Compte-rendu de lecture de l'ouvrage rédigé par François da Rocha Carneiro, Une histoire de France en crampons, publié aux Editions du Détour, Bordeaux, en 2022.
Lecteurs, lectrices n’ayez craintes, cette Histoire de France en crampons de François da Rocha Carneiro n’est pas uniquement réservée aux amoureux et connaisseurs du ballon rond. Historien du football et spécialiste de l’équipe de France, l’auteur propose une immersion dans 120 années d’histoire de France, à travers son équipe nationale. L’originalité première vient du traitement de l’ouvrage : quatre thèmes (Le soldat, Une France de sang mêlé, Un monde du travail et Face au monstre) et 5 matchs par thème.
Ainsi, le lecteur passe d’un match à l’autre avec des protagonistes et périodes parfois très différentes comme au quatrième thème, où nous passons de la dictature argentine en 1978 (Argentine-France) aux attentats du 13 novembre 2015 (France-Allemagne). Ne se limitant pas à faire le récit des plus belles actions collectives ou individuelles, c’est un travail d’historien qui est à l’œuvre, avec un contexte politique précis, montrant qu’un match s’inscrit dans son époque, reflet également des tensions politiques et sociales tant à l’échelle nationale que mondiale. Il confronte alors cette équipe aux enjeux des deux guerres mondiales, de la Guerre d’Algérie ; mais aussi des régimes fascistes et nazis.
C’est avec grand plaisir que l’auteur nous amène sur le terrain, avec des descriptions aussi précises et rythmées que peuvent l’être les matchs. L’une des grandes qualités de l’ouvrage se trouve dans les détails, avec de beaux récits d’actions de match, qui permettent d’incarner le propos sans le rendre rébarbatif. L’auteur dépasse largement les vingt matchs indiqués en sommaire pour saisir au mieux le résultat des 90 minutes de la rencontre et la période globale autour du match.
La découverte d’un pays par les joueurs avant une rencontre, leur appréhension face au match ou à une compétition, les difficultés antérieurs de l’équipe sont autant de moyens choisis par l’auteur pour contextualiser sur le plan sportif une rencontre. La presse sportive ou générale est d’ailleurs une source fondamentale de l’historien, permettant de recueillir les témoignages des différents protagonistes et de saisir ce qui précède et suit le match. Il met ainsi en exergue les tensions qui existent entre joueurs, dirigeants et entraîneurs encore plus dans le contexte d’une qualification pour un championnat d’Europe ou une Coupe du Monde ou lors de la compétition.
Il montre également que le football, et notamment le football en France est marqué par des ruptures importantes, comme en 1932 avec l’adoption d’un statut de joueur professionnel et la création d’un championnat ou en 1995 avec l’arrêt Bosman supprimant le quota de 3 joueurs intracommunautaires à faire partie d’un club européen, qui entraine une migration plus progressive des joueurs de l’Equipe de France vers les championnats étrangers. Au delà des performances sportives, c’est une « histoire par en bas » qui est faite.
Une histoire des acteurs sociaux, des joueurs, entraineurs, membres de l’encadrement de l’équipe ou de la fédération. Avec rigueur, l’historien porte un intérêt particulier aux milieux sociaux et origines des joueurs, interrogeant ces trajectoires multiples et ces nombreux acteurs qui ont composé cette équipe. Dès lors, la composition de l’équipe et les performances alimentent débats et questionnements, que l’auteur met très justement en avant, à l’image des discours politiques racistes de l’extrême droite en France comme ceux du Front National dans les années 1980 et 1990, questionnant l’origine des joueurs, remettant en cause leur investissement et pas « suffisamment pur » comme le rappelle l’auteur.
Ainsi, le parti pris de l’auteur a été non seulement de conter des matchs de football, sans les dénuer de leur contexte, mais aussi de montrer que les joueurs sont représentatifs de la société, et que leur trajectoire de vie rencontre l’histoire nationale.
Cyrano a écrit :Mon petit-fils qui va avoir 11 ans dans presque deux mois me dit à peu près la même chose que ce que tu ressentais, Plestin. Il veut jouer au basket. Et mon fils, à l'école primaire, me disait lui aussi un peu la même chose. Pfff, le temps passe, les petits enfants le font ressentir, trop vite, trop vite.
Cyrano a écrit :Tu avais des occupations étranges - vraisemblablement passionnante. Tu aurais dû commencer plus modestement : par exemple, dresser une liste exhaustive des filles de ton école (qui font partie des espèces animales, dont't forget).
Je prendrai par la main les deux petits enfants;
J'aime les bois où sont les chevreuils et les faons,
Où les cerfs tachetés suivent les biches blanches
Et se dressent dans l'ombre effrayés par les branches;
Car les fauves sont pleins d'une telle vapeur
Que le frais tremblement des feuilles leur fait peur.
Les arbres ont cela de profond qu'ils vous montrent
Que l'éden seul est vrai, que les coeurs s'y rencontrent,
Et que, hors les amours et les nids, tout est vain;
Théocrite souvent dans le hallier divin
Crut entendre marcher doucement la ménade.
C'est là que je ferai ma lente promenade
Avec les deux marmots. J'entendrai tour à tour
Ce que Georges conseille à Jeanne, doux amour,
Et ce que Jeanne enseigne à George. En patriarche
Que mènent les enfants, je réglerai ma marche
Sur le temps que prendront leurs jeux et leurs repas,
Et sur la petitesse aimable de leurs pas.
Ils cueilleront des fleurs, ils mangeront des mûres.
vaste apaisement des forêts! ô murmures!
Avril vient calmer tout, venant tout embaumer.
Je n'ai point d'autre affaire ici-bas que d'aimer.
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