dominique, Guadeloupe, Martinique) pour qu'elle soit classée en "préoccupation mineure". Par contre, la raison des tremblements n'est toujours pas élucidée. Comme l'écrit le site oiseaux.net :

Le tremblement si caractéristique qui a donné son nom à cet oiseau consiste à laisser pendre à la fois les deux ailes puis à les remettre rapidement en position, ce mouvement étant accompagné par des convulsions nerveuses de la queue (...) On ne connaît pas exactement la fonction de ce tremblement, mais on sait qu'il se déroule surtout lorsque les oiseaux sont en groupe.

Son cousin le trembleur gris (Cinclocerthia gutturalis) est très similaire, avec une aire de répartition plus réduite (Sainte-Lucie, Martinique) mais il n'est pas menacé non plus. Toutefois, trembleur gris ou trembleur brun, les vidéos sont rares !

- Ici, la seule vidéo de "tremblement" que j'aie pu trouver, très courte, chez un trembleur gris :

https://www.youtube.com/watch?v=fg63IsK6mkU

- Ici, un trembleur gris s'alimentant :

https://www.youtube.com/watch?v=hRq7DboYKgc

- Ici, la fiche du trembleur brun sur le site ebird.org, avec des photos et, un peu plus bas, quelques vidéos :

https://ebird.org/species/brotre1?siteLanguage=fr


Quelques autres espèces de la famille des Mimidés :

- Ici, le moqueur grivotte (Allenia fusca) des Petites Antilles, filmé dans l'île de la Dominique :

https://macaulaylibrary.org/asset/201531581

- Ici, le moqueur noir (Melanoptila glabrirostris), l'un des plus petits moqueurs (20 cm de longueur), qui vit dans la péninsule du Yucatan (sud-est du Mexique, Belize...)

https://www.youtube.com/watch?v=w2-CEdhg7fc

- Ici, le moqueur bleu et blanc (Melanotis hypoleucus) qui vit du sud-est du Mexique (Etat de Chiapas) au Nicaragua :

https://www.youtube.com/watch?v=Jg0cl8L-OBY

- Ici, le moqueur bleu (Melanotis caerulescens), un oiseau répandu à travers le Mexique : deux individus tenus en main par l'homme (une des rares vidéos à la fois pas trop mauvaises et pas trop longues que j'ai pu trouver de cet oiseau) :

https://www.youtube.com/watch?v=AYfnkJ-86RA

- Ici, un article sur le moqueur gorge blanche (Ramphocinclus brachyurus), dont il n'existe que deux populations, une en Martinique (200 à 400 individus dans une petite zone de 5 km² dans la presqu'île de la Caravelle, au nord-est, sur la commune de La Trinité) et une dans l'île voisine de Sainte-Lucie où l'espèce est un peu plus nombreuse :

https://www.especes-menacees.fr/dossier ... e-blanche/

- Ici dans cette étrange vidéo, le passage en revue de presque tous les membres de la famille des Mimidés :

https://www.youtube.com/watch?v=rUHXsbPfCJM


Cinclidés

Les Cinclidés regroupent 5 espèces d'oiseaux appelées cincles, qui vivent en lien étroit avec les petits cours d'eau et torrents de montagne et dont la plupart des membres ont la faculté tout-à-fait extraordinaire de voler sous l'eau pour trouver leur nourriture. Ces oiseaux se rencontrent principalement en Europe, Asie et Amériques. Ils affectionnent particulièrement les cours d'eau vive peu profonds à fond caillouteux, où ils capturent toutes sortes de petits animaux, larves, petits crustacés d'eau douce, œufs de poisson voire petits poissons. Leur plumage est rendu imperméable car enduit d'une graisse sécrétée depuis une glande située près du croupion et consciencieusement étalée par l'oiseau. Leur sang a évolué d'une façon qui leur permet de stocker davantage d'oxygène et donc de rester sous l'eau jusqu'à 1 minute sans respirer (mais ils y restent rarement plus de 15 secondes). Cela permet aux cincles d'occuper une niche écologique très particulière, relativement à l'abri de la plupart des prédateurs.

