par pelon » 15 Oct 2002, 11:54
JE L'AI: Rafaële Rivais
Je cite l'article pour le plaisir:
Au Parlement européen, la politique du tout ou rien d'Arlette Laguiller et des députées Lutte ouvrière
Bruxelles de notre bureau européen
Peu avant le sommet de Barcelone, le mois dernier, où la France allait se battre pour repousser l'ouverture à la concurrence du marché de l'électricité destinée aux particuliers, la députée européenne Arlette Laguiller se prononçait, à Strasbourg, contre un amendement parlementaire... proposant de maintenir un monopole dans ce secteur. L'amendement en question avait pourtant été déposé par le groupe de la Gauche unitaire européenne (GUE), auquel appartient Mme Laguiller, ainsi que par des députés socialistes et Verts, qui entendaient défendre le principe du tarif unique "à la française".
Pourquoi Mme Laguiller, trotskiste, candidate de Lutte ouvrière (LO) à l'élection présidentielle, a-t-elle donc voté comme la droite ? Difficile à savoir : "Elle est en campagne ; rappelez après les élections", répond Chantal Cauquil, la seule de ses deux collègues du Parlement européen à avoir bien voulu donner suite à la question - les listes d'adresses officielles renvoyant soit à la boîte postale de LO, soit à un répondeur téléphonique. Mme Cauquil, qui n'est pas en mesure de fournir plus de commentaires, assure : "L'important, c'est que nous ayons voté contre la résolution d'ensemble, puisque nous ne voulons pas de la privatisation de l'énergie."
Pour la gauche du Parlement européen, ce comportement est pourtant "révélateur" de la stratégie de Lutte ouvrière sur les questions européennes : "Elles veulent tout ou rien", déplore Francis Wurtz, communiste et président de la GUE : "Comme elles refusent toute espèce de réformisme, elles ne cherchent pas à améliorer un tant soit peu les textes en votant les amendements de la gauche", constate-t-il, en citant un exemple récent : "Nous avons dû nous prononcer sur la libéralisation des services postaux au mois de mars : elles ont voté un amendement de la GUE qui proposait le rejet du texte, mais qui, hélas, a été repoussé. Après, elles n'ont plus rien fait jusqu'à la résolution finale, qu'elles ont rejetée !"
Alain Lipietz, eurodéputé Vert qui siège à la commission économique, constate que sa collègue Armonie Bordes, de Lutte ouvrière, "vote systématiquement les pires amendements de la droite, pour finalement rejeter globalement le texte ainsi modifié, au motif qu'il sert les intérêts du capitalisme". Harlem Désir, député socialiste, regrette que ces députées "ne participent pas aux alliances que la gauche tente de former pour combattre la droite, majoritaire au Parlement depuis juin 1999".
C'est en vertu de ce principe du tout ou rien qu'Arlette Laguiller a voté contre une résolution favorable à la taxe Tobin, en janvier 2000. Une grande partie des parlementaires voulaient que la Commission leur remette, dans un délai de six mois, un rapport sur "l'intérêt et la faisabilité" de la taxation des mouvements de capitaux spéculatifs. Ils ont été battus de six voix, dont celles de Lutte ouvrière.
"On n'est pas là pour réformer le capitalisme", s'était justifiée Arlette Laguiller. "La taxe Tobin n'aurait pas vaincu le capitalisme, mais elle aurait supprimé une de ses tumeurs, la spéculation financière !", proteste Alain Lipietz, qui ne décolère pas.
Lorsque le Parlement doit se prononcer sur des textes sociaux, Mme Laguiller se contente le plus souvent de s'abstenir, au motif que ces lois ne s'attaquent pas suffisamment aux "intérêts des employeurs". Cela a par exemple été le cas lors du vote, en janvier, d'un texte obligeant les entreprises de transports qui recrutent des chauffeurs à l'Est à les rémunérer aux tarifs de l'Ouest. Ce rapport "exonère les employeurs de leurs responsabilités en matière de sécurité routière", ont expliqué les trois députées. Il permettait pourtant d'améliorer la situation des "travailleurs", que Mme Laguiller entend représenter.