cout et surcout du capital

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cout et surcout du capital

Message par zejarda » 24 Nov 2013, 16:39

Un article de libé m'a fait m'interroger sur ce terme : surcout du capital
Les auteurs font la différence entre un coût normal du capital et un surcoût.
Est-ce bien orthodoxe? :D

Avant de vous laissez répondre, voici un peu de matière
de Frédérique ROUSSEL
« Le syndicat veut prendre à revers l'offensive patronale contre le «coût du travail», en s'appuyant sur les travaux d'un groupe d'économistes.

Et si on parlait plutôt du coût du capital ? La CGT a décidé de reprendre l’offensive, sur le terrain des idées et dans la rue. La confédération veut prendre à revers l’expression «coût du travail». Une réponse du berger à la bergère tout d’abord, en direction du patronat. Le président du Medef Pierre Gattaz ne vient-il pas encore de lancer une campagne sur la nécessité de baisser le coût du travail ? «Non ce ne sont pas le coût du travail ou les impôts qui empêchent le développement des entreprises. Mais le manque d’investissement et de budgets de recherche, l’insuffisante rémunération des qualifications et la ponction financière des actionnaires», estime Thierry Lepaon, au siège de la Confédération. Le leader de la CGT pense, lui, que la sortie de crise passe par «la revalorisation du travail et une autre répartition des richesses créées par le travail».

Dans les «autres richesses», c’est précisément le capital qui est visé. Pour la CGT, le coût du capital, c’est «la sur-rémunération du capital», définit Mohammed Oussedik, du bureau confédéral. «On voit des entreprises qui ne font pas de bénéfices et qui empruntent pour rémunérer leurs actionnaires. C’est une anomalie économique.» Le surcoût du capital est évalué à 93 milliards d’euros, étude à l’appui d’un groupe d’économistes de Lille 1 intitulée «Le coût du capital et son surcoût». Cette étude définit ainsi le surcoût du capital comme «l’ensemble des revenus financiers distribués (en net) par les entreprises aux autres agents économiques, moins le coût de couverture du risque entrepreneurial et moins le coût de transformation de l’épargne liquide en prêts».

En clair, la campagne lancée hier par la CGT vise à montrer «l’effet dévastateur de la financiarisation», «de stopper la course infernale à la rentabilité financière». Or, il y a un indice du coût du travail, mais pas du capital, relève Thierry Lepaon, qui réclame au gouvernement la mise en place d’un groupe de travail sous l’égide du Conseil national de l’information statistique (CNIS) pour élaborer le fameux indice. Il devrait permettre «de définir l’impact de la financiarisation sur le développement des entreprises, de l’emploi, des salaires, de la protection sociale et des services publics». La CGT organisera même un colloque sur le coût du capital, avec des économistes, en 2014.
Mais au-delà du débat de coûts, la CGT veut mobiliser sur le terrain. Reprendre l’initiative dans un moment où «la politique gouvernementale est insaisissable pour les salariés et les retraités» et où les «idées populistes» font «leur chemin en désignant des boucs émissaires». Elle annonce une journée d’action début 2014 en faveur des salaires et de l’emploi, que son secrétaire général espère unitaire «y compris avec la CFDT». «Je passe beaucoup de temps avec mes homologues pour aboutir à des initiatives communes», a précisé Thierry Lepaon qui participera lui-même à la manif syndicale unitaire en Bretagne le 23 novembre, aux côtés de Laurent Berger, le numéro 1 de la CFDT. Elle continue à monter au créneau contre la réforme des retraites qui passe en deuxième lecture à l’Assemblée nationale cette semaine, aujourd’hui et le 26 novembre.



Un article de la tribune
Le surcoût du capital représenterait 93 milliards d'euros

Et ce en raison "du coût du capital et de son surcoût". ce concept constitue le nouveau cheval de bataille de la CGT qui s'appuie pour ce faire sur une étude publiée par le Centre lillois d'études et de recherches sociologiques et économiques (Clersé), une structure de recherches commune à l'Université Lille 1 et au CNRS, qui tend à démontrer que le " coût du capital " est surévalué en France. Selon l'étude, ce surcoût atteindrait 93 milliards d'euros qui pèsent sur les entreprises.

