Les limites sociales de la manifestation du 12 avril

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Les limites sociales de la manifestation du 12 avril

Message par satanas » 02 Avr 2014, 19:56

Les limites sociales et l'impasse de la manifestation du 12 avril

La manifestation appelée pour le 12 avril est la troisième dont l'initiative revient, notamment, au Front de gauche, après celles des 5 mai 2013 et 1er décembre 2013.
Lutte Ouvrière n'avait pas appelé à la manifestation du 5 mai, présentée comme une manifestation pour une Sixième république, n'ayant aucune envie de cautionner une opération qui consistait à canaliser le mécontentement des classes populaires vers l'objectif dérisoire d'un simple changement de numéro, même assorti d'un éventuel bricolage constitutionnel.
Nous avions, en revanche, appelé à celle du 1er décembre tout en n'en partageant pas tous les objectifs. Parmi ces objectifs, il y avait cependant au moins la dénonciation des licenciements et du chômage et l'opposition à la hausse de la TVA au 1er janvier 2014 projetée par le gouvernement.
L'appel à la manifestation du 12 avril affirme, dans sa première phrase : « Nous n'en pouvons plus de voir la droite et l'extrême droite battre le pavé avec leurs cortèges de haine de l'autre, d'intolérance, de racisme, de sexisme, d'homophobie et d'intégrisme ».
Nous partageons le constat et aussi la volonté de nous opposer à cette situation. Encore faut-il savoir au nom de quoi et pour quoi faire !
Ceux qui appellent à cette manifestation se placent très clairement dans le camp des déçus du « hollandisme ». Ils critiquent différents aspects de la politique de Hollande pour affirmer que « ce n'est décidément pas cela que nous voulions, nous qui par millions avons contribué à chasser Sarkozy ». Passons sur ce qu'il y a de dérisoire dans le fait de se vanter d'avoir « contribué à chasser Sarkozy », à la lumière des résultats des municipales. Non seulement la droite « chassée » revient triomphante, après deux ans de gouvernement socialiste, mais elle revient flanquée d'une extrême droite renforcée.
Mais cette présentation des choses est une façon bien atténuée, et pour tout dire bien hypocrite, de dégager la responsabilité de tous ces courants politiques, du PCF au Parti de gauche en passant par une nuée de petites formations qui ont appelé à voter pour Hollande. Ils n'ont pas seulement « contribué à chasser Sarkozy », ils ont cautionné Hollande, sa promesse « Le changement, c'est maintenant » et contribué à le faire élire !
On pourrait se dire que le passé est le passé et mieux vaut tard que jamais avoir compris le caractère néfaste de la politique du PS au pouvoir. Mais quelle confiance accorder à des dirigeants politiques qui ont si courte vue qu'ils ont eu besoin d'attendre le tout récent « pacte de responsabilité » pour comprendre ce qu'ont compris depuis longtemps des millions de travailleurs, de chômeurs, de retraités qui subissent les conséquences des mesures gouvernementales prises pour plaire au grand patronat et aux banquiers ?
Mais y a-t-il dans cet appel à manifester au moins des objectifs qui puissent concerner un tant soit peu les travailleurs ? Qui puissent refléter, même partiellement, même de façon atténuée, leurs intérêts de classe ?
Les organisateurs de la manifestation répondent : « Nous voulons construire une dynamique rassembleuse pour des alternatives politiques et démocratiques, économiques, sociales et écologiques », en ajoutant qu'ils appellent à « une marche nationale d'espoir à gauche, contre l'extrême droite, pour l'abandon du pacte de responsabilité, pour une juste distribution des richesses », et concluent par une phrase qui se veut menaçante : « Cette marche ne restera pas sans lendemain ». Il y a de quoi faire trembler Hollande !
Lutte Ouvrière n'a pas l'intention de s'associer à cet appel. Il ne reflète aucun des intérêts et des exigences du monde du travail qui subit les attaques incessantes du grand patronat et d'un gouvernement dévoué corps et âme à ce dernier.
Il est difficile de voir dans cette manifestation autre chose qu'un geste en vue des élections européennes lors desquelles le Parti communiste et le Parti de gauche, rabibochés après leurs désaccords des municipales, voudraient élargir leur audience.
La seule perspective qu'ouvre cette manifestation, c'est au mieux une variante un peu plus à gauche du remaniement gouvernemental auquel Hollande vient de procéder.
Le glissement vers la droite, dont les élections municipales constituent une expression, reflète une dégradation des rapports de force en faveur des courants les plus réactionnaires qui sont en même temps les plus antiouvriers. Mais ce ne sont pas les chevaux de retour du réformisme, même peinturlurés pour que le rose apparaisse moins délavé, qui arrêteront cette évolution des choses.
Seule une reprise de confiance de la classe ouvrière en elle-même, en sa force, en ses propres valeurs, est susceptible de s'opposer à la montée des forces réactionnaires. Mais pour cela, il faut qu'elle retrouve les idées et les pratiques de la lutte de classe qui ne font manifestement pas partie de l'horizon politique des auteurs de cet appel à manifester. Rien dans les objectifs affichés de cette manifestation qui permette de franchir un seul pas dans ce sens.
Les organisateurs veulent, disent-ils, redonner « espoir à gauche ».
Hollande et le PS au gouvernement sont la meilleure illustration que la gauche, ce n'est pas la classe ouvrière, même si depuis bien des années, sinon des décennies, tous les réformistes s'efforcent de rendre les deux mots équivalents.
Quant à la classe ouvrière, ce n'est pas d'« espoir » dont elle a besoin. De Mitterrand à Hollande en passant par Jospin, chaque fois que la gauche a accédé au pouvoir gouvernemental, l'espoir factice s'est transformé en désespoir. L'intérêt de la classe ouvrière n'est certainement pas de fabriquer de nouvelles illusions au moment où les précédentes se dissipent. Il n'est pas de redonner du crédit à de nouveaux « sauveurs suprêmes » qui, comme les précédents, font de leur arrivée au gouvernement de la bourgeoisie la seule perspective pour la classe ouvrière.
Ce dont la classe ouvrière a besoin, ce n'est pas d'illusions, déguisées par le mot « espoir », mais de retrouver sa combativité, sa conscience et surtout le chemin de la lutte de classe.

