Message par Ottokardans le fil sur le centaire de la mort de Lénine:
je ne sais pas si c'est parce que j'ai presque fini le Tome 4 des écrits militaires, mais quand Lénine reproche à Trotsky d'être parfois "trop attaché au côté administratif des choses", c'est un peu ce qu'on ressent malgré tout. Dans l'action, ce n'était pas un rigolo... Il y a un texte bien pire que "il faut graisser ses bottes" : une réunion de la crème de la crème, les futurs officiers rouges de Moscou, en 21. La guerre est finie, on n'est plus dans l'urgence comme en 19-20 où c'est marche et obéis ou sinon on crève, il faut apprendre à bosser, passer à des moeurs civilisées. Et ces jeunes, venus après la guerre, futurs commandants, il te les engueule dès le début : parce que la réunion commence un quart d'heure en retard (les chefs n'ont pas prévu le temps de venir du petit-déj à la salle de réunion) parce qu'ils toussent (et je ne parle même pas de ceux qui crachent dans le escaliers ou jettent leurs mégots), il les engueule parce que... et il raconte ce qui se passe quand on ne graisse pas ses bottes (on va jusqu'à Varsovie, certes, mais arrivé là, on ne peut plus marcher, les bottes sont éclatées !) etc. etc.
C'est le fond de la discussion sur les syndicats, la "militarisation du travail" avant la Nep, etc. Et à côté de cela de très belles pages comme la lettre au soldat rouge qui vient d'apprendre à lire qu'a citée Cyrano, le souci des blessés, des rapports corrects avec les paysans, le respect des nationalités opprimées par le tsarisme (il faut parler Ukrainien en Ukraine, laisser les Ukrainiens se gouverner eux-mêmes, dans le cadre du régime), des généralisations lumineuses sur l'histoire, les classes, une mise en perspective de la moindre question, une hauteur de vues, une franchise à reconnaître les faiblesses du régime...
C'est du niveau de Lénine mais celui-ci en plus, a l'autorité que lui donne son passé (le parti, c'est lui qui l'a bâti, pas Trotsky) et une vue plus politique de ce qu'il faut faire en fonction de la période. D'où la Nep et pas la militarisation, justement. J'ai peu de souvenirs de "la jeunesse de Lénine", mais le Staline par exemple, raconte surtout l'histoire de cette génération de révolutionnaires d'avant 17, Staline n'apparaissant qu'en contre-point. Sa médiocrité, ses défauts sautent d'autant plus aux yeux.
De toute façon, faut pas chipoter avec Trotsky, tout est bon dans l'Léon
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