mouvement gilets jaunes... et ses suites...

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Re: hausses du carburant... 17 novembre...

Message par Byrrh » 18 Nov 2018, 11:54

Pour être complets, il ne faudrait tout de même pas passer sous silence les diverses expressions réactionnaires des "autres catégories populaires" (traduction : la petite-bourgeoisie plouc) à l'occasion de ce mouvement encore très confus. Il va falloir que les choses se décantent en faveur des travailleurs et de leurs revendications propres, parce que les slogans et les pancartes sexistes, poujadistes ou homophobes, ça va bien 5 minutes.

Être à proximité de ce qui se passe, pour ne rater aucune occasion, OK. Être opportuniste et démago en repeignant en rouge tout ce qui bouge, niet.
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Re: hausses du carburant... 17 novembre...

Message par Duffy » 19 Nov 2018, 15:38

A quoi fais-tu référence ? Qui repeint quoi en rouge, au juste ?
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Re: hausses du carburant... 17 novembre...

Message par Zelda_Zbak » 19 Nov 2018, 17:13

C'est clair qu'hier soir aux infos, on entendait davantage parler des petits patrons qui se contentaient de dire "L'urssaf nous suce le sang " !!!
Le journal de 20H montre à sa façon la variabilité des manifestants.
Whatever happens to you, choose it !
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Re: hausses du carburant... 17 novembre...

Message par Byrrh » 19 Nov 2018, 20:50

Duffy a écrit :A quoi fais-tu référence ? Qui repeint quoi en rouge, au juste ?

La formule est certes un peu forte. Elle visait surtout certains gauchistes présents sur les réseaux sociaux, mais qui n'interviennent pas (ou plus...) ici.

Cela dit, je ne suis pas satisfait des derniers textes publiés par LO, qui semble prendre ses désirs pour des réalités en présentant un peu rapidement ce mouvement comme étant plus ou moins une expression de revendications ouvrières. Est-ce seulement cela ? J'y vois aussi l'expression de préjugés divers, d'un infantilisme politique où la classe qui donne le "la", c'est la petite-bourgeoisie mal dégrossie des zones rurales et péri-urbaines. À vrai dire, depuis que le mouvement ouvrier s'est cassé la gueule à la fin des années 70, c'est la petite-bourgeoisie qui donne le ton dans ce pays : la version intello dans les grandes villes, la version Dupont-Lajoie ailleurs.

Alors, les révolutionnaires, et plus généralement ce qui subsiste du mouvement ouvrier, peuvent-ils détacher les composantes prolétariennes de cette férule petite-bourgeoise réac ? Limiter les pots cassés, oui. Gagner même quelques-uns des participants les moins cons, ce doit être faisable. Mais la petite-bourgeoisie de cette France périphérique, cela fait longtemps qu'elle domine idéologiquement la classe ouvrière, jusqu'au sein des familles. Et il n'y a aucun moyen actuellement de lui disputer cette influence, sinon à la marge. Ce mouvement donnera plus facilement naissance à un Mouvement 5 Étoiles à la française qu'il ne régénèrera le mouvement ouvrier.

Tenter des choses est toujours positif, même quand les chances sont faibles. Mais pas d'illusions, pas d'enjolivement de la réalité. Et les aspects réactionnaires des gilets jaunes, il faut en parler maintenant, ne serait-ce que pour oeuvrer à ce que les éléments prolétariens capables d'aller plus loin en termes de conscience sachent d'ores et déjà qu'ils côtoient des salopards sur les ronds-points... et que ceux-ci pourraient bien être chassés à coups de pied au cul sans que ce mouvement ne perde de sa force.
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Re: hausses du carburant... 17 novembre...

