"Vers un avenir radieux", film de Nanni Moretti (2023)

[Byrrh]

Le nouveau film du cinéaste italien Nanni Moretti, Vers un avenir radieux, est sorti aujourd'hui en France. D'après le peu que j'ai lu pour le moment, Moretti continue d'explorer la veine de l'"autofiction", à la suite de ses précédentes comédies Journal intime (1993) et Aprile (1998).

Dans ce film, il évoque notamment le Parti communiste italien en 1956, au moment de la répression de l'insurrection hongroise.

Je ne connais qu'assez sommairement l'œuvre de Moretti. D'après mes vagues souvenirs de son film de 1989 Palombella rossa, j'avais l'impression qu'il s'agissait un peu d'une sorte de Woody Allen italien, avec un regard un tantinet désabusé et doux-amer sur sa jeunesse gauchiste ou gauchisante, sur le déclin du PC italien... Mais peut-être suis-je à côté de la plaque. Il faudrait que je revisionne ses films.

Ce qui m'a incité à poster ce message, c'est le plan suivant, qui correspond apparemment à l'une des dernières séquences du film. Un plan que j'ai entr'aperçu tout à l'heure à l'occasion d'un reportage sur Arte... Intriguant, non ?

[pouchtaxi]

Pas si étonnant lorsqu'on a vu le film.

Que ceux qui craindraient que la suite "spoil" le film ne la lisent pas !


Moretti joue le rôle d'un réalisateur qui tourne un film centré sur une section du PCI en 1956 au moment des évènements de Budapest.

Une partie de la section s'indigne de la répression menée par l'armée russe. Le dirigeant de cette section, dans une première version du scénario, ne peut se résoudre à se désolidariser de la "patrie des travailleurs" et de l'alignement initial de son parti . Puisqu'on " ne peut pas avoir raison en dehors du parti", (une réplique du film), le scénario prévoit son suicide (qui est en miroir une fugace tentation du réalisateur, l'autofiction signalée par Byrrh).

Finalement le réalisateur change la fin trop sombre. Dans les scènes finales on voit la section, avec son responsable au mégaphone, sous les fenêtres du siège du PCI, demander à Togliatti de renoncer à la ligne de soutien à l'invasion de la Hongrie par l'armée russe. Je ne rappelle pas l'histoire de cette période et son traitement par le PCI.

A la toute fin, l'image du message précédent est une métaphore du cheminement vers un avenir radieux sous forme d'une manifestation. Le visage de Trotsky apparaît comme symbole de ce dessillement. J'avoue que j'ai été surpris, rien ne l'annonçait !

Quant à savoir ce que Nanni Moretti pense de Trotsky, au-delà de la simple utilisation de sa photo, le film ne permet pas de conclusion. Je parierais qu'en France il aurait appelé à voter LFI !

Nanni Moretti est un cinéaste fort talentueux, souvent drôle et caustique, son nombrilisme désenchanté est en quelque sorte atténué par la distanciation qu'introduit la présence, habituelle dans ses films, de nombreuses scènes qui relèvent de la farce.

[Byrrh]

Le point de vue (deux points de vue, en fait) d'une organisation trotskyste italienne : https://www.pclavoratori.it/files/index ... S&oid=7468

Je vous laisse utiliser les outils de traduction automatique...