Les origines des Vikings et nouvelles analyses ADN

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Les origines des Vikings et nouvelles analyses ADN

Message par Gayraud de Mazars » 18 Sep 2021, 10:27

Salut camarades,

N'en déplaise aux réactionnaires ou suprémacistes blancs, ou à Zemmour, « La migration a toujours été un facteur de l'histoire humaine » ! Alors que notre vision moderne des Vikings est celle d'un groupe très homogène de robustes guerriers scandinaves aux cheveux blonds, la réalité était tout autre.

Les origines des Vikings révélées par de nouvelles analyses ADN
De Erin Blakemore
17 septembre 2021

https://www.nationalgeographic.fr/histo ... alyses-adn

Dans l'imaginaire populaire, les Vikings étaient de robustes guerriers scandinaves aux cheveux blonds qui pillaient les côtes du nord de l'Europe. Mais malgré les récits et autres sagas qui célèbrent ces farouches marins aux lignées complexes, il demeure un mythe moderne persistant et pernicieux selon lequel les Vikings auraient été un groupe ethnique ou régional distinct de personnes avec une lignée génétique « pure ». Comme l'emblématique casque « Viking », c'est une fiction qui a surgi dans les mouvements nationalistes de l'Europe de la fin du XIXe siècle. Ce mythe reste célébré aujourd'hui parmi divers groupes suprémacistes blancs qui utilisent la prétendue supériorité des Vikings comme un moyen de justifier la haine.

Une étude tentaculaire d'ADN ancien vient d'être publiée dans la revue Nature ; elle révèle la grande diversité génétique de ceux que nous appelons les Vikings, confirmant et enrichissant ce que les preuves historiques et archéologiques suggéraient déjà sur ce groupe cosmopolite de commerçants et d'explorateurs.

Des origines troubles

Qui étaient les Vikings ? La réponse n'a jamais été claire. Le terme « Viking » est lui-même contesté ; il est dérivé de víking, un mot de langue nordique avec une variété de significations qui vont du raid à l'exploration en passant par la piraterie. Il décrivait des groupes de marins scandinaves qui parcouraient les mers entre 750 et 1 050 après J.-C. - la période maintenant connue sous le nom d'ère viking.

L'étude publiée dans Nature rassemble des données génétiques tirées des restes de 442 individus distincts, datés d'environ 2 400 avant J.-C. à 1 600 après J.-C. - enterrés dans des zones où les Vikings ont vécu comme le Groenland ; d'autres ont été enterrés le long d'artefacts de style scandinave comme des pièces de monnaie, des armes et même des bateaux entiers.

Rassembler les centaines d'échantillons anciens a été un véritable défi logistique. Ils provenaient de plus de 80 sites archéologiques du nord de l'Europe, de l'Italie et du Groenland. Venait ensuite la lourde tâche d'analyser le volume d'informations extraites de ces restes humains. « Je n'aurais pas pu imaginer les défis informatiques que pouvait générer cet ensemble de données », déclare le généticien évolutionniste Eske Willerslev, professeur d'écologie et d'évolution à l'Université de Copenhague et directeur du centre de recherche génétique qui a dirigé le projet de génome Viking.

De lointaines connexions

Les analyses ADN ont révélé que les Vikings étaient un groupe diversifié, avec des ancêtres chasseurs-cueilleurs, agriculteurs et des populations de la steppe eurasienne. La recherche identifie également trois principaux points chauds génétiquement diversifiés où les Vikings se sont mélangés avec des personnes originaires d'autres régions : un point chaud au niveau du Danemark moderne, et un dans chacune des îles de Gotland et d'Öland, en Suède moderne. On pense que ces trois endroits étaient à l'époque des carrefours commerciaux.

Mais si les Vikings ont quitté la Scandinavie et dans certains cas sont rentrés chez eux, l'analyse génétique révèle qu'ils ont plus interagi à l'extérieur qu'à l'intérieur de la région scandinave, se mêlant à un large éventail de peuples rencontrés durant leurs voyages.

« Il est assez clair d'après l'analyse génétique que les Vikings ne sont pas un groupe homogène de personnes », déclare Willerslev. Beaucoup ont des ancêtres originaires du sud de l'Europe et de la Scandinavie, par exemple, ou même un mélange d'ascendance sami (natifs scandinaves) et européenne.