Georges KALDY


LO 4avril 2014
satanas
 
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Message par Zorglub » 02 Avr 2014, 21:18

Excellent.
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Re: Les limites sociales de la manifestation du 12 avril

Message par Kéox » 03 Avr 2014, 10:52

Pareil. Analyse rigoureuse de GK.
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Re: Les limites sociales de la manifestation du 12 avril

Message par Ian » 03 Avr 2014, 21:11

C'est quoi votre position sur le pacte de responsabilité?
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Re: Les limites sociales de la manifestation du 12 avril

Message par com_71 » 03 Avr 2014, 22:06

Lo du 21 mars

Lutte Ouvrière n°2381 du 21 mars 2014

Pacte de responsabilité : Hollande fait les poches des travailleurs pour donner au patronat

Les mesures concrètes du pacte de responsabilité seront connues à la mi-avril et présentées au Parlement à la fin de ce mois. Syndicats, patronat et gouvernement auront alors fini de discuter des modalités selon lesquelles 30 milliards d'argent public seront distribués au patronat, et 50 milliards détournés du budget de l'État pour compenser le trou ainsi creusé. Quant aux contreparties en termes de créations d'emplois, il a été évident dès le début qu'il ne s'agissait que d'un alibi.

L'accord signé le 5 mars par le patronat et trois syndicats, la CFDT, la CGC et la CFTC, renvoie aux branches professionnelles la discussion sur les objectifs de créations d'emplois. Outre le fait qu'un objectif n'a rien à voir avec des créations réelles, un simple relevé de conclusions sera établi à la fin de ces discussions. Ce papier pourra ensuite être rangé dans un tiroir. Cela ne s'appelle même pas faire semblant.

La discussion a été plus âpre sur la répartition des 30 milliards. Il est vrai qu'il ne s'agit pas cette fois d'objectifs, mais d'argent sonnant et trébuchant. Les 20 milliards d'exonérations fiscales au titre du crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) doivent être maintenus. Ce dispositif n'a pas créé d'emplois et profite même à des sociétés qui licencient, mais il est plébiscité par le patronat et cet argument suffit à Hollande. Pour les 10 milliards restants, il a été question de concentrer les baisses de charges sur les bas salaires, mais une partie du patronat, qui emploie des salariés plus qualifiés, est montée au créneau en expliquant que cela nuirait à la compétitivité de leurs entreprises, ainsi privées de ces allégements. Hollande a beau être très généreux avec les patrons, il peine à les contenter tous.