L'unique espèce européenne est le cincle plongeur (Cinclus cinclus), répandu dans une grande partie de l'Europe, du Nord (Scandinavie, îles Britanniques) au Sud (du Portugal à la Grèce) et de l'Est à l'Ouest (de la Roumanie à l'est de la France), sauf dans une bande centrale traversant le continent depuis le sud-ouest de la France jusqu'aux steppes russes en passant par le Benelux, le nord de l'Allemagne et la Pologne. On le trouve aussi en Turquie et dans quelques points du Maghreb (Atlas marocain, Algérie) ainsi que dans les grandes îles de Méditerranée occidentale (Baléares, Corse, Sardaigne, Sicile). En France, on le rencontre dans un grand arc sud-est partant des Pyrénées et allant jusqu'aux Vosges en passant par les Alpes et le Jura, ainsi qu'en Corse. Il existe aussi des populations isolées et plus réduites en certains points du Massif Central et même en Bretagne.

- Ici, une fantastique petite vidéo tournée en Finlande montrant le cincle plongeur volant sous l'eau et traversant des chutes d'eau :

https://www.youtube.com/watch?v=Ai8TpayswbA

- Ici, une vidéo plus complète sur la vie et les mœurs du cincle plongeur, y compris pendant la période de reproduction, tournée en Suisse :

https://www.youtube.com/watch?v=Lvq2ZPtK-3Y

Les quatre autres espèces de cincles sont :

- Le cincle d'Amérique (Cinclus mexicanus) qui vit dans les régions montagneuses de l'ouest de l'Amérique du Nord depuis l'Alaska jusqu'en Amérique centrale, et notamment dans les montagnes Rocheuses ; son plumage est entièrement sombre, brun-gris parfois un peu ardoisé.

- Le cincle de Pallas (Cinclus pallasii) qui est l'espèce asiatique, présente dans tout l'Himalaya et jusqu'au nord de l'Indochine, au Japon et à la péninsule du Kamtchatka en Russie, y compris la totalité de la Chine et des deux Corée ; c'est également une espèce au plumage entièrement brun.

- Le cincle à tête blanche (Cinclus leucocephalus), principale espèce sud-américaine, répandue dans la Cordillère des Andes et ses prolongements, depuis l'ouest du Venezuela et la Colombie jusqu'à la Bolivie.

- Le cincle à gorge rousse (Cinclus schulzii), une espèce à l'aire de répartition très limitée, sur le versant est de la Cordillère des Andes dans le sud de la Bolivie et le nord de l'Argentine.

Ces autres espèces ont un comportement similaire à celui du cincle plongeur, mais les deux dernières espèces (sud-américaines) semblent avoir poussé moins loin l'adaptation au milieu et se contentent de picorer sous l'eau sans vraiment voler sous l'eau.

- Ici, le cincle d'Amérique (au plumage entièrement sombre) chantant puis plongeant pour cueillir des œufs de saumon :

https://www.youtube.com/watch?v=cfUs1ZlOVys

- Ici, le cincle d'Amérique et ses plongées vues du dessus de l'eau, dans le parc national de Yellowstone :

https://www.youtube.com/watch?v=Z-KjBjjq-RU

- Ici, le cincle de Pallas, filmé dans la partie indienne de l'Himalaya :

https://www.youtube.com/watch?v=1oHjwUtxOVw

- Ici, le cincle à tête blanche, filmé en Colombie :

https://www.youtube.com/watch?v=lzTIPoxggA0

- Ici, un cincle à gorge rousse filmé dans le nord de l'Argentine :

