Les illusions perdues de Robert Linhart - l'établi

Re: Les illusions perdues de Robert Linhart - l'établi

Message par artza » 16 Avr 2023, 07:13

Je reviens sur l'article de l'Huma mis plus haut par GdM.

C'est gonflé.

Je ne sais pas si le jeune spectateur a les clés pour comprendre la situation montré dans le film, je lis par contre que notre critique se garde bien d'indiquer la bonne serrure ;)
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Re: Les illusions perdues de Robert Linhart - l'établi

Message par Cyrano » 16 Avr 2023, 07:57

Dans l'article, j'ai remarqué ça:
" la reprise en main revancharde des patrons après l’humiliation des accords de Grenelle."
Tu parles d'une humiliation:
Des millions de travailleurs en grève, une France ville-morte, et tout ça pour avoir 10% d'augmentation (et en deux fois!).
Des patrons revanchards, oui, pour la trouille qu'ils avaient eue.
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Re: Les illusions perdues de Robert Linhart - l'établi

Message par Ottokar » 16 Avr 2023, 08:05

Lorsque le livre de Linhart paraît, dix ans après Mai 68, les lecteurs ont les codes pour saisir le propos. Pas sûr que les plus jeunes spectateurs d’aujourd’hui aient toutes les clés pour le faire. 

Je rebondis sur la remarque d'Artza qui relève cette phrase de la critique de l'Huma. C'est un monstre de malhonnêteté. Les codes et les clés ne sont pourtant pas totalement inaccessibles.

Dans l'après 68, le PC avait la hantise des gauchistes, qu'ils appelait aimablement "gauchistes-Marcellin" du nom du ministre de l'Intérieur (un Darmanin croisé de Lallement au carré). Ils les accusaient d'être des fils de bourge, de venir à l'usine dans la Rolls de papa, le moins méchant étant encore Ferrat et sa chanson "pauvres petits cons"... Il y a eu l'édito de Marchais en plein Mai 68 parlant des "anarchistes allemands" à propos de Cohn Bendit et le refus de la CGT de Renault de dénoncer l'assassinat de Pierre Overney à Billancourt, répandant des calomnies, disant que c'était gosse de riches alors qu'il était de milieu très populaire (il aurait été gosse de riches que cela n'aurait rien changé d'ailleurs, un assassinat à la porte d'une usine reste quelque chose de scandaleux et qui menace l'ensemble des militants).

Plus généralement, tout ce qui ne venait pas d'eux était violemment combattu, les militants exclus, dénoncés au patron, virés avec leur complicité, parfois leur aide. Dans le film, le syndicaliste (Olivier Gourmet) dit que "les instances CGT ne vous suivront pas dans la grève", sans qu'on sache trop pourquoi, mais lui, il se met avec les grévistes, il en est solidaire, de façon normale, humaine. Dans le livre, autant que je m'en souvienne, la grève démarre sans la CGT, et Linhart réunit les uns et les autres à la base comme dans le film. Mais ensuite, quand ça prend de l'ampleur, un peu dépassé... il va voir la CGT pour qu'elle généralise la grève ! Attitude de petit garçon. Pourtant les maos de l'époque se croyaient revenus sous le nazisme, en 42-43 en France, et traitaient les syndicalistes de collabo, allez vous y retrouver ! C'est un détail, mais il juge les maos et leur logomachie au passage.

Le film peut se voir sans savoir tout cela (comme on peut lire la BD de Tardi sur Dominique Grange). Mais si l'Huma en parle, et surtout si on reproduit ses articles ici, la moindre des choses est de rappeler la montagne d'ignominie des staliniens de l'époque. L'exclusion bureaucratique de Jean-Pierre et de la CGT PSA Poissy montre que les habitudes ont la vie dure...
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