Pour ce qui est des économies budgétaires, la seule question est désormais de savoir dans quel service utile à la population le gouvernement va effectuer des coupes.

Le détail ne sera connu qu'une fois finies les élections municipales, mais les pistes évoquées jusque-là ne laissent aucun doute. On a entendu parler d'une baisse massive des dotations aux collectivités locales, de la remise en cause des embauches annoncées à l'Éducation nationale, d'un nouveau gel des salaires pour la plus grande partie des salariés de la fonction publique, d'une réduction du nombre global de fonctionnaires, comme si un véritable concours était engagé entre ministères pour serrer encore un peu plus la ceinture à la population.

L'argent distribué aux capitalistes sera pris sur les sommes qui servent à faire fonctionner les écoles et les hôpitaux, sur celui affecté au logement ou aux transports en commun. Seul le dosage de ces restrictions reste encore à déterminer.

Avec ce pacte de responsabilité, Hollande mérite bien le qualificatif de président des patrons, et d'ennemi acharné des travailleurs.

Daniel MESCLA
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Re: Les limites sociales de la manifestation du 12 avril

Message par com_71 » 03 Avr 2014, 22:34

Sur un blog du Monde :

03 avril 2014
Confusion à la CGT autour de la marche contre l’austérité du 12 avril

La CGT ne participera pas à la "marche contre l'austérité" organisée par plusieurs formations de la gauche de la gauche – Front de gauche, Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), Ensemble, Alternative libertaire, etc. – le 12 avril à Paris. Dans une réaction aux élections municipales, diffusée mercredi 2 avril, où elle affirme que "les réponses apportées par le président de la République sont en total décalage avec les enjeux qui sont devant nous", elle appelle les salariés à "agir et manifester pour le progrès social le 4 avril et le 1er mai".

Le 4 avril, Thierry Lepaon, son secrétaire général, participera à Bruxelles à une "euro-manifestation" organisée par la Confédération européenne des syndicats (CES), à laquelle sont attendues 50 000 personnes. Le "patron" de la CGT défilera aux côtés de son homologue de la CFDT, Laurent Berger, et des représentants des organisations françaises membres de la CES – FO, CFTC, UNSA – ainsi que de la FSU. Les syndicats reconnaissent qu'il a été difficile de mobiliser pour cette initiative. "Il s'agit d'une mobilisation essentiellement militante", dit-on à la CGT.

Bien résolue à ne pas mélanger les genres depuis qu'en 2001, Bernard Thibault, alors secrétaire général de la CGT, avait rompu les derniers liens privilégiés avec le Parti communiste, la centrale cégétiste est fidèle à sa ligne. Elle avait déjà refusé, en 2013, de s'associer à la marche de Jean-Luc Mélenchon pour "une révolution fiscale". Mais il y a un gros cactus. Dans l'appel de 200 personnalités, publié par L'Humanité du 2 avril, en faveur de cette "marche contre l'austérité" figurent – aux côtés de nombreux syndicalistes de Solidaires et de la FSU et de deux militants de FO – 36 responsables cégétistes. Et non des moindres. On y retrouve deux anciens secrétaires généraux de la CGT, Georges Séguy et Bernard Thibault, des militants d'entreprises "en lutte" (Mory-Ducros, Fralib, Conti, Prestalis). Parmi les signataires – il va sans dire, à titre personnel – apparaissent surtout plusieurs secrétaires généraux de fédérations CGT – Equipement-environnement, Union générale des fédérations de fonctionnaires, industries chimiques, Fédération des travailleurs des industries du livre, du papier et de la communication, services publics – de quelques unions départementales (Ariège, Pas-de-Calais, Seine-Saint-Denis, Haute-Garonne) ou encore de l'union régionale d'Ile-de-France.

