par Plestin » 09 Juil 2023, 16:01
Les tournées d'été citées par le journal sont de plus en plus nombreuses, normal, c'est l'été ! Je ne suivrai sans doute pas le rythme pour les décrire toutes, néanmoins, en voici une nouvelle.
Tournée "Nord - Pas-de-Calais - Oise" :
- Cambrai (Nord) le lundi 10 juillet.
- Cambrai (Nord) et Caudry (Nord) le mardi 11 juillet.
- Arras (Pas-de-Calais) et Saint-Pol-sur-Ternoise (Pas-de-Calais) le mercredi 12 juillet.
- Arras (Pas-de-Calais) le jeudi 13 juillet.
- Compiègne (Oise) le vendredi 14 juillet.
- Compiègne (Oise) et Noyon (Oise) le samedi 15 juillet.
Cambrai, 31.000 habitants, est une ville populaire localisée dans le sud du département du Nord, qui a abrité différentes entreprises du textile (lingerie) et de l'agroalimentaire (pas seulement les fameuses confiseries appelées "bêtises"), dont la sucrerie Tereos d'Escaudoeuvres qui vient juste de fermer en licenciant 153 travailleurs. A Tilloy-lès-Cambrai, l'usine Fleury Michon (160 personnes, charcuterie industrielle notamment jambons) a démarré son activité en 2012. A Raillencourt-Sainte-Olle, Florette France (150 personnes), filiale du groupe Agrial, produit des salades classiques et mélangées en sachets pour la grande distribution d'Allemagne, de Belgique et du Nord de la France. A Noyelles-sur-Escaut, Novial (77 personnes) se spécialise dans les granulés pour l'alimentation animale (porcs, gibier, lapins). Une partie de la population travaille dans la métallurgie, que ce soit dans la principale usine de la ville, CMD (330 personnes, ex-Compagnie des Engrenages et Réducteurs Messian-Durand), ou en allant vers Denain dans l'usine automobile Stellantis d'Hordain (2.400 personnes) ou encore chez Renault "Electricity" à Douai (3.300 personnes). L'équipementier automobile espagnol Grupo Antolin s'est précisément installé en 2002 à Raillencourt-Sainte-Olle (250 personnes, intérieurs plastiques d'automobiles) du fait de la proximité de Renault Douai, mais fournit aussi Land Rover et Jaguar. Dans la même commune, l'imprimerie Lenglet Imprimeurs - Riccobono emploie plus de 100 personnes. A Masnières, la verrerie de Stoelzle Masnières Parfumerie (250 personnes, ex-BSN, ex-Verreries de Masnières), filiale d'un groupe autrichien, produit des flacons pour la parfumerie de luxe (Givenchy, Chanel, Bulgari...) et a stabilisé son activité depuis quelques années après avoir énormément réduit ses effectifs dans les années 1990 et 2000 (en 2015 elle était au bord de la liquidation, avec 500 personnes). L'usine 3M France à Tilloy-lèz-Cambrai qui fait des micro-billes de verre entrant dans la composition de divers matériaux, emploie 230 personnes. A Fontaine-Notre-Dame, la société Bardusch (156 personnes, ex-Teinturerie Blanchisserie Nouvelle - TBN) s'est spécialisée dans la location de linge plat pour l'hôtellerie-restauration et la location de vêtements de travail. Plusieurs grandes infrastructures logistiques sont présentes autour de Cambrai ; de nouvelles devraient s'installer sur l'ancienne base militaire de Cambrai renommée E-Valley, situé principalement sur la commune d'Epinoy dans le Pas-de-Calais voisin : 1.500 emplois y sont déjà annoncés et ce parc logistique vise à devenir le plus grand d'Europe. Première société à s'implanter, La Redoute / GXO démarre son activité et promet d'employer 250 personnes en 2025, dans une plateforme spécialisée dans les commandes de colis de décoration maison (tapis, petit mobilier...) de moins de 30 kg.
Caudry, 14.000 habitants, est une ville située à quelques km plus à l'est. C'est une ville inhabituelle dans les tournées d'été. Elle a un riche passé dans la dentelle, dont il subsiste quelques restes, mais la principale usine est la Sicos (Société Industrielle de Cosmétiques), filiale de L'Oréal, qui emploie 600 personnes à la production de soins, mascaras et fonds de teint de luxe pour les marques Lancôme (historiquement), Yves Saint-Laurent, Helena Rubinstein, Biotherm et Giorgio Armani (plus récemment).
