Renée Defrance

Renée Defrance

Message par Plestin » 17 Déc 2019, 19:44

Dans "Var Matin" du 17 décembre 2019 :

https://www.varmatin.com/vie-locale/mil ... dee-440899

"Militante admirable", Renée Defrance est décédée

Toulon Vie locale

PAR Virginie Rabisse Publié le 17/12/2019

En août dernier, Renée Defrance poursuivait, sur la place publique, sa lutte pour les travailleurs. En privé, c’est un combat encore plus difficile qu’elle menait contre la maladie, qui l’a finalement emportée jeudi dernier.

Lundi, au crématorium de La Seyne, un hommage a été rendu à cette femme qui a passé sa vie à militer au sein de Lutte ouvrière.

Elle était de toutes les luttes, dès lors qu’elles étaient ouvrières. Infatigable militante, Renée Defrance a finalement mené sa dernière bataille. Celle contre la maladie qui l’assaillait depuis 2013. La flamme toulonnaise de Lutte ouvrière, poing levé et marqué du sigle de la CGT, s’est éteinte jeudi 12 décembre.

Lundi, au crématorium de La Seyne, un hommage a été rendu à une vie passée à militer. Inévitablement conclu par L’Internationale.

Enseignante à la retraite, Renée Defrance était engagée dans la lutte sociale depuis 1964. Désormais sexagénaire, elle distribuait encore récemment tracts et slogans pour « faire entendre la voix des travailleurs ».

Malgré sa santé fragile, elle n’hésitait pas à parcourir la ville lors des diverses manifestations destinées à défendre les droits des salariés, les conquis sociaux.

Dans son sillage, le petit chariot de son assistante respiratoire, comme témoin de son courage.

« Des militants comme Renée, on n’en rencontre pas tous les jours », confie Olivier Masini, secrétaire départemental de la CGT du Var, ému au moment d’évoquer la mémoire de cette petite femme, à l’indémodable coupe au carré « jamais défaitiste, qui ne s’arrêtait pas face à la difficulté du quotidien ».

Nul doute qu’en ce jour de manifestation, elle manquera au cortège. Son syndicat a d’ailleurs prévu de l’honorer lors du défilé, après la prise de parole unitaire.

Renée Defrance manquera aussi, en mars prochain, au scrutin municipal. Elle était en effet de toutes les élections.

En juin 2017, après avoir concouru aux Régionales de 2015, elle se présentait aux élections législatives dans la première circonscription de Toulon. « Quand il y a une élection, je suis candidate », nous assurait-elle en 2014, alors que pour la première fois son parti était représenté en nom propre à Toulon.

Lors du scrutin précédent en 2008, elle avait fait liste commune avec André De Ubeda du PCF. De cette aventure, affirme le communiste, était née une véritable amitié… « même si on n’était pas toujours d’accord ! ».

Son souvenir de Renée Defrance restera celui d’« une militante admirable », d’« une battante d’une grande honnêteté ».

À ses proches, Var-matin adresse ses plus sincères condoléances.
Plestin
 
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Re: Renée Defrance

Message par artza » 18 Déc 2019, 06:08

Et aussi dans La Marseillaise le dernier quotidien régional lié au PCF je crois.

Renée Defrance est morte: ciao bella!
Cest avec tristesse au cours d'une action du mouvement social que nous avons appris la disparition de Renée Defrance: une militante cégétiste et politique infatigable dans son désir de faire entendre la cause des travailleurs. Un petit brin de femme qui a lutté presque jusqu'au bout, la clope au bec, contre le crabe en charriant sa bonbonne d'oxygène dans toutes les mobilisations.
Elle voulait d'ailleurs être sur le pavé le 5 décembre mais les médecins ne lui ont pas délivré de certificat de sortie. Une figure de la CGT vient de tirer sa révérence mais elle restera pour longtemps dans la mémoire des militants et des manifestants à qui elle n'avait pas son pareil pour refourguer le journal de Lutte ouvrière dont elle était la porte-parole et la candidate. "Nous voulons transformer cette société", disait-elle. Chiche.
Adieu camarade.
artza
 