Des responsables de fédérations, comme les finances, l'agroalimentaire, les spectacles, qui sont souvent dans l'opposition à la direction confédérale, s'inscrivent dans cette démarche sur fond de sourde contestation de Thierry Lepaon. Le 6 mars, l'union départementale CGT de Paris s'est alarmée après des propos du "patron" de la CGT au Nouvel économiste où il assurait qu'"il n'existe à la CGT aucune opposition de principe face au patronat. L'entreprise est une communauté composée de dirigeants et de salariés. Ces deux populations doivent pouvoir réfléchir et agir ensemble dans l'intérêt de leur communauté".

Dans un texte, adopté à l'unanimité, l'UD de Paris estime que "ces déclarations remettent en cause les fondements mêmes de la CGT". Elle interpelle Thierry Lepaon sur "sa conception du mandat de secrétaire général confédéral". "Ce type de démarche peut-il perdurer ?", interroge-t-elle, en réaffirmant que "le salariat n'a aucun intérêt commun avec le capital" et en soulignant que "le pacte de responsabilité n'est ni amendable ni négociable, il doit être retiré".

Mardi 1er avril, lors de la réunion de la commission exécutive de la CGT, Thierry Lepaon, dans une intervention que Le Monde s'est procurée, est revenu sur le sujet. Il a d'abord estimé qu'il fallait prendre "un peu de temps et de recul" pour tirer les enseignements des élections municipales et de la nomination de Manuel Valls à Matignon. "Ne brûlons pas l'étape de l'analyse", a-t-il lancé, en mettant en avant "quatre mots clé": l'abstention "populaire"; la "sanction d'ampleur" contre François Hollande et la "droitisation"; et, "quatrième phénomène": "Il y avait un espace à gauche de la gauche pour essayer de faire mesurer qu'il était possible dans notre pays d'avoir une gauche différente que celle qui exerce le pouvoir. Le moins que l'on puisse dire c'est qu'elle n'a pas recueilli des suffrages à la hauteur des espérances que l'on pouvait peut-être attendre ici ou là".

S'inquiétant de la "montée des positionnements individuels, au détriment d'un positionnement collectif", Thierry Lepaon a souligné que "les organisations ont besoin d'autonomie, de réflexion, d'action, de positionnement mais on a besoin aussi de responsabilité et de cohérence". Et le "patron" de la CGT a enchaîné à propos de la manifestation du 12 avril : "Je me mets à la place des gens qui vont regarder la télévision le soir du 12 avril, qui vont voir des banderoles et des drapeaux CGT dans le cortège et qui auront entendu Thierry Lepaon sur RTL ou vu sur France 2 [où il doit s'exprimer le 10 avril] dire : 'la CGT n'appelle pas à la manifestation'. Je pense qu'on ajoute à la confusion et que des camarades se réfugient derrière le syndicat, la CGT, pour ne pas s'engager politiquement."

"C'est plus facile sans doute, a poursuivi Thierry Lepaon, dans des périodes d'y aller avec un autocollant CGT qu'un autre. Mais la CGT, ce n'est pas le rempart pour se masquer, il faut assumer ses engagements. Il faut que chacun et chacune, en tant que citoyen, puisse dire ce qu'il pense, afficher tout ce qu'il a envie d'afficher, mais surtout, faisons attention à notre organisation qui peut se sentir ou être fragilisée. Notre rapport au politique, dans cette période, est un peu trouble dans la tête de certains camarades". Il y a en effet fort à craindre que ce trouble fragilise encore la CGT pendant quelque temps
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12 avril, l'appel commun des personnalités...

Message par com_71 » 03 Avr 2014, 22:41

Maintenant ça suffit ! Marchons contre l’austérité, pour l’égalité et le partage des richesses
Nous n’en pouvons plus de voir la droite et l’extrême-droite battre le pavé avec leurs cortèges de haine de l’autre, d’intolérance, de racisme, de sexisme, d’homophobie et d’intégrisme.

En France, comme dans toute l’Europe, la rigueur budgétaire et l’austérité imposées par la Commission européenne, François Hollande et le gouvernement pour satisfaire les marchés financiers nourrissent ce climat malsain. Les conséquences sont là : services publics démantelés, acquis sociaux mis à mal… Le chômage monte, la précarité s’étend, les jeunes galèrent, les salaires et les retraites sont en berne. Les inégalités se creusent tandis que les grandes entreprises versent aux actionnaires des dividendes insolents. Partout ces politiques provoquent indignations, colères et désespoirs. Elles nous révoltent.