« Nous avons même mis au jour des restes humains enterrés en Écosse avec des épées et des éléments de combat vikings qui ne sont pas du tout scandinaves d'un point de vue génétique », ajoute-t-il.

Willerslev indique par ailleurs que les résultats prouvent que la vague viking n'était pas purement scandinave. « Elle trouve ses origines en Scandinavie, mais elle s'est répandue et s'est associée à d'autres peuples à travers le monde. »

Absence de lien ethnique

Les sujets étudiés ne présentaient pas non plus autant de points communs avec les Scandinaves modernes que nous pourrions le penser. Seuls 15 à 30 % des Suédois modernes partagent un capital génétique semblable aux individus étudiés qui vivaient dans la région il y a 1 300 ans, ce qui suggère encore plus de migrations et de mélanges de peuples après l'ère viking. Les habitants de la région sous l'ère viking ne se conformaient pas non plus à l'apparence scandinave stéréotypée : les anciens étudiés, par exemple, avaient en moyenne les cheveux et les yeux plus foncés qu'un groupe de Danois modernes sélectionnés au hasard.

Les nouvelles données génétiques confirment ce que les chercheurs et les archéologues soupçonnaient depuis longtemps : les Vikings étaient un groupe diversifié non lié par la nationalité ou l'ethnie. « C'est une étude merveilleuse », déclare l'archéologue Jesse Byock, professeur à l'Université de Californie à Los Angeles, qui dirige le projet archéologique Mosfell en Islande et n'a pas pris part à la présente étude. « Elle fournit de nouvelles informations, mais renforce presque tout ce que nous savions déjà sur l'ère viking. »

Davide Zori, professeur adjoint d'histoire et d'archéologie à l'Université Baylor, qui n'a pas pris part à l'étude, le rejoint. « Nous commençons à penser que les Vikings n'étaient pas un groupe d'hommes blonds et barbus qui se ressemblaient tous », dit-il. « Nous le savions déjà d'une certaine manière. »

Pour Miguel Vilar, ancien responsable des programmes de la National Geographic Society, il n'est pas surprenant que les résultats brossent un tableau aussi complexe de l'héritage viking, qui va à l'encontre des notions modernes de nationalisme et d'identité culturelle. « L'ADN ne rentre pas toujours bien dans les boîtes [préconçues] », dit-il.

Frères d'arme

Si on l'a compris, les Vikings avaient des origines diverses et mêlées, l'étude a également révélé des liens de parenté étroits entre certains des individus étudiés. Dans une sépulture de Salme, en Estonie, où 41 individus suédois ont été excavés avec deux bateaux et leurs armes, quatre frères ont été identifiés, couchés côte à côte. Les chercheurs ont également découvert un lien familial au deuxième degré entre un Viking dans un cimetière danois et un autre à Oxford, en Angleterre, preuve de la mobilité des membres d'une même famille à l'époque.

La question à laquelle cette impressionnante étude ADN ne peut cependant pas répondre est la suivante : comment le phénomène viking a-t-il commencé en premier lieu ? Si l'appartenance ethnique n'était pas le lien qui les unissait, quel était-il ? Était-ce la capacité technologique de construire des bateaux et de mener des attaques navales redoutablement efficaces, ou d'autres facteurs étaient-ils en jeu ?

« Les gens peuvent adopter et s'adapter aux modes culturels dominants de survie », dit Zori. « Pour une raison quelconque, être un Viking était l'un des principaux moyens de survivre et de réussir économiquement et politiquement. »

Avec cette nouvelle confirmation qu'au moins 442 Hommes de l'ère Viking étaient génétiquement diversifiés, les historiens peuvent maintenant élargir leurs recherches. « Il s'agit d'une étude d'une grande ampleur, mais il ne s'agit en réalité que de 450 squelettes », déclare Byock. « C'est une grande étape, mais une étape initiale. » Il espère que ce n'est que le début d'un examen plus large de l'histoire génétique de l'époque.

« On peut sans doute dire que la génétique est un peu plus crédible que les sagas vikings », ajoute Zori. Mais seuls le temps et des recherches supplémentaires, dit-il, peuvent compléter nos connaissances.

Maintenant, le travail consistant à étudier les implications de cette nouvelle étude - et à combiner des preuves textuelles et archéologiques avec les nouvelles analyses ADN - peut commencer. Il reste encore beaucoup à apprendre sur la façon dont les Vikings ont vécu et se sont déplacés, étendant leur influence au gré de leurs aventures. « La migration a toujours été un facteur de l'histoire humaine », déclare Zori.