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Re: Renée Defrance

Message par artza » 18 Déc 2019, 06:16

Une petite précision: si Renée rencontra Voix ouvrière à Paris à l'automne 64, lycéenne à Bourges elle s'affirmait opposée à la guerre d'Algérie et favorable à l'indépendance, puis à Paris elle se réclama quelques temps de l'anarcho-syndicalisme en lien avec la CNT de l'époque, fut amie de Roda-Gil qui n'écrivait pas encore de chansons.
artza
 
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Re: Renée Defrance

Message par Gayraud de Mazars » 18 Déc 2019, 11:51

Salut Artza,

artza a écrit :Et aussi dans La Marseillaise le dernier quotidien régional lié au PCF je crois.


Oui La Marseillaise, même en difficulté comme l'Humanité, reste un journal lié au PCF en Paca... C'est très bien, ce papier sur la camarade, Renée Defrance de Lutte Ouvrière, qui vient malheureusement de nous quitter...

Fraternellement,
GdM
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Re: Renée Defrance

Message par artza » 19 Déc 2019, 06:12

Un hommage public fut rendu à Renée par la CGT à l'issue de la dernière manif mardi à Toulon.

D'autres choses me reviennent en mémoire, lycéenne dans une institution catho à Bourges Renée avec deux autres lycéennes publia un petit canard anti-conformiste et féministe "la mère Ubu".
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Re: Renée Defrance

Message par Gayraud de Mazars » 24 Déc 2019, 14:11

Salut camarades,

En hommage à la camarade Renée Defrance...

Toulon : Décès de notre camarade Renée Defrance
Communiqué de Lutte Ouvrière
20/12/2019

https://www.lutte-ouvriere.org/en-regio ... 38445.html

Image

Notre camarade Renée était notre représentante à Toulon. C’était le pilier de notre petit groupe sur la ville.

Depuis près de 20 ans elle était candidate Lutte ouvrière à toutes les élections et participait à toutes nos activités.

Renée était depuis son adolescence révoltée contre toutes les injustices de cette société. Elle nous disait que ce qui l’avait poussé vers la révolte ça avait été la guerre d’Algérie. Anarchiste, elle a été convaincue des idées communistes révolutionnaires, trotskystes en 1964 et les a, ensuite, toujours défendues.

Elle a tout fait pour convaincre les gens autour d’elle que ça valait le coup de se battre pour changer les choses, que ce soit au Café Lecture de Toulon, dans son lycée, et dès qu’elle avait la moindre l’occasion de discuter.

Elle nous a marqué – pas seulement nous ses camarades, mais aussi tous ceux qui l’ont connue, par son opiniâtreté, sa détermination, sa volonté que nos idées soient défendues, diffusées ; que notre presse soit lue ; qu’on organise des réunions publiques, … Jusqu’à ses derniers jours elle s’est efforcée d’encourager les camarades à participer aux manifestations contre la « réforme » des retraites, elle enrageait de ne pas pouvoir y participer.

Un hommage émouvant lui a été fait par ses camarades de la CGT au départ de la manifestation du 17 décembre à Toulon et aussi la veille par tous ceux qui ont pu être présents à la cérémonie funéraire organisée à La Seyne, frères et sœurs, amis ou camarades.

Elle nous a quitté, ça nous rend très triste. Mais elle savait que nous continuerions à défendre les idées qui ont fait toute sa vie.


Fraternellement,
GdM
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Re: Renée Defrance

Message par Byrrh » 29 Juil 2021, 21:31

Je ne crois pas me tromper en pensant que, sur le forum, cette camarade intervenait parfois sous le pseudo de Kaïre. En mars 2019, elle avait posté la présentation qui suit :
Kaïre a écrit :Mon combat politique ? Il a commencé dès mon arrivée à Paris débarquant de province. Les premiers militants que j’ai rencontrés, c’étaient les bons : les anarchosyndicalistes de la CNT. Je n’attendais que ça, des révolutionnaires, des gens qui se battaient contre cette société pourrie.

Car révoltée, je l’étais depuis longtemps.