Message par Ottokar » 20 Nov 2018, 08:34

Personne ne peint quoi que ce soit en rouge, mais il faut voir quelle est la meilleure attitude à adopter. Les gilets jaunes sont divers, c'est vrai, mais il y a des travailleurs, des collègues, particulièrement en province, qui y participent. Beaucoup disent simplement, et on les voit à la télé, "on n'y arrive plus", "tout augmente", "mon salaire (ou ma pension) n'y suffisent pas", etc. Au nom de quoi ferions-nous la fine bouche devant ce qui s'exprime ? Et à quoi cela nous servirait-il de rester en dehors et de critiquer façon "ils sont trop verts et bons pour les goujats" ? Si le mouvement reste ce qu'il est, un peu informe, avec tout et n'importe quoi, du bon et du mauvais, il pourra être dévoyé, ou finir en eau de boudin. Mais il peut déclencher aussi des réactions sur la base du "tout augmente sauf les salaires (et les pensions)" et là, il faudra pouvoir parler à ceux qui, au boulot, auront manifesté le week-end avec cela dans la tête.
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Re: hausses du carburant... 17 novembre...

Message par Byrrh » 20 Nov 2018, 09:09

Ottokar, je ne suis pas du tout en désaccord avec cela, et je pense qu'effectivement le mouvement ouvrier et sa composante révolutionnaire ne doivent pas rester passifs. Maintenant, je suis à l'écoute des initiatives concrètes qui pourraient être proposées pour qu'au moins une partie des participants à ce mouvement soient aiguillés sur les rails de la grève et de la lutte de classe indépendante.
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Re: hausses du carburant... 17 novembre...

Message par Cyrano » 20 Nov 2018, 09:18

les gilets jaunes ont fait des émules en Belgique (pour le moment, uniquement la Wallonie).
Ce sont plutôt des dépôts qui sont bloqués. Hier soir lundi, le début de nuit a été chaud à Feluy: camion en feu, arbre sur la route.
Avec le même genre que ce décrit très bien Ottokar: on veut avoir les moyens de vivre.
On peut noter une forte participation féminine (comme sur les rond-points que j'ai croisés en France) et elles ne font pas de la figuration.
Après plusieurs jours, beaucoup de gilets jaunes découvrent la jubilation de faire quelque chose en commun, l'entraide, etc.
Je ne crois pas que ce soit en organisant son p'tit blocage à soi, avec les habitués de la Céget', comme j'ai pu le voir dans ma ville, qu'on aura des chances de faire évoluer une situation.
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Re: hausses du carburant... 17 novembre...

Message par Ottokar » 20 Nov 2018, 11:08

Sur le site de LO, ce compte-rendu intéressant des manifs de samedi en Bourgogne
Tour d'horizon du mouvement des "gilets jaunes" en Bourgogne

Le mouvement de protestation des « gilets jaunes » a regroupé environ 300 000 personnes en France. En plus de ce chiffre, on peut dire que cette journée est un succès aussi parce que le mouvement a touché plusieurs petites villes. C’est en tout cas vrai en Bourgogne, où des villes comme Dijon et Auxerre ont bien sûr connu des mouvements, mais également des villes plus petites comme, Autun, Montbard, Arnay-le-Duc, et même Pouilly-en-Auxois !

Au delà de la mobilisation des partis politiques, qui essayaient de s’imposer comme des dirigeants des « gilets jaunes », bien des manifestants présents dans les rues le 17 novembre n’avaient encore jamais manifestés et étaient peu marqués politiquement.



Voici un tour d’horizon du mouvement par villes :



À Auxerre, quelques 300 personnes se sont regroupées sur le rond-point de Paris, à 9h. Au fil des heures, ce sont jusqu’à 1500 personnes qui se sont organisées pour étendre le blocage du centre-ville à la rocade. Les travailleurs étaient les plus nombreux : salariés et retraités des urgences, des postes ou de la zone industrielle donnaient le ton face aux routiers et conducteurs de bus. La plupart des automobilistes soutenaient le mouvement et les rares accrocs ont été réglés par la force du nombre, ou par l’intervention des policiers. Dans une ambiance bon enfant, les démarrages en trombe de motards venus en nombre se sont succédé aux cris de « Macron, démission ! »

Des ambulanciers en grève depuis dix jours étaient présents en gilets jaunes, venus se joindre au mouvement. Un petit groupe, portant drapeaux tricolores et déguisement gaulois a fait son apparition, sans pour autant parvenir à entraîner grand monde.

