service public et pratiques alimentaires

Rien n'est hors-sujet ici, sauf si ça parle de politique

Message par Valiere » 07 Jan 2005, 21:48

LA RESTAURATION COLLECTIVE

NE PEUT PRENDRE EN COMPTE TOUTES LES PRATIQUES ALIMENTAIRES



"La mairie de Villefranche-sur-Saône (Rhône) a informé par lettre une vingtaine de parents d'élèves, pour la plupart musulmans, que leurs enfants pourraient être exclus de la cantine scolaire s'ils refusaient de manger de la viande. "Voici comment débute un article de Presse Canadienne portant sur cette affaire quasi nationale( !)

Cet incident local a conduit le MRAP à menacer de porter plainte pour racisme!

Mouloud Anouit saute sur tout ce qui bouge notamment quand il s'agit d'attaquer un service public...

L'attitude de la Municipalité si elle est condamnable ne révèle pas d’ un racisme réel ou larvé mais plutôt d’une conception quelque peu rétro de la restauration scolaire...

Pour le Maire, il est indispensable que les enfants mangent de tout, cela rappellerait presque le temps où les surveillants de cantine obligeaient les petits à manger jusqu'à la dernière bouchée: l'ultime punition consistant à rester une partie de la récréation de cantine pour avaler l'ultime miette.

Au-delà du coup médiatique, cet incident regrettable lance le débat sur la question des "interdits" culinaires cultuelles ou culturelles et la possibilité ou non pour le service public de réponde positivement à toutes les demandes formulées par les familles.

De nombreuses collectivités territoriales ont réorganisé leur restauration scolaire afin de permettre aux enfants qui ne mangent pas de porc de disposer d’une autre viande .

C’est une évolution inéluctable, tenant compte à la fois de la réalité et de la possibilité de répondre aux demandes des familles sans que cela occasionne des difficultés insurmontables.

Dans l’application de ce nouveau « dispositif » certains dérapages fort inquiétants ont été constatés dans plusieurs restaurants scolaires : le regroupement par tables d’enfants sans porc ou même la distribution systématiquement de repas sans porc en fonction de la couleur de la peau même si les parents n’avaient rien indiqué en termes de prescription.

Ces dérives sont naturellement intolérables et il est indispensable que la mixité totale des tables soit effective et que l’on ne tienne compte que des indications écrites par les parents.

Dans le cadre d’une formation d’animateurs, il m’a été rapporté que certains enfants voire même des adultes faisaient pression sur des rationnaires afin qu’ils suivent telle ou telle prescription

Aujourd’hui une campagne sans précédent est faite afin que des repas halal soient disponibles pour ceux qui le désireraient…Certains mouvements « anti racistes » comme le MRAP en arrivent même à considérer que ces demandes devraient être satisfaites.

Peut-on favoriser une pratique alimentaire plus qu’une autre ?

Il existe aussi des végétariens, des végétaliens, des personnes qui ne mangent pas de bœuf…

Il faudrait donc tenir compte de toutes ces différences et en plus :proposer deux viandes, une halal et une non halal car il ne serait pas possible d’imposer à des non musulmans de la viande consacrée.

Aucun service public ne peut prendre en compte toutes ces pratiques et le principe de non discrimination exige que l’on réponde à toutes ou à aucune.

La viande Halal est une viande qui est taxée puisqu’une partie du prix est versé à des associations cultuelles, la mosquée de Paris en étant une.

Une collectivité publique peut elle remettre en cause la loi de séparation des églises et de l’Etat ?

Poser la question, c’est y répondre ! c’est non…

On pourrait aussi parler de la qualité de la viande halal qui n’est pas non plus toujours garantie… Des musulmans pratiquants s’en inquiètent d’ailleurs.

La laïcité des services publics et l’égalité de tous les enfants exigent qu’aucune discrimination ne soit mise en œuvre.

Une seule solution équitable permettrait de répondre à toutes les demandes sans choisir entre les pratiques : séparer la viande des légumes et laisser le choix de manger ou de ne pas manger la viande ou telle viande.

Valière
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Message par justedepassage » 09 Jan 2005, 00:46

Il s'agit d'une manifestation particulière, parmi de nombreuses autres, de revendication communautaire.
Conforter le communautarisme, s'opposant à l'intégration culturelle et sociale, reviendrait à accentuer les divisions.
Par ailleurs, des établissements gérés par des communes d'extrême droite ont proposé des repas dans lesquels la viande de porc se révélait excessivement fréquemment présente.
La question de la restauration scolaire admet une réponse d'autant moins simple que la délocalisation tend à favoriser le particularisme gestionnaire.

