Le Soukhanov est omniprésent dans l'
Histoire de la révolution russe de Léon Trotsky, parfois même mentionné juste comme chroniqueur ou témoin. Quelques extraits?
On trouve souvent les formules: «
Soukhanov a raison de dire que…»; «
Soukhanov, observateur attentif…»; «
écrit non sans raison Soukhanov…» «
Soukhanov, qui accuse non sans raison…»
Mentionné avec indulgence:
«
La crédulité de Soukhanov s'excuse cependant par certaines circonstances atténuantes.»
Un observateur attentif (toujours dans l'
Histoire de la révolution russe ):
On arrête quiconque ose dire un mot en faveur des bolcheviks. «On ne peut déjà plus déclarer que Lénine est un honnête homme : sinon, l'on est conduit au commissariat.» Soukhanov, comme toujours, se montre attentif observateur de ce qui se passe dans les rues de la bourgeoisie, de l'intelligentsia, des petits bourgeois.
La critique des opérations purement militaires du 25 octobre n'a pas été faite jusqu'à présent. Ce qui existe à ce sujet dans la littérature soviétique à un caractère non critique, mais purement apologétique. À côté des écrits des épigones, même la critique de Soukhanov, en dépit de toutes les contradictions, se distingue avantageusement par une observation attentive des faits.
Dans son jugement sur l'organisation du soulèvement d'octobre, Soukhanov a donné, en deux ans, deux opinions qui semblent diamétralement opposées. Dans le tome consacré à la Révolution de Février, il dit : «Je décrirai, le temps venu, d'après mes souvenirs personnels, l'insurrection d'octobre jouée d'après une partition.» Iaroslavsky reproduit ce jugement de Soukhanov littéralement, «L'insurrection à Petrograd - écrit-il - était bien préparée et fut jouée par le parti comme sur un cahier de musique.» […] Par contre, dans le tome consacré à la Révolution d'octobre, Soukhanov raconte comment Smolny, «en catimini, à tâtons, prudemment et en désordre», entreprit de liquider le gouvernement provisoire.
Il y a de l'exagération dans le premier jugement comme dans le deuxième. Mais d'un point de vue plus large, l'on peut admettre que les deux jugements, si opposés soient-ils, s'appuient sur des faits.
En échange, Léon Trotsky cite avec plaisir – on le comprend! – certains passages le concernant, lui:
«Oui, les bolcheviks travaillaient avec zèle et infatigablement – écrit Soukhanov, qui appartint lui-même au parti battu des mencheviks – ils étaient dans les masses, devant les métiers, quotidiennement, constamment… Ils étaient devenus leurs, parce qu'ils étaient toujours là, dirigeant dans les petits détails, comme dans les choses importantes, toute la vie de l'usine et de la caserne… La masse vivait et respirait avec les bolcheviks. Elle était entre les mains du parti de Lénine et de Trotsky.»
Trotsky n'a pas oublié de citer ce morceau:
Soukhanov raconte ceci sur le président du Soviet de Petrograd [qui est… Trotsky himself !] : «S'arrachant au travail de l'état-major révolutionnaire il volait de l'usine Oboukhovsky à l'usine Troubotchny, de l'usine Poutilov à l'usine Baltique, du manège aux casernes, et, semblait-il, parlait simultanément dans tous les endroits. Il était connu personnellement et avait été entendu de chaque ouvrier et soldat de Petrograd. Son influence, et dans les masses, et dans l'état-major, était écrasante. Il était la figure centrale de ces jours-là et le héros principal de cette page remarquable de l'histoire.»
Question: y'a-t-y un jour, une heure, pour la présentation du bouquin par les éditions Smolny à la Fête?