Fraternellement,
GdM
"Un seul véritable révolutionnaire dans une usine, une mine, un syndicat, un régiment, un bateau de guerre, vaut infiniment mieux que des centaines de petits-bourgeois pseudo-révolutionnaires cuisant dans leur propre jus."
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Les Vikings étaient en Amérique du Nord il y a 1.000 ans

Message par Gayraud de Mazars » 24 Oct 2021, 13:31

Salut camarades,

Une saga bien passionnante !

Les Vikings étaient déjà en Amérique du Nord il y a 1.000 ans !
Publié le 22/10/2021

https://www.futura-sciences.com/science ... ans-94385/

La première traversée de l'Atlantique par les Européens a été effectuée par les Vikings. Afin de connaître la date à laquelle ce peuple s'est installé au Canada, des chercheurs utilisent un repère temporel inhabituel : une tempête solaire massive.

Christophe Colomb est peut-être l'Homme le plus connu à avoir effectué l'une des plus anciennes traversées de l'Atlantique, il n'est pourtant pas le premier. S'il est en effet arrivé en Amérique à la fin du XVe siècle, pensant être la première personne du vieux continent à y mettre le pied, des Vikings s'y étaient déjà installés 500 ans avant lui. C'est en tout cas ce que relate une étude publiée dans le journal Nature. Le fait que les Vikings sont bien les premiers européens à avoir traversé l'Atlantique n'est pas un fait nouveau mais la date exacte à laquelle les Vikings étaient présents en Amérique du Nord demeurait imprécise et était estimée aux alentours du premier millénaire.

Il existe un seul site américain qui ait été attribué de façon certaine aux Vikings. Ce site se situe dans le Newfoundland (Terre-Neuve), au Canada, et se nomme l'Anse aux Meadows. Ce site a également été identifié comme étant un camp de base à partir duquel les Vikings partaient explorer d'autres territoires, dont certains beaucoup plus au sud. La datation imprécise de l'Anse aux Meadows était jusque-là fondée sur des restes architecturaux, quelques objets et des sagas islandaises écrites plusieurs siècles après l'arrivée des Vikings. Le contenu de ces récits était d'ailleurs en contradiction avec certaines datations au radiocarbone qui avaient été effectuées sur des restes archéologiques présents sur le site ; lesquelles datations indiquent que la présence des Vikings en Amérique a été de courte durée (l'ère viking est définie entre 793 et 1066 après J.-C.).

Repérer une tempête solaire dans les cernes des arbres

Comment les auteurs de l'étude ont-ils donc pu déterminer que des Vikings se trouvaient à l'Anse aux Meadows il y a exactement 1.000 ans, soit en l'an 1021 ? Ils se sont appuyés sur un événement solaire détecté dans les cernes des arbres... Pour comprendre comment ils s'y sont pris, il faut tout d'abord savoir que la production de carbone 14 est en moyenne de 2‰ par an, un fait qui a été mesuré dans les cernes des arbres au cours du temps. Or, à cause de radiations cosmiques provoquées par une tempête solaire massive, cette production de carbone 14 a subitement augmenté jusqu'à 12‰au cours des années 775 et 993. Les traces de cette augmentation sont présentes dans les cernes des arbres dans le monde entier.

Les chercheurs ont donc tenté de trouver cette anomalie de l'année 993 dans trois objets attribués aux Vikings. Ils ont ensuite compté les cernes à partir de cette anomalie jusqu'au cerne le plus externe des pièces de bois, qui indique la date de la mort de l'arbre. Les trois objets avaient été taillés dans des arbres différents et les datations des matériaux renvoyaient toutes à l'année 1021.

Les auteurs ajoutent par ailleurs que les sagas islandaises mentionnent des échanges entre les Vikings et les groupes indigènes d'Amérique. Cependant, aucune donnée sur des peuples du Groenland actuels ne corrobore ces éléments historiques car aucune trace de transmission de pathogène ni d'information génétique, qui pourrait avoir été le fruit de lointains contacts avec les Vikings, n'a été trouvée. Les futures recherches seront donc dirigées vers la compréhension des activités des Vikings et des conséquences de leur traversée de l'Atlantique.


Fraternellement,
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