Arras, 42.000 habitants, est la préfecture du Pas-de-Calais et à ce titre, compte des administrations départementales importantes. La bourgeoisie y est bien représentée mais les travailleurs le sont aussi. Certains secteurs industriels ont disparu, parfois depuis longtemps comme la sidérurgie à Biache-Saint-Vaast (Sollac, 422 personnes licenciées en 2002), la production de fils polyamides à Saint-Laurent-Blangy (Nylstar ex-Rhodia, 290 personnes, qui a fermé en 2005) et la papeterie à Brebières/Corbehem (Stora Enso a employé 800 personnes mais fermé en 2014, licenciant 350 travailleurs). La métallurgie est encore bien présente : Enersys à Arras (740 personnes, batteries) et Teledyne Oldham Simtronics à Arras (230 personnes, détecteurs de gaz) mais aussi UM Corporation à Biache-Saint-Vaast (180 personnes, pièces pour l'automobile, implantée à la place de Sollac) ou Stow à Duisans (90 personnes, rayonnages métalliques). Il subsiste de la plasturgie, avec Plastienvase à Arras (ex-Soplaril, films plastiques, 130 personnes) ou encore Knauf Industries Nord à Dainville (emballages plastiques, 110 personnes). L'agroalimentaire et la pharmacie ont pris le relais avec des usines comme Häagen Dazs (530 personnes, crèmes glacées) à Tilloy-lèz-Mofflaines ou la toute nouvelle usine LFB (biomédicaments dérivés du plasma sanguin) à Bailleul-Sir-Berthoult, qui est en phase de qualification et dont l'effectif (déjà 200) croît pour atteindre 500 personnes en 2025. Alloga Arras à Wancourt (95 personnes en CDI, logistique pharmaceutique) s'est installée en 2012. Mais d'autres usines sont anciennes, comme la Société Industrielle des Oléagineux (S.I.O., filiale de la multinationale agroalimentaire américaine DSM) à Saint-Laurent-Blangy (110 personnes, huiles hautement purifiées pour la pharmacie et la cosmétique). La zone compte aussi d'énormes implantations logistiques. La relative proximité avec Douai fait que bien des travailleurs d'Arras sont employés dans ses entreprises, dont Renault Douai ou les récents et gigantesques entrepôts d'Amazon à Lauwin-Planque (2.600 personnes en CDI, 1.700 de plus pendant les fêtes de fin d'année).
Saint-Pol-sur-Ternoise, 4.800 habitants, est une petite ville industrielle marquée par la présence d'importantes usines agroalimentaires. La plus connue est Herta, dont l'énorme usine emploie 1.200 personnes à la fabrication de la fameuse Knacki et de bien d'autres produits charcutiers ; ancienne filiale de Nestlé, elle a été revendue par ce dernier - car ne cadrant pas avec l'image que voulait se donner le groupe suisse - à la société espagnole Casa Tarradellas, mais l'alignement avec les intérêts de Nestlé (fournisseur de certains composants comme la pâte) reste bien présent et ce dernier siège toujours au conseil d'administration. L'usine est flanquée d'un abattoir porcin du groupe Bigard (180 personnes). La coopérative La Prospérité Fermière exploite l'usine Ingredia Dairy Experts (470 personnes), une laiterie qui fournit du lait de consommation mais où de nombreux composants du lait de vache sont également isolés et vendus comme ingrédients alimentaires ou pour la nutrition clinique, infantile, sportive...
Compiègne, 40.000 habitants, est une ville avec certains secteurs bien bourgeois mais aussi des quartiers populaires importants et une industrie très développée composée de sites de taille moyenne souvent liés à des multinationales, malgré la fermeture de Continental (pneumatiques, 1.100 personnes) à Clairoix en 2009, qui s'est accompagnée des luttes que l'on sait chez les "Conti". L'un des atouts de la ville, en plus de sa localisation, est la présence de l'Université de Technologie de Compiègne (UTC) qui fournit en abondance des ingénieurs et d'autres métiers en lien avec l'industrie. A Compiègne, le secteur chimie-pharmacie-cosmétiques est particulièrement bien représenté. Opella Healthcare Industrie (550 personnes, ex-Sanofi Winthrop Industrie, ex-Aventis, ex-Roussel-Uclaf Usiphar, médicaments sous forme de comprimés ou gélules) est une filiale de Sanofi qui est de plus en plus recentrée sur la fabrication de médicaments en vente libre voire grand public (Doliprane, Dulcolax, MagnéVie B6, Allegra...) au détriment des médicaments de prescription parfois essentiels qui sont poussés dehors, à quelques exceptions près, malgré le risque de ruptures que cela induit ; il est probable que Sanofi cède toute sa branche grand public dans quelques années d'où le changement de nom pour Opella. Colgate-Palmolive Industriel (440 personnes) fabrique des produits d'hygiène comme les gels-douche Tahiti et des produits d'entretien comme Soupline, Paic Citron et Palmolive ; ses effectifs ont diminué au fil du temps (il y avait 900 personnes vers 2000) et un nouveau plan de 105 suppressions vient d'être annoncé, mais elle continue d'assurer une grande partie de la production européenne du groupe américain. Chanel (environ 700 personnes, propriété de la famille