Trafic d'enfants en Afrique du Sud

Rien n'est hors-sujet ici, sauf si ça parle de politique

Message par Combat » 20 Déc 2006, 17:31

MALELANE (AFP) - mercredi 20 décembre 2006 - 9h16 - "On m'avait dit que j'aurais une vie meilleure". Rosallio Nyasoro, 9 ans, se souvient de comment elle a été attirée en Afrique du Sud avant d'être vendue comme domestique pour l'équivalent de 50 dollars.

Comme des milliers d'autres enfants ou adolescents, Rosallio, qui a franchi la frontière avec le Mozambique, son pays natal, il y a deux ans, a rapidement réalisé que les promesses d'une amie de la famille qui s'était proclamée "tante" étaient creuses.

Dès qu'elle est arrivée de l'autre côté de la frontière, dans le nord de l'Afrique du Sud, elle a été transférée à une autre femme qui l'a emmenée dans un village proche où elle a été contrainte de faire la lessive pour toute un famille.

La prétendue tante a reçu 350 rands (50 dollars) pour avoir "livré" la jeune fille. Rosallio n'a rien reçu en échange de son travail.

"Je n'avais pas d'amis avec qui jouer. Je passais des journées entières à laver des vêtements".

Sa vie de cauchemar a basculé après une visite de routine de travailleurs sociaux qui ont découvert sa situation. Elle essaye aujourd'hui de goûter à un peu d'enfance dans une maison gérée par une organisation caritative où elle vit avec d'autres enfants qui ont, comme elle, été victimes de ce marché abject.

"Je ne veux plus jamais y retourner, maintenant, je suis heureuse ici", dit-elle.

Alors que l'économie sud-africaine est en plein boom, le trafic d'êtres humains est en pleine expansion dans cette partie du continent africain, expliquent les travailleurs sociaux.

Selon Vusi Ndukuya, responsable de la lutte contre le trafic des enfants à la Maison des enfants de la grâce, où Rosallio vit aujourd'hui, une centaine d'enfants du Mozambique et du Swaziland sont "livrés" en Afrique du Sud tous les jours où ils sont vendus.

"Les plus jeunes enfants sont généralement vendus pour être domestiques, utilisés dans des activités criminelles ou travailler sur des fermes", explique-t-il.

"Les plus âgés sont utilisés dans les bordels locaux ou emmenés à Johannesburg. Ils doivent payer d'énormes sommes d'argent s'ils souhaitent regagner leur liberté".

Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), l'Afrique australe est "un terrain fertile pour les activités de trafic humain" qui y est "très organisé et implique des policiers et des responsables de l'immigration".

D'après l'OIM, le Mozambique, le Malawi et le Lesotho sont "des pays clés pour le trafic des femmes et des enfants vers l'Afrique du Sud".

Mais le trafic d'êtres humains reste extrêmement difficile à quantifier, souligne Maciej Pieczkowski, porte-parole de l'organisation.

La police et les travailleurs sociaux s'accordent sur un point: le manque de législation adaptée dans la plupart des pays de la région a contribué au développement de cet "esclavage moderne".

Tummi Golding, porte-parole d'Interpol, basée à Pretoria, explique que des bandes organisées opèrent dans la région, mais qu'il est extrêmement difficile de les démanteler.

"Nous ne pouvons inculper quelqu'un pour trafic d'êtres humains. Nous pouvons seulement l'inculper pour un délit connexe tel que l'enlèvement", explique-t-elle.

L'afflux massif d'immigrés illégaux en Afrique du Sud, dont le nombre serait proche de 5 millions, rend d'autant plus difficile le travail des enquêteurs.

"Il est difficile de savoir si quelqu'un fait l'objet d'un trafic ou s'il est un immigré illégal", explique Golding.
Combat
 
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