"Emmett Till"

"Emmett Till"

Message par com_71 » 13 Fév 2023, 10:08

Je l'ai vu en VF. Ce n'est pas un bon film. Les faits sont révoltants mais le parti pris du réalisateur est de tout aseptiser. Les champs de coton sont presque un lieu de loisir, on y arbore de beaux vêtements et la sueur ne coule pas. Dans les quartiers noirs du Mississipi, aucune poussière, et les maisonnettes sont "charmantes". La peur n'est pas filmée mais racontée, même la haine des blancs lyncheurs est floutée. Les militants du NAACP sont des politiciens sans trop d'âme. Et en plus d'être bien proprettes, les scènes sont bien longuettes...
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: "Emmett Till"

Message par Byrrh » 13 Fév 2023, 12:51

Merci. J'avais vu les affiches, j'économiserai une place de cinéma.

Avec l'argent, j'achèterai plutôt Écrire pour sauver une vie. Le dossier Louis Till de John Edgar Wideman (Folio) :
En 1955, un adolescent noir, Emmett Till, prend le train à Chicago pour rendre visite à sa famille. Accusé d'avoir sifflé une femme blanche, il est kidnappé et assassiné. Ses meurtriers, blancs, seront acquittés. Resurgit en effet durant leur procès le fantôme du père d'Emmett, Louis Till, enrôlé dans l'armée américaine et jugé puis exécuté pour viol à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Tel père tel fils, considère le jury, aussi blanc que les accusés.

Hanté par ce fait divers qui a marqué l'Amérique, John Edgar Wideman décide d'enquêter sur les circonstances douteuses de cette exécution et tente de combler le silence de Louis Till. Faits historiques, éléments autobiographiques et fictifs s'entrelacent pour former un récit aussi personnel qu'actuel, auscultant une société américaine rongée par l'injustice et la violence.
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Re: "Emmett Till"

Message par artza » 14 Fév 2023, 07:24

Je l'ai vu en VO-ST.

Ce que rapporte Com_71 est exact mais très sévère.
Je trouverais dommage que sous l'influence de cette critique on renonce à voir ce film.

Je me doute que les amis et visiteurs de ce forum sont avertis des conditions actuelles et passées des afro-américains.

Ce n'est pas le cas de tout le monde loin de là . C'est une histoire qui ne commence pas avec la mort de George Floyd.

Des spectateurs peu informés verront une "histoire" révoltante mais exceptionnelle.

Un jeune Noir lynché n'avait rien d'exceptionnel. C'est le procès qui fut exceptionnel !


La mère d'Emmeret n'était pas une femme de ménage elle avait "un bon job" pour le ministère de la Défense.
Dans le Mississipi sont oncle est pasteur.

C'est un milieu afro-américain en cours d'ascension sociale et qui donnera des cadres au mouvement des droits civiques.

Les "maisons proprettes" sont celles d'une cité -université pour la promotion des Noirs construites avec des dons parfois de mécènes Blancs. On en voit un dans le film.

Les dirigeants de la NAACP correspondent à l'idée que je m'en fais, soucieux de respectabilité, respectueux de la légalité, bons chrétiens et patriotes américains.

Une dernière chose dans les années 50 le niveau de vie des classes populaires américaines c'était tout autre chose que le niveau de vie européen.
Visible dans le film le confort des wagons de chemin-de-fer.
artza
 
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Re: "Emmett Till"

Message par Byrrh » 16 Fév 2023, 00:29

J'ai vu le film ce soir en VO (hélas, dans un multiplexe Kinépolis : quels déplaisants endroits...). Je pense qu'en VF, l'émotion ne doit pas être la même. Je ne regrette pas de l'avoir vu.

L'actrice Danielle Deadwyler, qui incarne la mère de la victime, est remarquable, notamment dans la scène de sa déposition au tribunal. Après la douleur atroce qui la submerge devant la caisse déchargée du train, puis devant le corps martyrisé, ce qu'on lit ensuite sur son visage, c'est la force de l'opprimée décidée à se venger, et ça fait de l'effet : c'est un film qui alimente la colère.

Les Blancs racistes, la caméra a souvent tendance à ne pas se focaliser sur eux : des plans souvent brefs, et comme l'a remarqué Com_71, une utilisation récurrente du flou (par exemple, le gosse qui s'amuse à faire éclater des amorces pour effrayer les Noirs sur le point de parler à la presse, ou la fin de la démonstration de l'épicière mimant grotesquement les outrages qu'elle dit avoir subis de la part d'Emmett). C'est une façon de souligner cinématographiquement l'insignifiance de ces individus prétendument supérieurs aux Noirs.

En ce qui concerne la reconstitution des décors et la description de la classe moyenne noire des années 1950, je souscris aux remarques d'Artza.
Byrrh
 
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