Attention, cinéma expérimental, une expérience audiovisuelle plutôt qu'un film. Avec des plans fixes et lents travellings, une succession photographique au noir et blanc contrasté accompagné d'une musique du fond des âges, du futur ou du passé. Des visions d'un autre monde grâce à des monuments aux morts yougoslaves, les « spomeniks », d'un « réalisme socialiste » titiste, brutaliste et original au service d'un récit, par la voix off de Tilda Swinton, venu d'outre-futur, si peu, 2 milliards d'années.
C'est un message d'adieu, de la dernière humanité, qui sait qu'elle ne survivra pas cette fois à un cataclysme cosmique.
Pendant une heure, à un rythme lent, le récit d'une humanité très différente (depuis le temps), plutôt réjouissante. C'est méditatif, hypnotique et émouvant même.
D'aucuns crieront à la fumisterie. Au creux du propos, mais si l'on peut être déçu du peu qu'ils ont à dire, la difficulté de la communication l'explique.
Le film est réalisé par Johann Johannsson, un musicien et cinéaste islandais. C'est sa première et dernière réalisation, il est mort juste après.
C'est inspiré du roman Les derniers et les premiers, de 1930, d'un auteur de SF britannique méconnu, Olaf Stapledon, et qui semble pourtant avoir inspiré plusieurs grandes figures, si peu : A.C. Clarke, Stanislaw Lem, Asimov, Van Vogt. Il a même inspiré un physicien, Freeman Dyson, qui formalisa une idée présente dans son livre Le créateur d'étoiles qui imagine ce qui sera nommé une Sphère de Dyson, structure pour exploiter l'énergie d'une étoile.
Il sympathisera avec le PC britannique.
Ce film évoque un autre film de SF atypique, dont je n'ai vu qu'un extrait, La jetée de Chris Marker. Noir et blanc, plus court, plans fixes, se passant à l'aéroport d'Orly. Ce dernier film a inspiré L'armée des douze singes de Terry Gilliam (ex-Monty Python, réalisateur également de Brazil).
Pour le cataclysme, cela évoque un chef-d'œuvre de la (très hard) SF, Diaspora de Greg Egan. Pour la poésie et la nostalgie qui s'en dégage cela peut faire penser aux Chroniques martiennes de Bradbury.
La bande-annonce.
First and last men, sur Arte, jusqu'en avril.