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Message Publié : 09 Fév 2006, 00:18
par pelon
a écrit :
À propos des caricatures de Mahomet: Le bal des hypocrites

Si les événements qui ont suivi la publication par un quotidien danois de caricatures de Mahomet démontrent quelque chose, c’est que le jésuitisme est la chose la mieux partagée par tous ceux qui se réclament d’une religion, qu’elle soit catholique, luthérienne ou musulmane... et par bon nombre d’hommes politiques et de commentateurs. «Les choix se sont faits entre le principe de la liberté de la presse et le respect de la foi» affirmait Libération le 3 février, en annonçant à la Une un dossier sur les «caricatures de Mahomet [qui] embrasent le monde musulman».

Présenter les choses sous ce seul aspect, c’est vraiment se moquer du monde.

Qui peut croire qu’en présentant Mahomet comme un poseur de bombes, le Jyllands-Posten, quotidien danois conservateur, était habité par le seul désir de combattre la religion (dans un pays où le luthérianisme est religion d’État)? Sa rédaction en chef savait ce qu’elle faisait en commandant spécialement ces dessins dans un pays où l’extrême droite se sent le vent en poupe, après avoir obtenu 13% des sièges au Parlement.

Qui peut croire que France-Soir, en reproduisant ces dessins, n’était animé que par la passion de défendre la liberté de la presse et non par la recherche d’un coup médiatique, bien utile à un journal en difficultés financières. D’ailleurs, le limogeage immédiat de son rédacteur en chef par le principal actionnaire du journal a aussitôt montré ce qu’il fallait entendre par «liberté de la presse» dans le monde capitaliste.

Mais qui peut croire aussi que les manifestations qui se sont déroulées ces jours derniers dans les pays musulmans aient été dues à la seule indignation de gens qui se seraient sentis offensés dans leur foi?

Dans une Syrie où il n’y a de manifestations qu’autorisées, c’est-à-dire voulues par le régime policier de Damas, le sac des ambassades danoise et norvégienne ne peut pas être le seul fait de fanatiques religieux. Affaibli depuis qu’il a dû évacuer le Liban, le régime syrien, pourtant laïque, cherche à se refaire une santé en s’affichant comme un défenseur de l’islam. En orchestrant ces manifestations, il cherche à souder la population derrière lui et à démontrer à l’Occident qu’il peut s’appuyer sur elle. C’est aussi une manière d’amener ses voisins islamiques, et d’abord les monarchies du Golfe, à le soutenir face à l’Occident.

De la même manière les religieux chiites qui sont les maîtres de l’Iran se sont trouvés bien heureux, dans un contexte où ils sont soumis aux pressions occidentales visant à les empêcher de développer leur programme nucléaire, de pouvoir jouer le rôle des croyants outragés.

Et bien sûr les mouvements islamistes de toutes sortes, dont les invocations à l’islam recouvrent la volonté d’imposer des régimes réactionnaires, se sont précipités pour utiliser cette situation. Mais s’ils peuvent le faire avec succès, c’est aussi parce que la politique des grandes puissances impérialistes, le mépris qu’elles affichent pour les victimes de leurs interventions en Irak et en Afghanistan, leur soutien à Israël et leur déni de fait des droits du peuple palestinien, l’exploitation des ressources et des travailleurs des pays du Tiers Monde, suscite dans la population des sentiments de haine envers tout ce qui représente l’Occident.

Mais les hommes politiques occidentaux qui font mine de défendre la «liberté de la presse», tout en se prononçant pour le respect des convictions religieuses de chacun, ne sont pas les derniers dans ce concours d’hypocrisie. Ces discours sur le «respect des convictions religieuses» sont à la fois un instrument diplomatique dans leurs relations avec les pays musulmans, et un geste destiné aux bigots de leurs propres pays (ils en font parfois eux-mêmes partie) dont ils ont besoin de l’appui politique.

Quand Bush dit «comprendre» les réactions des musulmans face aux caricatures de Mahomet, il y a, de la part de ce président qui se dit «born again» (le christianisme lui aurait offert une «re-naissance»), l’expression d’une confraternité en bigoterie.

Car il n’y a pas que dans le tiers-monde que l’obscurantisme religieux fait bon ménage avec l’oppression sociale.

On en a un bon exemple avec les États-Unis et les assauts réitérés des intégristes chrétiens visant à mettre sur un pied d’égalité dans l’enseignement les contes bibliques sur l’origine du monde et la science. Il n’y a pas que sur ce terrain des fadaises «créationistes» que les intégristes chrétiens font feu, au propre comme au figuré, de tout bois. Le personnel des centres d’interruption de grossesse, dont plusieurs médecins ont été assassinés au nom de la défense du caractère sacré de la vie, les femmes qui ont de plus en plus de mal à trouver de tels centres, savent que les fous de dieu chrétiens n’ont rien à envier à leurs homologues musulmans, juifs, hindous ou autres.