Certains manifestants espéraient que la mobilisation se poursuive ou change de forme, d’autres qu’elle « servirait à Macron d’avertissement » et que la colère « serait entendue ».

A Dijon, la mobilisation a réuni plus de 6000 personnes, un des chiffres les plus élevés de France, en pourcentage de la population. La préfecture et les organisateurs avaient convenu à l’avance d’un trajet partant du Zénith pour aller à la rocade. Initialement, seul ce blocage – d’une rocade déjà fermée par les policiers - était prévu, mais devant le nombre de manifestants, les gilets jaunes ont finalement décidé de transformer le rassemblement en manifestation. Guidés par un groupe de motards, ils ont alors pris la direction du centre-ville.

Les manifestants sont venus dire leur ras-le-bol de Macron, des augmentations des taxes et de la baisse du pouvoir d’achat. La manifestation arborait des drapeaux tricolores. Quelques slogans ont retenti contre Macron ainsi que le chant de la Marseillaise, sans vraiment se maintenir longtemps.

Une fois la foule arrivée à proximité des premières places du centre-ville, les CRS ont tiré des gaz lacrymogènes et ont reçu en retour des réactions de colère des manifestants : « On est des citoyens ! On est pacifique ! On a le droit !». En retour, un CRS, visiblement dépassé n’a pu que bégayer que les manifestants n’avaient pas le droit de manifester au centre-ville.

La manifestation a ensuite investi plusieurs rues du centre-ville, bloquant la circulation et le tramway. La préfecture, elle, a été complètement entourée de CRS, et la manifestation ne s’y est pas attardée. Un peu plus tard, les rails de la gare SNCF ont aussi été bloqués un court moment.

Vers 16 heures, la manifestation a quitté le centre-ville en direction de la Toison d’Or pour rejoindre la rocade et la bloquer. A 18 heures, la plupart des manifestants s’est dispersé et il restaient des petits groupes tenant des piquets ou des barrages filtrants à certains rond-points.

A Montbard, environ 600 manifestants étaient stratégiquement répartis aux six intersections principales de la ville. Les traditions ouvrières de la ville ont entraîné l’implication de nombreux travailleurs, anciens et plus jeunes, et cela a sans doute beaucoup contribué à faire de cette journée une réussite.

Depuis sept heures du matin jusqu’à 18 heures, les barrages filtrants organisés par les manifestants se sont tenus sans interruption, dans le calme et la bonne humeur, même si un accident léger est à déplorer, ce qui a permis de mettre en évidence un certain manque d’organisation.

Café, nourriture, braseros ont été fournis et amenés sur place par les travailleurs au fur et à mesure que le besoin s’en faisait sentir.

Plusieurs groupes d’ouvriers présents ont dit leur envie de prolonger et renforcer le mouvement. Ils ont profité de la journée pour discuter entre eux de leur colère contre la baisse du pouvoir d’achat et les attaques du gouvernement.

A Chalon, les manifestants avaient été appelés par Colère 71, un collectif d’automobilistes initialement formé contre le passage aux 80 km/h sur les routes nationales. Des manifestants venus de Chagny, Tournus et Lux étaient également venus en renfort. Différents rond-points à l’entrée de la ville ont été bloqués : le rond-point à l’entrée de la RCEA, celui de l’aérodrome, et le péage de Chalon Nord. Cette dernière action a d’ailleurs fait l’objet de quelques hésitations de la part d’une des organisatrices du mouvement, qui craignait les amendes en cas de blocage du péage. La situation a été tranchée lorsqu’un ouvrier s’est écrié « l’autoroute c’est par là ! », suivi par l’ensemble des gilets jaunes.

En termes de participation, le pic de la journée a été de 1300 personnes, un chiffre important pour une ville comme Chalon. Les automobilistes ont montré des signes de sympathie, la plupart arborant un gilet jaune sur leur pare-brise à la demande des manifestants.