https://www.youtube.com/watch?v=MqFn0L7nXx4


Rhabdornithidés

Voici une famille ne comptant que quatre espèces proches qui vivent toutes aux Philippines et sur lesquelles on ne sait pas grand-chose, les rhabdornis. Leur classification a toujours été un casse-tête ; ils ont été placés dans les Certhiidés - les grimpereaux -, dans les Timaliidés - les timalies, un groupe fourre-tout qui a fini par éclater -, dans les Sylviidés - les fauvettes - en 1988 sur la base d'études ADN encore "primitives", et les études ADN les plus récentes ont montré leur proximité avec les Sturnidés - étourneaux. Aussi, suivant les auteurs, soit ils sont classés dans les Sturnidés, soit ils disposent de leur propre famille apparentée à ces derniers, les Rhabdornithidés donc. C'est l'option que je retiens ici.

Les quatre espèces sont le rhabdornis à tête striée (Rhabdornis mystacalis) largement présent à travers les Philippines, le rhabdornis à tête brune (Rhabdornis inornatus) présent dans le centre et le sud du pays, le rhabdornis à long bec (Rhabdornis grandis) limité aux montagnes du nord de l'île de Luçon (la grande île où se trouve Manille), et enfin le rhabdornis des Visayas (Rhabdornis rabori) qui vit dans deux grandes îles du centre du pays, Negros et Panay.

Presque tout reste à découvrir sur ces oiseaux. On sait seulement que le rhabdornis à tête striée a été observé nichant dans des cavités (on suppose qu'il en est de même pour les autres espèces) et que ces oiseaux consomment aussi bien des graines et des fruits que des insectes (parfois happés au vol à la façon des gobemouches) voire des grenouilles arboricoles.

- Ici, une courte vidéo d'un rhabdornis à tête striée faisant sa toilette :

https://www.youtube.com/watch?v=9qwuFqJ6u7Q

- Ici, une autre vidéo d'une paire de rhabdornis à long bec :

https://macaulaylibrary.org/asset/201572501

Y a-t-il des volontaires pour aller étudier les rhabdornis dans les jungles philippines ? :lol:


Buphagidés

Pour clore notre super-famille des Muscicapoïdes, voici à nouveau une famille étrange, ayant établi une curieuse relation avec de nombreuses espèces de grands mammifères herbivores, une relation généralement très utile à ces derniers mais aussi parfois fort nuisible à certains individus ! Il s'agit des Buphagidés, appelés piquebœufs en français. Il n'en existe que deux espèces, vivant dans les savanes d'Afrique, le piquebœuf à bec jaune (Buphagus africanus) et le piquebœuf à bec rouge (Buphagus erythrorhynchus). L'espèce à bec rouge vit en Afrique de l'Est et du Sud-Est (de l'Ethiopie à l'Afrique du Sud), celle à bec jaune est plus largement répandue dans toute l'Afrique subsaharienne et c'est la seule que l'on rencontre en Afrique de l'Ouest et en Afrique centrale.

Les piquebœufs se nourrissent d'insectes, de larves et de divers parasites tels que les tiques qui infestent la peau des grands mammifères. Ils font donc œuvre utile pour les buffles, girafes, rhinocéros, hippopotames, phacochères, zèbres, gnous, gazelles et autres antilopes, en les débarrassant de ces hôtes indésirables et c'est pourquoi ces mammifères tolèrent la présence de l'oiseau (seuls les éléphants ne les acceptent pas). De plus, les piquebœufs sont souvent les premiers à donner l'alerte en cas de danger.

Mais c'est moins le parasite proprement dit qui intéresse les piquebœufs, que le sang qu'ils contiennent. Aussi, lorsque les oiseaux repèrent un animal blessé, ils n'hésitent pas à boire directement le sang dans la plaie, empêchant celle-ci de cicatriser et favorisant même son infection, ce qui peut être fatal au mammifère ! Ce faisant, l'oiseau se comporte lui-même comme un parasite.

Nous avons donc encore une fois affaire à un "oiseau-vampire" comme déjà vu avec une espèce de moqueur des Galapagos.

