par Cyrano » 18 Nov 2020, 19:43
yannalan:
« Je me souviens de mon arrivée à Boulogne/mer en entendant les gens parler dans le bus, j'ai mis un moment à comprendre qu'ils parlaient français local... »
Ça, j'aime bien. J'te dis pas l'anglais qui arrive après avoir fait les 140 leçons du French without toil, avec ses 504 pages. Mais j'entends des jeunes chanteuses ou chanteurs qui chantent en français et pourtant je ne comprends pratiquement rien à ce qu'ils disent ou chuchotent. L'âge? N'ai-je donc tant vécu que pour n'y comprendre goutte?
Assimil a aussi produit un Orthographe sans peine, ouvrage couronné par l'Académie française (je ne sais si c'est un bon gage).
Je connais un paysan belge qui lorsqu'il cause avec son fils utilise une langue que je ne connais pas! chwfff wcchhff wwch... ?! Ce sont des wallons pourtant, ooops; déjà que dans ce pays, les BMW, les bé-em-doublevé sont appelées des bé-em-oué. Je connais une adorable petite fille de 8 ans et quelques mois qui va dans une école français-flamand (sur la zone de la frontière linguistique, justement). C'est toujours étonnant de la voir passer d'une langue à l'autre comme si on manipulait un interrupteur.
La linguistique reste un sujet plus ou moins épineux. Pour l'histoire, la Belgique actuelle se crée en 1831. Le français y est langue officielle unique jusqu'en 1898! (avec la moitié d'un pays parlant le néerlandais). En 1898, le néerlandais est enfin placé sur le même pied que le français. Le wallon était peut-être encore très vivace. en mars 1898, le journal L'Ame wallonne, plutôt communautarisme, écrivait : «Combien de fois faudra-t-il répéter à ces sourds entêtés, qaue le français n'est pas d'avantage la langue maternelle, la "moedertaal" des wallons que celle des Flamands? Qu'il est aussi difficile pour un Wallon que pour un Flamand d'apprendre le Français.»
Mais en novembre 1918 ce sont des soldats allemands qui arborent des drapeaux rouges aux balcons à Bruxelles ou des matelots allemands qui se regroupent à Anvers (Antwerpen). Et ils dégradent leurs officiers.
Yannalan, j'aime bien ton récit (trop lapidaire) sur ton assimil breton. Bien sûr, ton expérience est peut-être un peu biaisée vu que tu pouvais trouver des locuteurs sur place (si tu osais te lancer)? Moi, pour me faire plaindre, lorsque j'ai appris l'anglais avec peine, j'étais dans le Berry - et y'a plus de locuteurs genre « Bin ga'don' qui qu'est là?» que de «My tailor is rich».
Les personnes qui apprennent une langue régionale, pourquoi pas, je n'ai absolument rien contre (y'a pas besoin d'apprendre le berrichon : ce sont les parisiens qui nous ont copiés). Mais les snobs de la parole qui en font soudainement un militantisme réactionnaire, ça m'ennuie.
Confidence hors-sujet : j'aime beaucoup les méthodes Assimil. Je suppose que maintenant, longtemps après, y'a peut-être mieux avec internet pour l'autodidacte esseulé? Mais l'idée, les principes Assimil me plaisaient. Je les trouvais efficace.