Je dois avoir lu, certes parfois rapidement, quelque chose comme trois quarts des mots publiés nationalement par Lutte Ouvrière depuis 2004. Mais je ne sais pas le nombre de fois où sur ce forum on m'a accusé de ne pas lire. Je suppose que c'est une figure de style. Moi aussi j'en utilise une.
Quand je dis "ne dira pas un mot", ce n'est pas littéral. Il y a quelques rapides phrases qui disent "bien sûr le racisme est un problème" ou "nous reconnaissons la liberté de culte", mais ils ne servent qu'à renvoyer la politique antiraciste nécessaire aujourd'hui à un autre texte théorique qui n'a jamais été écrit et ne le sera pas. Il y a le temps de taper sur le NPA pour être apparu avec des croyants, mais pas le temps de faire de l'agitation antiraciste ou de réfléchir à l'intervention sur ce terrain, ou à penser les déclarations qui seraient utiles lors de la période actuelle.
Faire le choix de ne pas développer de politique antiraciste, c'est aussi grave que de ne pas développer de politique féministe. Faire le choix d'attaquer le milieu anti-islamophobe, en reprenant les mensonges et un grand nombre des arguments de l'axe Valls-Fourest, c'est pire encore, c'est s'enfermer dans une sale contradiction : si l'anti-islamophobie est utile, ce qui est reconnu du bout des lèvres, alors il faut proposer une politique. Ici il n'y en a aucune, sinon d'intimer au NPA de corriger la portée symbolique de ses apparitions publiques, et tant pis si LO fait elle le choix de ne rien faire contre le racisme sinon de rappeler son attachement à la liberté de culte, ce qui ne la démarque d'absolument personne aujourd'hui.
Une tarte à la crème revient souvent dans ces conversations : "nous sommes communistes, libres à ceux qui veulent militer sur d'autres terrains que les intérêts ouvriers de le faire". Mais :
1, si c'était vrai, il n'y aurait pas de texte comme celui ici débattu, qui ne cherche qu'à décourager l'anti-islamophobie sans lui offrir d'alternative.
2, LO accorde une grande place à d'autre combats dans ses apparitions publiques, à sa fête ou ailleurs, par exemple sur la question féministe, la défense du credo scientifique ou l'athéisme.