par Barnabé » 02 Mars 2004, 10:25
Je crois qu'il y a plusieurs aspects. Dieu, la croyance religieuse apparaît au départ comme une réponse universelles aux limites de la connaissance humaine: les phénomènes naturels (catastrophe, climat, etc.), les questions "métaphysiques" (la mort, pourquoi y a-il quelquechose plutot que rien). De ce point de vue, le développement des sciences a montré l'inadaptation de ce concept à la compréhension de la nature. La réponse déiste revient à placer une conscience (une finalité, des buts et des moyens) dans les phénomènes, et la science réfute cette conception (ce qui n'empêche pas des scientifiques d'être mystiques). Reste l'aspect métaphysique, mais là, la science tend à montrer que la manière déiste de poser le problème est fausse. La conception religieuse de la mort, de l'au-delà etc. présuppose la dualité âme/corps, et les avancés des sciences cognitives, de la neurobiologie etc. tende à une compréhension scientifique de la conscience (mais il reste du boulot pour tout comprendre).
Cela dit, avec l'apparition des classes sociales, de sociétés basées sur l'exploitation, Dieu c'est mis à jouer un autre rôle. Non plus celui de réponse à des questions insolubles, mais de justification ultime d'un ordre social injuste. Et c'est cette fonction là qui est devenu prédominante (et comme tout est mélangé, la religion comme institution politique se retrouve à combattre bien souvent la science, cf Galilé, ou le renouveau créationiste aux USA).
Alors pour reprendre les termes de la question de manu: Aristote ou Marx?
Disons que pour Aristote, Dieu jouait le rôle d'une hypothèse scientifique, le premier moteur immobile, (et d'ailleurs chez Aristote, ce dieu est une réponse à la question du comment et pas du pourquoi), et comme telle cette hypothèse est réfutée dans la science contemporaine.
Marx qui analyse la religion d'un point de vue politique, comprend qu'elle est une idéologie de la résignation, qui pèse pour que les oprimés ne se révoltent pas. Et en cela la religion est à combattre. Et au-delà des religions instituées, l'idée de Dieu, de l'existence d'un être supérieur, d'une force spirituelle que dépasserait la matière, contient toujours, à un degré ou un autre, l'idée que que les possibilité de révolte, de lutte des opprimés sont limitées par la toute puissance divine. Et nous combattons cette idée. Nous ne sommes pas agnostiques, nous sommes athés, et nous sommes des matérialistes (dialectiques, qui plus est) militants, et nous combattons les militants religieux et les organisations religieuses.
A noter que cela ne tranche pas pour autant le problème de notre attitude politique vis-à-vis des travailleurs croyants, mais c'est une toute autre discussion...