En effet, selon le Clersé :
" L'acquisition des biens capitaux par les entreprises se « charge » ou « se surcharge » d'un coût financier qui est déterminé par les modalités d'approvisionnement des entreprises en capitaux liquides nécessaires au financement des ces acquisitions. Ce coût qui s'ajoute au coût réel du capital est formé concrètement de revenus prélevés sur l'entreprise - les intérêts et les dividendes - qui n'ont, en dehors du risque entrepreneurial, aucune justification économique. Ils relèvent pour une bonne part d'un phénomène de pure rente dont la société dans son ensemble aurait intérêt à se libérer (…). C'est cette part dispensable de la rente financière que nous qualifions de surcoût du capital ".
En d'autres termes, pour la CGT, ce surcoût, qui trouve son origine dans la "financiarisation de l'économie ", est constituée de la part de la rente financière qui pourrait être éliminée "sans dommage pour l'accumulation du capital productif ".
C'est le besoin de financer ce surcoût de capital qui, selon la CGT, pousse les entreprises à renoncer à des projets économiques susceptibles d'entraîner un retour sur investissements inférieurs à 15%.... Pas assez rémunérateurs. Toujours pour la CGT, c'est encore pour cette raison qu'un salarié " consacre maintenant 45 journées de travail à l'actionnaire, contre 12 jours en 1981".


L'introduction de cette étude (Ires et CGT) est assez courte (9 pages), même si j'aurais aimé un niveau plus abordablepour mon niveau:-)
Un extrait de l'intro :
Le capital a certes toujours un coût. Ce coût, c’est l’effort collectif qu’il faut fournir pour
fabriquer les biens d’équipement neufs destinés à renouveler ou augmenter le stock de capital
productif des entreprises ou des organisations qui produisent des richesses. C’est donc le coût
de fabrication du capital productif, auquel s’ajoute, comme on le précisera, le risque
entrepreneurial ou marchand. Mais au-delà de ce coût économique ou coût réel – que l’on
appellera par commodité le « vrai » coût du capital – l’acquisition des biens capitaux par les
entreprises se « charge » ou se « surcharge » d’un coût financier, qui est déterminé par les
modalités d’approvisionnement des entreprises en capitaux liquides, nécessaires au
financement de ces acquisitions. Ce coût qui s’ajoute au coût réel du capital est formé
concrètement de revenus prélevés sur l’entreprise – les intérêts et les dividendes – qui n’ont,
en dehors du risque entrepreneurial, aucune justification économique. Ils relèvent pour une
bonne part d’un phénomène de pure rente, dont la société dans son ensemble aurait intérêt à
se libérer. Or, dans l’ère du capitalisme financier, les normes et les institutions de la finance
libéralisée n’ont fait que renforcer le pouvoir et l’étendue de la rente, tandis que la doctrine
financière dominante s’évertuait à faire passer ce surcoût du capital pour un coût normal,
inhérent aux impératifs de financement (à travers la notion de coût moyen pondéré des
capitaux, dont la mesure édulcore d’ailleurs considérablement la surcharge).


Pour les mateur de son et lumière: une vidéo

Que faut-il penser du vocabulaire employé (la forme) et du fond de cette étude?
zejarda
 
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Re: cout et surcout du capital

Message par Jacquemart » 04 Déc 2013, 10:49

Répondre à ceux qui nous bassinent avec le « coût du travail » qu'on ne parle jamais de ce que coûte à la société le capital (plus exactement, les capitalistes).

Après, c'est sûr que les gens qui animent cette campagne sont des réformistes : ils veulent dénoncer le coût jugé excessif du capital (c'est-à-dire le niveau excessif des intérêts et des dividendes) ; ils ne disent pas que c'est l'existence-même de l'intérêt et des dividendes qu'il faut remettre en question, car cela voudrait dire collectiviser les moyens de production. Mais j'ai quand même tendance à me dire que cette manière de poser les problèmes est loin d'être la pire — en particulier si on la compare à tous les couplets nationalistes autour du protectionnisme ou de la protection de l'outil industriel. Donc, mon premier réflexe serait d'appuyer les gens qui nous parlent de ça, en tentant de les faire aller au bout du raisonnement : « Oui, le capital a un coût dont personne ne parle, parce qu'ils veulent qu'on considère leur racket comme légitime. Mais les intérêts et les dividendes sont des revenus parasitaires, et la société se porterait mille fois mieux si elle n'avait pas à les verser. »
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Jacquemart
 
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