Elles s’accompagnent du recul général des droits : à l’éducation, à l’emploi, à un revenu correct, à la santé, à un logement stable et décent.. Les inégalités d’emploi et de rémunération attaquent plus durement les droits des femmes et des migrant-e-s. La répression s’abat sur les sans papiers, les roms, les plus précaires, et celles et ceux qui les défendent. Alors que des choix politiques résolument à gauche devraient s’imposer face à la crise, les renoncements du gouvernement devant les exigences du Medef et de la droite en matière sociale, environnementale, familiale, et sur le droit de vote des étrangers… scandalisent.

Avec l’assentiment enthousiaste du Medef, le président de la République veut désormais faire du « pacte de responsabilité » le cœur de sa politique. Au patronat, il octroie 35 milliards d’allègement de cotisations. Qui peut croire que ce nouveau cadeau permettra de lutter contre le chômage ? Devant un Medef qui refuse de s’engager sur des créations d’emplois, le gouvernement Ayrault s’engage, lui, à réduire les dépenses publiques de 50 milliards d’euros. Dans la ligne de mire, la sécurité sociale et les services publics. Mais ce sont aussi les collectivités territoriales asphyxiées, les associations étouffées, la culture sacrifiée. Ce n’est décidément pas cela que nous voulions, nous qui, par millions, avons contribué à chasser Sarkozy.

Personnalités morales, acteurs et actrices du monde de la culture et des arts, du monde du sport, responsables syndicaux, associatifs, politiques, nous sommes divers par nos engagements. Mais ensemble, nous voulons construire une dynamique pour une alternative sociale, démocratique, écologique et féministe, fondée sur la solidarité. Nous appelons le samedi 12 avril à Paris à une marche nationale d’espoir à gauche, contre l’extrême droite, pour l’abandon du « pacte de responsabilité », pour une juste distribution des richesses. Cette marche ne restera pas sans lendemain.


L'espoir à gauche... mais aucune allusion aux luttes nécessaires de la classe ouvrière. Alors, l'espoir dans les urnes ?
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Re: Les limites sociales de la manifestation du 12 avril

Message par Doctor No » 05 Avr 2014, 21:13

Eh ben....je ne suis pas d'accord et je trouve ce texte lamentable.

Je préfère celui-ci
"Ne pas travailler dans les syndicats réactionnaires, c’est abandonner les masses ouvrières insuffisamment développées ou arriérées à l’influence des leaders réactionnaires, des agents de la bourgeoisie, des aristocrates ouvriers ou des « ouvriers embourgeoisés » (cf. à ce sujet la lettre d’Engels à Marx sur les ouvriers anglais, 1858).

La « théorie » saugrenue de la non-participation des communistes dans les syndicats réactionnaires montre, de toute évidence, avec quelle légèreté ces communistes « de gauche » envisagent la question de l’influence sur les « masses », et quel abus ils font dans leurs clameurs du mot « masse ». (P. 48.)

Ces faits attestent de toute évidence ce que des milliers d’autres symptômes confirment : la conscience accrue et la tendance toujours plus grande à l’organisation qui se manifestent justement dans les masses prolétariennes, dans les « couches inférieures », retardataires. Des millions d’ouvriers en Angleterre, en France, en Allemagne passent pour la première fois de l’inorganisation totale à la forme d’organisation élémentaire, inférieure, la plus simple et la plus accessible (pour ceux qui sont encore profondément imbus des préjugés démocratiques bourgeois), à savoir : aux syndicats. Et les communistes de gauche, révolutionnaires, mais peu raisonnables, sont là à crier : « la masse », « la masse » ! et refusent de militer au sein des s y n d i c a t s ! ! en prétextant leur « esprit réactionnaire » ! ! Et ils inventent une « Union ouvrière » toute neuve, proprette, innocente des préjugés démocratiques bourgeois, des péchés corporatifs et étroitement professionnels, cette Union qui, à ce qu’ils prétendent, sera (qui sera !) large, et pour l’adhésion à laquelle il faut simplement (simplement !) « reconnaître le système des Soviets et la dictature » (voir plus haut la citation) ! ! (P. 49.)