Mais si l’humanité n’est pas sortie du Moyen Âge, si elle menace par bien des aspects d’y retourner, ce n’est pas un simple problème de survivance des préjugés religieux. C’est surtout une conséquence d’un ordre social dépassé, reposant sur l’exploitation et l’oppression, qui se survit, et qui a besoin pour maintenir sa domination de s’appuyer sur tout le fatras des idées réactionnaires héritées du passé.

Pierre LAFFITTE

Lutte Ouvrière n°1958 du 10 février 2005

Message Publié : 09 Fév 2006, 00:19
par pelon
a écrit :
Respect et tolérance : De curieux donneurs de leçons

La «liberté d’expression» ne s’use que si l’on s’en sert. C’est ce qu’il faut retenir des déclarations du ministre français des Affaires étrangères, Douste-Blazy, qui s’est prononcé pour «le respect des croyances, de la religion, de la spiritualité de chacun».

Les autorités religieuses de tous bords ont abondé dans le même sens. Le porte-parole du pape a ainsi déclaré: «La liberté de penser et d’expression n’autorise pas à offenser les convictions religieuses de quiconque. Ce principe s’applique évidemment à toutes les religions». L’intérêt de ce principe pour ces autorités réside dans le fait qu’elles définissent elles-mêmes là où commence l’offense et où donc se termine la liberté d’expression.

Mais en matière de liberté d’expression, l’Église est mal placée pour donner des leçons, elle qui en 1864 dans le Syllabus, condamnait expressément la liberté de conscience comme une des «erreurs modernes». Elle était, ce faisant, bien dans la ligne des pères de l’Église.

Dès 417, Saint-Augustin expliquait cyniquement: «Il y a une persécution injuste, celle que font les impies à l’église du Christ; il y a une persécution juste, celle que font les églises du Christ aux impies. [...] l’Église persécute par amour, les impies par cruauté.»

En France durant plus d’un millénaire, l’Église par ses bûchers, ses tribunaux, ses inquisiteurs, mit effectivement beaucoup d’amour à persécuter.

Sous l’Ancien Régime, à l’époque où le catholicisme était religion d’État, combien ont été condamnés à mort pour avoir «blasphémé»? Pour ne citer qu’un exemple, en 1766, le chevalier de la Barre, âgé de 19 ans, fut jugé pour «crime d’impiété». Son crime? Avoir gardé son chapeau au passage d’une procession religieuse. La sentence du tribunal lui reprochait aussi d’avoir «chanté des chansons abominables et exécrables contre la vierge Marie, les saints et saintes» dans une soirée privée. Il fut condamné par le tribunal à être torturé puis décapité. Son corps fut ensuite brûlé avec le dictionnaire philosophique de Voltaire trouvé en sa possession.

Si depuis deux siècles, la religion catholique a perdu du terrain et a dû composer, elle ne cesse de vouloir reprendre la main et de vouloir régenter les consciences et la vie des gens.

On ne peut certes pas rendre la hiérarchie catholique responsable des actions de ses plus zélés partisans comme ces commandos intégristes qui ont plastiqué en 1988 le cinéma qui projetait La dernière tentation du Christ, un film de Martin Scorsese, jugé blasphématoire. Mais c’est bien l’Église qui a fait interdire par la justice, en mars 2005, une publicité inspirée du tableau de Léonard de Vinci La Cène, dont les apôtres étaient remplacés par des femmes. Les juges ont considéré que l’affiche constituait «un acte d’intrusion agressive et gratuite dans les tréfonds des croyances intimes» et que «la légèreté de la scène fait disparaître tout le caractère tragique pourtant inhérent à l’événement inaugural de la Passion», promouvant ainsi la «Passion» en une vérité historique qui de surcroît ne saurait être traitée avec «légèreté».

Pour tous ces gens-là, les seuls dont les «croyances intimes» peuvent être offensées sans problème, ce sont les athées, car les histoires à dormir debout sur les vierges engrossées par le saint-esprit sont au moins aussi offensantes pour la raison que les railleries sur la religions pour des croyants

Toutes les croyances ne sont pas respectables. Certaines sont barbares et doivent être combattues énergiquement. Y compris avec les armes de l’humour, de la dérision, ce que les calotins de toutes les religions appellent des «blasphèmes».

Le blasphème n’est plus, juridiquement du moins, un délit en France. Mais nous en revendiquons le droit, en particulier face à tous ceux qui ne croient même pas leur dieu capable de punir lui-même les blasphémateurs, et qui prétendent connaître sa volonté (mais n’est-ce pas un blasphème?) et agir à sa place.

Christian BERNAC

Lutte Ouvrière n°1958 du 10 février 2005

Message Publié : 16 Fév 2006, 10:21
par com_71
(LO 16 02 2006 a écrit :Manifestations contre les caricatures de Mahomet : La réaction sous le voile de la religion

Samedi 11 février, à Paris et à Strasbourg, des milliers de musulmans ont manifesté contre la publication des caricatures de Mahomet dans la presse. Mais, derrière le paravent du «respect des religions» se profile une opération politique qui vise à terme la population d’origine musulmane au même titre que toute la société.

