Film La loi du marché de Stéphane Brizé

[Zelda_Zbak]

Déplacez si je me trompe, mais il me semble qu'il n'y a pas eu de fil sur ce film qui est sorti en salles il y a 6 semaines et n'est déjà plus guère visible.

Pour mémoire, c'est le film pour lequel Vincent Lindon a reçu son premier prix d'interprétation à Cannes.

Je suis sortie émue comme je le suis rarement au cinéma, en sentant bien que c'était lié à l'histoire bien sûr, mais aussi au jeu de Lindon.
C'est d'ailleurs un des rares acteurs du film qui soit professionnel, les autres jouant pour la plupart leur propre rôle (la conseillère financière de la banque, le conseiller Pôle Emploi etc.) Et autant Lindon avait son texte dans les grandes lignes pour ce genre d'échanges, autant l'employé en face avait pour consigne : "Essayez de faire exactement votre métier comme d'habitude" ! Cela donne des échanges totalement réalistes.

Bien qu'il ait un aspect documentaire, il est construit et pas au hasard.
Avec le recul, je m'aperçois d'une chose : alors qu'il a été licencié il y a 13 mois pour des choix stratégiques et collectifs d'entreprise, depuis 13 mois, il ne vit qu'une perpétuelle évaluation. De stage bidon en stage bidon, d'entretien d'embauche en rendez-vous chez le banquier, on lui explique qu'il n'est pas assez ceci, ou trop cela... Le monde entier le juge, le jauge, disserte à longueur de temps sur lui. Il s'en prend plein la tronche, et continue de faire bonne figure... pourtant, la coupe déborde parfois. On est humain tout de même !

Une autre chose qui revient souvent, mais qui est particulièrement évidente lors de l'échange de la négociation pour vendre le mobil home : Lui ne joue pas mais négocie pour des raisons vitales, et en face, il trouve quelqu'un qui négocie par jeu, par habitude, par convention. C'est comme un jeu, mettons de belotte de comptoir qui se joue à deux, où l'un des participants perd tout s'il perd... pas l'autre. C'est peut-être une belle métaphore de la vulnérabilité.

Un film à voir, pour ceux qui aiment les documentaires intelligents, nuancés et sensibles.

[Harpo]

Un peu déçu, je m'attendais à mieux. J'ai trouvé que c'était un assez bon documentaire, mais qui ne nous apprend pas grand chose. Pour faire un film artistique et vraiment émouvant avec cette matière, il aurait fallu un Ken Loach ou un Mark Herman (Les virtuoses).