Il n'est évidemment pas possible de souscrire à toutes les revendications particulières qui se multiplient. Celles-ci ne pourraient conduire qu'à l'établissement de règles communes qui tendraient alors à réduire les caractéristiques de souplesse et d'adaptation qui ont été apportées dans les établissements.
justedepassage
 
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Message par Valiere » 09 Jan 2005, 14:59

D'accord avec toi et je pense qu'il est possible d'aller expliquer tout ceci aux parents des enfants, calmement, clairement.
Valiere
 
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Message par Valiere » 09 Jan 2005, 16:15

recomposition du texte

LA RESTAURATION COLLECTIVE
PEUT- ELLE PRENDRE EN COMPTE
TOUTES LES PRATIQUES ALIMENTAIRES ?


De nombreuses collectivités territoriales ont réorganisé leur restauration collective, notamment scolaire afin de permettre aux enfants qui ne mangent pas de porc de disposer d’une autre viande .Hors de la question de la pertinence d’un tel choix, l’application de ce nouveau « dispositif » a entraîné des dérapages fort inquiétants dans certains restaurants scolaires : le regroupement par tables d’enfants dits « sans porc » ou même la distribution systématique de repas sans porc en fonction de la couleur de la peau même si les parents n’avaient rien indiqué en termes de prescription.
Ailleurs, des enfants, sans doute par mimétisme, pour faire comme … ont déclaré ne pas manger de porc sans aucune justification.
Dans un tel contexte, ces dérives sont naturellement intolérables et il est indispensable que la mixité totale des tables soit effective et que l’on ne tienne compte que des indications écrites par les parents.
Dans le cadre d’une formation d’animateurs, il nous a été rapporté que certains enfants voire même des adultes faisaient pression sur des rationnaires afin qu’ils suivent telle ou telle prestation !
Aujourd’hui une campagne sans précédent est faite afin que des repas halal soient disponibles pour ceux qui le désireraient… Certains mouvements « antiracistes » comme le MRAP en arrivent même à considérer que ces demandes devraient être satisfaites.
Peut-on favoriser une pratique alimentaire plus qu’une autre ? Une pratique religieuse plus qu’une autre ?
Il existe aussi des végétariens, des végétaliens, des personnes qui ne mangent pas de bœuf, d’autres qui mangent kasher … des régimes alimentaires sans arachide, sans sésame, sans …
Il faudrait donc tenir compte de toutes ces différences car il ne serait pas possible d’imposer à des non musulmans de la viande consacrée, à des non juifs une alimentation kasher, à des non végétariens de ne pas manger de viande, à des non végétaliens de ne pas manger d’œufs, …
Contrairement à ce qu’affirment les beaux parleurs, nous voyons bien qu’aucun service public n’est en capacité de prendre en compte toutes ces pratiques et le principe de non discrimination exige que l’on réponde à toutes ou à aucune.

La laïcité des services publics et l’égalité de tous les enfants exigent qu’aucune discrimination ne soit mise en œuvre. Pas plus à l’égard des musulmans que des chrétiens, des juifs que des animistes, des …
Une seule solution, au premier abord équitable, permettrait de répondre à toutes les demandes sans choisir entre les pratiques : séparer la viande des légumes et laisser le choix de manger ou de ne pas manger la viande ou telle viande.
Mais en plus du problème d’égalité des enfants face au choix – on ne pourrait en effet offrir tous les types de plats répondant à toutes les options (cf. ci-dessus) – se poserait alors celui de la responsabilité du service public face au nécessaire équilibre alimentaire essentiel à la croissance et au développement harmonieux du corps et de l’esprit.
Valiere
 
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Message par mael.monnier » 10 Jan 2005, 14:46

(Valiere @ vendredi 7 janvier 2005 à 21:48 a écrit : Une seule solution équitable permettrait de répondre à toutes les demandes sans choisir entre les pratiques : séparer la viande des légumes et laisser le choix de manger ou de ne pas manger la viande ou telle viande.
Ils n'ont qu'à manger du poisson !
mael.monnier
 
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Message par mael.monnier » 10 Jan 2005, 14:51

Mais de toute façon, au nom de qui les parents imposent un régime alimentaire à leurs enfants pour des convenances religieuses ? Cela devrait être interdit purement et simplement, tout comme le port du voile, de la croix, ou autre signe religieux chez les mineurs, au nom des droits des enfants. On a déjà suffisament de contraintes avec les allergies, s'il faut en plus satisfaire les desiderata religieux...
mael.monnier
 
