Cela vaut le coup de regarder les deux. Tandis que Poutou essaie parfois de répondre avec des taux, des calculs, Nathalie oppose sans cesse sa vision de la société à l'absurdité du capitalisme. Sa conclusion est limpide :
la question ne se limite pas à des questions de barèmes ou de tranches. On ne changera pas les choses en réformant le régime des droits de succession. C'est l'expropriation des plus grands groupes industriels et financiers qu'il nous faudra mettre à l'ordre du jour des mouvements sociaux auxquels j'appelle.
Car tant que les travailleurs n'auront pas arraché le pouvoir à cette petite minorité d'actionnaires et de milliardaires qui imposent leurs décisions à l'ensemble de la société, il sera vain d'espérer faire autre chose que corriger, un peu, les injustices et les inégalités de cette société. Et il sera impossible d'empêcher les soubresauts de l'économie capitaliste, ses crises et ses guerres.
Cela vaut le coup de regarder car c'est abondamment illustré, et c'est plus long et plus fouillé finalement que Poutou qui dit des choses qui semblent bien, mais souci de faire sérieux ou de répondre à des questions précises et dont on comprend qu'elles intéressent les lecteurs des Echos (comme "Comptez-vous maintenir le taux des prélèvements sociaux à 17,2 % ?, Placement à revenus fixes : comptez-vous maintenir une flat tax à 30 % ? Dividendes et plus-values de valeurs mobilières : envisagez-vous une modification de leur taxation ?"), il répond taux, modes de prélèvements... comme le ferait un Mélenchon un peu plus à gauche.
Exemples de réponses :
l'impôt sur le revenu : Le principe doit être celui de l'universalité de l'impôt, au sens où tous revenus quels qu'ils soient (salaire, épargne, etc.) doivent être imposés au barème de l'IRPP.
Pour les personnes physiques, les choix politiques des gouvernements successifs ont abouti à une forte baisse de la progressivité de l'impôt sur le revenu et à la taxation plus importante des revenus du travail par rapport à ceux du capital.
Trois moyens ont été utilisés en ce sens :
- La baisse du nombre de tranches d'imposition : le barème a été ramené à 5 tranches alors qu'au début des années 80, etc.
- La baisse du taux marginal.
- La consolidation, voire le renforcement des « niches fiscales »
Et il ajoute
En ce qui concerne l'impôt sur le revenu, nous proposons :
- L'impôt sur le revenu doit être fortement progressif, les tranches doivent être suffisamment nombreuses pour établir une réelle progressivité, etc. .... Il est aussi juste de fixer un taux marginal à 100 % à partir d'un certain niveau de revenu que, pour notre part nous estimons légitime de fixer à 5 SMIC.
- C'est l'ensemble du revenu des personnes physiques qui doit être pris en compte dans la base imposable, mettre fin à la PFU qui, de fait, sort les revenus du capital du barème de l'impôt .
- nous voulons revoir le quotient familial, socialement injuste... Il devrait être remplacé par une allocation forfaitaire par enfant indépendante du niveau de revenu et d'un montant suffisant pour permettre la prise en charge d'un enfant dans de bonnes conditions.
Une précision importante : lorsque nous parlons d'impôt sur le revenu, il s'agit exclusivement de l'impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP) dont le produit va au budget de l'Etat. Ceci, contrairement à certains organismes officiels (comme l'INSEE) à qui ils arrivent de mettre dans la même rubrique la CSG qui alimente la Sécurité sociale. La question du financement de la protection sociale est une question spécifique. Nous sommes opposés à toute confusion entre Sécurité sociale et budget de l'Etat...