- Ici, une vidéo de Brut sur le rôle ambivalent du piquebœuf ; on peut y repérer les deux espèces, à bec rouge (bec entièrement rouge) et à bec jaune (bec jaune d'or à pointe rouge) :

https://www.youtube.com/watch?v=hpkhQgRXt6k

- Une autre vidéo, en anglais, sur le même thème ; elle permet de mieux voir les piquebœufs en action sur les grands animaux :

https://www.youtube.com/watch?v=xudYUvcal58

- Ici, le piqueboeuf à bec rouge sur divers animaux, mais à la fin voici ce qu'il peut faire à un vieil hippopotame en fin de vie :

https://www.youtube.com/watch?v=cSpJZ999yVM
Plestin
 
Message(s) : 2274
Inscription : 28 Sep 2015, 17:10

Re: Diversité... des oiseaux

Message par Kéox2 » 21 Mai 2022, 20:50

Merci Plestin pour ton long message, toujours très intéressant sur nos passionnants amis les oiseaux...

J'ai vu un documentaire sur Arte je crois, sur l'intelligence des cacatoès, avec un exercice d'un cacatoès ouvrant avec son bec un ensemble de serrures sophistiquées pour libérer une récompense et réussissant le même exercice avec la serrure modifiée... Et utilisant même un outil, une lamelle de bois qu'il change pour une plus longue pour attraper une cacahouète.

Le cacatoès n'est pas le seul oiseau doté d'intelligence mais là c'était bluffant, qu'en pense-tu ?
Kéox2
 
Message(s) : 456
Inscription : 03 Fév 2015, 12:09

Re: Diversité... des oiseaux

Message par Plestin » 22 Mai 2022, 16:27

Kéox2 a écrit :J'ai vu un documentaire sur Arte je crois, sur l'intelligence des cacatoès, avec un exercice d'un cacatoès ouvrant avec son bec un ensemble de serrures sophistiquées pour libérer une récompense et réussissant le même exercice avec la serrure modifiée... Et utilisant même un outil, une lamelle de bois qu'il change pour une plus longue pour attraper une cacahouète.

Le cacatoès n'est pas le seul oiseau doté d'intelligence mais là c'était bluffant, qu'en pense-tu ?


Au sein de la classe des oiseaux, il y a deux ordres - les Passériformes (ou passereaux) et les Psittaciformes (perroquets, perruches, cacatoès) où l'on rencontre beaucoup d'espèces ayant développé des facultés impressionnantes sur ce plan. Nous l'avons vu par exemple chez les corvidés (qui sont des passeraux), avec le corbeau calédonien résolvant des casse-tête du même genre (en jetant des pierres dans un récipient d'eau pour faire monter le niveau de l'eau et attraper une friandise qui flotte à la surface, ou bien en utilisant différents instruments comme dans la petite vidéo suivante).

https://www.dailymotion.com/video/x1bom0r


Il peut tout de même y avoir d'autres animaux très différents parvenant à résoudre des énigmes, des mammifères bien sûr mais même, en dehors des vertébrés, certains poulpes capables d'enlever le bouchon d'un bocal pour atteindre la nourriture enfermée à l'intérieur.

Cela montre à mon avis que la complexité croissante des capacités cérébrales est l'une des voies possibles que peut prendre l'évolution, car elle peut procurer des avantages décisifs pour l'espèce. Mais ce n'est pas la seule voie possible et d'autres espèces connaîtront un autre type d'évolution où le cerveau ne sera pas forcément au centre : si cela permet le succès de l'espèce, c'est bien suffisant, pas besoin d'aller dans la direction d'une augmentation des capacités cérébrales, l'espèce s'en trouve très bien comme ça.

