Angelica Balabanoff [ou Balabanova] : Ma vie de Rebelle

Re: Angelica Balabanoff [ou Balabanova] : Ma vie de Rebelle

Message par Cyrano » 26 Oct 2020, 08:16

Je m'aperçois que je me suis emmêlé dans mes copier-coller et j'avais oublié de mettre un extrait que j'avais préparé.
Ça se situe après son départ définitif de Russie, elle est installée à Stockholm. Et avant qu'elle parle de son boulot de professeur de langues à Vienne. Allez, copier-coller:

A Stockholm, elle va se remplumer – et même se se rajouter des plumes.
J’avais toujours considéré la musique et la poésie comme la plus haute forme d’expression humaine, mais je n’avais jamais imaginé que je pouvais avoir des dons en ce domaine. A Stockholm, je me mis à écrire des poèmes en différentes langues, avec la plus grande facilité. J’avais l’impression d’être submergée, transportée par un flot de rythme.

Travail et sous-alimentation avaient à tel point affaibli mon organisme, qu’à quarante-trois ans je me sentais une vieille femme. A présent, une nouvelle vie s’ouvrait devant moi. Je compris que cette nouvelle activité n’était que la continuation de ma carrière d’orateur. A présent, je savais ce qu’avaient voulu dire les gens en évoquant mon « art » de parler. Sans m’en douter, j’avais exprimé dans mes discours ce même désir d’harmonie et de rythme que je mettais aujourd’hui dans mes vers.

Eh bin dis donc… Elle se vante parfois, non? Même peut-être lorsqu'elle parle de ses fonctions, peut-être, d'ailleurs? ho bah! Ça n'enlève rien au témoignage.
Elle quitte Stockholm et va s'installer à Vienne (Friedrich Adler l'aidera à obtenir son droit d'entrée en Autriche).
Pendant très longtemps, la belle et joyeuse ville de Vienne avait su charmer les visiteurs de tous les pays du monde.

Mais après la guerre, Vienne perdit toute sa grâce. Une fois la monarchie supprimée, les ressources disparues et l’industrie localisée à l’intérieur et autour de la ville, Vienne devint une cité morte, que seule une classe croyant en son propre avenir pouvait reconstruire et ressusciter. Cette classe, c’était celle des ouvriers de Vienne, formée aux plus dures épreuves et guidée par sa foi socialiste.

Dans la ville affamée, ruinée par la guerre et la disette, les ouvriers socialistes posaient les bases d’une nouvelle société. On s’était mis à construire de grandes maisons, destinées non pas à quelques capitalistes ou aristocrates, mais à des ouvriers et des ouvrières n’ayant jamais eu de logement décent. On avait fait de l’éducation le privilège de tous; propreté, hygiène, soleil, air pur, culture physique et intellectuelle, autant de progrès dont la population pouvait désormais bénéficier. Petit à petit, un nouveau monde s’édifiait sur l’ancien. Les socialistes s’étaient acquis un immense prestige ; ils géraient la plupart des organismes municipaux et détenaient la majorité au Parlement. Vint un moment où une personne sur huit appartenait au Parti et une sur six à un syndicat.

Elle est restée quand même très IIe Internationale… Il est temps que le bouquin se termine, dans 16 pages.
Cyrano
 
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Re: Angelica Balabanoff [ou Balabanova] : Ma vie de Rebelle

Message par Cyrano » 26 Oct 2020, 08:25

yannalan, je n'ai pas trop fouillé (je sens bien que ça ne va s'intéresser à la IV !): je préfère rester sur l'image qu'elle donne dans son bouquin.
Cyrano
 
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Re: Angelica Balabanoff [ou Balabanova] : Ma vie de Rebelle

Message par yannalan » 26 Oct 2020, 11:13

tu as bien raison Cyrano.
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Re: Angelica Balabanoff [ou Balabanova] : Ma vie de Rebelle

Message par Byrrh » 28 Oct 2020, 19:23

Giovanni Germanetto, dans ses Souvenirs d'un perruquier (Bureau d'édition, Paris, 1931), ne dit finalement pas grand-chose sur Balabanova. Dommage !

Pages 45-46 :
Mussolini, le bourreau du prolétariat italien, fut, à vrai dire, le plus populaire des rédacteurs de l'Avanti! Entre ses mains, l'organe du parti socialiste cessa d'être, comme sous Bissolati et Treves, le réceptacle d'articles massifs et indigestes incitant, sous une forme voilée, à la collaboration avec la bourgeoisie. Il devint un véritable journal de combat. Lorsqu'il m'arrive de relire les pages enflammées de l'Avanti! d'alors, qui a fini par tomber aux mains de Balabanova et de Nenni (1), je ne puis m'empêcher de songer à l'abîme dans lequel a roulé le parti socialiste italien.

Mais Mussolini remplissait le journal de sa propre personne. Son nom figurait à chaque colonne, comme il figure maintenant à toutes les pages du Popolo d'Italia (2).