Car toute la tâche des communistes est de savoir convaincre les retardataires, de savoir travailler parmi eux et non de se séparer d’eux par des mots d’ordre « de gauche » d’une puérile invention. "
Lénine, le Gauchisme, maladie etc."

Attendre de la classe ouvrière ce qui dit la phrase
"...la classe ouvrière a besoin, ce n'est pas d'illusions, déguisées par le mot « espoir », mais de retrouver sa combativité, sa conscience et surtout le chemin de la lutte de classe."
est de la même eau que s'inventer "une « Union ouvrière » toute neuve, proprette, innocente des préjugés démocratiques bourgeois, des péchés corporatifs et étroitement professionnels" et abandonne "...la tâche des communistes (qui) est de savoir convaincre les retardataires, de savoir travailler parmi eux et non de se séparer d’eux par des mots d’ordre « de gauche » d’une puérile invention. "

Cette phrase renforce encore la distance (pour ne pas dire pire) des masses trompés par Hollande "Nous partageons le constat et aussi la volonté de nous opposer à cette situation. Encore faut-il savoir au nom de quoi et pour quoi faire !" Aurait-il fallut arriver la corde au cou, avouer ses erreurs et accepter que LO avait raison dès le début pour participer à une manifestation de la gauche?

Quant à ceci
"Ceux qui appellent à cette manifestation se placent très clairement dans le camp des déçus du « hollandisme ». Ils critiquent différents aspects de la politique de Hollande pour affirmer que « ce n'est décidément pas cela que nous voulions, nous qui par millions avons contribué à chasser Sarkozy »."
qui accolé à ceci
"On pourrait se dire que le passé est le passé et mieux vaut tard que jamais avoir compris le caractère néfaste de la politique du PS au pouvoir. Mais quelle confiance accorder à des dirigeants politiques qui ont si courte vue qu'ils ont eu besoin d'attendre le tout récent « pacte de responsabilité » pour comprendre ce qu'ont compris depuis longtemps des millions de travailleurs, de chômeurs, de retraités qui subissent les conséquences des mesures gouvernementales prises pour plaire au grand patronat et aux banquiers ?"
n'est que prendre comme cible les dirigeants pour oublier les militants et les masses qui se réveillent devant l’évidence?

Beaucoup de monde, moi parmi eux, ont voulu chasser Sarkozy sans aucune illusion sur Hollande, d'autres l'ont fait pour accompagner les masses qui voulaient la même chose et qui croyaient à moitié (personne n'a jamais cru vraiment) que les socialistes pouvaient être un tout petit mieux que la droite.

Ce n'est pas la peine de prendre des attitudes de "on vous l'aviez dit" ou "on ne se mêle pas avec de tels nigauds". La manœuvre de parler des "dirigeants" en oubliant les bases, les sympathisants, la masse du peuple de gauche va à l'encontre de toute la tactique léniniste et sent trop le prétexte.

Et l'article se demande
"Mais y a-t-il dans cet appel à manifester au moins des objectifs qui puissent concerner un tant soit peu les travailleurs ? Qui puissent refléter, même partiellement, même de façon atténuée, leurs intérêts de classe ?"

Évidement oui, même à minima il y a dans la manif un rejet de la politique de Hollande et de Valls. Voici le début de l'appel
Maintenant ça suffit !
Marchons contre l'austérité pour l'égalité, et le partage des richesses.