Mais les capacités cérébrales d'une espèce d'oiseau, elles peuvent elles-mêmes se développer dans différentes directions. Evoluer pour aboutir à une vue perçante capable de voir les proies de très loin, comme chez les rapaces diurnes, c'est aussi une forme de capacité cérébrale hyper-développée. Le chant en est une autre : comme expliqué dans une précédente vidéo sur les alouettes, alors que le pigeon (ordre des Columbiformes) a le même roucoulement du nord au sud et de l'est à l'ouest, l'alouette qui est un passereau (et d'autres espèces de petits oiseaux) est capable d'un chant non seulement beaucoup plus complexe, dont la signification peut varier suivant l'humeur de l'oiseau, mais qui évolue aussi en dialectes d'une région à l'autre, dialecte que les individus peuvent se transmettre. De même, toutes les espèces capables d'imitation y compris de chats, chiens, bruits humains etc., font preuve de capacités cérébrales étonnantes, de l'étourneau à l'oiseau-lyre et au moqueur, jusqu'à imiter une mélodie ou une parole humaine pour certains (étourneau, mainate, perroquets amazones, perroquet gris du Gabon...)

D'autres oiseaux sans avoir les mêmes capacités peuvent néanmoins utiliser un outil, comme le percnoptère, un petit vautour capable de jeter des cailloux sur les oeufs d'autruche jusqu'à ce qu'ils se brisent.

C'est l'humain qui décide en dernier ressort quelles capacités cérébrales hyper-développées méritent d'être appelées de l'intelligence, mais à mon avis toutes ces évolutions, que ce soit pour la vue, le chant, la capacité à utiliser un outil ou à résoudre des problèmes, relèvent du même phénomène évolutif qui, chez d'autres, se traduira plutôt par des adaptations anatomiques. Savoir utiliser une épine de cactus pour déloger des insectes, ce que l'on a envie de qualifier d'intelligence, ou avoir un bec dont la forme a évolué pour permettre la même chose, aboutissent finalement au même résultat : l'oiseau est capable de garantir sa survie grâce à sa capacité à exploiter une certaine source de nourriture.

Sauf que chaque espèce reste prisonnière de ses contingences biologiques : des comportements hérités qui, par exemple, en rendant telle espèce d'oiseau très territoriale et agressive vis-à-vis de ses semblables, l'empêcheront de bénéficier pleinement de ce que la coopération entre individus pourrait lui apporter de plus. Ou alors, une durée de vie trop courte qui, malgré des facultés cérébrales intéressantes, ne laissera pas à l'oiseau la possibilité d'aller bien plus loin : les mésanges anglaises qui ont appris à ouvrir les capsules des bouteilles de lait depuis les années 1950, phénomène apparu à maintes reprises dans tout le pays et lors des décennies suivantes, ont fait preuve d'une forme d'intelligence, mais comment pourraient-elles faire beaucoup mieux alors que leur durée moyenne de vie dans la nature n'est que de trois ans et qu'elles dépassent rarement cinq ans ? (Elles peuvent aller jusqu'à 15 ans en captivité). Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si les corbeaux et les perroquets, qui sont au sommet de ce qu'on peut observer, font partie des oiseaux qui peuvent vivre relativement longtemps ; dans la nature le grand corbeau dépasse rarement 15 ans, mais dans de bonnes conditions il peut atteindre 40 ans ; certains perroquets ont même pu atteindre les 60 ans et parmi eux, un cacatoès à huppe jaune a même atteint les 80 ans (en captivité). L'âge, cela est toujours un avantage pour l'accumulation du savoir issu de l'apprentissage... Mais d'autres espèces vivant pourtant aussi très longtemps n'ont pas développé les mêmes facultés : les flamants roses en ont développé d'autres. Et les oiseaux quels qu'ils soient, ont tous un handicap : ils passent trop peu de temps à élever leurs jeunes, la phase d'apprentissage est trop courte et même quand elle dure un peu, elle reste focalisée sur l'essentiel : savoir voler et se nourrir tout seul.

