Byrrh a écrit :Il va vraiment falloir que je prenne connaissance de ces échanges d'un très haut niveau...
Désolé de revenir à ce hors-sujet, mais on m'a permis de prendre connaissance de tous les échanges postés sur la page Facebook de Christophe Darmangeat.
Je les trouve globalement peu intéressants. Je suis cependant d'accord avec C.D. quand il écrit :
"Se battre pour l'unité des travailleurs implique de combattre les discriminations (et cela vaut aussi pour celles qui frappent les femmes ou les victimes de racisme). Mais ça ne fonctionne pas dans l'autre sens, et ces combats ne sont pas en eux-mêmes des combats pour l'unité des travailleurs contre les capitalistes. En l'occurrence, j'ai bien peur que parmi ceux qui défilent aujourd'hui, bien peu le fassent au nom de la conscience de classe – en tout cas, on ne peut pas dire que ça se voyait dans la couleur des drapeaux..."(À propos de drapeaux, je sais de source sûre que la droite du NPA avait donné pour consigne aux militants participant à la marche des fiertés parisienne de ne pas utiliser les drapeaux rouges de leur organisation, mais uniquement des drapeaux arc-en-ciel siglés NPA. Quelques militants ont tout de même désobéi à la consigne. Cette anecdote, dans une certaine mesure, est révélatrice de conceptions tout à fait problématiques. Ce n'est pas sans rapport avec cette vieille habitude LCR/SU consistant à arborer des drapeaux nationalistes pour soutenir tel ou tel peuple soumis au colonialisme, à l'impérialisme. Cf. également la "une" de
Rouge imprimée en vert lors de la guerre du Kippour en 1973. Cf. aussi celles et ceux qui se déguisaient en "gilets jaunes" pour approcher ceux-ci...)
De mon point de vue, ces échanges sur Facebook sont assez peu intéressants, parce que ça reste à la surface des choses, et parce qu'à peu près tous ceux qui critiquent C. Darmangeat semblent vouloir accréditer l'idée que "participation à une marche des fiertés" = "lutter contre les préjugés homophobes, transphobes" (et inversement).
Personnellement, je ne crois pas que les marches de fiertés soient un cadre suffisamment sérieux pour y combattre des phénomènes qui, eux, le sont.
Ça peut peut-être pousser des politiciens bourgeois à ajouter des petites réformes démocratiques à leurs promesses de campagne, mais entre nous, ce ne sont pas le mariage et la PMA qui vont faire disparaître de cette société les préjugés et les violences homophobes. Or c'est cet objectif-là qui m'intéresse.
Je pense en revanche que la reconstruction d'une conscience de classe et d'un mouvement ouvrier, et
a fortiori de nouvelles victoires de la classe ouvrière, sont les conditions indispensables à un recul de tous les racismes et préjugés qui divisent.
Des discussions entre travailleurs (notamment à travers des grèves vécues ensemble), des articles et des brèves, des réunions, des prises de position publiques en fonction de l'actualité, sont une méthode plus fastidieuse, moins tonitruante, mais à mon avis plus utile sur le long terme, que celle consistant à prendre trop au sérieux des défilés festifs où à peu près tout est biaisé.
Je pense même que la dimension fantaisiste, vulgaire et "jeuniste" des marches des fiertés est davantage compatible avec la diffusion d'idées dominantes que d'idées communistes, parce que c'est tout à fait le style du capitalisme actuel, dont le marketing a quand même bien évolué depuis l'époque de De Gaulle... Aujourd'hui, le style bourgeois est fantaisiste, vulgaire et jeuniste, ce qui lui permet de passer pour moderne (alors que dans les coulisses, l'exploitation et l'oppression perdurent).
Les marches LGBT sont un cadre totalement inadapté à ce que des idées un tant soit peu élaborées, complètement à contre-courant de la société existante, puissent être exprimées et entendues. Pas sûr d'ailleurs que qui ce soit essaie vraiment de le faire actuellement (ou soit en mesure de le faire correctement), y compris parmi les grands défenseurs de la participation à ces marches. Il faudrait déjà pour cela intervenir sous ses propres couleurs, sans chercher à s'adapter coûte que coûte aux inepties à la mode dans le milieu de l'activisme LGBT (voir ma remarque, page précédente, au sujet de slogans lamentables).