biodiversité et ecosystemes

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par pelon » 02 Oct 2004, 07:57

a écrit :
Bangkok, plaque tournante du trafic de singes
Une centaine d'orangs-outans clandestins ont été découverts dans un parc animalier.

Par Arnaud DUBUS
samedi 02 octobre 2004



Bangkok (Thaïlande) de notre correspondant

pendant des années, les orangs-outans ont constitué l'attraction majeure de Safari World, un parc animalier situé à la périphérie de Bangkok. Affublés d'un short de boxe thaïlandaise et de gants de combat, ces grands singes dégingandés étaient contraints de monter sur un ring et de s'affronter devant les touristes médusés. Un «spectacle animal de classe internationale», vante la brochure. Le spectacle s'est arrêté il y a un an, après un raid de la police des Eaux et Forêts qui enquêtait sur un trafic de tigres vers la Chine. A leur grande surprise, les policiers ont découvert 110 orangs-outans, dont une centaine de petits. Quand le général Swake Pinsinchai a demandé les documents requis par la Cites (1) au propriétaire du parc, Pin Kiaokacha, celui-ci a expliqué que tous les primates étaient nés à Safari World. Or, il aurait fallu un bon demi-siècle aux sept femelles adultes du groupe pour mettre au monde pareille progéniture, le rythme de reproduction des orangs-outans étant plutôt lent (entre 3 et 4 ans).

«Cas limpide». Depuis, l'affaire est devenue emblématique des difficultés à imposer les règles internationales et à lutter contre le commerce illégal des animaux sauvages en Asie. Un an après, Pin Kiaokacha n'est toujours pas inculpé et les singes restent séquestrés à Safari World. «C'est un cas limpide de trafic illégal. Nous pouvons le prouver», assène Edwin Wiek, représentant en Thaïlande de la Borneo Orang-Utan Survival (BOS), ONG s'occupant de la préservation de ces grands singes. Des tests sur l'ADN des petits. «De visu, on peut affirmer qu'ils viennent de Kalimantan central et de Kalimantan-Est (partie indonésienne de l'île de Bornéo, ndlr)», dit Edwin Wiek. Sur un cas aussi flagrant, la procédure judiciaire n'a pourtant pas encore été entamée. Le feu vert pour les tests ADN n'a été donné qu'un an après le raid. Pendant des mois, le propriétaire du parc a multiplié les déclarations contradictoires, affirmant même un temps que la moitié des singes étaient morts de pneumonie dans le zoo. «Il semble que quelque chose freine l'enquête. Pin était proche de politiciens haut placés. Ceux-ci ne commencent à prendre leurs distances que maintenant», estime Tim Redford au siège régional de l'organisation WildAid. Entretemps, l'agence touristique gouvernementale a quand même donné à Safari World son prix de l'attraction touristique exceptionnelle.

Limogeages. L'agence thaïlandaise des parcs nationaux, chargée officiellement de l'affaire, et le bureau thaïlandais du Cites ont traîné les pieds, malgré les injonctions de la police des Eaux et Forêts. L'enquête n'a repris qu'une fois leurs responsables limogés. «Des familles très influentes en Thaïlande sont impliquées dans le trafic des animaux sauvages», explique Emmanuelle Gründmann, primatologue au muséum d'Histoire naturelle à Paris. Les experts du Borneo Orang-Utan Survival ont remonté la filière. «C'était une commande du Safari World. La plupart des orangs-outans ont été acheminés de Djakarta par groupe de cinq ou six sur des petits bateaux. D'autres ont été amenés par avion. L'intermédiaire est malais», raconte Edwin Wiek. Beaucoup s'inquiètent de ce que la Thaïlande soit devenue une zone de transit pour le trafic des animaux sauvages entre pays fournisseurs ­ Indonésie, Malaisie, Cambodge, Birmanie ­ et pays consommateurs ­ Chine, Corée du Sud, Hongkong et Taiwan. «Souvent, les trafiquants faisaient avant du commerce de drogues. Avec la répression, ils se sont tournés vers le trafic des animaux. Ils utilisent les mêmes réseaux, les mêmes routes», explique Emmanuelle Gründmann. Selon la police thaïlandaise, le commerce illégal des animaux sauvages est le deuxième trafic le plus rémunérateur du pays, après celui des drogues. Mais les peines encourues ­ quatre ans de prison maximum ­ sont beaucoup plus légères.

(1) Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées.

http://www.liberation.fr/page.php?Article=243033



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pelon
 
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