On était au début de la guerre d’Algérie, j’avais 13 ans et des poussières et je venais de perdre ma mère, épuisée et malade de neuf grossesses tous les deux ans. Des ouvriers algériens travaillaient dans le parc de la maison de fonction que nous occupions car mon père dirigeait l’usine d’armement d’à côté et il y avait droit. Nous n’avions pas la télévision, mais on écoutait la radio (Ah ! Le château des Carpathes de Jules Verne en feuilleton…).

C’était le début des « événements ». Tout naturellement, comme j’étais très curieuse, je suis allée les voir, avec de l’eau et des bonbons, pour en savoir plus. Et j’ai commencé à discuter avec l’un d’eux qui, je l’ai su plus tard, était trésorier du FLN local. Très vite, j’ai été convaincue que c’était une guerre dégueulasse que menait la France, que ces gens avaient bien raison de se battre pour leur liberté. J’ai commencé à aller dans le bidonville d’à côté, bisous aux enfants et aux mamans, longues discussions… Et à convaincre mes copines de l’institution de bonnes sœurs où j’étais. Nous formions un petit groupe pour l’indépendance de l’Algérie.

Evidemment, tout ça n’a pas duré très longtemps. Scandale ! La fille de… ! J’ai eu droit à tout. Mon père, le curé, les bonnes sœurs, les flics… « Tu vas te faire violer ». Comme je n’avais reçu aucune éducation sexuelle, je ne comprenais rien. Je récitais l’évangile « tu aimeras ton prochain comme toi-même, tous les hommes sont frères… ». Il faut dire que mon père était un catholique intégriste, tendance monseigneur Lefebvre et qu’il nous imposait non seulement la grand messe du dimanche, mais tout le reste des c… Bénédicité, prière en commun, vêpres, semaine sainte, mois de marie, « si vis pacem, para bellum », etc. La totale ! Plus tard, je me suis dit qu’il devait être sympathisant OAS, mais il était bien plus que ça, comme je l’ai appris récemment : mes frères et sœurs ont dû observer une minute de silence lors de l’exécution de Bastien Thiry !

Rapidement, je me suis dit que des gens qui faisaient tout le contraire de ce qu’ils m’enseignaient ne valaient rien et j’ai, comme on dit, perdu la foi catholique et toute confiance en eux.

Je me suis mis à chercher. Peu à peu, je me suis fabriqué un syncrétisme confus d’existentialisme avec Sartre, de marxisme avec Garaudy (!), d’une sorte d’individualisme héroïque avec Zarathoustra de Nietzsche, le loup de Vigny, Alceste du Misanthrope, Ruy Blas, Cyrano de Bergerac… Tous ces personnages me fascinaient, je me récitais de longues tirades à chaque bagarre avec mes parents (mon père s’étant remarié avec une sorte de Folcoche, pétainiste comme lui, que je haïssais).

J’ai regardé du côté du PC, mais je ne connaissais personne. Les ouvriers de l’usine qui passaient tous les matins devant la maison, comment les rencontrer ? Et puis, je me posais des questions. 56, la Hongrie, comment peut-on être communiste et tirer sur des travailleurs ? Impossible. Si c’est ça le communisme, pas question. Dommage, en théorie, ce serait tellement bien.

Après l’échec de toute notre classe de bonnes sœurs au bac, mon père furieux m’a inscrit au lycée de jeunes filles. Une autre vie, les garçons de l’autre lycée, premiers cafés, premières cigarettes… Découverte de Baudelaire, Verlaine, Rimbaud, et de tant d’autres dont je n’avais jamais entendu parler. Qu’est-ce que j’ai lu…

J’appris que la prof d’histoire-géo était au PC. Malgré mes réticences, je suis allée la voir pour adhérer. Mais elle m’en a dissuadé, c’était une opposante. (Elle nous a d’ailleurs hébergés quelques fois, bien plus tard quand nous descendions distribuer le premier bulletin de la ville).

Voilà où j’en étais. Révoltée voire révolutionnaire, vomissant les bourgeois, mon milieu, les injustices, la guerre, toute cette société pourrie, mais personne.

