Film ? First and last men

Film ? First and last men

Message par Zorglub » 13 Nov 2024, 20:31

Attention, cinéma expérimental, une expérience audiovisuelle plutôt qu'un film. Avec des plans fixes et lents travellings, une succession photographique au noir et blanc contrasté accompagné d'une musique du fond des âges, du futur ou du passé. Des visions d'un autre monde grâce à des monuments aux morts yougoslaves, les « spomeniks », d'un « réalisme socialiste » titiste, brutaliste et original au service d'un récit, par la voix off de Tilda Swinton, venu d'outre-futur, si peu, 2 milliards d'années.

C'est un message d'adieu, de la dernière humanité, qui sait qu'elle ne survivra pas cette fois à un cataclysme cosmique.

Pendant une heure, à un rythme lent, le récit d'une humanité très différente (depuis le temps), plutôt réjouissante. C'est méditatif, hypnotique et émouvant même.

D'aucuns crieront à la fumisterie. Au creux du propos, mais si l'on peut être déçu du peu qu'ils ont à dire, la difficulté de la communication l'explique.

Le film est réalisé par Johann Johannsson, un musicien et cinéaste islandais. C'est sa première et dernière réalisation, il est mort juste après.

C'est inspiré du roman Les derniers et les premiers, de 1930, d'un auteur de SF britannique méconnu, Olaf Stapledon, et qui semble pourtant avoir inspiré plusieurs grandes figures, si peu : A.C. Clarke, Stanislaw Lem, Asimov, Van Vogt. Il a même inspiré un physicien, Freeman Dyson, qui formalisa une idée présente dans son livre Le créateur d'étoiles qui imagine ce qui sera nommé une Sphère de Dyson, structure pour exploiter l'énergie d'une étoile.
Il sympathisera avec le PC britannique.

Ce film évoque un autre film de SF atypique, dont je n'ai vu qu'un extrait, La jetée de Chris Marker. Noir et blanc, plus court, plans fixes, se passant à l'aéroport d'Orly. Ce dernier film a inspiré L'armée des douze singes de Terry Gilliam (ex-Monty Python, réalisateur également de Brazil).
Pour le cataclysme, cela évoque un chef-d'œuvre de la (très hard) SF, Diaspora de Greg Egan. Pour la poésie et la nostalgie qui s'en dégage cela peut faire penser aux Chroniques martiennes de Bradbury.

La bande-annonce.

First and last men, sur Arte, jusqu'en avril.
Zorglub
 
Message(s) : 1138
Inscription : 27 Fév 2009, 01:26

Re: Film ? First and last men

Message par Dubois23 » 27 Nov 2024, 06:21

Ce côté hypnotique, presque ritualisé, rappelle effectivement des œuvres comme La Jetée de Chris Marker, où chaque image semble porter un poids lourd de sens. Le contraste noir et blanc, ce rythme lent, tout comme la musique envoûtante qui accompagne le film, créent un espace où l’on est presque invité à explorer une vision du futur très éloignée. Cela m’évoque également un autre domaine où la beauté et l’introspection s’entrelacent. D’une certaine manière, l’art de créer des pièces uniques qui mêlent tissu et sensation peut faire écho à cette quête esthétique dans l’art cinématographique, où chaque élément a une place et une signification.
Dubois23
 
Message(s) : 2
Inscription : 17 Sep 2022, 11:37

Re: Film ? First and last men

Message par Zorglub » 27 Nov 2024, 20:38

Mais c'est que j'ai mis la charrue avant les bœufs moi, c'est Last and first men.

Merci pour ce retour même si je ne suis pas sûr d'avoir saisi quel était l'autre domaine.

Il se trouve que je viens de finir le livre. C'est la première fois que je lis un tel contraste dans le contenu d'un livre.

Les deux tiers sont une litanie d'une histoire imaginée faite de déclins, catastrophes, épidémies, guerres, quasi-extinction parsemés de sociétés plus ou moins prospères mais sans guère d'imagination sociale sur les structures futures. Une imagination hors sol, comme souvent en SF, avec ici peu de traces de lutte de classe, mais surtout un idéalisme crasse et même débile.

L'auteur enfile également les clichés nationalistes ou racistes en faisant à plusieurs reprises du racisme à l'envers. P. ex., un truc sur les Juifs, certes quasi-sauveurs de l'humanité, mais il écrit ça en 1930.

Pourquoi s'accrocher ? Parce que ça et là, il y a de rares bonnes idées et surtout parce que la fin était prometteuse. J'étais prévenu sur ce début débile, mais pas qu'il était aussi long.

Et je n'ai pas été déçu, dès qu'il évoque les « Derniers hommes », c'est enthousiasmant, profond, sur une humanité diverse, épanouie dans une société fraternelle, et qui explore tous les champs de la science. L'écriture est plus virtuose et émouvante que cela en est poignant pour cette humanité promise une déchéance qu'elle n'avait jamais connu, avant sa fin.

Cela peut faire penser, mais en moins politique, aux difficultés rencontrées par la société communiste de Les dépossédés d'U.K. Le Guin.
Zorglub
 
Message(s) : 1138
Inscription : 27 Fév 2009, 01:26


Retour vers Livres, films, musique, télévision, peinture, théâtre...

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 7 invité(s)