de milliardaires Wertheimer) possède trois sites autour de Compiègne, hérités de son ancien partenaire Bourjois : l'usine de Compiègne, celle de Venette (site des Mercières) et le centre de distribution du Meux ; une nouvelle usine est en construction à Venette, qui emploiera entre 250 et 300 personnes pour fabriquer des parfums (site du Bois-de-Plaisance) tandis que l'usine des Mercières se spécialisera dans les produits de beauté. Unilever France Industries au Meux (ex-Fabergé, 345 personnes dont 270 CDI, shampoings Dove, dentifrices Signal) est confronté à une chute de ses volumes de production qui inquiète les syndicalistes du site sur le maintien de certaines activités. Oleon Compiègne à Venette (160 personnes, chimie dérivée des huiles végétales, fournisseur d'ingrédients pour l'industrie pharmaceutique et cosmétique) est une filiale du groupe agroalimentaire Avril (Lesieur). A Trosly-Breuil à l'est de Compiègne (juste à la sortie de la forêt), la grande usine chimique dite de Lamotte (ex-Nobel Bozel, ex-Hoechst, ex-Clariant) est aujourd'hui éclatée entre plusieurs sociétés, nécessitant 1.000 emplois directs et indirects, dont la principale est Weylchem (450 personnes, acide sulfurique et intermédiaires de synthèse organique), détenu par le fonds d'investissement allemand ICIG et flanquée de 4 autres sociétés (dont l'américaine PQ Corporation et l'allemande Merck Performance Materials) employant entre 30 et moins de 100 personnes chacune. Sun Chemical à Thourotte (ex-Lorilleux, ex-Coates Lorilleux, encres) a délocalisé sa production d'encres de journaux en Grande-Bretagne et en Espagne et n'emploie plus que 110 personnes, après avoir supprimé 50 emplois en 2018. Synthomer à Ribécourt-Dreslincourt (ex-Rhône-Poulenc, Rhodia, Ineos Styrenics, Hexion) produit des latex pour le bâtiment à base de caoutchoucs synthétiques avec 100 personnes ; sa voisine Bostik, filiale du chimiste français Arkema qui a relayé Total, produit des colles et adhésifs avec 195 personnes et a aussi installé un centre de R&D de 125 personnes à Venette. La sous-traitance automobile est bien présente ; Plastic Omnium à Venette possède un centre de recherche sur les "nouvelles mobilités" dénommé Alphatec, employant 600 personnes et investit dans une nouvelle usine de réservoirs à hydrogène qui devrait accueillir 200 personnes, dont 150 nouvelles (mais un petit site de production situé ailleurs dans la ville ferme) ; CIE Automotive a repris en 2007 l'usine Lajous Industries qui employait 430 personnes mais la plupart des travailleurs de Lajous ayant été licenciés, l'usine actuelle CIE Compiègne n'emploie que 110 personnes à la fabrication de rampes de carburant ; Regeal Affimet (100 personnes) recycle et affine de l'aluminium pour le compte des fabricants de pièces automobiles ; le groupe français Saint-Gobain possède plusieurs sociétés à Thourotte, à savoir Saint-Gobain Research Compiègne (260 personnes, R&D sur les vitrages automobiles et bâtiment), Saint-Gobain Sekurit (653 personnes, usine de vitrages automobiles, notamment pare-brises) et Saint-Gobain Glass France (150 personnes, autres vitrages auto dont vitres teintées). Poclain Hydraulics possède une usine importante à Verberie (plus de 600 personnes, systèmes de transmission hydrauliques pour engins). Matra Electronique (filiale de la société d'armement et missiles MBDA) à Lacroix-Saint-Ouen (425 personnes, fabrication de systèmes électroniques de pointe pour la défense, l'aéronautique, la santé etc.) qui manque de place et dont le site est vieillissant s'apprête à déménager sur un nouveau site entièrement digitalisé à Venette. Safran Aerosystems Ducts à Compiègne (200 personnes, ex-ACC, ex-Zodiac) produit de la tuyauterie souple ou téléscopique et des flexibles métalliques pour l'aéronautique. Bic Rasoirs possède une usine de rasoirs jetables à Longueil-Sainte-Marie (192 personnes, 1/3 de la production mondiale de rasoirs Bic). Euroflaco à Compiègne (75 personnes en CDI, près de 100 avec les précaires) produit des flacons plastiques pour l'industrie et notamment pour le site voisin de Colgate-Palmolive. Allard Emballages à Compiègne (120 personnes, carton ondulé, dont cartons de déménagement) est passé depuis 2021 sous le contrôle du groupe espagnol Hinojosa. Mais le groupe néerlandais DSM et sa filiale Aliancys ont fortement réduit la production de résines de polyester insaturé (pour bateaux ou pare-chocs) à Compiègne et l'effectif, qui était de 100 personnes autrefois, 75 en 2018, est tombé à 35. Le secteur de Compiègne accueille d'autres activités, comme Webhelp (centre d'appel, 600 personnes dont 1/3 de précaires) et plusieurs grandes infrastructures de logistique, comme la base Intermarché à Canly, FM Logistic, XPO, DB Schenker ou encore Stokomani, parfois sur plusieurs sites. Ceux qui prétendent qu'en France la classe ouvrière a disparu et qu'il n'y a plus d'usines feraient bien d'aller faire un tour à Compiègne...