Bac en poche, première année de pionne d’internat dans la ville pour pouvoir enfin me barrer de chez moi. Un rêve, Paris. Mutée en proche banlieue, j’ai vite arrêté. J’avais le même âge que les filles que j’étais censée surveiller, autant dire que la hiérarchie n’a pas supporté très longtemps les rapports que nous avions. Des tas de petits boulots, les galères…

Et j’ai rencontré les anars. Enfin, des révolutionnaires, des gens avec lesquels je pouvais partager ma révolte et faire enfin quelque chose. J’écrivais dans la version française du Combat syndicaliste alors bilingue, j’écoutais avec admiration les vieux réfugiés espagnols racontant leur révolution, Léo Ferré aux galas de la FA, etc.

Et puis un jour, sur le trottoir de je ne sais plus quelle rue, un petit jeune (devenu un petit vieux comme moi une petite vieille, - c’est pour rire !) qui vendait un petit journal, Voix Ouvrière. Moi, le mot ouvrier, ça me parlait, suis allée le voir. Et patatras ! D’abord un doigt, puis le bras, puis tout. Rendez-vous, lectures intensives, je ne savais rien, lui, comme d’autres ensuite, m’ont tout appris. Entre l’anarchisme et le marxisme, le communisme et le stalinisme, pas photo. Je suis devenue trotskyste.

Et voilà, le reste est une autre histoire.

Tout ça (beaucoup trop long, excuses) pour dire qu’on n’est pas condamné par le hasard de la naissance à une classe et à la vie qu’elle vous assigne. L’exploitation, le logement insalubre, les paies misérables, je n’ai rien vécu de tout cela, le lot de la condition ouvrière. J’étais matériellement une privilégiée. Mais bien des chemins peuvent amener à la conscience et l’engagement révolutionnaires.

Cependant, s’il n’y avait pas eu la guerre d’Algérie, la rencontre avec un militant FLN, une s… de belle-mère, etc. que serais-je devenue ? Beau mariage, mômes, bonnes et bagouzes ? Parfois je me demande, puis ne regrette rien. Je sais contre quoi et qui je me bats, j’en ai vécu une toute petite partie de l’intérieur, bien suffisante pour vomir le tout et travailler comme je peux à sa destruction.

Je viens de penser à elle en retrouvant l'un de ses conseils de lecture : Vive la République !, une série de quatre romans de Vicente Blasco Ibáñez sur la Révolution française (Dans le cratère du volcan / La belle Liégeoise / L'explosion / Guerre sans quartier). Ça ne se trouve pas sous le sabot d'un cheval, mais j'en ai déjà trois sur les quatre...
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Re: Renée Defrance

Message par Byrrh » 29 Juil 2021, 21:44

Sur Mai 68, elle écrivait en avril 2008 :
Kaïre a écrit :En 68, j'avais 25 ans, j'étais prof titulaire au Collège technique industriel de Goussainville (chaudronnerie, mécanique générale...), devenu lycée professionnel Romain Rolland (passé concours au pif pour faire plaisir à un inspecteur sympa -revenu me voir 3 fois de suite après une inspection au collège technique de St Denis :"avec votre caractère, vous vous ferez virer si vous restez auxiliaire"- et comme il fallait bien bosser, ça ou autre chose...). Si on m'avait dit à l'époque que 40 ans plus tard, je serais en train, toujours prof, de constituer mon dossier de retraite, jamais je ne l'aurais cru (je n'ai même pas racheté mes points de maître aux). Pour moi, c'était une perspective impensable, nous aurions fait la révolution bien avant.

Je n'ai pas de souvenirs linéaires, je ne peux pas dire : tel jour j'ai fait ceci ou cela. Mais tant de scènes, d'impressions, d'enthousiasmes et de trouille bleue...

J'ai rencontré VO fin 63, j'étais à l'époque à la CNT et écrivais la partie française du Combat Syndicaliste avec Roda-Gil (c'était la première orga révolutionnaire que j'avais trouvée en débarquant de ma province où il n'y avait rien -pour moi, PC impossible à cause de 56-). Reconnaissance éternelle à Artza qui a eu bien du mérite et beaucoup de patience. Et en 68, si je me sentais et me disais VO, pour x raisons, je n'étais qu'une sympathisante. (Si je dis ça, c'est par rapport à d'autres copains).

