Dulcie, Du Cap à Paris, enquête sur l'assassinat d'une militante anti-apartheid est une BD qui retrace la vie et le combat de Dulcie September, représentante de l'ANC en France, assassinée à Paris en 1988.
Cela parle de la genèse de l'apartheid en Afrique du Sud, de la condition noire puis de son militantisme.
Les auteurs, dont un journaliste de Radio France, vont tenter de remonter la, puis les, pistes, en retraçant le contexte politique et géopolitique dans lequel s'entremêlent les intérêts sud-africains, français, allemands et israéliens, sur fond de contrats, d'armement (Dassault, Thomson) et nucléaires.
Il y a des rebondissements dans les barbouzeries qui fourmillent entre services, Mossad, sud-africains, DGSE (Sdece) voire ANC. Car l'intransigeance de September pouvait peut-être gêner la continuation des affaires avec le nouveau régime qui devait poindre.
On y voit le double jeu de la gauche, Mitterrand légalisant la représentation de l'ANC, considérée auparavant comme terroriste. Le PS paiera d'ailleurs le loyer du siège, un appartement devant lequel September sera assassinée.
Il y a aussi la mascarade PC-PS des manifs anti-apartheid pendant que la France contournait l'embargo onusien. P.ex., une manif du PC devant l'ambassade sud-africaine, où Joxe, alors à l'Intérieur, appelle le responsable des JC pour temporiser l'évacuation et autoriser le siège jusqu'aux JT.
On voit aussi les militants, du PC notamment, qui l'ont aidée, mais avec leurs limites politiques évidemment qui rejoignent celles, nationalistes, de l'ANC. Ils comprennent ce qui se trame mais pour se contenter de le déplorer.
La Snecma et une filiale la Société Européenne de Propulsion (SEP) s'apprêtent à contracter avec l'AdS pour de la surveillance par satellite (avatar de Helios). Le délégué central CGT de la Snecma ainsi qu'un militant de la SEP témoignent que les salariés ne voulaient pas travailler pour ce projet mais que la boîte arrive à faire pression. Les syndicalistes contacteront September et lui fourniront des infos. Ils furent surveillés par la DST.
Il est d'ailleurs significatifs que tout ces militants, du PC ou de gauche, ne semblent pas coordonnés par le parti. C'est le journaliste qui semble lier ces témoignages.
Un exemple de secret des affaires, et qu'avec un rapport de force suffisant (on parle ici d'industrie d'armement et de l'appareil d'Etat), le projet aurait pu, peut-être, être dévoilé publiquement et même abandonné. Encore eut-il fallu essayer...
Concernant la forme, à part une raison commerciale, je ne vois pas de raison au format BD ici. Outre que le dessin est laid, il montre beaucoup de planches sans intérêt, des auteurs avec les personnes interrogées. L'information est dense, il y a de multiples pistes, raisons de plus d'en faire un livre.
On pourra continuer sur l'Afrique du Sud avec certains livres de Nadine Gordimer et surtout Emeute au Transvaal de Harry Bloom.