«Nous voulons montrer pacifiquement que les musulmans ont été profondément blessés par les caricatures, qu’il ne s’agit pas de liberté d’expression mais d’insultes qui dépassent les limites de l’offense» a déclaré un des responsables de la manifestation parisienne. Ainsi donc, cette manifestation n’aurait été, d’après ses organisateurs, que le cri de protestation de milliers de musulmans offensés, en tant que tels, dans leurs convictions religieuses.

Beaucoup d’immigrés ont le sentiment qu’ils sont considérés comme des citoyens de seconde zone. Victimes du racisme, ils vivent souvent dans des quartiers où les conditions de logement sont déplorables. Quand ils ne sont pas au chômage, ils sont généralement cantonnés aux emplois les plus durs et les moins bien payés. Et la situation se prolonge, de génération en génération. Ceux qui sont de culture musulmane peuvent estimer que ce mépris social les vise à cause de cette origine religieuse. Et ce ne sont pas les déclarations de certains politiques ni les confusions faites, plus ou moins innocemment, par une partie de la presse entre islam et organisations terroristes islamistes qui peuvent aider à clarifier les choses.

Cela explique sans doute que des milliers d’hommes et de femmes immigrés ont participé à ces démonstrations. Mais en se mettant dans le sillage de ceux qui crient au blasphème, ils se trompent de camp. Le but des organisateurs de ces manifestations n’est pas d’organiser la défense sociale des immigrés, même communautaire. C’est une opération politique visant à les encadrer dans un mouvement ultra réactionnaire. Derrière les discours sur le respect dû à la religion et au «prophète» se profile l’enfermement des femmes derrière leur voile et leurs fenêtres closes; quand ce n’est pas, pour certains, la justification de la lapidation de la «femme adultère».

Quand ces gens-là vitupèrent contre les communistes, ce n’est pas seulement parce que ceux-ci sont athées. C’est aussi parce que les islamistes sont les adversaires déclarés de toutes les idées d’émancipation des travailleurs.

Et ce sont les travailleurs de culture musulmane qui sont les plus menacés. Les islamistes ne feront pas la loi chez les autres. Mais ils la font déjà dans certaines banlieues, faisant pression pour imposer le voile aux femmes, le respect du ramadan, l’interdiction de l’alcool, à tous.

À Paris comme à Strasbourg, dans les manifestations, des pancartes en appelaient à une loi contre «l’islamophobie». Mais qu’est-ce que cela veut dire? Devrait-il y avoir aussi une loi contre la «catholicophobie» et la «protestantophobie»? On sourit à imaginer celle contre la «mécréantophobie»... Et certains de se saisir, comme argument en faveur de leur projet, de l’existence de la loi contre le racisme et l’antisémitisme. Mais cela n’a rien à voir. Ce texte a pour objectif la protection des personnes contre des actes dont ils pourraient être victimes mais pas des critiques de leurs idées dont ils pourraient être l’objet de la part de ceux qui ne les partagent pas. Les hommes ont droit au respect de leur personne. Les idées, toutes les idées, doivent pouvoir être soumises à la confrontation et à la critique.

Il n’y a d’ailleurs pas que les intégristes musulmans pour camoufler des idées réactionnaires sous le voile du respect qui serait dû à la religion. Il y a deux ans, une organisation intégriste catholique d’extrême droite a réussi à faire condamner à une amende de 1000 euros avec sursis l’association AIDES de lutte contre le Sida à cause d’un slogan publicitaire énonçant «Sainte-Capote, protège-nous», associé à l’image d’une religieuse! Un an plus tard, une affiche de créateurs de mode en forme de pastiche du tableau de la Cène de Léonard de Vinci a été interdite après la plainte d’une autre association extrémiste d’évêques, au prétexte qu’elle constituait «un acte d’intrusion agressive et gratuite dans les tréfonds des croyances intimes»...

Ce n’est pas leurs idées religieuses que ces gens-là défendaient avec l’aide de magistrats tout aussi réactionnaires. Ils manifestaient leur volonté d’imposer leur censure contre tous ceux qui ne partagent pas leur point de vue. Et ce n’est pas un hasard si ce genre de catholiques se retrouve généralement parmi les admirateurs de Le Pen ou de Villiers.

S.G.

Message Publié : 16 Fév 2006, 10:53
par quijote
Com , il est super ce tract

Message Publié : 16 Fév 2006, 21:30
par roudoudou
Bonjour camarade com et quijote oui très bien pour le tract qui la pondu ?

Message Publié : 16 Fév 2006, 21:35
par Bertrand
C'est pas un tract. C'est dans la dernière LO. :smile:

Message Publié : 16 Fév 2006, 22:17
par artza
Et oui et c'est signé. S.G. Sophie Gargan the best, the great, the beautifull!