Dans la région du Creusot, la route express qui relie les différentes villes était bloquée en quatre endroits : au niveau du Creusot, à l’entrée et à la sortie de l’agglomération de Montceau-les-Mines et un peu plus loin, à Génelard. On comptait jusqu’à 500 personnes au Creusot, 400 à Montceau et 150 à Génelard. Les blocages étaient très populaires avec une proportion non négligeable d’ouvriers.

Les blocages se sont déroulés sans incident et dans une ambiance assez calme. Des slogans contre Macron étaient parfois lancés, une Marseillaise aussi, mais chacun constatait qu’il était là pour bien plus que la hausse des carburants, et ce qui revenait souvent, c’était le problème des salaires. Le soir, certains se disaient « On n’aurait pas dû écrire nos pancartes en français, tous les routiers sont étrangers… c’est bien, ils nous ont filmé et ça fera parler de nous dans leurs pays. »

Dans l’après-midi, un rassemblement proche du centre-ville de Montceau-les-Mines s’est transformé en petite manifestation, avant de revenir à son point de départ, mais par hésitation sur le carrefour à bloquer.

Plusieurs personnes se demandaient quelle suite donner au mouvement, environ 70 personnes sont restées le soir à Montceau, et ont continué de filtrer les automobiles tout en distribuant des tracts le dimanche.



Dans bien des villes, sur bien des points de blocage, la volonté de continuer le mouvement s’est exprimée, et le caractère à la fois populaire et spontané de ce mouvement s’est fait sentir. Ce qui est certain c’est que d’autres blocages auront lieu. Quant à l’impact que le mouvement aura, y compris sur les forces sociales qui le composent, cela dépendra de sa profondeur, mais aussi de l’apparition des revendications de classe des travailleurs, comme l’indexation des salaires sur le coût de la vie, pour contrer la baisse du pouvoir d’achat.
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Re: hausses du carburant... 17 novembre...

Message par Plestin » 20 Nov 2018, 11:56

Brève LO sur une grève spontanée qui a eu lieu hier lundi, dans la principale usine d'Annonay (Ardèche) qui emploie plus de 2.000 personnes (dont presque la moitié d'intérimaires) à la fabrication d'autocars et d'autobus, dans la foulée du mouvement des gilets jaunes :

https://www.lutte-ouvriere.org/en-regio ... 15065.html

Iveco Bus – Annonay (Ardèche)
Une grève partie de la base

19/11/2018

Lundi matin 19 novembre, les discussions entamées durant le week-end sur les ronds-points aux entrées d'Annonay et dans de nombreux villages alentour ont continué à l'usine, dans tous les ateliers. Beaucoup avaient envie de faire quelque chose parce qu'ils ne s'en sortent plus.

Des ouvriers ont alors interpellé les délégués en leur disant : « il faut appeler à la grève ». Et dès que le syndicat CGT a appelé, des ateliers se sont vidés, les ouvriers filant rejoindre les gilets jaunes en poste sur les ronds-points de la région. C'est là que les discussions ont continué entre travailleurs d'Iveco sur ce qu'il fallait faire ensuite, certains se disant qu'il fallait continuer la grève. Plus tard, des ouvriers des équipes d'après-midi ont rejoint le mouvement.

La grève montre à quel point le ras-le-bol est grand contre la politique de Macron, contre les conditions de travail intenables et les salaires de misère.
Plestin
 
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Re: hausses du carburant... 17 novembre...

Message par Byrrh » 20 Nov 2018, 20:54

Byrrh a écrit :Et les aspects réactionnaires des gilets jaunes, il faut en parler maintenant, ne serait-ce que pour oeuvrer à ce que les éléments prolétariens capables d'aller plus loin en termes de conscience sachent d'ores et déjà qu'ils côtoient des salopards sur les ronds-points... et que ceux-ci pourraient bien être chassés à coups de pied au cul sans que ce mouvement ne perde de sa force.


C'est dégueulasse, et ça mérite d'être dénoncé auprès du reste des "gilets jaunes" : https://france3-regions.francetvinfo.fr ... 578137.amp
Byrrh
 
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