Extraits préférés d'un roman

Message par Cyrano » 01 Sep 2005, 07:15

Hum... Euh, j'me demande si je vais bien être dans le ton?... Mais je viens de relire hier soir quelques lettres qui font partie de notre histoire de la littérature...
Une femme chrétienne écrit à son mari-amant dont elle est séparée...

a écrit :Mais ces plaisirs des amants auxquels nous nous sommes livrés ensemble m'ont été à ce point doux qu'ils ne sauraient ni me déplaire ni disparaître avec peine de ma mémoire.
De quelque côté que je me tourne, ils s'imposent toujours à mes yeux avec les désirs qui les accompagnent, et ils n'épargnent même pas mon sommeil de leurs images trompeuses. Au milieu des solennités mêmes de la messe, lorsque la prière doit être plus pure, les représentations obscènes de ces voluptés s'emparent totalement de ma très pauvre âme, au point que je suis plus occupée de leurs turpitudes que de la prière ; alors que je devrais gémir des fautes que j'ai commises, je soupire plutôt après les plaisirs perdus.
Et non seulement les actes que nous avons faits mais aussi les lieux et les moments où nous les avons faits ensemble sont à ce point gravés dans notre cœur avec toi, que je les refais tous avec toi dans ces circonstances mêmes et que, même dans mon sommeil, je ne peux m'en reposer. Souvent aussi, les pensées de mon cœur se laissent trahir aux mouvements mêmes de mon corps, et elles ne se gardent pas des mots qui m'échappent.
[...]
Ils me proclament chaste, c'est qu'ils ne voient pas mon hypocrisie ; on rapporte à la vertu la pureté de la chair, alors que la vertu n'est pas le propre du corps, mais du cœur ; recevant quelque louange auprès des hommes, je n'en mérite aucune auprès de Dieu, lui qui est celui qui éprouve le cœur et les reins et qui voit dans ce qui est caché. On me juge pieuse à une époque où, par ailleurs, l'hypocrisie n'a pas peu de part dans la piété, où il est porté par les plus grandes louanges celui qui n'offense pas le jugement humain.
Cyrano
 
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Message par Ottokar » 01 Sep 2005, 07:30

le belle Roxane de Cyrano me fait un peu penser à Héloïse (celle d'Abélard, celle "pour qui fut châtré et puis moine, Pierre Esbaillard à Saint Denis, Pour son amour eut cette essoyne") mais on n'écrivait pas comme cela à leur époque...
Ottokar
 
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Message par lallemande » 05 Sep 2005, 21:04

sans vouloir empiéter sur celui de Zelda, je me permets moi aussi de lancer un roman du genre policier, qui comporte cette page que je trouve magnifique:

a écrit :Tu fais de la peine, banlieue. tu n'as rien pour toi. Tes yeux regardent Paris et ton cul la campagne. Tu ne seras jamais qu'un compromis. T'es comme le chiendent. Mais ce que je te reproche le plus, c'est que tu pues le travail. Tu ne connais que le matin et tu déclares le couvre-feu à la sortie des usines. On se repère à tes cheminées. Je n'ai jamais entendu personne te regretter. Tu n'as pas eu le temps de t'imaginer un bien-être. Tu n'es pas vieille mais tu n'as pas de patience. Il t'en faut toujours plus et plus gros, t'as toute la place qu'il faut pour les maxi et les super. La seule chose qui bouge chez toi, c'est la folie des architectes. (...) Ta mosaïque infernale. Ils se régalent chez toi, c'est la bacchanale, l'orgie, le ténia. Ils se goinfrent d'espace, une cité futuriste ici, tout près de la ZUP à côté d'un gymnase bariolé, entre un quartier plutôt quelconque des années cinquante qui attend l'expropriation, et un centre commercial qui a changé de nom vingt fois. Si d'aventure un embranchement sauvage d'autoroute n'est pas venu surplomber le tout. T'as raison de te foutre de l'harmonie parce que tu n'en a jamasi eu et que tu n'en auras jamais. Alors laisse les faire tous ces avant-gardistes, tous ces illuminés du parpaing, ils te donnent l'impression de renaître, quand en fait, tu ne mouras jamais. T'iras chercher plus loin, tu boufferas un peu plus autour, mais tu ne crèveras pas. C'est ça, ta seule réalité. Il est impossible de te défigurer, tu n'as jamais eu de visage


Il faut préciser que l'auteur est un enfant de la banlieue et que ce n'est donc pas à prendre au premier degré voire, au contraire, comme un chant d'amour à la banlieue. J'attends vos avis et, bien sûr, de qui est-ce?
lallemande
 
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Message par ianovka » 06 Sep 2005, 13:14

Le petit Nicolas ? :huh:
"Le capital est une force internationale. Il faut, pour la vaincre, l'union internationale, la fraternité internationale des ouvriers." Lénine
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ianovka
 
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