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Dans mon Canard Enchaîné de cette semaine (24 juin 2020), il est signalé un documentaire à venir, mardi prochain, sur France 2, à 22H50 :
"Les damnés, des ouvriers en abattoir"
Un extrait de la présentation de ce docu qui s'annonce sanglant (témoignages de travailleurs et travailleuses) :
Lorsqu'elle va « à l’usine », comme elle dit, Nadine a le ventre retourné. Sur sa fiche de paie, il est écrit « agent de fabrication », et elle le répète : « Oui, je fabrique quelque chose. » Puis elle se met à pleurer.
Nadine a pris place sur la chaîne à 18 ans, en attendant. Mais, trente ans plus tard, elle y est toujours. Et, chaque soir, elle se répète qu’elle doit tenir bon.
[…]
Au-delà des vidéos – nécessaires – de l’association de défense des animaux L214 et des procès intentés aux abattoirs pour maltraitance animale, il est chaque matin des femmes et des hommes qui se lèvent à 5 heures pour rejoindre les chaînes d’abattage. A rebours du sensationnalisme et de la facilité, sept d’entre eux racontent ce que donner la mort industrielle veut dire, après avoir accepté de « laisser son âme à la maison ». Et aussi sa raison.
Sur dix ouvriers embauchés le matin, huit renoncent avant même la pause. Le sang, les cris des animaux, l’odeur. « Il faut appendre à respirer par la bouche », explique Mauricio. Ceux qui se retrouvent sous les carcasses sont jeunes ou dans l’impasse. Le patron leur explique qu’ils sont des bons à rien, que nulle part ailleurs ils ne pourraient trouver du travail. Cet emploi, c’est un cadeau. Mais, dès qu’ils ont le couteau en main, ils se transforment en parias, sans autre qualification que celle de tuer.
« On devient quelqu’un d’autre. Etre ouvrier des abattoirs, ça se voit dans le regard », explique Olivier. Pressés par la cadence et les cris du petit chef, les voilà qui assomment, qui égorgent, qui éventrent, qui dépècent. Mauricio, frappé d’un syndrome de stress post-traumatique, hurle sa colère contre « la société » et les services vétérinaires, qui ne protestent pas alors que des vaches en gestation sont conduites aux abattoirs. Les ouvriers le découvrent en fendant le ventre plein. « Le veau bouge encore alors que la mère a été décapitée. »
[…]
Tous racontent les hurlements des cochons, les bêtes terrorisées qui refusent le piège et qu’il faut rudoyer pour maintenir la cadence. La merde, le sang qui coule dans la bouche et le cou. L’odeur de la mort sur eux.
[…]
Mais quoi? Depuis La Jungle d'Upton Sinclair, rien n'aurait changé?!... Ça donne le vertige!