Rapport Thelot sur l'education nationale

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Message par pelon » 14 Oct 2004, 07:55

a écrit :
apport Thélot : nouvelle offensive contre l'École



La commission Thélot, chargée de "réfléchir" à l'avenir de l'École et de décliner des propositions, a officiellement remis son rapport à Raffarin. Il devrait servir à préparer la future loi d'orientation sur l'École qui sera discutée au Parlement début 2005. Cette commission prétend s'être inspirée des 15000 débats organisés entre novembre 2003 et janvier 2004 lorsque Luc Ferry avait appelé au "grand débat sur l'École".

Nombre d'enseignants avaient alors boycotté cette mascarade car on savait à l'avance qu'elle servirait d'alibi à une nouvelle "réforme", c'est-à-dire à une nouvelle régression du service public de l'éducation.

Le rapport Thélot présente un véritable arsenal d'attaques contre le système scolaire, ayant pour objectif la suppression de milliers de postes (déjà largement engagée), le démantèlement de l'École par un renforcement du désengagement de l'État, tout cela pour aboutir à des inégalités sociales encore plus fortes.

Un aspect a été particulièrement commenté: l'intention d'augmenter les horaires de travail des enseignants. En effet, le rapport propose une augmentation de la durée des services des professeurs des collèges et lycées, de quatre à huit heures. Il prétend intégrer dans leurs horaires, d'autres heures de présence comme les heures de conseils de classe, de rencontre avec les parents, de soutien ou de suivi des élèves. La commission se garde bien de prendre en compte le temps de travail réel d'un enseignant qui selon les calculs officiels du ministère s'élève aujourd'hui à 39 heures par semaine (englobant le temps devant les élèves, les préparations de cours, les corrections, la mise à niveau permanente de leurs connaissances). Comme la commission se doute que la mesure risque de mal passer, elle propose de la limiter aux nouveaux enseignants titulaires ou aux volontaires parmi les anciens! Bref, quand les plus âgés auront quitté la barque (on attend le départ en retraite de la moitié des enseignants actuels entre 2000 et 2012 ) les jeunes seront assujettis à un temps de présence plus long.

Mais si les conditions de travail des enseignants sont mises en cause, ce sont surtout les élèves, plus particulièrement ceux des milieux populaires, qui seront les perdants. Aussi la commission insiste sur la nécessité d'établir un "socle commun" indispensable à la vie sociale, les "fondamentaux" comme elle dit: le français, les mathématiques, l'anglais de "communication internationale", l'informatique et "l'éducation à vivre ensemble" (sic!). Cela peut paraître très large. C'est en réalité une vision réductrice de la culture qui marginalise d'autres enseignements comme l'histoire et la géographie, l'éducation physique, les sciences physiques ou les sciences de la vie et de la Terre, sans parler des enseignements artistiques. L'objectif affiché n'est plus d'amener, via le collège unique, 80% d'une classe d'âge au bac mais d'appliquer le plus tôt possible le tri entre ceux qui pourront continuer au lycée des études générales et ceux qui dès la cinquième auront déjà la voie tracée vers la filière professionnelle sous la forme de l'alternance avec l'entreprise.

D'ailleurs, cette voie vers l'apprentissage est déjà programmée pour la rentrée 2005 avec des "nouvelles troisièmes à parcours diversifiés". Mais Thélot propose de commencer encore plus tôt cette différenciation avec, dès la cinquième, ce qu'il appelle pudiquement "la diversification des contenus". Le couperet est d'ailleurs radical puisque les élèves de troisième ayant échoué au "certificat de maîtrise du socle" (qui remplacerait le brevet à l'issue de la troisième) seraient interdits d'études en lycée général, ce qui n'est pas le cas actuellement.

En fait ce que projette Thélot, c'est d'accentuer l'exclusion sociale en livrant au marché du travail (à condition qu'il y en ait) "la part considérable dans l'avenir des emplois peu qualifiés ou requérant une qualification d'ordre comportemental ou relationnel". Bref, on se contentera d'apprendre à lire, écrire, compter à la masse des jeunes jugée inapte à l'abstraction, jeunes à qui on imposera précocement "la découverte des métiers". Et encore... puisque même pour cela, il faudrait mettre plus de moyens que ceux qui existent aujourd'hui. On verrouille plus que jamais l'accès au lycée général aux milieux populaires sous le prétexte hypocrite de favoriser les parcours "personnalisés".

On pourrait aussi évoquer les menaces qui pèsent sur les petites et moyennes sections de maternelle, la réduction des options proposées, l'autonomie renforcée des établissements qui pourront bénéficier jusqu'à 8 à 10% des crédits par contrats déterminés en fonction des projets d'établissements, l'officialisation de la contractualisation des employés de l'établissement et donc de la précarité.

Sous prétexte d'instaurer une "école de la réussite pour tous", ce rapport prépare l'aggravation des inégalités sociales.