Ses articles répondaient merveilleusement à notre mentalité latine. Des mots, des mots et des mots, pompeux, emphatiques, solennels. Son dernier écrit de cette époque, son manifeste contre la guerre est un document typique sous ce rapport.

Du reste, nous étions habitués à ce genre de propagande. Qu'est-ce que le socialisme ? La justice et la liberté. Comment y arriver ? Par la collaboration avec les éléments les plus avancés de la bourgeoisie et par des discours plus ou moins incendiaires. Comment faire la révolution ? Très simplement...

Mussolini dépassa tous ses prédécesseurs dans l'art de la démagogie.

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(1) Angélique Balabanova, Russe d'origine, vécut longtemps en Italie, où elle fut membre de la Direction du parti socialiste italien. Vint en Russie après la révolution d'Octobre, qu'elle glorifia dans des écrits enthousiastes, mais ne tarda pas à faire volte-face et à combattre les bolchéviks. Actuellement secrétaire du P.S.I. — Pietro Nenni, son proche collaborateur, partisan de la fusion du P.S.I. avec le parti de Turati (réformistes), venu du parti républicain au socialisme à travers le fascisme.

(2) Organe de Benito Mussolini, qui y a installé comme rédacteur en chef son frère, Arnaldo Mussolini. Fondé en 1914 aux frais de la Banque de France, lorsque Mussolini fut exclu du P.S.I. et relevé de son poste de directeur de l'Avanti!, le Popolo d'Italia, qui portait d'abord le sous-titre de "Journal socialiste", ne tarda pas à le remplacer par celui de : "Journal des combattants et des producteurs", qui disparut également dans la suite. Ce journal reflète très bien les volte-face successives de Mussolini.
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Re: Angelica Balabanoff [ou Balabanova] : Ma vie de Rebelle

Message par artza » 29 Oct 2020, 07:37

Dans le PC d'I. et l'IC Germanetto a vite choisi son camp.

Ici il ne traite pas Nenni et Balabanova de "social-fascistes" c'est déjà ça !

Germanetto fut un délateur des communistes italiens oppositionnels de gauche réfugiés à Moscou.
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Re: Angelica Balabanoff [ou Balabanova] : Ma vie de Rebelle

Message par Byrrh » 29 Oct 2020, 10:03

Et en évoquant la Banque de France parmi les financeurs du Popolo d'Italia pendant la guerre, il oublie de mentionner les bons offices d'un certain Marcel Cachin... 8-)
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Re: Angelica Balabanoff [ou Balabanova] : Ma vie de Rebelle

Message par Cyrano » 29 Oct 2020, 15:22

Un Marcel Cachin qu'Angelica Balabanoff haïssait - et elle était révolté de voir ce social-chauvin exacerbé avoir les honneurs du Komintern.
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Re: Angelica Balabanoff [ou Balabanova] : Ma vie de Rebelle

Message par Gayraud de Mazars » 29 Oct 2020, 18:43

Salut camarades,

Dans sa magistrale biographie sur Mussolini, Pierre Milza parle d'Angelica Balabanoff dans plus de 20 passages, des débuts avec le futur Duce, par exemple, au Parti Socialiste italien, la rencontre à Genève en mars 1904...

Elle écrit :

Il raconte qu'il est socialiste, mais il n'a pas l'air d'en savoir long sur le socialisme. Il parle plutôt comme un anarchiste. N'empêche qu'il est dans une misère noire.


Fraternellement,
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Re: Angelica Balabanoff [ou Balabanova] : Ma vie de Rebelle

Message par Cyrano » 30 Oct 2020, 08:57

Gayraud, je vais t'avouer:
Je n'avais jamais lu autant de détails sur Benito Mussolini au Parti Socialiste Italien que dans le bouquin d'Angelica Balabanoff. Et je n'aurais jamais pensé qu'il avait, à un moment, une telle importance dans le Parti et dans la rédaction d'Avanti.
J'ai bien aimé l'anecdote rapportée par Angelica sur Dieu qui devrait le foudroyer - et sur la qualification d'orateur de carrefour.
Dans la biographie de Pierre Milza, les souvenirs d'Angelica Balabanoff semblent corroborés?
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Re: Angelica Balabanoff [ou Balabanova] : Ma vie de Rebelle

Message par Gayraud de Mazars » 30 Oct 2020, 09:04

Salut camarade Cyrano,

Cyrano a écrit :Dans la biographie de Pierre Milza, les souvenirs d'Angelica Balabanoff semblent corroborés ?


Oui, absolument point par point... D'ailleurs il va aux mêmes sources, il cite la camarade Angelica Balabanoff abondamment... Mussolini est un des leader de la gauche du PSI et du journal l'Avanti qu'il dirigeait, un personnage de premier plan, avant la rupture Social - Chauvine de 1914 !

Fraternellement,
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