a écrit :Une partie de la population d'une certaine religion, population pauvre et opprimée d'origine immigrée, décrète que dorénavant les homosexuels devront porter un signe distinctif pour que les autres ne fassent pas le péché de leur parler (pouah, parler à un homo, c'est péché dans cette religion).
On l'a fait différemment : une partie des homosexuels - et c'est d'ailleurs déjà le cas - décident qu'ils doivent porter un signe distinctif pour signifier leur orientation sexuelle. Les religieux, mais aussi les anti-religieux, dès lors qu'ils sont homophobes, décident de ne pas leur parler, voir de leur casser la gueule. Interdit-on aux homosexuels de porter ce signe distinctif ?
La difficulté est que dans le cas du voile, si on réfléchit à l'échelle individuelle et non pas sociale, il n'est pas aisé de faire la part des pressions et du choix individuel, qui existe très largement, ou du moins qui est conceptualisé comme ça par les acteurs. Alors face à ce choix, imposer une prohibition non plus au nom de la protection de l'enfance ou de la neutralité des fonctionnaires, mais à des citoyens majeurs, c'est jouer avec le feu et le bilan historique de tous les régimes - y compris dans les pays dits musulmans - qui ont choisi cette politique est là pour nous le rappeler.
Dans la Turquie kémaliste ou la Tunisie de Ben Ali, bien des femmes choisirent de porter le hidjab non seulement à cause de l'islam politique et du poids de la religion dans la société, mais simplement pour " faire chier le régime ". Hé bien, pour les immigrés, le régime impérialiste français est tout aussi détestable que ces régimes autoritaires.
En fait, si on regarde le fond et non plus son révélateur vestimentaire, tout se joue à l'échelle de l'intervention des communistes, des progressistes, dans la société. Si l'école apprenait aux garçons et aux filles à questionner les rapports de sexe et de genre, ce qu'est l'égalité, mais aussi la vie sentimentale dans l'adolescence, etc., elle serait bien plus efficace qu'en édictant des règles comme celle-ci qui, martelées par le gouvernement de droite, sont ressenties comme une volonté de stigmatisation par toute une couche de la population. Les lois et les règles ne préservent pas des contradictions à l'oeuvre dans la société, et en fait, il faut les affronter dans la société.