a écrit :Face à la contestation interne, Marie-George Buffet verrouille le débat
LE MONDE | 06.06.08
e PCF a un problème d'image". L'aveu de Marie-George Buffet s'étalait en "une" de Direct matin, lundi 2 juin. Trois jours plus tard, la secrétaire nationale tentait, lors d'une conférence de presse, de démontrer qu'elle souhaitait que son parti "se transforme" à l'occasion de son congrès prévu du 11 au 14 décembre. Une tentative de persuasion qui intervient en plein essor d'une contestation interne qui veut, cette fois-ci, s'afficher.
En décembre 2007, lors d'une assemblée extraordinaire, la direction du PCF a lancé un appel à un débat "de fond", "sans tabou" sur les raisons de la marginalisation des communistes illustrée par le score obtenu par Marie-George Buffet à la présidentielle (1,93 %). Ce rendez-vous militant devait ouvrir une période de remise à plat des dogmes du parti.
Six mois plus tard, les textes d'orientation reprennent la doxa communiste sans changement. Le chantier de la rénovation est au point mort. "Nous avons besoin d'un parti populaire, porteur des colères des hommes et des femmes qui vivent de leur travail. Un parti qui compte sur un positionnement plus clair", ne cesse de marteler Mme Buffet. La ligne d'affirmation du parti est toujours de mise. Rien ne change non plus en interne : la secrétaire nationale veut une "majorité claire, resserrée" et des "décisions appliquées".
Une ambiance de durcissement semble flotter dans toutes les instances : "Le collectif d'animation du congrès a été réduit aux proches de la secrétaire nationale, l'assistance des débats publics est soigneusement dosée et ce sont les membres du cabinet de Marie-George qui rédigent les textes centraux", remarque un membre de l'exécutif. "Même la préparation de l'université d'été, jugée trop "ouverte" a été encadrée", ajoute un autre. Mme Buffet nie "tout verrouillage" - "je n'en ai pas les moyens", jure-t-elle. Aux critiques sur le contenu, elle rétorque même qu'elle attend "des idées novatrices" : "Il ne suffit pas de dire il faut s'ouvrir, il faut se transformer ! encore faut-il faire des propositions", lance-t-elle.
Elle ne devrait pas être déçue. Deux fronts de contestation se sont ouverts en interne. Le 9 juin, une réunion inédite des anciens "huistes" (Jean-Claude Gayssot, Pierre Blotin ou Dominique Grador) alliés aux refondateurs (Roger Martelli, Pierre Zarka) devraient rédiger un texte pour "éviter le statu quo" et "une transformation profonde du PCF". Le lendemain, c'est une autre rencontre, initiée par des "non alignés" comme Marie-Pierre Vieu, Joëlle Greder ou Isabelle Lorand, membres de l'exécutif, qui devraient poser le même débat. "La question n'est plus de savoir si on veut un PCF, mais avec quelle stratégie ?", insiste Mme Vieu.
Dans ce contexte, la succession de "Marie-George" apparaît presque anecdotique : "Elle a tué les jeunes autour d'elle pour préserver l'immobilisme", remarque un cadre. La secrétaire nationale pourrait donc rester jusqu'aux régionales, "pour que tout se passe bien".
Sylvia Zappi
Quel avenir pour le PCF ? Le NPA peut il et souhaite t-il récupérer des bouts du Parti ? le PCF enterré mile fois par les journalistes bourgeois va t-il éclater ??