Noyon, 13.000 habitants : j'ai déjà décrit brièvement cette ville lors d'un précédent post : "une petite ville industrielle qui garde quelques activités malgré la fermeture de l'ex-Jacob Delafon et de Ronéo". Majencia, le dernier avatar de Ronéo (mobilier de bureau et de magasin), en faillite en 2018, racheté par le groupe polonais Nowy Styl juste avant la crise sanitaire, n'a pas tenu et est passé de 110 à 25 personnes ; un autre groupe, Pierre Henry, a racheté la société mais vient d'annoncer l'arrêt du peu de production qui subsistait et le licenciement de 17 personnes sur 25. L'ancienne usine Jacob Delafon (fonderie et émaillage de baignoires) a fermé, supprimant les 135 derniers emplois, mais sa maison-mère le groupe Kohler a installé un centre de logistique à Passel, qui reçoit différents produits fabriqués en Chine ou en Europe et emploie 55 personnes. Parmi les industries qui subsistent, plusieurs sont liées à l'automobile : MAT Friction Noyon (ex-Abex, ex-Federal Mogul, plaquettes de freins, 195 personnes, qui à la lointaine époque d'Abex a employé jusqu'à 1.100 personnes), ou encore la Société Verrière d'Encapsulation - SVE (filiale de Saint-Gobain, encapsulation de pare-brises, vitres latérales ou autres vitrages auto dans du plastique ou du métal, 158 personnes). A Guiscard à quelques km au nord, Thermal Products France, filiale de l'équipementier automobile américain Dana Corporation, produit des refroidisseurs et échangeurs thermiques en aluminium pour moteurs automobiles avec 200 personnes. L'agroalimentaire est aussi présent : l'usine Lustucru de Chiry-Ourscamp, à quelques km au sud de Noyon, existe depuis 1970 et y produit toujours des pâtes et semoules, notamment des coquillettes, avec 135 personnes (il y en a eu jusqu'à 200). En 2009, l'usine Intersnack (chips et biscuits d'apéritif Monster Munch) a fermé, laissant sur le carreau 180 personnes ; mais depuis 2016, sur le même site, la société ABCD Nutrition s'est installée pour y créer la plus importante usine d'Europe de produits de boulangerie-pâtisserie sans gluten, avec 170 personnes (200 bientôt) ; il s'agit toutefois au départ du regroupement d'activités auparavant éclatées sur plusieurs petits sites dans l'Oise et dans la Somme. Enfin, à l'ouest de Noyon, à Lassigny, le site historique d'Yves Saint-Laurent racheté par L'Oréal et renommé L'Oréal Beauté Recherche & Innovations, a beaucoup réduit ses effectifs (passés de 770 à 400 personnes) mais continue de fabriquer des produits de maquillage de luxe.
Parmi ces villes, il y a eu des listes LO aux dernières municipales à Arras et Compiègne (ainsi qu'à Margny-lès-Compiègne, 8.700 habitants, qui jouxte Compiègne sur la rive droite de l'Oise, autour de la gare de Compiègne). Il y a des bulletins d'entreprise au moins chez Stellantis à Hordain (pas très loin de Cambrai) et Renault Douai (pas très loin d'Arras), Sanofi à Compiègne et un bulletin couvrant la zone industrielle Nord de Compiègne (où, outre Sanofi, on retrouve Procter & Gamble, la cartonnerie Allard, Cie Automotive, Regeal Affimet, Aliancys, Euroflaco etc.) Par le passé il y en a eu bien entendu chez Continental à Clairoix, jusqu'à la fermeture, mais aussi dans différentes autres entreprises de Compiègne et Noyon.