Un siècle de dictature nucléocrate ?

Rien n'est hors-sujet ici, sauf si ça parle de politique

Message par Louis » 20 Oct 2003, 14:44

Dans Rouge cette semaine :



CITATION Le gouvernement voudrait faire voter, d'ici à la fin de l'année, la relance du programme nucléaire civil en France.
Combien de fois faudra-t-il donc le rappeler ? Remplacer le parc actuel de centrales électriques par de nouveaux générateurs nucléaires, c'est engager le pays pour un siècle entier, au minimum. Un siècle de plus sous la menace atomique... Rien pourtant n'impose au gouvernement de prendre une décision maintenant ; rien, si ce n'est de préparer l'entrée en Bourse d'EDF et d'Areva (qui construit les réacteurs) en donnant des garanties aux futurs actionnaires sur l'avenir de cette industrie. Pour Nicole Fontaine, ministre déléguée à l'Industrie, "la France ne peut raisonnablement pas se passer de l'énergie nucléaire". Mais de quelle raison parle-t-on, si ce n'est de celle du puissant lobby nucléocrate ? Il y a une trentaine d'années, l'Etat français avait décidé de bouleverser le secteur de l'énergie. Une décennie avait alors suffi pour créer l'industrie de l'atome et assurer sa prééminence. Il suffirait d'affirmer aujourd'hui la même volonté politique pour sortir rapidement du nucléaire, en fondant la production énergétique sur des bases nouvelles, modernes. Contrairement à ce que le discours officiel laisse entendre, le réacteur franco-allemand à eau pressurisée (EPR) n'appartient pas à une "troisième génération". Sa technologie est conventionnelle. Plus discrètement, il est présenté comme un réacteur "de transition". Vers quoi ? Vers un xxiie siècle nucléaire ? Décidemment, l'industrie de l'atome se voudrait aussi éternelle que la radioactivité des déchets qu'elle produit... Aucun des risques vitaux inhérents à la technologie nucléaire n'a été résolu. Bien au contraire : le danger représenté par les centrales atomiques apparaît plus multiforme encore, à la lumière des événements récents. Risque face aux inondations, illustré lors de la tempête de décembre 1999. Risque face à la canicule, révélé l'été dernier. Risque face à de possibles attentats et conflits militaires, enfin reconnu après le 11 septembre 2001. Sans revenir ici sur le risque de ruptures des systèmes hyper centralisés de distribution d'électricité, telles qu'il y en a eu en France en 1999 (la tempête) et dernièrement aux Etats-Unis et en Italie. Or, l'atome n'est pas une technologie industrielle comme les autres. Du fait même de la radioactivité, le risque encouru lors d'un accident n'a pas a priori de limites dans l'espace (dissémination liée aux vents), dans le temps (durée de vie des rayonnements) et dans le vivant (possibles effets génétiques). Il n'y a ici plus de commune mesure avec le danger industriel "habituel", si grand soit-il. Quelle "raison", selon Nicole Fontaine, nous obligerait-elle à subir une telle menace pendant un siècle de plus ? Décider de relancer le nucléaire, qui monopolise 80 % du budget de la recherche dans ce secteur industriel, c'est aussi renoncer à développer les autres technologies énergétiques, un domaine dans lequel la France accumule pourtant d'ores et déjà un retard considérable. C'est, de même, un bien mauvais coup pour l'emploi et le développement économique décentralisé. Car les conceptions modernes de la production d'énergie impliquent la formation d'une nombreuse main-d'oeuvre aux qualifications multiples, dont l'activité s'insère dans les réalités sociales et économiques locales ou régionales. Ce dont le nucléaire est bien incapable. Quant aux travailleurs et chercheurs de l'atome, nous aurons encore longtemps besoin d'eux pour démanteler les centrales (on ne sait pas vraiment comment) et tenter de résoudre l'insoluble question des déchets. Pour s'opposer au plan de relance gouvernemental, il ne suffit pas d'exiger le report de la décision. Cela fait trop longtemps que le débat de fond se voit reporté. Si Mitterrand puis la gauche plurielle n'avaient pas renié leurs engagements et s'ils avaient organisé un véritable débat démocratique sur les choix énergétiques, nous n'en serions pas là. Il faut se battre sans plus attendre pour une alternative au nucléaire. Le Réseau Sortir du nucléaire se prépare à réagir aux initiatives gouvernementales. Il annoncera de nouvelles initiatives militantes dans les toutes prochaines semaines.

Pierre Rousset [/quote]
Louis
 
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Message par Screw » 21 Oct 2003, 14:37

En passant, je trouve le titre de l'article idiot...
Screw
 
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