Le bahut s'est mis en grève assez vite. Nous occupions et je me souviens des parties de volley sous un soleil de plomb et d'interminables discussions (élèves chez eux : à l'époque, les CET, c'était à la fin de la 5ème et la majorité d'entre eux étaient très jeunes).

J'étais à la CGT et comme rester à ne rien faire entre profs -à part bien sûr les expéditions à Paris en stop (plus de train) pour les manifs- ça m'a très vite gonflée et que les copains m'avaient inculqué quelques sains réflexes, je me suis pointée à l'UL pour proposer mes services. Les stals m'ont acceptée malgré ma "couleur", faut dire qu'ils n'étaient pas très nombreux et qu'ils avaient besoin de bras. Dès 5 heures du matin, nous nous organisions en petits groupes pour essayer de mettre en grève les boîtes du coin (pas de grandes, beaucoup de très petites). Je me souviens en particulier d'un chantier du bâtiment. Nous discutions avec les gars quand, furieux, le patron se pointe : un petit jeune minet -je le revois encore- blouson de daim class, belle bagnole, etc. Les ouvriers hésitaient, avaient peur. Je me lance dans un discours et je le pourris. Les stals essayaient de me tirer en arrière "provoque pas, provoque pas !". Et finalement, les gars se sont mis en grève.

C'est ça aussi 68 : des tas de petites boîtes, cinq, six gars dans un coin, même pas syndiqués, en grève. Dans la plupart, les ouvriers n'attendaient que notre arrivée pour arrêter le boulot. Nous n'avions pas besoin de discuter beaucoup pour les convaincre. Et après, De Gaulle, les étudiants, Paris... On ne pouvait plus partir. Cettre "fraternisation" avec les stals s'est arrêtée avec Grenelle et Séguy devant Renault. Comme ils trouvaient que j'influençais un peu trop leurs syndiqués de base, ils m'ont virée de l'UL.

Bon, assez pour ce soir. Si je vous ai gonflés, pas de suite. Mais Zarra a dit... alors, je me suis lancée.

Kaïre a écrit :
Matrok a écrit :Etienne Roda-Gil ? Le futur parolier de Julien Clerc ?


Ben oui, et alors ? Roda était fils de républicain espagnol, militant CNT-FAI. Il l'est devenu à son tour et est resté jusqu'à la fin fidèle à ses idées, même s'il ne militait plus. Je le rencontrai de loin en loin dans les manifestations. S'il faisait partie du show-biz (?), on ne s'en est pas beaucoup rendu compte à sa mort, il y a eu très peu d'articles ou d'émissions sur lui.

Nous nous réunissions au local de la CNT où des vieux espagnols, nostalgiques autour de leur poêle, nous racontaient leur révolution, leurs luttes, leurs tristesses. A l'époque je ne connaissais rien à la guerre d'Espagne ni à l'analyse que nous faisons du rôle du PC, du Poum, des anars... J'étais fascinée par ces hommes qui s'étaient battus pour la justice et la liberté, et révoltée par leur défaite, la victoire de Franco et la répression.

Roda et moi, plus qq autres copains de la bande, étions en bagarre contre la FA et Maurice Joyeux. Ne parlons pas de Louis Lecoin qui m'avait envoyé une lettre vengeresse à la suite d'un article sur la violence révolutionnaire.

Bon, un peu loin du sujet, c'était juste pour répondre à la question.

(...)

Le mot bagarre était un peu fort. Nous trouvions seulement que la FA était trop "molle" avec ses composantes pacifistes et trop "pb" comme on dit. Nous étions très fiers de nos camarades ouvriers. Cela ne nous empêchait pas de mener des actions communes parfois. Et on vendait le Combat syndicaliste dans les galas de la FA avec Léo Ferré.
Byrrh
 
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Re: Renée Defrance

Message par Cyrano » 30 Juil 2021, 10:04

Superbe et émouvant rappel, Byrrh!
«lycéenne à Bourges» je vois!... Moi, j'étais encore à l'école primaire. Dommage.
Cyrano
 
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Re: Renée Defrance

Message par artza » 30 Juil 2021, 14:32

Sans elle tu ne serais pas là Cyrano ;)
artza
 
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