Réédition : "Louise Bodin, la bolchévique aux bijoux"

[Byrrh]

Initialement publiée en 1988 aux éditions Pierre Horay, cette biographie par Colette Cosnier a été rééditée en mars 2023 aux Presses Universitaires de Rennes (PUR).

Il y a quelques années, j'avais vu la première édition à la librairie de Presles, ce qui m'incite à penser que l'ouvrage est digne d'intérêt.

Texte de quatrième de couverture :

Louise Bodin, la Bolchévique aux bijoux, de Colette Cosnier, c'est la biographie d'une de ces femmes remarquables qui surent en leur temps, comme l'écrit Michelle Perrot, "surmonter ce qu'était à leur époque la destinée normale d'une femme". Louise Bodin : née à Paris en 1877, morte à Rennes en 1929. Une vie brève hantée par le remords d'être une privilégiée, mais une vie de combat contre toutes les injustices, pour toutes les grandes causes de son temps.

Suffragiste, féministe, pacifiste, socialiste, communiste, enfin sympathisante trotskiste : autant d'engagements successifs qui marquent son itinéraire. Louise Bodin : une grande journaliste, auteure de plus de 500 articles, publiés dans Les Nouvelles rennaises, La Pensée bretonne, puis Le Populaire, L'Humanité, L'Ouvrière, mais surtout La Voix des Femmes, dont elle fut un temps la rédactrice en chef.

C'est la voix de cette femme, écrivaine et militante, que Colette Cosnier permettait d'entendre, en 1988, après plus d'un demi-siècle d'oubli, une voix caustique ou amusée pour dire la vie à Rennes avant 1914, une voix bouleversante pour crier la détresse des femmes et des mères pendant la grande guerre, une voix indignée pour protester contre la loi de 1920, une voix impitoyable pour décrire un congrès politique : la voix d'une femme témoin de son temps, qui a sa place dans l'Histoire des femmes.

C'est cette voix que les Presses universitaires de Rennes donnent à redécouvrir aujourd'hui.

[Zorglub]

Merci Byrrh, mis dans ma liste .

[Cyrano]

T'as mis dans la liste, et...?
T'as t'y lu? Dis nous tout.

[Zorglub]

Oh la comme tu y vas mon pôv' Cyrano.
Je l'ai mis sur une liste de cadeaux mais on ne m'en offre pas beaucoup (Caliméro).
De plus, j'ai les yeux plus gros que le ventre, et j'accumule les livres, revues etc. à lire plus vite que ceux que j'ai lus.
C'est un peu comme la baignoire que se remplit et qui a trou, calculez quand elle sera vide.
Parfois sitôt offert sitôt dedans, j'en parlerai ici une fois que j'aurai dénoué les nœuds au cerveau que ce livre me fait.

[Cyrano]

Ah... la baignoire qui se remplit, qui se vide...
Voici un problème de Calcul posé un garçon de 12 ans et demi, le 3 mars 1930...
Non mais, franchement, que penser des grandes personnes quand "on" ouvre les deux robinets en même temps? L'époque heureuse où on pouvait gâcher l'eau.

[Bertrand]

Il te reste 5 min pour trouver la réponse.

[pouchtaxi]

Le pitchoun mérite 20/20 en écriture !

Ah les porte-plumes et encriers , que d'occasions de bêtises qui faisaient bien rire.

[Gayraud de Mazars]

Adiu cars collègas,

Le pitchoun

Si le camarade Pouchtaxi se met à parler occitan...

Mais à l'école c'était un interdit notoire !

Fraternellement,
GdM

[Cyrano]

Il te reste 5 min pour trouver la réponse.

Et il fallait trouver la réponse, mais, gaffe, fallait une solution raisonnée, fallait pas oublier d'écrire le mot en toutes lettres, pas un calcul couci-couça.
Le pitchoun avait trouvé, lui. Quelques pages plus loin... y'a les trains entre Paris et Lyon qui se croisent (bref: la totale)!
Z'avez remarqué? Suffit de sortir un cahier aux pages jaunies, avec pleins et déliés à la si belle encre violette, et hop! Bertrand rapplique avec porte-plume et encre rouge pour corriger !

Pour Gayraud:
Dans Fanny, lorsque Fanny apprend à Panisse qu'elle est enceinte de Marius, le Panisse, sous le coup de l'émotion parle en provençal:
«Es un pichon, Fanny? Digo mi, Fanny, es un pichon?»
Le provençal, un dialecte de l'occitan?

Oui, le garçon mérite un "Très bien" en écriture (et en dictée, idem, c'est impressionnant). Evidemment, les cahiers qu'on peut retrouver sont surtout les cahiers des bons et des bonnes élèves (là, le jeune garçon, Louis, est un très, très bon élève). Les cahiers cochonnés sont rarement conservés. Je n'en possède que quelques-uns - mais qui valent parfois le détour.

[Cyrano]

Le 20 novembre 1927 parait le premier numéro de la revue d'opposition communiste, Contre le courant. L'élégante Louise Bodin, épuisée et déformée par la maladie, rédige une lettre pour le Comité central du Parti Communiste Français. Bien sûr, cette lettre ne sera pas publiée et c'est dans la revue Contre le courant, qu'elle sera publiée en décembre 1927.

Camarades, il m’est impossible d’accepter dans ses causes, dans son exécution, dans sa signification et dans ses conséquences, l’exclusion de Trotsky du Parti communiste russe, et des grands révolutionnaires qui ont fait avec Lénine la Révolution russe de 1917. Il m’est impossible d’accepter le ton vulgaire et blessant de L’Humanité dans sa campagne contre l’Opposition, qui tente de cacher par la violence, les menaces, les injures et les pitreries, l’embarras ou elle est d’expliquer des mesures de force inexplicables. [...]

Vous publiez des extraits de Lénine (on peut d’ailleurs publier tout ce qu’on veut quand on veut perdre son adversaire). Que ne publiez-vous la pensée de Lénine quant à Staline et au Comité central?

[...] Quant a vos Comités régionaux, ils approuvent tous en mesure, sans se soucier si tel paragraphe de leur approbation contredit le précédent. Et puis vous avez aussi pour vous les articles de René Marchand dans La Volonté. Ces articles curieux, à la gloire de Staline, sont tout de même un peu inquiétants.

Camarades, vous ferez de moi ce que vous voudrez. J’ai l’intention qu’on sache ici, d ma région, que je suis d’accord avec l’Opposition. Vous me déférerez de la Commission de contrôle. Je sais, et vous le dites, que vous n’en êtes pas à une tête près, et que suis-je auprès des grands révolutionnaires russes que vous avez sacrifiés d’un coeur si léger?

Quand on vous parle idées, vous répondez personnes. Vous direz à mes camarades que je n’ai pas aimé la classe ouvrière. Vous leur direz que je suis une contre-révolutionnaire. S’ils le croient, je les plains. Vous leur direz peut-être bien d’autres choses encore. Que m’importe. J’ai libéré ma conscience qui reste fidèle aux enseignements de Lénine, fidèle à l’immense enthousiasme révolutionnaire qui me secoua en 1917, fidàle a la conviction qu’il faut continuer de combattre, à renseigner les travailleurs, fidèle de l’espoir qu’un jour prochain la classe prolétarienne gardera enfin sa Révolution faite et saura – entre les hommes – reconnaître les siens.

Ce sont, je crois, ses dernières paroles publiques: ce qui attend Louise Bodin, ce sont plusieurs mois d'une lente et insupportable agonie qui avait déjà commencé et qui prendra fin le 3 février 1929, lorqu'elle avait 51 ans.