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Message par Valiere » 10 Jan 2005, 17:33

Je n'irais aussi loin que toi mais je pense que c'est effectivement à l'enfant de choisir s'il veut telle ou telle nourriture.
Peut être à partir d'un certain âge.
Faisons pratique :

Des parents indiquent que leur enfant ne doit pas manger de porc or il veut en prendre. Que faire?
Les animateurs de restauration scolaire doivent respecter l'avis de l'enfant en montrant que c'est un choix de ce dernier et non une manoeuvre des encadrants.
Valiere
 
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Message par mael.monnier » 10 Jan 2005, 18:23

(Valiere @ lundi 10 janvier 2005 à 17:33 a écrit : Des parents indiquent que leur enfant ne doit pas manger de porc or il veut en prendre. Que faire?
Les animateurs de restauration scolaire doivent respecter l'avis de l'enfant en montrant que c'est un choix de ce dernier et non une manoeuvre des encadrants.

Mais pourquoi donc autoriser les parents à indiquer un régime pour des raisons religieuses ou autres ? Seul un médecin doit pouvoir le faire en cas de nécessités médicales. Tu me dis que l'enfant serait ensuite libre de choisir ou non de manger du porc par exemple. C'est ignorer la psychologie de l'enfant.

Je cite Mansoor Hekmat (L'islam, les droits des enfants et le voile-gate de Rahe Kargar, juin 1997):
a écrit :L'enfant, même quand il est victime de la violence et de la maltraitance, considère que ses parents ont raison et c'est lui qui a tort. Il considère la résignation à ses parents comme un devoir évident. Pour un enfant, perdre l'affection des parents, ne pas obtenir leur satisfaction, les fâcher, est un cauchemar.
(Source : http://www2.cddc.vt.edu/marxists/francais/...at_19970600.htm)

Imagine donc un peu que les parents de l'enfant apprennent qu'il ne respecte pas leur fichu régime à l'école ? Crois-tu que l'enfant pourrait résister ?

Pour moi la réponse est non, et il faut donc interdire purement et simplement aux parents de préconiser un régime pour leur enfant à des fins religieuses, philosophiques ou morales. Ainsi, c'est le régime alimentaire normal pour tous. Et à la moindre réflexion des parents, on peut ainsi les sermonner, leur dire explicitement que l'enfant ne leur appartient pas, et qu'ils n'ont pas à lui imposer des choix.
mael.monnier
 
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Message par Valiere » 10 Jan 2005, 18:30

a écrit :Mais pourquoi donc autoriser les parents à indiquer un régime pour des raisons religieuses ou autres ? Seul un médecin doit pouvoir le faire. Tu me dis que l'enfant serait ensuite libre de choisir ou non de manger du porc par exemple. C'est ignorer la psychologie de l'enfant.


Certaines villes ont mis en place des plats avec des viandes différentes, l'enfant choisissant seul sa viande.
C'est une solution qui permettrait le respect de son choix.

Il faut quand même sépare les légumes des viandes ce qui permet de lever des blocages de la part d'enfants qui porraient d'eux mêmes ne rien manger.
Valiere
 
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Message par Pascal » 10 Jan 2005, 19:02

(mael.monnier @ lundi 10 janvier 2005 à 18:23 a écrit : Mais pourquoi donc autoriser les parents à indiquer un régime pour des raisons religieuses ou autres ? Seul un médecin doit pouvoir le faire en cas de nécessités médicales. Tu me dis que l'enfant serait ensuite libre de choisir ou non de manger du porc par exemple. C'est ignorer la psychologie de l'enfant.
Je ne suis pas du tout d'accord.

Le fait de ne pas manger de porc ne peut pas être comparé au voile. Tout d'abord parce que si le voile est un symbole discriminatoire envers les femmes, le fait de ne pas manger de porc n'est en rien humiliant ou discriminant.

Si, à l'origine, c'est des raisons religieuses qui interdisent le porc pour les juifs et les musulmans, c'est aussi devenu une pratique culturelle.

Sans être croyant, si depuis des générations le porc est considéré cmme une viande qui ne se mange pas, il y a de forte chance pour que tu ne veuilles pas en manger.

Je trouve donc qu'il est normal que les cantines scolaires puissent proposer des repas sans porc aux gamins. Après, je suis d'accord avec Valière, au gamin de choisir en passant au self.

Et pour ce qui est d'ignorer la psychologie de l'enfant... Mael, tu n'as jamais vu des mômes être attirés justement par ce que ses parents lui interdisent ?
Pascal
 
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