Stéphane HÉNIN

Lutte Ouvrière n°1889 du 15 octobre 2004
pelon
 
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Message par Valiere » 14 Oct 2004, 09:34

Je partage assez largement cette analyse, ce qui me fait regretter que LO n'ait pas d'intervention syndicale.
Valiere
 
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Message par Valiere » 16 Oct 2004, 14:25

Position très "soft" de la FSU

a écrit : COMMUNIQUE DE PRESSE



Le système éducatif a besoin d’assurer la réussite de tous, de faire reculer les inégalités. C’est ce qu’avaient exprimé les participants au débat national. Le rapport Thélot est très loin de répondre à ces exigences.
En dépit de quelques aménagements , il confirme une orientation marquée par l’abandon des ambitions pour l’école. En substituant l’objectif de faire acquérir un socle commun de fondamentaux  à l’objectif  d’une élévation ambitieuse des qualifications, il tourne le dos aux besoins d’une véritable insertion des jeunes dans notre société. Et lorsque le Premier Ministre propose dans son discours que « personne ne quitte l’école sans recevoir un certificat de validation de ses talents » il ne fait que confirmer que l’élévation des qualifications n’est plus un enjeu pour l’école.
En second lieu, la conception appauvrie de ce socle ne correspond en rien à ce qui serait nécessaire pour l’avenir professionnel, social, individuel des jeunes. Loin de contribuer à combattre les inégalités, une bonne part des propositions du rapport Thélot donne le sentiment que l’on s’en accommoderait. Il fait courir le risque d’une ossification des différences sociales.
S’agissant des personnels, le rapport multiplie les propositions qui ont rencontré leur opposition ces dernières années, qu’il s’agisse du développement de la décentralisation, du transfert aux départements des assistants sociaux et médecins, de la multiplication « des hiérarchies de proximité », de la création de sortes d’EPLE dans le Premier Degré ou de l’alourdissement du temps de présence des enseignants du Second Degré, ce n’est pas en niant la professionnalité des personnels et leur place dans le système éducatif, ce n’est pas en alourdissant leur tâche, ce n’est pas en créant de nouvelles hiérarchies ou en changeant le statut des écoles primaires que l’on peut aujourd’hui lutter contre l’échec. Au contraire, une telle démarche risque de ruiner la confiance indispensable à la réussite de l’école.
Dans le débat qui va s’ouvrir, la FSU fera entendre ses propositions pour une toute autre logique qui vise à donner un nouvel élan en proposant des objectifs ambitieux tant en matière de qualifications qu’en termes de lutte contre les inégalités et l’échec et qui s’appuie sur le travail et l’initiative de personnels qualifiés, reconnus et recrutés en plus grand nombre.



Paris, le 12 octobre 2004
Valiere
 
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Message par Julien Esquié » 17 Oct 2004, 18:51

« peux-tu expliquer pour les lecteurs du forum qui ne sont pas tous forcément très au fait des problèmes dans l'EN, quels sont les points les plus dangereux du rapport Thélot, pour les enseignants comme pour les scolaires ? »

J'ai balancé quelques extraits de la « synthèse » dans le fil consacré à la loi d'orientation.

JE
Julien Esquié
 
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Message par Valiere » 17 Oct 2004, 22:04

Oui j'ai vu et j'ai commencé à réagir.
Es-tu d'accord avec moi pour dire qu'il y a un risque d('autonomie renforcée des établissements avec mise en concurrence ou s'agit-il d'une interprétation?
Valiere
 
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Message par Julien Esquié » 18 Oct 2004, 06:25

« Es-tu d'accord avec moi pour dire qu'il y a un risque d'autonomie renforcée des établissements avec mise en concurrence ou s'agit-il d'une interprétation ? »

Oui, entièrement.
Ceci dit, est-ce que ce texte sera appliqué ? Qu'est-ce qui, de ce texte, sera appliqué ? Je ne sais pas.

JE
Julien Esquié
 
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Message par Valiere » 18 Oct 2004, 08:02

Oui et c'est d'autant plus important de demander le retrait de ce texte que la prochaine loi d'orientation prendra appui sur ce rapport.
Valiere
 
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Message par Julien Esquié » 18 Oct 2004, 15:07

« la prochaine loi d'orientation prendra appui sur ce rapport »

Je m'attends à quelque chose de beaucoup plus subtil. Fillon n'est pas de notre bord, c'est évident. Mais ce n'est pas pour autant un imbécile. Je connais des gens qui se disent autorisés et qui prétendent que le projet de loi d'orientation ira contre les propositions de T. Que crois-tu, à ce point, qu'il se passera ?
Deux choses :
a) une partie - active - de la population se mettra à gueuler (je crois la FCPE, la PEEP, et diverses organisations de cet acabit de mettre beaucoup de monde dans la rue, en particulier ceux qui n'auront rien compris à la question),
8) les enseignants eux-mêmes défendront les propositions de T. le SE est partant. Le SGEN aussi. Je crois qu'il ne faudrait pas beaucoup pousser la FSU (notamment le SNUIPP), et je ne fais aucune confiance à SUDEducation.
In fine, F. pourra jouer à celui qui recule, et, grand seigneur, reprendre une bonne partie des propositions de T.
Si cela ne fonctionne pas, il pourra toujours laisser les choses en l'état. Le fruit est mûr, il va tomber, inutile de braquer les enseignants.

JE
Julien Esquié
 
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Message par zarta » 18 Oct 2004, 20:06

est-ce que quelqu'un sait comment s'appelle le syndicat correct (proche de nous) à l'iufm ?
merci
zarta
 
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