Finalement, tout cela nous ramène à ce qui distingue l'homme par rapport aux autres animaux. Sur ce terrain, je ne peux parler qu'en mon nom mais voici ce que j'en pense.

La principale caractéristique de l'espèce humaine à mon avis, c'est que l'évolution de ses capacités cérébrales l'a amené à un point laissant le moins de place possible à l'inné et le plus possible à l'acquis. Disons que la nature a un peu abdiqué, que certaines caractéristiques relevant de l'inné ont pu être perdues au fil de l'évolution sans aucun dommage pour l'espèce, bien au contraire, parce que la société humaine, la collectivité des individus, a pu prendre le relais.

Il est difficile d'affirmer que tous les mammifères sont supérieurs à tous les oiseaux en matière de facultés cérébrales. Peut-on dire qu'un lapin, parce que mammifère, est supérieur à un perroquet ? De même, à l'intérieur de chacune des deux classes, oiseaux ou mammifères, il y a des espèces avec peu de facultés cérébrales dont les petits sont quasiment autonomes dès l'éclosion ou la naissance (hormis, pour le jeune mammifère, le besoin d'être allaité) et d'autres aux capacités plus développées, qui nécessitent une phase d'apprentissage plus longue, voire très longue. Mais chez les mammifères, les capacités cérébrales "de type intelligence" les plus développées, on les trouve moins chez le tigre au comportement solitaire, que chez les espèces sociales comme l'éléphant, le dauphin, le chimpanzé, l'homme ou même le rat. Du moins de ce qu'on peut en savoir (les expériences de problèmes à résoudre ne sont pas forcément faciles à réaliser avec les tigres...)

Le petit de l'homme est l'un des plus démunis qui soient à la naissance et l'homme est sans conteste l'espèce pour laquelle la phase d'apprentissage nécessaire est la plus longue. Beaucoup repose sur la communauté humaine et il y a peu d'inné. Le cerveau est presque une page blanche sur laquelle on peut tout écrire, avec laquelle tous les types d'apprentissage sont possibles, et cela joue dans tous les domaines de l'existence jusqu'à ceux vitaux pour la pérennité de l'espèce comme l'alimentation ou la sexualité. Chacun de nous peut avoir sa vision sur ce qui est le meilleur et ce qui est le pire, mais les deux directions sont possibles. L'homme a d'énormes capacités d'apprentissage, mais la société dans laquelle il vit peut décider de l'orienter dans telle ou telle direction. Dès lors, aucun comportement même le plus transgressif qui soit par rapport à la société n'est anormal du point de vue de la nature et c'est à la société de décider s'il est acceptable ou intolérable.

Un peu de science-fiction maintenant. Si l'espèce humaine disparaissait mais que les autres formes de vie subsistaient, il serait difficile de prévoir quelle(s) groupe(s) d'animaux pourraient évoluer dans une direction similaire à celle de l'homme. Certains mammifères pourraient faire de bons candidats, néanmoins certains oiseaux aussi. Les critères à remplir seraient toutefois :

- Avoir déjà pris une direction évolutive où les capacités cérébrales telles qu'utiliser un outil ou résoudre des problèmes sont présentes.
- Être une espèce avec une durée de vie suffisamment longue pour que l'expérience et les connaissances puissent s'accumuler.
- Avoir une vie sociale où la transmission du savoir ou de l'expérience est possible.
- Avoir le moins de comportement inné possible.
- Avoir une longue phase d'apprentissage permettant le plus d'acquis possible.
- Avoir une alimentation compatible avec le développement cérébral (le bambou du panda, c'est pas forcément "top").

Beaucoup d'espèces, dont le corbeau et le cacatoès et beaucoup de mammifères, cochent plusieurs critères, mais pas tous. Et la case la plus difficile à cocher c'est "avoir le moins de comportement inné possible".
Plestin
 
Message(s) : 2274
Inscription : 28 Sep 2015, 17:10

PrécédentSuivant

Retour vers Sciences

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 6 invité(s)