Et cela même si les objectifs du PCf, de Mélenchon (pas de sa base) sont opportunistes, électorales. Mais, ce n'est pas le cas de la majorité absolue du NPA et avec eux, ceux qui vont venir pour donner une propagande, même une orientation clairement contre les Socialistes, Hollande et Valls aurait pu se faire jour, comme peut-être se fera jour. Et comme LO ne veut rien faire pour y contribuer.
Kaldy ne semble voir que les dirigeants... ou fait semblant.
Que prétend-il d'une telle politique? C'est vrai que poser la question "a qui aide une telle politique?" amène une réponse fulgurante qui n'a pas lieu vu la taille à laquelle est parvenue LO "grâce" à de tels brillantes positions "politiques" réitérées et toujours creusant la voie vers le néant.
Cela ne peut qu'enfoncer encore plus LO vu que le mépris qu'il affiche pour les initiatives des masses de gauche (aussi trompées soient elles par leur actuels dirigeants réels (tels qu'ils se les donnent)) ne peut que produire exactement l'effet égal et contraire.
Les organisateurs veulent, disent-ils, redonner « espoir à gauche ».
Et nous, on est obligé de marcher la bouche cossue? On n'a, avec nos slogans, nos cris, le moyen d'influencer la base de ses dirigeants?

Je pense parfois que posée de tel manière la politique est facile, il s'agit de montrer son "désaccord" avec les opportunistes, attendre que les masses veuillent bien venir à nos position, et ne prendre aucune initiative politique nationale ("manque des forces"), moins encore (l'horreur absolu) passer un quelconque compromis avec ces gens-là. Sauf, de temps en temps, on ne sait pas pourquoi on le fait alors et pas un autre jour (les "raisons" de GK sont dérisoires)
Dernière édition par Doctor No le 05 Avr 2014, 21:34, édité 2 fois.
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Re: Les limites sociales de la manifestation du 12 avril

Message par com_71 » 06 Avr 2014, 03:22

Doctor No a écrit :La manœuvre de parler des "dirigeants" en oubliant les bases, les sympathisants, la masse du peuple de gauche va à l'encontre de toute la tactique léniniste et sent trop le prétexte...


Quel rapport entre "la masse du peuple" , même limitée par la mention "de gauche",et la participation attendue à la manifestation du 12 avril ?
Dr No oublie de commencer par le début : tenir compte des réalités.
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Re: Les limites sociales de la manifestation du 12 avril

Message par Doctor No » 06 Avr 2014, 11:08

par suite d'une fausse manoeuvre, le post ci-dessous -pour partie- répond à un post d'Artza qui lui fait suite.

Je ne comprends jamais les remarques ou suggestions de Com 71... il est trop subtil pour mon faible entendement.
Comment peut il savoir en "tenant compte de réalités"... combien de monde se pointera à la manif?
En tout cas, de mon coté j'entends des gens vouloir y aller. Il se peut que se soit une bonne manif. Ou au moins correcte (je donne dans le "sens de réalités" de Com 71)

Artza m'oppose Trotsky et Rosa Luxemburg à Lénine...pour me dire que l'accusation de sectarisme a touché les meilleurs à tort.
Il a tort, lui, de poser la question comme cela vu que ce que l'on discute (?) est d'une tendance poussée à l'isolement qui est apparue depuis un certain temps et qui se traduit par un éloignement toujours plus grande de LO des masses politisées. (Thermomètre: les élections) Lénine, accusé de sectarisme à tort, cela ne lui arrivait pas.
C'est vrai que la situation est compliquée, mais c'est justement à ces moments que la direction doit montrer son Art (za?) sans qu'on l'isole et qu'on la réduise à néant.
J'ai toujours compris que quand on ne peut pas convaincre la montagne de venir, plutôt il faut y aller et qu'il vaut mieux être parmi les masses politisées qui croient en une sortie à leurs problèmes (et cela malgré toutes les illusions qu'elles peuvent avoir. Voir Marx à coté et travaillant avec un tas d'illuminés) que non.

Surtout quand on n'a pas la force de constituer un pôle politique suffisamment important pour attirer ces masses et que l'on constate depuis déjà un bon moment qu'une telle "politique" ne fait que réduire de plus en plus un capital électoral difficilement atteint (que non gagné).

Le PCR au Chili faisait exactement pareil et certains de leurs dirigeants (pas les meilleurs, les pires) pensèrent qu'une fois que la "voie pacifique" avait donné toute l'étendue de sa faillite, les masses allaient presque courir vers nos positions. Eh ben, non. On n'y était jamais à coté d'elles quand elles se trompaient, alors elles n'ont pas venues quand on avait juste (d'ailleurs on avait presque toujours juste...dans notre splendide isolement)

Un pas devant mais avec elles. Autrement c'est le néant.
Doctor No
 
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